Jackie : La Vie D'une Prostituée
~ Chapitre 1 ~
Là où je vis, il y a ce que je pourrais qualifier de dicton, qui guide et motive les filles comme moi : « la vie c’est la bastonnade ». Une citation célèbre venue d’une grande dame qui a prouvé qu’il fallait se battre par tous les moyens pour arriver à ses fins.
Moi j’ai choisi le combat que je voulais mener. Une discipline à laquelle je suis très forte, ayant en plus bénéficié à ma naissance d’atout naturel. Je parle évidemment de ma beauté. Je suis une belle femme. En plus de cela, j’ai hérité de l’élégance de ma mère. Je suis la séductrice parfaite.
Moi c’est Jackie Kané. J’ai 29 ans. 30 ans dans six mois, très exactement. Je suis officiellement célibataire mais bon ce ne sont pas les hommes qui manquent autour de moi. En fait, le mariage ne m’intéresse pas vraiment. Ce qui m’intéresse vraiment c’est l’argent. Je serais prête à me marier si et seulement si, il s’agissait d’un homme tellement riche que je serai assurée de vivre jusqu’à ma mort dans l’opulence totale. Mais le problème c’est que le mariage est un peu comme une prison pour moi, surtout quand on épouse un homme fortuné.
Oui, oui je sais très bien ce que vous vous dites. Cette fille est matérialiste. Bah oui ! C’est vrai, je le suis. Et j’irai même plus loin, je vends ma compagnie, mon corps pour de l’argent. Je l’assume complètement. Chacun ses choix de vie et celui-là me convient parfaitement. Je ne suis pas née pour vivre dans la pauvreté. Je refuse cette hypothèse.
Je sais qu’il y a d’autres moyens pour gagner de l’argent. Je pouvais avoir un travail normal comme la plupart des personnes. Mais j’aime mon travail. Je n’ai pas besoin de me lever tous les matins et de supporter des collègues et même un patron qui m’énervent. En plus, mes clients sont des hommes qui j’aurai très bien pu sortir dans la vraie vie. Ils sont beaux, élégants et bien sûr ils ont beaucoup d’argent.
Maman : Jackie ! Jackie !
Moi : Oui maman
Maman : J’ai envie de faire un peu les soins de visage. Regarde mon visage, c’est rugueux !
Moi : Et c’est pour ça que tu m’appelles ?
Maman : Oui. Parce que j’ai besoin d’argent
Moi : Comme d’habitude
Maman : Eh ! Je suis ta mère. Un peu de respect
Bon bah c’est ma mère. Voilà une que mon choix de vie ne gêne guère. Au contraire, surtout quand je peux lui donner de l’argent. Des fois j’ai l’impression qu’elle me considère plus comme son portefeuille que sa fille. M’occuper d’elle ne me gêne même pas, ce qui me gêne surtout c’est qu’elle squatte contre moi. Elle me saoule cette femme. C’est ma mère mais elle me saoule. Je vais trouver le moyen de lui payer un appartement.
Mince ! Déjà 15 heures ! Je vais être en retard à mon rendez-vous avec Ray. Nous avons prévu de nous retrouver au restaurant. C’est assez class et discret aussi. C’est le restaurant que je lui ai dédié. Bon dans de rares situations, il m’est arrivé d’y aller aussi avec Isaac.
En fait, chacun de mes clients à un restaurant que je lui ai dédié. J’évite d’aller avec des hommes différents dans le même restaurant. Le Grilladin c’est pour Raymond, l’Ovalie pour Henzo, le Bistrot Latin pour Nicolas et la Fourchette pour Daniel. Bon ça ne veut pas dire que je ne fais pas souvent entorse à cette règle, mais dans des situations précises. Par exemple, il m’est arrivée de déjeuner avec Henzo à la Fourchette. Je l’ai fait parce que c’était le déjeuner justement. Nicolas et moi nous ne nous voyons qu’en soirée et d’ailleurs nous mangeons très rarement dehors. Il préfère qu’on mange à l’hôtel, et même qu’on soit directement livré dans la chambre. Tout ça parce qu’il est très timide et panique carrément à l’idée qu’un collègue, un membre de la famille, ou pire sa femme tombe sur nous. Et moi ça me va comme ça.
Pour revenir à Raymond, notre contrat dit qu’on se voit quatre fois par mois. C’est le plus ancien de mes clients, le moins friqué mais le plus conciliant. C’est surtout qu’il est fou de moi. À tel point qu’il commence déjà à manquer de respect à sa femme à la maison en lui disant ouvertement qu’il voit une autre femme. Il est tellement fou qu’il me parle même de louer un appartement pour nous deux. Une folie qu’il va falloir que je calme rapidement car je ne partage même pas un peu les mêmes rêves que lui. J’ai juste de l’affection pour lui car nous fonctionnons ensemble depuis cinq ans déjà. Mais je sais qu’il va falloir arrêter avec lui, et c’est bien ce que je compte faire aujourd’hui avec lui.
Vu mes projets, je m’habille de façon sérieuse. Un ensemble tailleur pantalon de couleur bleu marine, avec un petit haut blanc à l’intérieur. Pour rendre ma tenue uniforme, je mets donc des sandales à talons hauts blanches et un sac Chanel blanc. Je suis une fan de sacs Chanel. J’en ai 10. Huit par mes clients et deux par moi-même quand j’étais partie à Dubaï, il y a deux ans.
Ma tenue se marie parfaitement avec ma voiture qui elle aussi est bleue. J’ai une Toyota RAV4 XLE bleue. Ça fait deux ans que je la conduis et j’aimerai la changer. J’hésite entre un CUPRA Formentor VZ 1.4 et une BMW X1 Sport XDrive 28i. J’ai déjà commencé à travailler Henzo pour cela. C’est le plus riche et le plus large de mes clients. Aucun de mes clients ne m’a offert autant de cadeaux et fait connaître le monde comme lui. J’ai fait Londres, la France, Dubaï, l'Afrique Du Sud et la Chine grâce à lui.
Je me dis parfois qu’il a tellement d’argent qu’il ne sait même plus quoi faire avec.
Arriver au restaurant Grillardin m’a pris moins de cinq minutes. Normal, j’habite dans un appartement à Bali. Moi qui pensais que j’allais trouver Raymond au restaurant, je m’étais précipitée pour rien. D’habitude, il est très ponctuel. Il a dû avoir quelque chose qui l’a retenu au travail. Je déteste attendre mais quel choix ai-je ? Je ne veux plus attendre un seul jour pour mettre fin à mon contrat avec lui. Il va déjà trop loin dans les déclarations d’amour et les crises de jalousie. Les clients comme ça sont de vrais boulets. S’il y a bien une chose à laquelle je tiens c’est à garder cette distance. Pour moi ce ne sont pas des petits amis mais des clients.
Le serveur : Bonjour madame, comment allez-vous ?
Pour quelqu’un qui manque dans ce restaurant au moins une fois toutes les deux semaines, je suis connue par tout le personnel.
Moi : Bien merci
Le serveur : Un verre d’eau tiède avec citron comme d’habitude ?
Moi : Oui exactement
Alors que je discute avec le serveur, je constate qu’un homme a le regard fixé sur moi. Malgré le fait qu’il est en compagnie d’un autre homme, il semble ne plus être concentré par leur discussion. Il est plutôt pas mal. Très chic dans son costume gris. Il est même très mignon. Mais de toute évidence bien plus jeune que tous mes clients. Il doit avoir à peine 35 ans. Trop jeune pour moi. Je préfère les hommes murs, et marié qui ne vont pas te faire chier avec leurs projets. Mais ça fait quand même plaisir lorsqu’on vous dévore du regard.
Je décide de ne plus faire attention à lui. C’est une perte de temps. Il ne peut même pas tenir la longueur avec moi. Il a peut-être l’air soigné mais s’il devait me fréquenter, il suffirait certainement d’un mois pour que je le ruine. Mais il est assez courageux pour venir me parler.
Le bel homme : Bonjour Madame
Moi : Bonjour Monsieur, je peux vous aider ?
Le bel homme : Euh oui ! j’aimerais vous revoir
Moi : Pourquoi ?
Pendant à peine trois secondes, il semble déstabiliser par ma question
Le bel homme : Vous savez très bien pourquoi
Moi : Je ne pense pas que ce soit une bonne idée
Le bel homme : Et moi je pense le contraire
Il le dit en s’asseyant sans autorisation à ma table. Petit audacieux.
Moi : Ah bon ?
Le bel homme : Donnez-moi votre numéro et vous verrez de quoi je parle
J’avoue qu’il m’intrigue un peu quand même. Audacieux, effronté et beau. J’accepte de lui donner mon numéro pour me débarrasser de lui. Raymond va certainement arriver d’une minute à l’autre et je préfère qu’il ne nous trouve pas ensemble. Je ne tiens vraiment pas à subir l’une de ses stupides crises de jalousie injustifiées.
Moi : Votre téléphone
Il comprend que je veux directement inscrire mon numéro dans son téléphone. Il affiche un sourire de victoire qui m’agace et me fait regretter pendant quelques secondes d’avoir cédé à sa demande. Mais c’est trop tard, je lui ai remis son téléphone. J’ai horreur qu’un homme me perçoive comme trophée qu’il a gagné. Oui c’est vrai c’est bizarre pour une prostituée.
Le bel homme : Jackie ! Joli prénom
Moi : Et vous c’est ?
Le bel homme : Félix. Merci pour le numéro Jackie. Et à très bientôt.
Il se lève de la table et me fait un baiser sur la joue, presqu’au niveau du cou. Un baiser si simple mais sensuel que je me retiens de toutes mes forces pour ne pas frémir. C’est même qui ce type ? Il s’assoit à ma table sans autorisation et il ose me faire un baiser comme ça.
Après son baiser, il s’en va sans me donner son numéro. J’ai bien envie de le rappeler mais mon orgueil. Il va penser que je veux avoir son numéro. C’est juste que je ne décroche pas les numéros inconnus.
« Mais si tu t’en fous de lui tant mieux non ? Comme ça tu n’auras pas à décrocher. Dis-donc avoue que tu veux bien le revoir », me dit mon moi intérieur. Tchrrrr ! Qui t’a demandé quelque chose ? Oui je me parle à moi-même.
Alors que je me convaincs que ce Félix est sans intérêt, je vois Raymond s’asseoir à la table. Apparemment de mauvaise humeur.
Moi : ça fait plus de trente minutes que j’attends. J’ai horreur...
Raymond : Excuse-moi chérie. C’est cette sorcière qui a fait que j’arrive en retard.Tu sais que je suis toujours ponctuel.
Moi : Quelle sorcière ?
Comme si je ne sais pas de qui il parle. Je cherche juste le commérage.
Raymond : Ma femme. Cette mégère voulait m’empêcher de sortir. Elle n’a pas encore compris que si je reste marié avec elle, c’est parce qu’elle est la mère de mes enfants.
Moi : Tu n’as pas travaillé ?
Raymond : J’ai pris mon congé depuis trois jours. Un DG en a aussi besoin. Bref, je l’ai prévenu que je ne cesserai pas de te voir. D’ailleurs j’aimerais que l’on passe ensemble les congés à Paris.
Moi : Ta femme sait qui je suis ?
Raymond : Non. Elle sait juste que j’ai une maîtresse
Moi : Je ne suis pas ta maîtresse Raymond ! On en a déjà parlé. Je te vends mes services
Raymond : Cesse de parler ainsi. C’est bien plus que ça. Depuis cinq ans ?
Moi : Ecoute, tout ça commence à aller trop loin. Et j’ai été très claire depuis le début. On arrête.
Raymond : Quoi ??? Tu ne peux pas faire ça ?
Moi : Bien sûr que oui je peux.
Raymond : Non ! Tout ce que j’ai investi sur toi ? comment je manque de respect à ma femme à cause de toi !
Moi : Pardon ? Ton argent, mon corps. Chacun y a eu pour son compte. Et je ne t’ai pas demandé de...
Voix de femme : Alors c’est elle ? Cette voleuse de mari !
À suivre.....
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