ÉPOUX DE L’HÉRITIÈRE
Un jeune homme marchait dans la rue, le regard vide, le visage fatigué et marqué par le désespoir. Ses pensées tournaient en boucle tandis qu’il avançait, murmurant pour lui-même :
— Pourquoi... Pourquoi moi ? J’ai rien demandé, j’ai tout fait comme on me l’a dit… J’ai été poli, j’ai essayé d’être une bonne personne, j’ai étudié sans relâche, j’ai décroché mon diplôme… Et pourtant, ça ne m’a servi à rien.
Il serra les poings, la rage et la tristesse se mélangeant dans sa voix tremblante.
— J’ai travaillé dur depuis mon enfance, jamais je n’ai fui les cours. Mon père et ma mère… ils sont morts en sacrifiant leur propre santé pour payer mes études. Ma mère m’a caché sa maladie pour pouvoir financer mon université jusqu’à ma licence… et puis, elle est partie, sans un mot. Quand j’ai appris la nouvelle, je me suis juré de réussir. Mais à quoi bon ?
Son regard se perdit dans le vide.
— On me dit que je suis "surqualifié", d’autres que je ne le suis pas assez… Même les petits boulots me sont refusés. Chaque jour, je me fais humilier, je n’ai plus rien… Je ne peux plus vivre comme ça.
Ses pas le menèrent au bord d’un pont, surplombant une rivière aux eaux puissantes. Il fixa le courant qui s’écoulait sous lui et inspira profondément.
— C’est fini… Papa, maman… j’arrive.
Il ferma les yeux et sauta.
Mais au lieu de sentir le vent fouetter son visage, un silence total s’abattit sur lui. Il ouvrit les yeux, surpris… Le temps semblait s’être arrêté. Autour de lui, tout était figé. Puis, une voix retentit, venue de nulle part :
— Non… c’est trop tôt.
Soudain, un portail lumineux s’ouvrit juste au-dessus de la rivière. Le temps se remit en marche, et au lieu de toucher l’eau, il sentit son corps être aspiré dans une spirale de lumière.
— Quoi ?!
Il hurla alors qu’il était projeté à une vitesse incroyable à travers un tunnel de couleurs. Son corps se tordit, et soudain…
Il sentit une force le tirer brutalement en avant, un cri échappant de ses lèvres. La lumière l'aveugla instantanément, tout autour de lui tourbillonnait à une vitesse folle. Son corps se tordait, pris dans un maelström de lumière et de vent. Ses pensées se mélangèrent, noyées dans le chaos, alors qu’il se laissait emporter, sans savoir où il allait atterrir.
soudain...il fut violemment expulsé du portail.
Il tomba en plein ciel et s’écrasa contre un arbre dans une vaste plaine verdoyante.
— Aaaah… mon dos… ça fait mal…
Ethan sentit une présence à ses côtés. Il tourna la tête et découvrit une jeune femme d’une beauté à couper le souffle. Elle semblait tout droit sortie d’un conte de fées, avec ses longs cheveux soyeux, ses traits délicats et sa robe élégante ornée d’or et de soie. Pourtant, son regard était empli de choc et d’incompréhension.
Ils se fixèrent quelques secondes, troublés, avant qu’il ne rompe le silence d’une voix hésitante :
— Euh… Bonjour, mademoiselle.
La réponse fut brutale. D’un geste vif, la jeune femme lui asséna une gifle cinglante qui le fit presque basculer en arrière.
— Comment oses-tu me toucher, misérable ?! Moi, Elyndra Valméria, première princesse de l’Empire de Valméria ! Quelle audace !
Ethan, complètement perdu, cligna des yeux.
— Princesse… ?
Elyndra haussa un sourcil, toujours indignée.
— Gardes ! Emmenez-le !
— Hein ?! "Emmenez-le" ?!
Avant qu’il ne puisse réagir, une dizaine de chevaliers en armure surgirent et le saisirent fermement.
— Attendez, c’est une blague, c’est ça ?! Lâchez-moi !
Il se débattit tant bien que mal, mais leurs prises étaient solides.
— Ely-machin-chose, dis à tes gorilles de me lâcher ! T’es la cousine de la reine d’Angleterre ou quoi ?!
Elyndra le regarda, perplexe.
— C’est quoi cet étrange langage… et c’est quoi "Angleterre" ?
Elle secoua la tête avec un soupir agacé.
— Peu importe. Gardes, emmenez-le.
— À vos ordres, princesse !
Ethan fut jeté dans une charrette, les liens serrés, tandis que les chevaliers le conduisaient vers une destination inconnue.
— Oh non… Je voulais partir calmement dans l'au-delà, me voilà ligoté par les chevaliers d'une pseudo-princesse… Aujourd'hui, c'est vraiment pas mon jour.
Il roula un long moment dans la charrette, puis, après un certain temps, il entendit le brouhaha d'une ville. Curieux, il essaya de regarder à travers les fentes du bois. Ce qu’il vit le laissa sans voix : des trolls, des gobelins, des elfes, et toutes sortes de créatures qu’il n’aurait jamais eu la chance de voir dans son monde.
— Attends… Quoi ? Je suis dans un autre monde ?!
L’idée était absurde… et pourtant, tout semblait réel.
Soudain, des trompettes retentirent au loin, interrompant ses pensées. Une voix forte déclara :
— La première princesse de l’Empire de Valméria, la princesse Elyndra, est arrivée !
La foule s’anima immédiatement, acclamant avec ferveur :
— Vive la princesse !
Le sang d’Ethan se glaça.
— Attends… Cette fille est une vraie princesse ?!
Tout cela confirmait une chose : il était bien dans un autre monde.
La princesse descendit du carrosse et s’adressa aux gardes d’une voix assurée :
— Merci, mes braves soldats.
— Rien n’est impossible pour vous, mademoiselle ! répondirent-ils en chœur.
Elyndra eut un sourire satisfait avant d’ajouter :
— Bien. Emmenez ce manant en prison.
— Oui, princesse !
Ethan blêmit.
— Non… Attends… Si on est vraiment dans un empire médiéval, ça veut dire que ce qui m’attend en prison, c’est…
Son esprit visualisa immédiatement une guillotine. Il frissonna.
— Non, non, non, c'est hors de question !
Il commença à gigoter de toutes ses forces. Dans la charrette, son regard tomba sur une barre de métal rouillée, légèrement détachée. Une idée lui traversa l’esprit. Il se contorsionna difficilement pour frotter ses liens contre l’acier.
Les cordes commencèrent lentement à s’user…
Un garde s’approcha d’Elyndra et déclara :
— Princesse, il est temps d’entrer, la sélection commence.
Elle hocha la tête.
— Déjà ? D’accord, finissons-en rapidement.
Pendant ce temps, Ethan forçait encore sur ses liens. Un dernier effort… SNAP !
Les cordes cédèrent.
Il ouvrit grand les yeux, puis se leva discrètement et regarda autour de lui.
— Où suis-je ?
Ses jambes tremblèrent légèrement. Il était déjà dans l’enceinte du château.
— Oh non… Je vais me faire avoir, c’est sûr.
La panique s’empara de lui.
— Pourquoi j’ai peur maintenant ? Quand j’ai sauté du pont, je n’avais pas peur… Alors pourquoi ici, je stresse ?
Il prit une inspiration.
— Ok, je dois juste me cacher et trouver un moyen de sortir sans me faire repérer…
Il aperçut un escalier et l’emprunta rapidement, arrivant dans un couloir. Avançant à pas feutrés, il entendit trois gardes approcher, en pleine discussion. Il se plaqua contre le mur.
— Aujourd’hui, c’est vraiment un grand jour… dit l’un d’eux.
— Ouais ! La grande sélection commence enfin.
— J’aurais tellement aimé faire partie des prétendants… soupira un autre.
— Ces hommes vont avoir la chance d’épouser l’une des princesses. Quelle opportunité !
— En plus, elles sont cinq… Ça laisse encore plus de chances !
Ethan fronça les sourcils.
— Une sélection ? Bah, peu importe, je dois juste fuir.
Il avança prudemment à travers les couloirs et atteignit un grand hall.
— Bon… La sortie doit être par là.
Mais à peine eut-il fait un pas que cinq chevaliers lui barrèrent la route.
— Arrête-toi !
— Oh non… Je suis foutu.
Il tourna les talons et détala à toute vitesse.
— Poursuivez-le !
Les gardes se lancèrent à ses trousses.
— Qui m’a envoyé ici ?! pesta Ethan en courant. J’aurais jamais dû sauter !
Mais c’était trop tard pour regretter.
Pendant ce temps, dans la salle du trône…
Toutes les princesses étaient installées aux côtés de leur père, l’empereur. L’atmosphère était solennelle. Devant eux, les dix hommes sélectionnés entrèrent un à un sous les regards attentifs de la cour.
L’empereur prit la parole :
— Mon empire ne peut prospérer sans héritiers dignes de ce nom. Aujourd’hui, nous choisissons ceux qui auront l’honneur d’épouser mes filles.
L’assemblée murmura d’excitation.
L’un des mages officiels du royaume s’avança et désigna six prétendants d’un ton autoritaire.
— Toi, toi, toi… et toi.
Ethan, lui, continuait sa course effrénée à travers le château.
— Arrêtez-le !
— Lâchez-moi, je veux pas mourir !
Il déboula dans la salle du trône… et s’effondra face contre terre devant l’assemblée médusée.
Un silence de mort s’installa.
Elyndra se leva, furieuse.
— Toi… Le garçon que j’ai ordonné d’enfermer…
Ethan leva les yeux, paniqué.
— Désolé, je veux pas être ici ! Tout ce que je veux, c’est rentrer chez moi !
Il se releva en titubant.
— Laissez-moi partir !
— Gardes, arrêtez-le ! ordonna Elyndra.
Mais avant qu’ils ne puissent bouger, le mage intervint :
— Attendez !
L’empereur fronça les sourcils.
— Qu’y a-t-il ?
Le mage inspira profondément avant d’annoncer :
— C’est lui…
L’empereur plissa les yeux.
— De quoi parles-tu ?
— C’est lui… le septième prétendant.
Un frisson parcourut l’assemblée.
— Le… septième ? murmura Elyndra, choquée.
L’empereur prit un air songeur, puis hocha la tête.
— Très bien.
Il se leva et déclara :
— Vous voici, les sept prétendants qui tenteront de gagner la main de mes filles. Vous passerez plusieurs épreuves, et seuls les plus méritants seront récompensés.
Il tourna la tête vers ses filles et annonça :
— Voici mes enfants :
— La benjamine, Améthia.
— La quatrième, Celya.
— La troisième, Isolde.
— La deuxième, Selphina.
— Et enfin, l’aînée, Elyndra.
L’empereur continua :
— Seuls les meilleurs auront la chance d’épouser mes filles. Mais celui qui gagnera la faveur de ma première fille me succédera et deviendra le nouvel empereur.
Un silence solennel s’abattit.
— Alors… Êtes-vous prêts à relever ce défi ?
Les six prétendants s’inclinèrent et crièrent en chœur :
— OUI, EMPEREUR !
Une seule voix discordante se fit entendre, maladroite et paniquée :
— Non… Pas moi.
À suivre…
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