Un pas vers ton rêve

L'automne commence. Les feuilles mortes tombent et d'autres virevoltent à travers toute la ville, offrant un beau spectacle pour les yeux des plus curieux. Une petite curieuse en est particulièrement ravie. Elle décolle son nez de la vitre de la voiture et se tourne vers sa mère.

— J'aime l'automne, dit Rei, pensive.

— Pourquoi l'automne ? Nous avons d'autres saisons, toutes aussi belles les unes que les autres, rétorque la femme aux longs cheveux noirs.

— Oui, c'est vrai, mais je préfère l'automne. Les couleurs sont si belles, déclare la petite fille.

— Je vois. C'est peut-être parce que tu es née en hiver, annonce la femme.

— En hiver ? dit la petite, un peu surprise.

— Oui, un soir d'hiver. Bon, passons. Je te signale que nous sommes presque arrivées, dit sa mère.

                                      Rei

                                   ⁂⁂⁂⁂⁂⁂

Nous sommes enfin arrivés au centre d'entraînement de l'entreprise de mes parents. J'ai surtout hâte de voir Rumy s'exercer, c'est son premier jour ici et il m'a invité.

- Nous sommes arrivés, madame,annonce le chauffeur.

"Rei, donne-moi la main," dit ma mère en me tendant la sienne.

"D'accord, maman," réponds-je sans hésiter.

Je ne pouvais pas rétorquer. Si ma mère me le demande, c'est pour que je ne me perde pas. Nous ne sommes même pas encore dans l'entreprise, juste dans le centre des gardes du corps, et pourtant le parking est déjà immense.

-Rei, il n'y a pas que le parking, l'intérieur est encore plus grand, dit-elle en souriant.

Je regarde ma mère, qui me sourit et me conduit à l'intérieur du dôme. Il ressemble à un igloo, remarque que je partage avec maman, mais elle ne semble pas être d'accord. En entrant, je remarque que l'intérieur du dôme est couvert de vitres, tout comme l'extérieur, ce qui donne une impression de transparence et de modernité.

-Maman, ces vitres, elles sont solides ?

-Oui, Rei. Elles sont blindées,répond-elle avec assurance.

Je hoche la tête, impressionnée. Je me demande ce que Rumy pense de cet endroit et j'ai hâte de le retrouver.

Nous parvenons devant un ascenseur. Les hommes en costume nous laissent entrer puis montent à leur tour. Peut-être que ce sont les gardes du corps de maman. L'un d'eux appuie sur le bouton "G" de l'ascenseur. L'attente ne fut pas longue. Nous sortons, ma main toujours dans celle de maman. Mes yeux se posent sur le bas de la salle, c'est là où se passe l'entraînement. Nous sommes placés sur une sorte de balcon.

"Tu vois, Rei, Rumy est en bas."

"Oui, je la vois," dis-je en faisant des gestes avec ma main droite pour attirer son attention.   Sela fonctionne. Rumy pose ses yeux sur les miens et me renvoie mon geste en bougeant ses deux mains. Avant que la femme aux cheveux blancs n'arrive, elle est très imposante, plus que la mère de Rumy.

- "Aujourd'hui, si nous sommes là, ce n'est pas pour nous amuser mais pour recruter des jeunes qui se montreront à la hauteur de nos attentes, c'est clair !" hurle la recruteuse.

- "Oui," disent tous les participants d'en bas.

Mais c'est bizarre, pourquoi Rumy ne fait-il pas encore partie du centre ?

- "Pourquoi n'ont-ils pas directement sélectionné Rumy ? C'est le garçon le plus fort que je connaisse."

- "Ce serait injuste pour les autres participants," dit ma mère, amusée de mon comportement.

- "Puisque tu connais Rumy, tu pourrais déjà le faire entrer dans le centre."

- "Je ne suis pas qualifiée dans ce domaine, mais la femme que tu vois est l'une de nos meilleures recrues."

- "Oh, d'accord."

Je reporte mon attention sur ce qui se passe en bas. Ils se mettent l'un  contre l'autre et... commencent à se battre ?

- "Pourquoi font-ils ça ? Rumy va être blessé après," dis-je, inquiète.

- "Ça fait partie de la sélection. C'est comme ça que nous recrutons nos futurs gardes du corps," répond ma mère.  

                                 Rumy➳

- "Bon, maintenant mettez-vous l'un contre l'autre !" crie la recruteuse.

Je me demande pourquoi elle crie tout le temps. Je regarde autour de moi pour me trouver un ou une partenaire, mais nous sommes en nombre impair.

- "Hé, le noiraud !" dit la femme aux cheveux blancs.

Elle doit parler de mes cheveux. Cette femme n'a vraiment pas l'air d'être gênée par la présence de ses supérieurs, dont ma mère.

- "Qu'est-ce que tu fais ? Où est ton partenaire ?"

Elle commence à m'énerver. Bon, je dois me calmer, comme dit Rei : la colère t'empêche d'avancer.

- "Je n'en ai pas, madame !" dis-je à haute voix pour qu'elle puisse bien l'entendre.

- "Ah, d'accord. Hum, que faire... Oui, je sais ! Nouvelle recrue !"

Je remarque qu'un garçon s'approche de nous.

- "Oui, cheffe."

- Voilà ton partenaire. Tu vas te battre contre lui, à moins que tu aies peur.

- Me battre ? Ça ne me fait pas peur,dis-je avec assurance.

- Non, pas pour ça. Lui, il fait déjà partie du centre. Ne fais pas le malin.

- Aucun problème, je vais gagner.

Elle m'observe en souriant. J'aime ton assurance, petit, me dit-elle. Le garçon aux cheveux blonds se met en face de moi et me dit que les choses sérieuses allaient enfin commencer. Il se tient en position, le pied gauche en avant plié et le droit à l'arrière, les deux poings serrés. Une vraie position d'attaque, donc aucune défense. Je peux facilement me faufiler puis lui donner un coup de pied circulaire.

Je prends une grande inspiration et me prépare. Observant sa posture, je remarque une ouverture. Je me déplace rapidement, feintant à gauche pour attirer son attention. Juste au moment où il tente de réagir, je pivote et lui donne un coup de pied circulaire avec toute ma force.

Il se retient de tomber de justesse. Mon coup était assez bon pour qu'il change de posture. Pas mal. Cette fois, c'est lui qui porte le premier coup. Je l'esquive rapidement, mais je remarque que c'était un piège. Il tente de me faire un croche-pied, mais je rééquilibre mes pieds en faisant un salto arrière.

En atterrissant, je garde mes yeux fixés sur lui, prêt à anticiper son prochain mouvement. Sa posture a changé, indiquant qu'il est maintenant plus prudent. Je sais que je dois rester vigilant et utiliser ma rapidité pour exploiter toute ouverture qu'il pourrait laisser.J'en trouve une. Je me lance sur lui, et il pense que je vais lui donner un coup, mais non. Avec mon bras gauche, je m'accroche à lui et le plaque contre le sol en le tenant fermement.

- 1, 2, 3, et c'est la touffe noire qui gagne ! annonce la recruteuse.

Je me relève, essoufflé mais fier de moi. Le garçon aux cheveux blonds me regarde, surpris, puis sourit légèrement en signe de respect. La recruteuse, toujours avec son sourire, semble satisfaite de ma performance.

Auratrice

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Le vainqueur se relève et aide le vaincu à se relever. Ce dernier le remercie en le détaillant et dit :

— Mais t'es jeune ! Quel âge as-tu ?

— J'ai dix ans. Et toi ?

— Ha, je suis un peu gêné... J'ai treize ans. T'es vraiment doué...

— Rumy.

— Ojiro.

Le noiraud voulait ajouter quelque chose, mais il est coupé par la recruteuse qui leur demande, ou plutôt leur crie, de se préparer pour la prochaine épreuve. Il ne reste plus qu'une poignée de participants. Fier de lui, Rumy espère que Rei l'est aussi. Le petit aurait pu en finir plus facilement avec ce garçon, mais il voulait impressionner son amie. Après une série d'épreuves moins dures que la première, ils ne sont plus que cinq.

— Félicitations, jeunes recrues. À partir de maintenant, vous intégrez le centre H et dans un futur proche, vous exercerez le métier de garde du corps. Avant tout, sachez que ce métier est dangereux. Vous placerez la vie des inconnus avant la vôtre. Vous vous blesserez, vous perdrez un bras comme moi, on vous torturera pour obtenir des informations. Il faut avoir des épaules solides, ne pas avoir peur du danger, être courageux. Car si vous continuez ainsi, ne vous dégonflez pas, car vous aurez la vie de vos clients en jeu. Peu importe si vous mourez, il faut mourir en ayant sauvé au moins une vie. C'est ça, être garde du corps. Alors ceux qui ne se sentent pas capables de le faire, sortez. Et ceux qui le sont, avancez.

Pendant ce long discours, Rumy observe son bras robotique. Tout ce qu'elle dit, il le sait déjà. Ses parents sont du métier et c'est son rêve de suivre leurs pas, plus particulièrement pour protéger Rei. Sa mère lui a promis que s'il réussissait les épreuves, le garçon deviendrait officiellement le garde du corps personnel de son amie. Alors pour lui, ce discours ne sert à rien, car il connaît ses capacités. Prêt à tout pour protéger Rei, Rumy est le premier à s'avancer, suivi par trois autres. Le cinquième s'en va.

— Pfff, lâche ! crie la coach. Puisque les faibles ne sont plus parmi nous, nous pouvons passer à la remise des uniformes.

Enfin, se dit Rumy. Il a hâte de parler à Rei et d'entendre ce qu'elle a à dire, lui qui s'est donné tant de mal pour être le meilleur et se distinguer.

— Bravo, mon petit lion, dit sa mère en le félicitant.

La belle femme aux cheveux noirs, coupés en une longue frange du côté droit de son visage, avec une carrure imposante, vêtue de sa tenue de coach, marche à une vitesse impressionnante. Arrivée devant son fils, elle lui caresse les cheveux.

— Merci, maman, dit Rumy. Il ne s'attendait pas à une réaction aussi explicite. La femme n'aime pas mélanger sa vie professionnelle avec sa vie de mère.

— Tu as mis en pratique tout ce que je t'ai appris, et ce coup de pied, wouah.

Touché par ce que sa mère lui dit, Rumy trouve dommage que son père n'ait pas pu assister à cet événement.

— Rumy, dit une voix qu'il reconnaîtrait entre mille, celle de Rei.

Elle est accompagnée de sa mère, Kase. Rei lâche la main de sa mère pour se précipiter vers Rumy, très inquiète.

— T'as vu R...

La petite fille ne lui laisse pas le temps de parler. Elle commence à toucher son visage, ses joues, jusqu'à ses bras, cherchant la moindre égratignure. Elle remarque quelque chose.

— Rumy, tu t'es blessé, dit-elle, paniquée.

— Ah, je n'avais pas remarqué, mais ce n'est pas grave, dit Rumy en observant la plaie de son combat.

— Si, c'est grave.

— Désolé, je ne voulais pas que tu t'inquiètes. Regarde, je ne sens presque plus la douleur, dit-il en bougeant son bras, mais malheureusement, la plaie s'ouvre encore plus.

— Ne fais pas ça, dit Rei, les larmes aux yeux.

Arrêtant tout mouvement, de peur de la faire pleurer, Rumy lui dit : je vais voir la mentore elle veut sûrement me soigner , dit-il en souriant un sourire qui rassure Rei

     

𝓜𝓸𝓷 𝓹𝓵𝓾𝓼 𝓫𝓮𝓪𝓾 𝓷𝓸𝓮̈𝓵

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— L'hiver enfin, dit Rei en touchant les premiers flocons de neige. Rumy, tu savais que je suis née en hiver ?

— Hum, répond le garçon. Il n'est pas d'humeur aujourd'hui et c'est Rei qui en paie le prix.

— Y a-t-il un problème ? demande la petite fille à son ami.

— Oui, répond tout simplement son ami avant de rentrer à l'intérieur du manoir, laissant la fille seule dans le jardin. Rei secoue sa tête pour faire tomber la neige qui s'est incrustée dans ses cheveux. Elle enlève ses gants marrons et passe ses doigts dans ses cheveux blancs. La petite remet ses gants, époussette son manteau vert militaire, puis prend la même direction que Rumy. Arrivée dans l'entrée principale, Rei retire ses bottes noires et les place dans un placard. Ensuite, la demoiselle se dirige vers la chambre du garçon. Elle le trouve allongé sur le lit et couvert sous une couette. la fille se met sur le coin du lit non occupé par les pieds de son ami.

— Tu vas me dire ce qui ne va pas ? demande Rei avec une voix douce. Le garçon ne bouge pas d'un poil. Son amie sort ses pieds nus de la couette et les chatouille. Le garçon bouge un peu avant d'exploser de rire.

— Ha ha, Rei... Arrête... Je... Je vais te dire.

Rumy sort de sa cachette. Rei connaît bien son ami, il est très chatouilleux des pieds.

Elle se repositionne, observant l'état de son ami, les cheveux ébouriffés et le visage tout rouge.

— Vas-y, dis-moi, demande-t-elle avec une douceur empreinte de curiosité.

— Mes parents me manquent, avoue-t-il, la voix triste.

C'est vrai, pense-t-elle. Ça va être le premier Noël de Rumy sans ses parents. Le garçon n'est pas habitué à ce genre d'absence, surtout pendant les fêtes. Mais que peuvent-ils bien faire? Leur métier les oblige à protéger les parents de Rei.

— Oh, d'accord, répond la fille avec une certaine insistance. Rumy, moi aussi, mes parents ne sont pas là. Je te comprends vraiment, tu sais.

— Tu ne peux pas comprendre, Rei. Toi, tu es déjà habituée, pas moi, réplique-t-il avec frustration, comme si c'était évident, comme s'il lisait dans les pensées de Rei, alors que c'est tout le contraire.

La fillette se lève brusquement et sort de la chambre du garçon. Rumy ne comprend pas tout de suite ce qu'il a fait, mais tout prend sens. Comment un enfant peut-il s'habituer à l'absence de ses parents? Ce que Rumy a dit par tristesse est complètement stupide, une vraie pitrerie. Comment a-t-il pu dire ça à sa meilleure amie, elle qui a vécu dans la solitude si jeune, elle qui souffre le plus? Au lieu de profiter de l'un de l'autre, lui, le petit a fait la tête. Le garçon doit réparer son erreur, et c'est maintenant qu'il se réveille de ses pensées. Le noiraud sort à son tour de la chambre et cherche Rei dans sa chambre, mais elle n'est pas là. Il trouve sa gouvernante. Cette dernière le regarde sévèrement.

— Elle n'est pas là, dit-elle froidement.

Il doit aussi arranger ça. Quand son amie est triste, soit elle est dans sa chambre, soit dans un coin du jardin. Il court dans le jardin et voit la petite. Rumy n'aime pas voir Rei pleurer, surtout si c'est de sa faute. Elle est là, accroupie à côté d'un arbre, les bras sur ses genoux. Le petit garçon s'approche doucement et se met à sa hauteur.

— Rei, excuse-moi. Je suis vraiment désolé pour ce que j'ai dit. Je n'avais pas le droit de minimiser ta douleur ou de prétendre que tu étais habituée à l'absence de tes parents. C'était injuste et égoïste de ma part. J'étais tellement submergé par ma propre tristesse et colère que j'ai oublié que tu souffrais aussi. Tu es ma meilleure amie, ma seule amie, et je n'aurais jamais dû te blesser comme ça. Pardonne-moi, s'il te plaît..

— Hum, d'accord. Je te pardonne, dit-elle en essuyant ses larmes.

Rei n'est pas rancunière, une qualité que Rumy n'a pas. Mais s'il s'agit d'elle, il oubliera facilement.

— Tu sais, tu n'es plus seule, Rei. Maintenant, tu m'as, moi. Ensemble, on va passer le plus beau Noël de notre vie, dit-il en écartant les bras pour accueillir sa meilleure amie.

En se rapprochant, il remarque une chose qu'il n'avait jamais vue auparavant.

— Rei, en fait, tes yeux sont noirs quand on prend le temps de les regarder.

— C'est vrai? demande la petite.

Rumy acquiesce en réponse, un sourire réconfortant aux lèvres.

𝘈̀ 𝘴𝘶𝘪𝘷𝘳𝘦

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