Première rencontre

Vous êtes face au mur, vous avez l’impression que tous vos problèmes étaient inéluctables et impossibles à résoudre. Vous êtes-vous déjà senti comme ça ? Si vous avez saisi ce livre, c’est que le cas, malheureusement pour vous et heureusement pour moi qui aime faire preuve de malice, vous le serait. Mais comme tous ceux qui sont au pied du mur, au lieu de faire face à vos problèmes et de réaliser que vous êtes la seule et unique solution à vos problèmes. Et vous savez pourquoi ? Parce que vous êtes la personne qui en est l’auteur. Mais comme nous sommes au pied du mur, oui nous maintenant, nous allons nous concentrer sur autre chose que nos problèmes, pour continuer à tomber au fond du trouble, car c’est au fond du trouble que l’on voit mieux le trou. Donc, concentrons-nous sur une histoire si vous le voulez bien. Tiens, j’en ai une bonne !...

...C’est l’histoire d’une jeune fille, entrant dans l'âge adulte, enfin légalement. Son avenir s’annonce radieux. Entrée dans une grande école française grâce à un programme d’égalité des chances et venant d'arriver en France avec ses parents où dans quelques mois sa sœur la rejoindra. Isn’t that a lovely picture?! Mais tout bascule, ou du moins tout commence à basculer, le jour où son père, son Papa chéri, paie les frais d’inscription et son année universitaire. La vie est chère et l'avenir, encore plus. À vous faire voler les dents de vos ancêtres ! Et cette jeune fille, plus les jours passent plus un sentiment de redevance, de nécessité, de l'obligation d’honorer ses parents, sa famille, tous les gens qui l’ont aidé grandit, grossit en elle. Mais ce n’est pas le plus grave, le plus dangereux, c'est qu’au même tant que les dépenses s'accumulent, un sentiment d’impuissance, d’inutilité et de je ne sais quoi que l’on pourrait décrire comme : tu dois trouver un moyen de rembourser cet argent et ce temps. Et ce sentiment l’a rendue tendue, agressive, mais aussi intuitive et a réveillé en elle cette pulsion destructive, meurtrière, que, comme l’écrivait Freud, nous avons tous en nous....

Layana est une jeune fille née en Guadeloupe, une magnifique île des Caraïbes. Sans histoire, sans pour autant être effacée ou discrète au point d’avoir peur de parler ou de montrer que cette peur l’habite. Sous ses airs légers, elle cache un lourd secret qui manque de la dévorer toute entière chaque nuit: la peur de ne pas être à la hauteur, la peur de ne pas être suffisamment parfaite pour pouvoir racheter toutes les erreurs commises en sa jeunesse, la peur que le monde découvre un jour son vrai visage, celui d’une gamine qui non seulement porte la poisse mais qui aussi qu’on le veuille ou non ne sera jamais digne de conscience car elle ment aussi bien comme un dieu. Ou dans son cas une déesse!...

Mais ce serait un peu tragique, obscure de commencer une histoire comme cela. N’est-ce pas?!Alors commençons par le commencement, voulez-vous?! Et pour que ce soit mieux, faisons la parler!

Bonjour! Je suis Layana Mai! Oui, comme le mois qui vient tout de suite après avril et avant mars! Euh, non c’est juin! Oh,crotte! Non mais c’est pas vrai, ça fait plus d’une demie heure que je suis dessus! Dit-elle en trépignant de colère. Une année scolaire,aire à se préparer et faire des prises de paroles en public spontanées et fluides, un oral devant un jury et je suis incapable de me présenter correctement! Grona-t-elle avant de se retenir de taper contre le miroir de son armoire et de prendre une profondeur inspiration. Non, non, non, Layana, pas de crispation. Les crispations n’emmènent rien de productifs si ce ne sont que des frustrations et des pensées si négatives qu’elles donnent des maux de tête! Souffle-t-elle en souriant avant que son regard ne se croise dans le miroir.

Elle reste quelques minutes en silence à s'observer dans le miroir, à scruter chaque trait de son visage, à observer chaque petit mouvement de ses ailes de nez au cours des inspirations et des expirations qui suivent.

Je suis belle, je suis grande, ou du moins je le deviendrai,je suis intelligente. J’ai tout ce qu’il faut pour réussir! Dit-elle en souriant dans l’immense glace en mettant les mains sur les hanches et en bombant la poitrine. Je suis belle, grande et intelligente: j’ai tout ce qu’il faut pour réussir! JE SUIS BELLE, GRANDE ETINTELLIGENTE:J’AI TOUT CE QU’IL FAUT POUR RÉUSSIR!!! répéta-t-elle plusieurs fois de suite avant de reprendre sa présentation et de s’entraîner pendant plus d’une heure, ne s’arrêtant que lorsque la chose lui semblait excellente.

Elle ferma les yeux, prit une profonde inspiration, expira, ouvrit les yeux et afficha un large sourire.

Bonjour, je suis Layana Mai, j’ai 18ans et je suis ravie de faire votre connaissance!...dit-elle en ponctuant d’un sourire malicieux, avant de l’achever par un regard si confiant qu’on aurait dit qu’il laissait des éclairs pour répandre cette idée.

En attendant l’annonce de l’entrée de Layana à Sciences Po, et son aisance à l’oral, tous disaient qu’il s’agissait d’une évidence. Mais combien sentaient, ou auraient ne seraient-ce qu’imaginé que ces éclairs de confiance étaient en fait des annonciateurs des tempêtes et des orages d’insécurité de doutes et de colère. D’une frustration longuement accumulée aux conséquences plus que….sanglante….! Je dois bien l’admettre.

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