Miyuki, la mage du vent

Chapitre 3

Miyuki fut la première à rejoindre Aiko. Mais ce ne fut pas par choix.

Son passé la hantait comme une ombre persistante. Elle venait d’un village qui n’existait plus, un endroit balayé par la brume maudite qui engloutissait tout sur son passage. Elle se souvenait encore du cri de sa mère, de la main de son petit frère qu’elle n’avait pas réussi à rattraper… Et du silence. Un silence plus terrible encore que le chaos.

Ce jour-là, elle avait perdu plus que sa famille. Elle avait perdu son monde.

L’héritage du vent

Lorsque la brume s’était abattue sur son village, Miyuki avait ressenti quelque chose d’étrange : une force en elle, une puissance qu’elle n’avait jamais osé toucher. Dans son désespoir, elle avait levé les bras vers le ciel, et une rafale soudaine avait dispersé la brume autour d’elle, ne laissant qu’un cratère où se trouvait autrefois sa maison.

Mais cette force… Elle ne l’avait pas maîtrisée. Elle l’avait libérée dans un hurlement de douleur et de rage.

C’est ainsi qu’elle avait découvert son don pour le vent. Un don aussi puissant qu’instable.

Errant seule après la destruction de son village, elle avait cherché des réponses, des moyens de contrôler ses capacités. Mais aucun maître, aucun ancien ne pouvait lui apprendre ce qu’elle était devenue. Elle n’était pas une simple mage. Elle était le vent lui-même. Capricieuse, insaisissable, et, parfois, destructrice.

Quand elle rencontra Aiko, elle ne cherchait pas une équipe. Elle ne voulait ni amis ni attaches. Elle voulait juste une mission. Une raison de continuer à avancer.

Un tempérament glacial

Miyuki n’était pas une femme de mots. Elle parlait peu et observait beaucoup. Cette distance naturelle, ce détachement, lui donnait une réputation de froideur. Certains la considéraient arrogante, d’autres simplement insensible. Mais la vérité était plus complexe.

Elle avait peur.

Peur de s’attacher. Peur de revivre la perte. Peur de laisser quelqu’un entrer dans sa vie et de le voir disparaître, emporté par la brume ou par la guerre. Alors, elle préférait garder ses distances, même avec Aiko, la seule personne qui semblait croire en elle.

Son arrivée dans le groupe ne se fit pas sans heurts.

Dès les premières semaines, les tensions avec Kaito explosèrent.

Leur premier vrai affrontement eut lieu après une mission ratée. Kaito, excédé par son manque de communication, lui lança :

— Si tu ne veux pas nous aider, alors pars.

Miyuki, impassible, répondit simplement :

— Si je n’étais pas là, tu serais mort depuis longtemps.

Cela aurait pu être une simple provocation. Mais elle disait la vérité. Plus d’une fois, elle avait utilisé son vent pour détourner des attaques qui auraient pu lui être fatales. Pourtant, Kaito ne voyait que son mépris apparent, sa froideur qui le mettait hors de lui.

Le conflit entre eux ne cessa de croître. Elle était prudente, il était impulsif. Elle calculait chaque mouvement, il fonçait sans réfléchir. Ils étaient comme l’air et la terre : opposés en tout.

Le jour où tout bascula

Un soir, lors d’une mission d’exploration dans une cité en ruines, une embuscade changea tout. Une créature massive surgit de la brume, plus rapide et plus dangereuse que tout ce qu’ils avaient affronté jusque-là.

Kaito, fidèle à lui-même, attaqua sans attendre. Mais l’ennemi était plus rusé. Il esquiva au dernier moment et envoya Kaito voler contre un mur avec une force écrasante.

Miyuki aurait pu fuir.

Elle aurait pu faire ce qu’elle avait toujours fait : survivre seule.

Mais ce jour-là, elle fit un choix.

Le vent se leva autour d’elle, plus puissant qu’il ne l’avait jamais été. Elle tendit les mains et forma un mur d’air invisible, empêchant l’ennemi d’approcher davantage. Puis, sans hésitation, elle déchaîna une tempête.

Le souffle qui en résulta balaya tout sur son passage, arrachant pierres et poussière, brisant les fondations du bâtiment à moitié en ruine. L’ennemi fut projeté dans la brume, disparu aussi vite qu’il était apparu.

Quand tout redevint calme, Miyuki s’approcha de Kaito, inconscient. Elle s’accroupit et vérifia son pouls. Il était vivant.

Et, pour la première fois, elle ressentit quelque chose d’inattendu. De la peur.

Pas la peur de perdre encore quelqu’un. La peur d’avoir voulu le sauver.

Un lien fragile, mais réel

Kaito ne parla pas de cet événement. Pas plus qu’elle. Mais à partir de ce jour, quelque chose changea entre eux.

Il ne lui lança plus ses provocations habituelles. Elle ne l’ignora plus comme avant. Ce n’était pas de l’amitié. Pas encore. Mais c’était un début.

Quant à Aiko, elle observa ce changement avec un sourire discret.

Elle savait que, tôt ou tard, Miyuki finirait par comprendre que le vent ne souffle jamais seul.

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