Le crépuscule tombait sur le village de Lyris. La lumière dorée du soleil s’éclipsait doucement, laissant place à un ciel teinté de pourpre et d’encre. Kaen, un jeune homme de 17 ans à la chevelure sombre et aux yeux vifs, s’équipait pour une tâche qui semblait des plus banales : aller ramasser du bois. Pourtant, dans les murmures des anciens, la Forêt des Murmures portait un avertissement. On racontait qu’elle abritait des créatures que seuls les fous osaient provoquer. Kaen, pragmatique et un brin téméraire, haussait toujours les épaules face à ces récits. "Ce ne sont que des légendes pour effrayer les enfants", se répétait-il souvent.
Ce soir-là, il traversa la clairière avec une hache usée accrochée à sa ceinture et un sac vide sur l’épaule. Le chant des oiseaux s’évanouit à mesure qu’il s’enfonçait dans les bois, remplacé par un silence pesant. La nature elle-même semblait retenir son souffle.
Alors qu’il ramassait des branches mortes, un bruit sourd retentit. Un craquement sec, comme si une branche massive avait cédé sous un poids invisible. Kaen redressa la tête, tendant l’oreille. Le vent soufflait, mais ce n’était pas un souffle ordinaire : c’était un murmure, étrangement clair, et ce murmure portait son nom.
« Kaen... »
Il se figea. Son cœur s’accéléra. Avait-il imaginé ce son ? Une sueur froide coula le long de sa colonne vertébrale, mais il secoua la tête. "Le vent joue des tours", pensa-t-il. Il reprit son travail, mais le calme apparent ne dura pas.
Les arbres autour de lui semblaient changer. Leurs branches se tordaient, prenant des formes grotesques, comme des mains cherchant à attraper quelque chose. Les ombres s’épaississaient, devenant presque tangibles.
Et puis il la vit.
D’abord, ce furent deux points brillants dans les ténèbres, comme des braises. Puis une forme émergea, massive et déformée, avançant avec une grâce mortelle. La créature était une Chimère des Ombres, une abomination que peu avaient vue et encore moins avaient survécu pour décrire. Son corps semblait fait d’une matière indéfinissable, oscillant entre solide et ombre. Elle avait des griffes longues comme des lames, des yeux qui brillaient d’une lueur malsaine, et une gueule béante d’où s’échappait une vapeur noire.
Kaen recula, son souffle court. Chaque fibre de son être lui criait de fuir, mais ses jambes semblaient figées.
La bête bondit.
Le jeune homme se jeta sur le côté, esquivant de justesse les griffes acérées. Il se releva précipitamment et courut aussi vite que ses jambes le lui permettaient. Les branches fouettaient son visage, le sol inégal menaçait de le faire trébucher, mais la peur le poussait à avancer.
Derrière lui, la Chimère poursuivait, ses mouvements presque silencieux. Elle jouait avec lui, ralentissant parfois, puis surgissant à quelques pas de lui, comme un prédateur savourant la terreur de sa proie.
« Aidez-moi ! » cria Kaen, sa voix se perdant dans le vide.
Il atteignit une clairière, mais ses jambes cédaient sous l’épuisement. La Chimère ne lui laissa pas le temps de réfléchir. Elle bondit à nouveau, ses griffes frappant avec une précision mortelle. Kaen tenta de parer avec son bras, mais la douleur qui suivit fut indescriptible.
Un cri perça la nuit.
Lorsque les villageois, alertés par ses hurlements, trouvèrent Kaen, il était méconnaissable. Mutilé, son corps brisé gisait dans la boue, et un souffle faible mais constant indiquait qu’il était encore en vie. La Chimère avait disparu, mais l’odeur âcre des ténèbres flottait encore dans l’air.
Ils transportèrent Kaen au village dans un silence lourd, mais dès qu’ils arrivèrent, les murmures commencèrent.
« Pourquoi a-t-il survécu ? » chuchota une femme.
« Les Chimères ne laissent jamais de survivants », ajouta un homme.
Les regards qui se posaient sur Kaen n’étaient pas emplis de compassion, mais de méfiance et de peur. Les légendes racontaient que ceux qui croisaient le chemin des Chimères revenaient changés, marqués par les ténèbres.
Les jours passèrent, et Kaen, toujours inconscient, ne montrait aucun signe d’amélioration. Ses blessures, bien que soignées sommairement, suppuraient une étrange lueur noire qui effrayait les guérisseurs.
« Il est maudit », déclara un ancien du village. « La Chimère l’a marqué. Si nous le gardons ici, elle reviendra pour nous tous. »
La mère de Kaen tenta de plaider sa cause. « C’est mon fils ! Il a besoin de nous ! Nous ne pouvons pas l’abandonner ! »
Mais les villageois étaient inflexibles. La peur déformait leurs visages et étouffait toute once d’humanité.
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4 épisodes mis à jour
Comments
rofik 1234
J'ai lu ta nouvelle toute la nuit, impossible de m'arrêter, merci pour cette aventure captivante 🌙
2025-01-02
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