Épisode 5

Sur le chemin du retour, ils restèrent tous les deux silencieux. La dispute animée d'il y a quelque temps avait blessé Daphné. Jamais de sa vie elle n'avait reçu un tel regard de supériorité et de mépris. Elle s'est sentie inférieure, petite, et pendant un instant, elle a eu l'impression de ne pas mériter d'être avec Samaël. Lorsqu'ils sortirent de la voiture, il la prit par le bras, la tirant doucement vers lui. Il l'entoura de ses bras et la serra dans une étreinte chaleureuse qui la réconforta.

Les jours passèrent et Daphné oublia ce qui s'était passé. Sans s'en rendre compte, elle avait déjà créé des routines dans sa nouvelle maison. Comme les domestiques ne parlaient pas sa langue, ses interactions se limitaient à Clair et Samaël. Ce dernier reprit son rythme de travail habituel et passait peu de temps à la maison. Elle se sentait seule mais appréciait qu'il ne manque jamais à sa promesse de toujours dîner avec elle. Tous les matins, elle se réveillait, prenait un bain, puis allait prendre son petit-déjeuner avec Clair. Elle détestait manger seule et l'invitait toujours à manger avec elle. Ensuite, elle appelait sa mère et lui racontait des choses insignifiantes. Elle aimait les voir quotidiennement car ainsi, ils ne se sentiraient pas abandonnés. Au bout de quelques jours, sa routine commença à l'ennuyer. C'était un esprit libre qui détestait l'enfermement. Elle voulait sortir, marcher, faire du vélo, mais en pensant au froid qu'il devait faire dehors, elle préféra rester à l'intérieur. Cependant, elle commença à sortir avec Clair pour faire les courses. C'était divertissant pour elle de choisir des choses qu'elle n'avait jamais vues auparavant ; c'était comme une petite fille dans un magasin de bonbons achetant ses sucreries préférées. Petit à petit, elle gagnait l'affection des employés. Bien qu'ils ne puissent pas communiquer en parlant, elle préparait de petits goûters et les distribuait à tout le monde. Elle était heureuse de sentir les regards chaleureux de chacun alors qu'ils la saluaient avec courtoisie.

" As-tu encore cuisiné aujourd'hui ? "

lui demanda Samaël en portant une grosse bouchée à sa bouche.

" Oui, ça te plaît ? "

" Bien sûr, c'est délicieux. Mais tu n'as pas besoin de préparer mon dîner, c'est le travail des employés. Bien que je doive dire que je préfère mille fois ta cuisine. "

" Je sais, mais je m'ennuie, et ces choses m'aident à me divertir, et en plus… Je ne pense pas que ce soit mal de cuisiner pour mon mari. "

Elle lui prit la main et il la regarda tendrement.

" Chéri… Je suis ici depuis presque six mois maintenant, et j'aimerais commencer à apprendre la langue. "

" Tu as raison, j'avais oublié. Je m'excuse. "

" Quand penses-tu que je peux commencer ? "

" Je vais parler à mon assistant demain. Je ferai venir quelqu'un pour te donner des cours. "

Le visage de Daphné s'illumina ; elle se leva de son siège et s'assit sur les genoux de son mari, le couvrant de baisers.

" Merci ! "

Deux jours plus tard, comme il l'avait promis, une femme arriva pour lui donner des cours. C'était une grande femme blonde avec quelques rides sur le visage ; il y avait tant de traces de la beauté qu'avait eue la femme dans sa jeunesse.

" On commence ? "

demanda la femme avec un sourire bienveillant. Daphné rougit d'avoir été surprise à la fixer et hocha la tête. Le temps passa vite ; le cours était terminé et Daphné soupira en réalisant à quel point la langue était compliquée. Elle n'était pas sûre de pouvoir la maîtriser dans le temps qu'elle avait prévu. Lorsque Samaël arriva, elle le serra dans ses bras, un peu déprimée. Il lui caressa la tête.

" Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu n'as pas aimé la personne que j'ai envoyée ? "

" Ce n'est pas ça… Laisse-moi juste te serrer dans mes bras encore quelques minutes. "

Alors qu'elle le serrait dans ses bras, elle commença à se sentir triste. Elle voulait étudier et elle avait l'impression de perdre son temps. Soudain, les paroles de ses parents lui revinrent en mémoire et elle réagit.

" Allez, allons manger. Tu dois être fatigué. "

Cette nuit-là, elle parvint difficilement à dormir, essayant de chasser les mauvaises pensées. Bien qu'elle soit heureuse dans son mariage, elle se sentait incomplète. Les cours suivants se poursuivirent et elle mit toute son énergie à essayer d'apprendre plus vite. Elle remplit la maison de petits bouts de papier nommant chaque objet. Elle était satisfaite de pouvoir dire quelques mots basiques aux employés et qu'ils la comprennent. Samaël la regardait s'entraîner avant de se coucher et la grondait d'être si appliquée. Il l'attira vers le lit et la couvrit de baisers tout en la regardant avec des yeux emplis de passion.

Le lendemain, alors que Daphné aidait Samaël à faire son nœud de cravate, elle se souvint de quelque chose.

" Chéri, j'ai oublié de te dire. Il y a quelques jours, j'ai cru voir une voiture arriver à cette maison. "

" Quelle maison ? "

" La maison d'hôtes, celle qui est abandonnée. Est-ce qu'ils la rénovent ? "

Le visage de Samaël se crispa et il fit quelques pas en arrière.

" À quoi ressemblait la voiture ? "

" Mmm, c'était une petite voiture, si je me souviens bien, elle était rouge. "

" Je vois, ce doit être ma grand-mère. "

" Grand-mère ? Elle a l'intention d'utiliser la maison ? "

" Je ne sais pas. "

Elle remarqua son malaise et supposa qu'il ne s'était pas encore réconcilié avec sa grand-mère. Cette nuit-là, Samaël arriva après minuit. Il avait l'air contrarié et elle préféra ne rien demander. Alors qu'ils étaient au lit, elle le sentit distant. Il était couché dos à elle, et à ce moment-là, elle sentit que la pièce et le lit étaient inutilement grands.

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