# Chapitre 1 : L'ultime trahison

Le monde s’inclinait devant lui. Albert Lemoine, l’homme le plus puissant et le plus riche de l’histoire, régnait sur la planète comme un dieu moderne. Rien ne lui échappait : marchés financiers, ressources naturelles, gouvernements corrompus, technologies de pointe... Tout pliait sous son emprise. Pourtant, en cette nuit fatidique, une étrange sensation de malaise le rongeait.

Dans la tour d’ivoire qui surplombait son empire, une table massive trônait au centre de la salle de réunion. Autour de lui, ses plus fidèles alliés – ou du moins ceux qu’il croyait l’être – levaient leur verre en son honneur. Un sourire carnassier étirait ses lèvres. Il savourait la victoire, ignorant que cette coupe de champagne scellerait son destin.

Une brûlure intense envahit soudain sa gorge. Son corps se raidit. Sa vision se troubla. Une sueur glacée perla sur son front tandis qu’un rire froid résonnait autour de lui.

— Tu as régné trop longtemps, Albert, murmura une voix qu’il reconnut immédiatement.

Marc Delacroix, son bras droit, son confident, son protégé… Celui qu’il avait hissé au sommet venait de lui administrer un poison aussi rapide qu’efficace. Les autres n’interviennent pas. Ils le regardèrent chuter, impassibles, témoins silencieux de la fin d’un tyran.

Le sol se déroba sous lui. Il tenta d’appeler à l’aide, mais aucun son ne franchit ses lèvres. Son souffle s’étrangla dans un dernier spasme, puis… le néant.

Une douleur atroce le réveilla. Son corps s’écrasa sur un sol brûlant. L’odeur de soufre et de chair calcinée emplit ses narines. Albert ouvrit les yeux et découvrit un paysage cauchemardesque : des plaines de cendres s’étendaient à perte de vue, hérissées de montagnes aux pics saignants. Des âmes en peine erraient, hurlant leur désespoir dans une obscurité oppressante.

L’enfer.

Lentement, il se releva, vacillant sous le poids d’une nouvelle réalité. Autour de lui, des ombres sinistres se rapprochaient, avides de l’accueillir dans ce royaume de damnation.

— Alors, c’est donc ça la fin ?

Sa voix était rauque, mais pas brisée. Il n’était pas un homme à plier, pas même face à l’impensable.

Un ricanement s’éleva derrière lui. Une silhouette s’avança, drapée d’un manteau noir, ses yeux rouges brûlant comme des braises.

— Bienvenue, Albert Lemoine. Tu es ici chez toi… à moins que tu n’aies d’autres ambitions ?

Le milliardaire fixa l’entité démoniaque et esquissa un sourire froid.

— Oh, tu n’as aucune idée de ce dont je suis capable…

L’enfer ne serait pas sa prison. Ce serait son nouveau terrain de jeu.

**L’éveil dans les flammes**

Un frisson glacé parcourt son échine, suivi d’une brûlure insoutenable. Albert ouvrit brusquement les yeux. L’obscurité l’enveloppait, épaisse et mouvante, comme un voile vivant. Un grondement lointain résonnait autour de lui, semblable à un millier de voix murmurant des secrets oubliés.

Il se souvenait… Le banquet. Le goût amer du vin. Puis l’agonie. Ses soi-disant alliés l’avaient trahi. Il aurait dû s’y attendre.

Il tenta de se redresser, mais le sol sous lui était brûlant, une roche noire striée de veines rougeoyantes. Un vent chargé de cendres fouetta son visage. Devant lui, une silhouette haute et filiforme l’observait dans l’ombre.

— **Bienvenue, Albert.**

La voix était profonde, presque chantante, teintée d’une ironie cruelle. Albert plissa les yeux.

— Où suis-je ?

Un rire s’éleva, sec et tranchant.

— **Là où finissent ceux qui, comme toi, ont tout possédé… et tout perdu.**

Un goût amer emplit la bouche d’Albert. Non. Ce n’était pas possible. La mort ne pouvait pas être une fin. Il n’avait pas lutté toute sa vie pour finir ainsi.

Il balaya les alentours du regard. Des tours décharnées s’élevaient dans le ciel cramoisi, et des ombres difformes rampaient dans les profondeurs. Des cris, des lamentations… et une sensation oppressante de puissance brute qui régnait sur cet endroit.

Albert se releva lentement.

— **Qui est en charge ici ?**

La silhouette haussa un sourcil, amusée.

— **Un prétendant au trône si tôt ? Intéressant.**

Albert sourit, un sourire froid et tranchant. Il ne se contenterait pas d’accepter son sort. Il n’avait pas dominé la Terre en se pliant aux règles des autres.

— **Conduis-moi à lui.**

L’ombre s’approcha, et dans ses yeux noirs brillait une lueur carnassière.

— **Très bien. Mais sois prêt, Albert… Ici, seul le plus fort règne.**

Un grondement sourd s’éleva des entrailles de la terre, et dans l’air, quelque chose changea. L’Enfer venait de trouver un nouvel adversaire.

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