Chapitre 20 ✔

Nous sommes assis, Lucas et moi dans un parc, que je ne connaissais pas. Il faut dire qu'il est très éloigné du lycée.

Lors du trajet, mon ventre n'a cessé d'émettre des grognements. Mal à l'aise, j'ai placé une main au niveau de mon estomac, comme pour étouffer le bruit. Sauf que Lucas s'en est aperçu. Tout d'abord, il s'est moqué, me faisant rougir. Puis, par la suite, il m'a demandé de le suivre. Nous avons donc atterris dans une supérette - aussi méconnue - pour nous ravitailler.

Et nous voilà, en ce moment même assis sur la pelouse verte - ou plutôt sur la veste toute propre de Lucas. L'herbe était encore humide, alors il a gentiment défait sa veste pour la déposer à même le sol. Je regrette de ne pas avoir insisté pour qu'il l'a garde.

Ces derniers jours, le temps est capricieux, puis nous sommes au mois d'octobre, et novembre approche à grand pas. Ce qui se résume aux journées glaciales. Je ne voudrais pas qu'il soit malade par ma faute.

Je croque dans mon sandwich poulet crudités, qui est très appétissant !

Je regarde les alentours, l'endroit est très calme. Rempli de verdure, un lac est au centre où quelques canards barbottent dans l'eau. Il n'y a aucune once de soleil, seuls des rayons à travers les nuages qui repartent aussi vite que leurs arrivés. Nous sommes seuls. À part, la circulation de la civilisation. Tout est calme et paisible.

Le petit vent caresse mes cheveux en les faisant voler. Je les replace plus d'une fois derrière mon oreille pour éviter qu'ils atterrissent sur mon sandwich entamé.

L'énervement accumulé, ainsi que le stresse de tout à l'heure évacuent petit à petit, grâce à Lucas et sa gentillesse. D'ailleurs, il n'a pas insisté en me questionnant davantage sur mon état, avant notre rencontre dans le couloir.

Son regard est posé sur moi, je ne le vois pas, mais je le sens. Je tourne la tête dans sa direction. Il me semble que je ne me suis jamais sentis aussi bien.

Avant je n'aurais pas pu croire, à cet instant présent. Ces instants tellement rares, mais tellement inoubliables.

Nos yeux sont toujours perdus dans le regard de l'autre. Cette situation aurait dû être gênante, mais elle ne l'est pas, elle est même réconfortante. Son calme adoucit la tension qu'il y avait entre nous, pendant le trajet.

Je prends le temps de détailler ses iris brunes, qu'ils ne le sont pas totalement. Lorsqu'on regarde bien, il y a quelques tâches vertes, caché à l'œil nu, par la couleur omniprésente du marron.

Mes yeux se baladent sur son visage. Sa mâchoire carré, le rend crispé, - comme lors de la toute première fois où je l'ai aperçu. J'ai cru un instant qu'il était en colère - j'ai envie de poser mes doigts sur celle-ci et dessiner les traits de son visage. Je me retiens de le faire, même si mes doigts me chatouillent.

Ses yeux moqueurs me font percuter que je le fixe depuis beaucoup trop longtemps. Je sens mes pommettes se colorer.

Tout en finissant mon sandwich, je sais qu'il meurt d'envie de me poser une question qui lui brûle les lèvres. Je lui accorde mon attention en hochant la tête.

" Qu'est-ce qui s'est passé avec Louise ?"

Je veux lui dire que son pote et le roi des cons avec mon amie. Mais je ferme ma bouche.

" Une petite discussion d'amie, elle voulait savoir quelque chose que je ne souhaite pas lui avouer, pour ne pas la blesser..."

Il hoche sa tête et regarde au loin.

" Quelques fois, il faut mieux avouer la vérité blessante, que ne rien dire ou mentir simplement, pour protéger la personne."

Je songe à ce qu'il vient de me dire. C'est tout mon inverse. Il a sûrement raison.

Lorsqu'il me dit le fond de sa pensée, je me retourne brusquement vers lui.

" Je déteste les menteurs ! "

Mon cœur se met à battre de plus en plus vite. J'ai l'impression qu'il vient tout juste de lire en moi. Qu'il vient de découvrir que je mens à perpétuité.

C'est une horrible sensation !

" J'ai une autre question ! Mais ne te sens pas obligé d'y répondre."

J'acquiesce.

" Pourquoi, tu n'as pas dit bonjour à Kyle ? Louise a fait la gueule, quand elle a vu que tu avais serré les mains des garçons. "

Sa question me surprend. J'espère qu'il ne va pas parler du baiser que j'ai déposé sur sa joue.

" Hum..." Je suis tout à coup angoissée de lui répondre.

Il baisse légèrement sa tête pour la mettre au même niveau que la mienne. Je ne sais, si je lui fais confiance ou non. Il a l'air d'être une personne sincère et bienveillante. Et d'un autre point de vue, Kyle est son meilleur ami.

" Je ne crois pas que tu veuilles que je t'explique, pourquoi je méprise autant ton meilleur ami."

" Kyle n'est pas mon meilleur ami, juste un pote, mais rien de plus." Il soupire.

J'écarquille des yeux, ébranlée, Kyle n'est pas son meilleur ami. Je me gratte la nuque. J'ai encore tiré des conclusions hâtives.

" Je ne savais pas, excuse-moi..."

Je centre toute mon attention sur l'un des canards. Son bec est dans l'eau, seuls ses pattes dépassent.

" Donc tu méprises Kyle ?" Rigole t-il.

Sans prendre de pincettes avec lui, je lui réponds le plus franc possible.

" Il est con, arrogant, et hypocrite !"

Lucas ne perd pas une seconde pour éclater de rire. En fait, je ne sais pas si je dois le prendre bien ou mal.

" Désolé, mais je suis tellement heureux que tu penses ça aussi !" S'exclame t-il hilare.

" Aussi ?"

" Kyle est prétentieux. Tout ce qu'il veut, il l'obtient. Il n'a qu'à claquer des doigts (il claque ses doigts) et il l'a ! "

Je me sens soulagée, de ne pas être seule à penser ça de Kyle. Néanmoins, la culpabilité me ronge quand je pense qu'il doit être en ce moment avec Louise.

Si seulement, je lui aurais dis la vérité, rien ne se serait passé.

Louise est amoureuse de Kyle. Même si il dit que c'est réciproque lors de leur conversation, j'en doute.

" Est-ce que ... est-ce que ça va ? Je ne voulais pas te faire peur. Mais la seule chose que je peux te conseiller c'est d'en parler à Louise. "

Non, ça ne va absolument pas !

Mon amie est en train de se faire avoir par une ordure qu'elle aime.

" Elle est amoureuse ? " me demande Lucas.

Je hoche la tête.

" Oui, elle l'est. Et ce n'est pas réciproque ?"

" Désolé, mais Kyle a déjà une copine. Le lycée est juste une distraction."

" Sa copine est blonde ?"

Il manquerait plus que se soit la blonde du centre commercial, pour le combo final.

" Oui."