Chapitre 4

Lorsque Li Shen entra dans les toilettes, il s'attendait à tout sauf à ça. Aran avait le cou rouge et légèrement boutonneux. Il se rapprocha pour jeter un œil alors que Aran essaya de cacher le désastre avec ses mains.

Li Shen fronça les sourcils alors que de sa main gauche il maintenait les mains du jeune homme vers le bas et que de sa main droite il lui soulevait légèrement le menton.

- Une allergie...

- C'est moins grave que ça n'y paraît...

- Es tu un enfant ? Comment peux-tu oublier d'être allergique à quelque chose ?

- Désolé...

Li Shen soupira et traîna le jeune homme par le poignet. Après avoir payé l'addition, ils montèrent en voiture direction l'hôpital. Bien que Aran avait essayé de convaincre Li Shen que ce n'était pas nécessaire, ce dernier avait fait la sourde oreille. Le médecin jeta un œil à l'état du jeune homme et lui prescrit une pommade à appliquer pendant deux jours sur ses rougeurs. Une fois dans la voiture Li Shen tendit la main vers Aran.

- Pommade.

- Je... Je peux le faire moi même...

- Pourquoi as tu mangé des crevettes si tu étais allergique ?

- Je n'ai pas fait attention, je pensais à autre chose.

- A quoi ?

- Est ... Est ce que tu as accepté la collaboration et tu m'a invité à dîner pour me dire de rester loin de toi ?

- Que veux-tu dire ?

- Tu as dit que je n'étais pas le genre de personne que tu avais dans ton entourage. Après tout un étranger comme moi peut être mal vu...

Li Shen jeta un regard intrigué au jeune homme. Il ne le pensait pas aussi sensible.

- De un j'ai signé la collaboration parce que c'était vraiment une bonne proposition. De deux je me fiche du regard que les autres peuvent avoir sur mon entourage. Et de trois lorsque je disais que tu n'étais pas le genre de personne que j'avais dans mon entourage je ne parlais pas du fait que tu ressembles à un étranger mais plus à ta façon d'être.

- Ma façon d'être ?

- Un enfant...

- Je ne suis pas un enfant.

- Mais tu te comporte rarement comme un adulte.

Il pointa du doigt le cou encore rouge comme preuve et vit que ce dernier semblait avoir retrouvé le sourire. Li Shen fit un dernier arrêt dans un café et revint avec des boissons et des sandwichs triangles.

- C'est assez simple mais je n'ai plus vraiment le temps pour manger maintenant.

- Désolé, c'est de ma faute...

- Je n'ai vraiment pas l'habitude de te voir avec cette personnalité. Je crois que je te préfère idiot et borné.

Aran eut un rictus et regarda par la fenêtre tout en savourant son sandwich. Une fois de retour à l'entreprise, ils descendirent de la voiture pour se dire au revoir dans le parking. Aran remarqua un peu de mayonnaise sur le coin des lèvres de Li Shen et l'essuya de son pouce.

- Et tu es de nouveau un idiot.

- N'as tu pas dit me préférer comme ça ?

- C'est vrai. Mais là prochaine fois que tu fais ça sur le parking de l'entreprise, je te brise le pouce.

- Donc je peux le faire si c'est ailleurs ?

- Abrutis...

Li Shen laissa de nouveau Aran seul sur le parking et alors que les portes de l'ascenseur se refermèrent il le vit porter son pouce à ses lèvres pour lécher la pointe de sauce qui s'y trouvait.

...***...

Li Shen s'enfonça dans sa chaise après avoir travaillé plusieurs heures dans son bureau sans interruption. Son regard se dirigea vers le verre posé sur son bureau couvert d'eau dû à la condensation. Il n'y avait même plus de glaçons à l'intérieur et il se demandait intérieurement pourquoi il ne l'avait pas jeté. La sonnerie de son téléphone le sortit de ses pensées. Il vit que le numéro n'était pas enregistré et hésita avant de répondre.

- Allô ?

- Euh... bonsoir, c'est la petite sœur de Aran, je ne vous dérange pas j'espère...

- Non, quel est le problème ?

- C'est que j'aimerais savoir si mon frère est avec vous ?

- Aran ? Non, pourquoi ?

- Oh non c'est juste que j'avais espéré que... si vous le voyez pouvez vous me prévenir à ce numéro ?

- Bien...

Li Shen raccrocha perplexe et regarda l'heure. Il était déjà 22h30 et il n'y avait plus un chat dans l'entreprise. Peut-être devait-il lui aussi rentrer.

Une fois sur le parking, il fronça les sourcils en voyant Aran assit à côté de la roue avant de sa voiture. Il avait le visage enfoui dans ses genoux et ne semblait pas avoir remarqué sa présence. " Ta sœur te cherche." dit-il simplement en faisant remarquer sa présence à Aran. Le jeune homme se releva et eut de nouveau ce sourire peu sincère. " Désolé, inconsciemment j'ai marché jusqu'ici. Je... je vais rentrer maintenant." expliqua Aran.

Li Shen fronça les sourcils et attrapa le poignet du jeune homme. Il était froid comme un glaçon. Il posa une main sur son front et soupira.

- Tu as de la fièvre.

- Je... je vais bien.

- Monte dans la voiture.

Aran vit le regard déterminé de Li Shen qui ne laissait pas de place à l'argumentation et monta dans la voiture. Le trajet se fit dans un long silence et c'est seulement une fois le moteur coupé que Aran le brisa.

- Où sommes-nous ?

- Chez moi.

- Tu veux dire ta maison.

- Descend.

Aran n'eut pas le temps de poser de questions que le jeune homme était déjà descendu. Il le suivit de près jusqu'à une chambre ou il ouvrit un placard pour y sortir une serviette et des vêtements. " Va te doucher." dit-il simplement en le poussant dans la salle de bain.

Une fois Aran propre et habillé, il rejoignit Li Shen qui se trouvait dans la cuisine. " Installe-toi à table." dit Li Shen en versant dans un bol de porridge encore chaud. Il ouvrit un placard et attrapa une boîte de médicaments contre le rhume et se dirigea vers la table.

Aran avala le médicament que lui avait tendu le jeune homme et regarda le bol encore chaud.

- Tu n'as pas faim ?

- Non, je... merci.

- Tu as dû rester longtemps accroupi à côté de ma voiture pour attraper froid. Pourquoi étais-tu là ?

- Je... je te l'ai dit... j'ai marché sans m'en rendre compte...

- Et que s'est-il passé pour que tu marches aussi longtemps ?

- Un problème de famille...

- C'est donc pour ça que ta sœur était inquiète...

- Oh c'est vrai, Shanshan !

- Je lui ai envoyé un message pendant que tu te douchais pour la prévenir que tu étais avec moi.

- Je vois, merci...

- Je lui ai dit que tu dormirais ici et que je te ramènerai demain matin.