Épisode 6

Il sortit, remarquant l'immensité du manoir. Il croisa de nombreuses femmes de chambre et, devant, de nombreux gardes. Cela ne le dérangea pas beaucoup, son seul désir était de terminer sa mission rapidement car il n'avait que cinq mois pour tout accomplir.

Un des gardes ouvrit une porte et ils descendirent dans une cave remplie encore de plus de personnes, découvrant des aspects auxquels il ne s'attendait pas. Il observa de nombreuses personnes postées devant des écrans, surveillant les événements dans chaque section, chaque pièce et chaque zone du manoir. Parlant à travers des microphones, ils utilisaient des caméras thermiques, une vision nocturne et bien plus encore. Alors qu'il avançait, il était mécontent, sachant que cela ne ferait que compliquer davantage les choses.

Les informations dont ils disposaient sur le site étaient rares, et sur la multitude d'écrans affichés, chaque recoin était visible, y compris là où des tests étaient effectués sur tous les candidats sélectionnés.

Il repéra le père qui se promenait dans divers secteurs et Bley sortant de sa chambre, puis remarqua que, bien qu'aucune caméra ne couvrait l'intérieur de la chambre d'Omega, une était dirigée sur la porte pour surveiller les entrées et les sorties.

"Par ici", instruisit l'un des hommes, "vous devez fournir tous vos détails. Il serait préférable de ne pas mentir, car nous saurons."

Silencieux, il continua de marcher vers des femmes. Elles ne semblaient pas du tout fragiles.

"Le patron n'a pas mentionné que nous attendions quelqu'un d'autre pour les épreuves", dit l'une d'elles d'un ton grognon.

"C'est un cas spécial et exceptionnel pour le patron."

En entendant cela, elle hocha simplement la tête.

"D'accord, s'il est spécial pour lui, il n'y a rien à faire. Alors, nouveau venu, donne-moi tes détails pour que je puisse les vérifier avec les données de l'ordinateur."

Le roux lui jeta un bref regard indifférent.

"Maverick Mantiel."

La femme hocha la tête et tapa le nom, attendant le résultat. Une fois affiché, elle passa un peu de temps à lire.

"Des membres de la famille ?" demanda-t-elle, espérant que sa réponse correspondrait aux informations de l'ordinateur.

"Non, je n'ai personne. J'ai grandi dans un orphelinat et j'ai pris le nom de Mantiel sans que cela ne vienne de quelqu'un en particulier."

Elle hocha la tête, car cela correspondait aux informations qu'elle avait. Rien sur les frères et soeurs, les parents, rien. Ses dossiers montraient qu'il avait été abandonné dans un orphelinat à l'âge d'un mois et y était resté jusqu'à ses dix-huit ans. Il avait été dans l'armée, avait servi activement, et bien plus encore.

"Quel âge as-tu ?"

"Trente et un ans", répondit-il, fatigué des questions.

"Profession ?"

"Je suis agent de sécurité dans un supermarché du centre-ville. J'y suis depuis trois ans."

Elle le scruta, mais ce n'était pas comme si elle pouvait dire qu'il mentait, sa vie entière étant une fabrication. Son visage était sévère, ne montrant pas la moindre trace de peur, de nervosité ou d'indice qui aurait pu trahir ses mensonges. Peu importe le nombre de regards insistants ou de lentilles pour un examen détaillé, rien n'importait.

Son regard se posa à nouveau sur l'ordinateur, qui révélait tout.

Aucune erreur ou faille système n'émergeait car tout avait été conçu à la perfection, sans la moindre faiblesse en vue.

Maverick n'avait personne. Autonome, il ne s'était jamais appuyé sur le soutien familial. Elle ressentit même une pointe de pitié, imaginant la croissance d'un jeune enfant sans parents.

Elle tapa d'autres informations et releva les yeux. Remarquant une abondance de tatouages pour quelqu'un ayant un passé militaire, elle déduisit enfin qu'ils devaient avoir été faits après son service. Sa silhouette robuste indiquait une routine de gym régulière ou un régime quotidien afin de rester en parfaite condition physique.

"Comment es-tu devenu agent de sécurité ?" lui demanda-t-elle en l'observant.

Il ne répondit pas immédiatement.

"J'ai suivi une formation de deux ans."

Elle n'enquêta pas sur l'école, supposant qu'il s'agissait de l'orphelinat où il avait grandi. Elle lui donna quelques instructions supplémentaires, qu'il suivit attentivement avant de recevoir son uniforme et d'être conduit dans sa nouvelle chambre.

Une fois à l'intérieur, il observa l'espace modeste composé d'un lit, d'une salle de bain et d'une télévision. Sans fenêtre, la chambre souterraine ne lui plaisait guère, car toute urgence signifierait être enseveli sous les décombres.

Puis il attrapa simplement son téléphone et passa un appel. Lorsque l'autre personne décrocha, il annonça :

"Je suis à l'intérieur."

Un petit rire fut entendu.

"Bon travail, Maverick. Continuez comme prévu, ils ont mordu à l'hameçon. Je veux le code de ce coffre-fort et élimine tous ceux qui se mettront en travers de ton chemin. Je ne veux pas de survivants une fois que tu auras fini, pas le père et encore moins son fils Oméga."

"Entendu."

"Ne laisse personne d'autre s'approcher. Nous ne sommes pas les seuls à vouloir ce coffre-fort, alors élimine l'opposition chaque fois qu'elle se présentera."

"Aucun souci, je surveillerai de près. Ce coffre-fort sera à nous."

Il entendit un autre rire.

"Je n'en doute pas. Tu es l'un de mes hommes les plus loyaux. Tu as accompli beaucoup avec nous en peu de temps, donc ça devrait être un jeu d'enfant pour toi. Gagne la confiance de ce gamin et montre un peu de charme. Il est faible et tombera rapidement."

"Compris."

Il raccrocha et s'assit sur le lit. Il ne fit rien du tout, fixant juste le sol, s'attendant presque à ce que quelque chose émerge et facilite le processus.

Il avala difficilement sa salive et s'allongea, espérant un bon départ le lendemain sans problèmes. Il n'avait pas prévu la simplicité, ni les complications. Mais depuis sa rencontre fortuite au supermarché, chaque mouvement avait été stratégique. Il s'attendait à des retards dans les contacts, mais tout progressait plus rapidement qu'il ne l'imaginait.

S'installant, il regarda le plafond pendant de longues minutes jusqu'à ce que ses yeux se ferment.

Las, il s'endormit rapidement. S'endormir était facile, mais les cauchemars commencèrent à le tourmenter. Éveillé, il pouvait contrôler ses pensées, ses émotions, ses actions ; endormi, ses souvenirs refoulés, ses peurs, ses traumatismes, et les horreurs vécues d'Alay refaisaient surface.

Des coups de feu...

Des pleurs...

La mort...

Du sang...

Ilay...

Sa mère...

La trahison...

Un cri brisa son sommeil et il se redressa brusquement. Il balaya la pièce, désorienté.

"Où suis-je ?" murmura Alay, perdu dans la confusion.

Le trouble de la personnalité multiple, ou le trouble de l'identité dissociative, surgit souvent à la suite d'un traumatisme ; il sert à compartimenter les souvenirs douloureux. Les symptômes allaient de l'amnésie à des identités alternatives distinctes, d'Alay à Maverick, avec chacun leurs histoires, gestes, voix et bien plus encore.

Les changements de personnalité pouvaient durer des minutes, des heures, voire des années.

Pour lui, Maverick émergeait le jour, le protégeant des souvenirs douloureux, mais la nuit, Alay revenait avec le sommeil.

Inconscient des circonstances, il se leva, inspectant ses bras de plus en plus tatoués. Recherchant désespérément des indices sur son environnement, il ne trouva rien. Alors que les pensées l'assaillaient, un mal de tête s'intensifia instantanément, affaiblissant sa lutte contre l'agonie. Il ne pouvait pas revivre la mort de sa mère, les paroles de son frère jumeau, ni comprendre la haine que sa famille devait nourrir.

Les mains agrippant sa tête, il la secoua à plusieurs reprises.

"Je ne peux pas... Je ne peux pas supporter cette douleur..."

Il s'effondra à genoux, totalement vaincu. Sentant une dérive de son propre être, les émotions qui s'estompent, la présence d'un autre qui s'approche, comme s'il était de nouveau possédé.

Les yeux fermement fermés, il...

Maverick se tenait debout, surveillant son environnement avec un détachement calme, ne retournant pas au lit, simplement appuyé contre le mur en attendant le signal, tandis qu'Alay restait enveloppé dans l'obscurité.

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