Le Dernier Souffle

Chapitre 1

Les montagnes du Japon, couvertes de brume et d’arbres anciens, semblaient abriter plus que de simples secrets. Leur calme majestueux dissimulait un passé mystérieux, une époque où des créatures mythologiques arpentèrent ces terres. Aiko, jeune cartographe issue d'un village reculé, en savait peu sur les légendes des dragons qui, depuis des siècles, n'étaient plus qu'un murmure dans les chants des anciens. Pourtant, un instinct inexplicable la poussait à explorer ces montagnes, comme si l’appel de quelque chose de plus grand résonnait en elle.

Cela faisait plusieurs semaines qu’elle s’était lancée dans cette quête solitaire. Armée de sa boussole et de ses cartes anciennes, Aiko traversait les forêts denses, s'aventurant toujours plus loin dans des lieux que peu d’humains osaient explorer. Son but était simple : découvrir de nouveaux territoires inconnus, à la recherche de terres non cartographiées. Mais au fond d'elle, un doute persistait. Un pressentiment qu'il y avait quelque chose de plus que de simples paysages vierges à découvrir.

Ce matin-là, alors que les premières lueurs de l’aube filtraient à travers les cimes des arbres, Aiko arriva devant une vallée oubliée. Un étrange silence régnait autour d'elle, comme si même les oiseaux s'étaient tus par respect pour ce lieu particulier. Au centre de la vallée se trouvait une grotte, son entrée partiellement dissimulée par des roches géantes et une végétation luxuriante. Mais ce n’était pas la grotte en elle-même qui attira son attention. C'était la sensation étrange qui s’en dégageait, une chaleur douce, mais persistante, qui émanait du sol.

Le cœur battant, Aiko s'approcha, attirée par une force invisible. En entrant dans l'obscurité de la grotte, elle sentit immédiatement l’air plus chaud, comme si une présence ancienne l’enveloppait. Ses yeux s’adaptèrent lentement à l'obscurité, et au fond de la cavité, elle aperçut une forme étrange. Au centre, entouré de pierres disposées en cercle, un œuf gigantesque reposait sur un lit de mousse. Il semblait à la fois fragile et immense, comme s’il appartenait à un autre monde.

Aiko s’approcha lentement, le regard fixé sur l’œuf. Il était d’un blanc éclatant, presque translucide, et rayonnait d’une lumière douce. À son toucher, l’œuf dégagea une chaleur intense, une chaleur qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant. Il n'était pas de ce monde. L’instant suivant, elle eut la certitude que cet œuf n’était pas seulement un artefact ancien ; c'était un signe, un appel. Mais d'un appel à quoi ?

Elle se coucha à côté de l’œuf, posant une main sur sa surface lisse et chaude, sentant une vibration étrange qui parcourait ses veines. La sensation était indescriptible, à la fois apaisante et terrifiante, comme si l'œuf était vivant, comme s'il attendait quelque chose. Les heures passèrent, et la brume autour de la vallée semblait se densifier.

Aiko se sentait d’une manière qu’elle ne pouvait expliquer, connectée à cet œuf. C’était une connexion indescriptible, une intuition qui lui soufflait que cet œuf recelait un pouvoir bien plus grand que tout ce qu’elle avait jamais connu.

Quand la nuit tomba, elle ne pouvait plus partir. Elle s’endormit sur le sol froid, mais la chaleur de l'œuf semblait la protéger. Ses rêves étaient étranges, peuplés de créatures mythologiques et d’ombres gigantesques, de flammes qui dévoraient des cités et de voix anciennes, murmurant des mots qu’elle ne comprenait pas. Un mot revenait sans cesse : Alpha.

Le matin suivant, au moment où la lumière du jour effleurait les cimes des arbres, un événement étrange se produisit. L'œuf, d'abord silencieux, commença à vibrer. La terre trembla légèrement sous ses pieds, et une fissure apparut dans la coquille éclatante. Puis, un craquement sourd emplit la grotte, comme si quelque chose de colossal se réveillait. Aiko, le cœur battant, s’écarta instinctivement. La fissure s’élargit et, dans une explosion de lumière, un éclat intense déchira l'air.

L'œuf éclata en plusieurs morceaux, et une silhouette gigantesque en sortit, s'élevant lentement dans la lumière filtrée. Aiko n’en croyait pas ses yeux : devant elle se tenait un dragon. Pas un simple dragon comme dans les contes, mais une créature majestueuse, presque irréelle, aux écailles d’un bleu profond, avec des yeux dorés brillants d’intelligence. L’air autour de lui vibrait d’une puissance indescriptible.

La créature s’immobilisa, observant Aiko. Ses yeux semblaient la scruter jusqu’au plus profond de son âme, comme s’il lisait chaque pensée, chaque peur. Puis, sans un bruit, le dragon se pencha, sa tête atteignant presque celle d’Aiko. Et, d’une voix grave mais douce, il murmura :

— Tu es celle qui m’a trouvé.

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