— Pour qui vous me prenez au juste, non mais ! Pour qui vois prenez-vous pour oser m'insulter aussi ouvertement ? Moi aussi j'aurais des tonnes de choses à redire sur votre attitude : grossier, fourbe et orgueilleux. Tous les ingrédients d'un poison toxique ! Ça vous amuserait, vous, qu'on vous traite de torchon devant vous ? Je ne suis peut-être qu'une souillon comme vous dites, mais dans ce cas vous êtes un idiot fini.
Il y eut soudain un silence qui me fit presque regretter mes paroles. Un domestique qui passait par là s'arrêta et me fit passer son regard de Eiji à moi, la bouche en o. Je commençais à me sentir toute petite en le voyant s'avancer vers moi à grand pas, néanmoins je ne baissais pas le regard et gardais les yeux ancrés dans les siens qui, au passage, étaient d'un bleu hypnotique.
Moi et ma grande gueule... Pourquoi il faut toujours que je parle avant de réfléchir... Mais c'est quand même lui qui a commencé e et c'est moi qui me fait vendre dans cette histoire hein !
Eiji— Vous croyez peut-être avoir le droit de vous plaindre mais ici, ce n'est sûrement pas vous qui risquez de de devoir vous traîner un boulet à cause de ce fichu mariage. Mais avant tout, je ne vous ai pas autorisée à m'adresser la parole.
Il parlait calmement mais son ton était froid à m'en glacer le sang. Je me repris cependant rapidement. J'ai presque failli me faire avoir.
— Je ne vous ai pas non plus permis de m'adresser la parole. Le fait que je sois une femme ne vous donne pas le droit de me rabaisser. On est plus au dix-neuvième siècle, je vous signale.
Eiji— C'est qu'elle a du répondant, la souillon.
— C'est à moi qu'il cause, l'idiot fini ?
On se défia du regard pendant plusieurs secondes avant qu'un rire éclate et remplisse toute la pièce. Un rire d'un tonalité grave et claire. Monsieur Nijo, qui était resté silencieux jusqu'ici en nous écoutant, prit la parole...
Père Nijo — Je vois que vous vous entendez déjà très bien tous les deux. Allons ! Nous n'avons plus qu'à vous marier officiellement. Je suis certain que vous retirerez chacun beaucoup de bienfaits de la vie conjugale.
On s'entend bien ? Je crois que le vieux Nijo commence à avoir des problèmes d'audition.
Eiji— Mais père, vous semblez oublier que je dois partir pour Marshall dès la semaine prochaine.
Père Nijo — Je ne l'ai pas oublié, loin de là. La solution est toute simple en réalité : vous irez ensemble à Marshall. Cela vous permettra de faire plus ample connaissance.
Eiji— Mais père...
Père Nijo— Je suis catégorique là-dessus, Eiji. Soit tu y vas avec mademoiselle Saori, soit tu n'y vas pas du tout. En même temps, cette décision t'avantage. Tu sais très bien ce que tu met en jeu, à moins d'accepter cette condition. Pense au groupe Nijo.
Le groupe Nijo ?
Je clignait plusieurs fois des yeux tandis que les informations affluaient vers mon cerveau. Le groupe Nijo. C'est le conglomérat d'entreprises représentant ce pays, le Royaume-Uni d'Orlando. Ce groupe regroupe les plus grandes entreprises parmi lesquelles le Rozen Electric Railway, leur société affiliée ayant le capital le plus élevé dans le pays et en dehors. À côté d'eux, la Takajo Resort, l'entreprise de mon père, ne représente que le un dixième de ce que dirige le groupe Nijo rien qu'avec le Rozen.
Si je comprends bien, cet homme est Iori Nijo, le boss suprême. Et lui, Eiji Nijo, l'héritier direct. Et moi, qu'est-ce que je viens faire là-dedans, moi la fille la plus banale de l'univers ? Je ne vais donc pas épouser un vieux croulant mais le bel apollon de la famille Nijo !?!
Moi— Mais c'est du délire !, puis sentant les deux hommes me regarder en levant un sourcil curieux de ma réaction, mais c'est impossible ! Je ne suis que la fille d'un PDG d'une toute petite entreprise comparée au Rozen Electric, je suis banale, et trop jeune pour me marier qui plus est. Vous pourriez trouver beaucoup mieux, tiens, par exemple une mannequin ou une princesse étrangère comme la princesse de Marshall justement, puisque vous y allez. Ça n'est pas obligé d'être moi, si ?
Monsieur Nijo sourit avant de dire...
Iori— Détrompez-vous, chère demoiselle, vous êtes le choix parfait. Il n'y a qu'à vous que je peux confier mon idiot fini de fils.
Et il me fait un clin d'œil. Et moi de lui sourire en retour.
Moi— Vous êtes trop aimable, cher monsieur. Je sais que vous dites cela pour me flatter.
Iori— Je ne suis pas du genre flatteur. Si je vous le dis, c'est que je le pense vraiment. Je vous en conjure, acceptez de prendre soin de cet enfant qui est toute ma vie.
Moi— Dis comme ça, je ne sais pas si je peux refuser.
Eiji— Mais moi je refuse...
Iori— On t'a assez entendu comme ça Eiji; Ma décision est prise: dans une semaine, vous irez, toi et mademoiselle Takajo à Marshall, que tu le veuilles ou non. Sur ce, je dois vous laisser. Passez un agréable séjour dans mon humble demeure, mademoiselle, dit-il avant de s'en aller.
Le fils me jette aussi un rapide coup d'œil plein de haine à mon encontre avant de s'en aller à son tour. Pendant un instant, j'ai pensé que comme unique point commun, le fils Nijo et moi avions chacun un père autoritaire qui ne pense qu'à son propre intérêt. Mais monsieur Nijo avait l'air de réellement se soucier de son fils. Je me laisse alors glisser sur le canapé en pensant que je ne suis sûrement pas au bout de mes peines. Mais puisque je suis là, autant aller jusqu'au bout. Je n'ai nulle part d'autre où aller de toute façon. Je n'ai plus rien à perdre à présent.
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