Le Voyage Vers l'Inconnu

Chapitre 2

Jiwon fixait le plafond de sa petite chambre, la lumière de la lune se faufilant à travers les rideaux. Elle tourna une fois, puis deux, incapable de trouver le sommeil. Les pensées tournaient en boucle dans sa tête.

Et si je ne suis pas assez bonne ? Et si je perds tout ce que j’ai sacrifié pour venir ici ?

Elle repensa au moment où elle avait quitté Busan, sa ville natale, pour s’envoler vers Séoul. Elle se souvenait des larmes de sa mère et des encouragements timides de son père. « Fais de ton mieux, Jiwon, » lui avait-il dit, l’air inquiet. Elle avait promis de tout donner pour réaliser son rêve, mais la réalité lui pesait. La vie à Séoul était bien plus difficile qu’elle ne l’avait imaginé.

Le réveil sonna tôt le lendemain matin, mais Jiwon était déjà debout. Elle enfila son pull simple et ses baskets usées, se regarda dans le miroir et respira profondément.

« Tu peux le faire, » se murmura-t-elle, même si sa voix tremblait.

L'audition

Le bâtiment de l’agence se dressait devant elle, imposant et moderne. Une longue file d’attente serpentait autour du bâtiment, composée de jeunes gens impeccablement habillés et préparés. Certains riaient, d’autres répétaient leurs chorégraphies ou échauffaient leur voix.

Jiwon, elle, se tenait à l’écart, observant la scène. Sa tenue modeste contrastait avec les vêtements stylés des autres candidats. Beaucoup portaient des marques de luxe, des chaussures étincelantes, ou des coiffures soigneusement travaillées. Jiwon sentit un nœud se former dans son estomac.

Ils sont tous si parfaits. Comment puis-je me démarquer ?

Un groupe de filles, vêtues de tenues coordonnées, passa devant elle en riant. L’une d’elles la dévisagea brièvement, un sourire moqueur sur les lèvres.

Jiwon baissa la tête, mais une pensée lui traversa l’esprit : Je ne suis pas ici pour plaire à ces filles. Je suis ici pour moi.

Quand son numéro fut appelé, ses jambes tremblaient légèrement. Elle entra dans une grande salle où un jury de trois personnes l’attendait. Ils avaient l’air sérieux, presque intimidants, leurs stylos prêts à prendre des notes.

« Nom ? » demanda l’un d’eux sans lever les yeux.

« Jiwon Han, » répondit-elle, sa voix un peu plus forte qu’elle ne l’avait prévu.

Ils lui firent signe de commencer.

La prestation

Jiwon inspira profondément. Elle avait choisi une chanson émotionnelle, une ballade qui lui tenait à cœur. Dès qu’elle commença à chanter, elle sentit son trac s’évanouir légèrement. Les paroles semblaient couler directement de son cœur, exprimant ses peurs, ses rêves, et tout ce qu’elle avait traversé pour arriver ici.

Quand elle passa à la partie dansée de l’audition, elle fit de son mieux pour se synchroniser avec la musique. Ses mouvements n’étaient pas aussi précis que ceux des danseurs professionnels qu’elle avait vus en ligne, mais elle y mettait toute son énergie, toute son âme.

Les juges, impassibles, prirent des notes. Jiwon termina sa prestation, essoufflée mais satisfaite. Elle les regarda, espérant un signe, un mot d’encouragement. Mais ils se contentèrent de la remercier d’un geste et appelèrent le prochain candidat.

En sortant de la salle, Jiwon sentit les larmes monter. Elle n’était pas sûre d’avoir été assez bonne. Mais en même temps, elle savait qu’elle avait donné tout ce qu’elle avait.

L’attente

Dans le couloir, les candidats murmuraient, certains pleuraient, d’autres riaient. Jiwon s’adossa à un mur, serrant son sac contre elle. Elle entendit des bribes de conversations :

« Ils m’ont dit que ma voix était trop faible. »

« Je pense que j’ai réussi, ils m’ont souri ! »

Elle ne savait pas quoi penser de sa propre performance. Mais quelque chose en elle refusait de céder à la peur.

Quand elle sortit enfin du bâtiment, le soleil de l’après-midi baignait les rues animées de Séoul. Jiwon leva les yeux vers le ciel et inspira profondément.

Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, mais au moins, je suis venue. Je n’ai pas reculé.

Ce jour-là, malgré les doutes et la compétition féroce, Jiwon fit un pas de plus vers son rêve. Et c’était déjà une victoire en soi.

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