Épisode 3

Voyant qu'il s'inquiète et pose trop de questions, il soupire silencieusement, à peine audible pour beaucoup de personnes, mais Ingrid entend.

Ingrid : Bonjour ? Luiza ? As-tu trouvé ma valise ?

Lorsque personne ne répond, elle prend sa robe de mariée et la passe sur son corps.

Ingrid : Qui est là ?

Sébastien ne répond pas, il part simplement et Luiza arrive peu après.

Luiza : Madame, voici votre valise.

Ingrid : Luiza ? Depuis quand es-tu là ?

Luiza : Je viens d'arriver, pourquoi, madame ?

Ingrid : Y avait-il quelqu'un dans le couloir quand tu es arrivée ?

Luiza : Non, madame, pourquoi cette question ?

Ingrid : Ce n'est rien, c'est probablement juste moi.

J'aurais juré avoir entendu quelqu'un respirer, peut-être que je ne suis tout simplement pas habituée à mon environnement. Je prends ma valise et la pose sur le lit, je prends des vêtements de rechange et les touche pour pouvoir m'habiller correctement.

Après m'être habillée, on me dit que Sébastien Jones a besoin de me parler dans son bureau. Luiza m'y emmène et, comme toujours, je compte les pas pour pouvoir me repérer et ne pas déranger lorsque j'ai besoin de quelque chose.

Luiza : Est-ce que vous faites toujours ça, madame ?

Ingrid : Compter les pas ?

Luiza : Oui, madame.

Ingrid : Oui, je le fais parce que j'ai besoin de savoir où chaque meuble ou mur se trouve, afin de pouvoir me déplacer seule à l'avenir sans avoir à déranger qui que ce soit.

Luiza : Je comprends, mais chaque fois que vous avez besoin de moi, vous pouvez compter sur moi, madame, après tout, la plupart du temps il n'y aura que nous deux à la maison.

Ingrid : C'est bien, cela signifie que nous serons de bons amis.

Luiza est impressionnée par la simplicité d'Ingrid, après tout, elle est l'épouse de Sébastien Jones ! Mais elle agit comme si elle n'était pas d'une grande importance, elle loge dans la chambre de bonne sans même se plaindre, toute autre femme à sa place aurait réclamé ses droits, mais elle semble s'en soucier peu.

Luiza : Bien, nous sommes arrivés devant la porte du bureau.

Ingrid : Merci, Luiza.

Je frappe à la porte et j'entends sa voix quelques secondes plus tard.

Sébastien : Entrez !

J'ouvre la porte lentement et fais un pas en avant, dès que je sens avoir passé le chambranle, je me retourne et ferme la porte. Je reste là, après tout, je ne connais pas les dimensions de son bureau et je ne veux pas heurter quelque chose et le casser par accident.

Sébastien : Tu vas rester là ? Assieds-toi.

Ingrid : Je pense que je vais devoir porter une pancarte autour de mon cou pour te rappeler en permanence que je suis aveugle.

Sébastien : Tu es tellement désinvolte que j'en oublie, fais quatre pas en avant.

Je fais quatre pas en avant, les mains devant moi, mais je ne sens rien.

Sébastien : Encore deux pas.

Je fais les deux pas et sens enfin la chaise, ne serait-il pas plus simple s'il me disait de faire six pas ?

Sébastien : Pour moi, c'est quatre pas.

Il répond comme s'il avait entendu mes pensées. Je m'assois et attends qu'il parle. Il faut environ trois minutes et tout ce que j'entends, c'est le bruissement des feuilles de papier, un peu de vent et le son des feuilles jetées sur la table.

Sébastien : Ce sont les papiers que tu dois signer.

Ingrid : De quoi s'agit-il ?

Sébastien : Tu n'as pas besoin de le savoir, après tout, nous avons un accord, n'est-ce pas ?

Ingrid : Oui, c'est vrai, pourrais-tu me dire où signer ?

Sébastien soupire, mais Ingrid entend le bruit de sa chaise qui recule et ensuite des pas, quelques secondes plus tard, elle sent la chaleur de son corps près du sien.

En se penchant, le parfum de Sébastien envahit le nez d'Ingrid, il lui touche la main et la place juste au-dessus de la ligne. Mais Sébastien regarde le visage d'Ingrid, ses traits sont délicats, elle ressemble à une petite fille, pendant une seconde, il a envie de la toucher, mais revient à la réalité quand Ingrid se tourne vers lui et demande :

Ingrid : Est-ce la seule feuille à signer ?

Il se gratte la gorge et dit :

Sébastien : Non, il y en a encore trois autres, signe juste ici.

Il lui montre tous les endroits où elle doit signer et une fois que tout est signé, il se rassoit.

Sébastien : Très bien, il faut maintenant parler d'autre chose.

Ingrid : Alors, comment allez-vous vous venger de ma famille ?

Sébastien : Non ! À propos de la maison.

Ingrid : Ah !

Sébastien : Je remplirai ma part du contrat, ne t'en fais pas, mais j'ai besoin que tu comprennes, notre mariage était discret. J'ai besoin que tout le monde croie que tu es la mariée dont tout le monde dit qu'elle s'est suicidée, tu comprends ?

Ingrid : Oui, je suis la remplaçante, mais personne ne peut le savoir, c'est pour redorer ta mauvaise réputation, c'est ça ?

Sébastien : Oui, parce que j'ai besoin de devenir un homme d'affaires important. Tu diras que tu t'es cachée parce que tu as fini par devenir aveugle et que tu as eu des problèmes d'adaptation.

Ingrid : Tu vas vraiment utiliser mon handicap à ton avantage ?

Sébastien : Bien sûr, il faut que j'en tire profit d'une manière ou d'une autre.

Ingrid : D'accord, et sinon ?

Sébastien : Oui, je suis presque jamais à la maison, alors fais comme bon te semble pendant ton séjour ici. C'était stupide de te mettre dans la chambre de la domestique, tu peux choisir l'une des chambres à l'étage.

Ingrid : C'est vrai, mais je préfère rester avec Luiza, elle a l'air gentille.

Pensées de Sébastien

Sérieusement ? J'ai eu droit à un sermon de la part de Jonatan pour l'avoir mise dans la chambre de la domestique, et maintenant que j'essaie d'être gentil, elle veut dormir dans la même chambre que la domestique ? C'est une blague !

Sébastien : Comme tu veux, on se verra très peu de toute façon, tu peux partir maintenant.

Ingrid : D'accord.

Elle se lève, fait un pas vers la gauche, se retourne complètement et fait exactement six pas vers la porte, l'ouvre et sort. Ça doit vraiment être difficile de ne rien voir et de devoir être prudente tout le temps.

En sortant de sa chambre, je commence à compter les pas. Cela fait trois ans que je vis comme ça, en comptant mes pas et en m'adaptant. Au début, c'était vraiment difficile, je pleurais tous les soirs parce que je me cognais partout et j'avais des bleus, surtout lorsque Helena mettait des choses sur mon chemin juste pour me voir tomber. Je pense que tout serait différent si ma mère était encore là, elle me comprenait toujours et savait dire les bonnes choses. Ma mère m'a appris à traiter un employé de la même manière que je voudrais être traité, car le respect est essentiel pour la coexistence.

Elle serait sûrement déçue par Helena et mon père pour ce qu'ils m'ont fait, mais je vais les faire apprendre leur leçon. Il est préférable de les voir souffrir maintenant et s'améliorer, plutôt que d'attendre qu'il soit trop tard et de faire des choses irréparables.

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