Chapitre 9 ✔

Nous sommes maintenant en cours depuis un peu plus d'une demi-heure. Le cours d'histoire m'ennuie profondément, je suis plongée dans mes pensées. Depuis tout à l'heure, Louise me met des coups de coude pour me réveiller.

J'essaie tant bien que mal de me concentrer mais c'est mission impossible. Je pense à tout et n'importe quoi. 

" Mademoiselle Grégorio, vous êtes avec nous ?" Me demande le prof en me sortant de mes pensées.

Je me redresse et plante mon regard vers lui et réponds :

" Hum ... Oui monsieur."

" Très bien, reprenons."

Il faut vraiment que je me canalise sur le cours, uniquement sur l'histoire et pas mes histoires, ni ma nouvelle amitié avec Louise, ni mes parents et encore moins au « mystérieux mec »

Louise se penche vers moi et murmure discrètement :

" Tu penses à monsieur je te reluque ?"

" Pff... Arrête n'importe quoi !" Chuchotais-je.

Elle regarde le professeur qui explique au tableau, tout en s'assurant qu'il ne la voit pas.

" Mais arrête, dit pas n'importe quoi ! Tu le kiffes, il te plaît, point final. Et tais toi." Me menace t-elle.

Je la regarde hébétée. Elle tourne son regard et continue d'écouter le prof, comme si elle ne m'avait jamais menacé. Il me faut un effort surhumain pour essayer de comprendre le cours, sur l'Empire Byzantin et tout le reste...

Une demi-heure plus tard ; la sonnerie retentit dans tout le lycée. Je range mes affaires à l'intérieur de mon sac et sors de la salle avec Louise.

" On a quoi maintenant ?" lui demandais-je.

" On est en maths." 

" Super ! " Soupirais-je ironiquement. 

Louise glousse, nous nous dirigeons vers notre cours. Elle nous amène vers l'escalier que nous descendons en vitesse pour arriver à temps pour notre cours. 

Mais lorsque j'aperçois Kyle et sa bande, je me dis que c'est mort pour arriver en avance à notre prochain cours.

Kyle, c'est pire qu'une vitrine de fringues, dès qu'il est près d'une fille, elles s'éternisent pendant quinze ans devant.

Et ... c'est ce que fait Louise. Elle se stoppe et le reluque de la tête au pied. Non sans-gêne !

Je cale mon dos contre le mur blanc, – enfin le mur gris – pour regarder le spectacle. Je croise mes bras contre ma poitrine. Je fixe un point fixe et ce point fixe devient vite, monsieur « mystérieux mec » . Son regard trouve le mien et je jurais apercevoir un petit rictus apparaître dans le coin gauche de ses lèvres.

Mon cœur se réjouit en cognant comme un dingue contre ma poitrine. Il détourne son regard et chuchote quelques mots à ... Baptiste... non ... Bastien ! À Bastien !  J'ai dû mal avec les prénoms décidément.

Le petit gars pivote vers moi et prend une position assez gênante – contre le mur derrière lui, – comme font les mecs mannequins qui s'appuient contre les murs en briques.

Il repousse ses cheveux en arrière pour lui donner sûrement un âge plus élevé, et ses lèvres s'étirent en un sourire charmeur. Il cligne de l'œil tout en me regardant et range sa main dans la poche avant de son jean. Son pied sur le mur glisse.

Ce mec est un cirque à lui seul, franchement, rien de plus drôle, que de le voir se vieillir un peu plus, pour augmenter la gente féminine à ses côtés.

Le brun à côté rigole, sûrement pour se foutre de lui, il tourne son visage vers moi en riant. Il faut dire que je suis très amusé par la situation. C'est presque exaspérant de sa part, il me fait limite pitié...

Je commence à être gênée par son attitude ! Il me rend mal à l'aise, ainsi que pour les autres autour. Je consulte ma montre, nous sommes définitivement en retard pour notre dernier cours du matin.

Mais où est Louise, encore ?

Je me hisse sur la pointe des pieds et regarde autour de moi, pour apercevoir une tête brune qui n'est pas la sienne.

J'avance un peu plus loin et la remarque enfin.

" Louise, on est en retard, tu viens !"

" Ouais, je suis là, suis moi !"

Je la suis et nous passons devant...  Bastien et le « mystérieux mec ». Le plus timide me sourit ... timidement et l'autre se contente de me sortir d'une voix faussement viril :

" Eh poulette, tu me suis aux toilettes ?"

Je me retourne brutalement et m'avance vers lui. Je l'assène d'un doigt d'honneur, sous les rires de son pote et de mon amie. J'y étais un peu fort, mais le mec me propose un tour au toilette. C'est normal non ?

Maintenant, il faut que nous nous dépêchions, nous sommes déjà en retard.

" Jolie doigt Meghane." me complimente Louise, alors que nous courons à toute vitesse sur le sol glissant des couloirs.

Devant la porte, certaines personnes de la classe nous explique que la prof n'est pas là.

Je regarde Louise.

" On rentre chez toi," me propose t‐elle.

" Hum, ouais..."

Le traque reprend place dans mon corps. J'angoisse terriblement.

La main de Louise se pose sur mon épaule.

" Je suis avec toi Meg !"

J'acquiesce et nous sortons du lycée.

◇◇◇◇

Mes doigts glissent des lanières de mon sac à main, elles sont moites signent que je me sens vraiment pas bien. Ma respiration se coupe plusieurs fois. Tout mon corps tremble, des spasmes prennent possession de mon corps.

" Allez viens !"

Louise attrape ma main et me tire à l'intérieur de l'appartement.

Plus nous montons les étages, plus mon sang devient froid, bientôt gelé. Mes jambes me donnent l'impression de me lâcher. Ma tempe bat fort contre mon crâne.

J'ai mal à la tête tout d'un coup !

Dernière marche, nous sommes arrivées. Louise se tourne vers moi pour me demander quelle est le numéro de la porte. Je lui indique et c'est avec stupéfaction que je remarque que personnes ne se trouve sur le palier, ni en face de la porte de mon appartement.

Louise entre la clé dans la serrure qu'elle débloque, elle nous fait rentrer. Comme si nous étions chez elle. Lorsque que le verrou de la porte se referme, je m'adosse à celle-ci et souffle.

Mes maudits parents sont enfin partis ! Mes yeux se lèvent vers le ciel, comme pour remercier les personnes qui se sont débarrassées d'eux.

" Merci d'être venue." Dis-je avec soulagement à mon amie.

" Je n'allais pas te laisser toute seule."

Elle sourit et me demande joyeusement :

" Tu me fais visiter Grégorio ? "

Je fais rouler mes yeux et l'invite à me suivre à travers les quatre pièces. Je lui montre rapidement la petite salle de bain, le salon – cuisine, la chambre de mon oncle inoccupé et ma chambre.

Elle s'assoit sur mon lit et finit par s'y allonger avec aise. En attendant, je prépare mon sac pour les cours de cet après-midi.

" J'aime beaucoup ton appartement."

" Merci, ta maison est beaucoup plus belle et plus grande, que notre petit appartement." Lui avouais-je.

Elle se redresse et me regarde :

" Je sais pas, mais quelque chose me fait me sentir bien ici ..."

Je la fixe curieuse.

" D'accord."

Je ris et nous partons dans la cuisine pour manger. Malheureusement, sotte que je suis, je n'ai pas pensé à faire des courses.

Je jette un coup d'oeil dans le frigo en espérant au moins trouver un aliment, mais c'est perdu d'avance.

Il faut que maintenant je commande à manger.

" Tu veux que l'on commande quoi ?"

" Pizza ?"

" Ok "

Elle s'assoit sur le canapé et je commande une grande pizza.

En attendant qu'elle arrive, je me pose dans le canapé au côté de Louise.

◇◇◇◇

Dix huit heures, le dernier cours est finit. Je range mes affaires à l'intérieur de mon sac.

À travers la fenêtre, je remarque que la nuit est tombée, le ciel est noir, on pourrait presque voir les étoiles. Je me lève de ma chaise et enfile ma veste puis sors de la salle. Le vent est glaciale.

Louise et moi, nous nous dépêchons de sortir pour rentrer au chaud chez nous.

Dans la rue Louise éclaire le trottoir avec la lampe de son téléphone. Son corps frissonne à cause du vent et sa tête se tourne brusquement à chaque petit bruit.

Pourtant la rue est éclairée par les lampadaires. 

Nous arrivons dans sa rue. Avant de franchir le portail menant à sa porte d'entrée, elle se retourne.

" Tu ne veux pas dormir chez moi ce soir ?"

" Non, je ne veux pas vous déranger..." dis-je doucement.

Elle croise ses bras.

" Au moindre problème, tu m'appelles !" Exige t-elle.

" D'accord, je te le promets. Merci encore Louise. À demain."

Je lui fais un petit signe de la main avant de m'en aller, direction chez moi. Pendant tout le trajet, je prie dans ma tête, je ne veux pas revoir mes parents, devant chez moi.

C'est avec un grand courage que je retourne chez moi seule, ça déjà été très dur de retourner dans mon appartement. Je ne sais pas comment je fais pour ne pas être plus effrayé...

Je pousse la grande porte du hall, j'en profite pour prendre mon courrier. Rien d'intéressant à part des factures. Je gravis les marches de l'escalier, jusqu'à mon étage. J'ouvre la porte et c'est avec soulagement que je peux m'affaler sur mon canapé. Je souffle.

La journée est terminée...

Je n'ai qu'une leçon à relire pour demain. Alors, je me lève, attrape un pot de crème glacée au cookie, et m'installe devant la télé, une couverture sur mon corps.

Zappant les chaînes de télé pour trouver mon bonheur, mon téléphone vibre.

Un message de Louise.

*Meg, je t'en supplie, il faut  absolument que tu viennes demain à huit heures !*

Je lui réponds et décide d'aller me coucher. J'enfile mon pyjama et m'installe sous la couette moelleuse et chaude. La leçon dans mes mains, je la regarde en vitesse et m'allonge. Ma tête confortablement installée dans l'oreiller, je ferme mes paupières.

Les bras de Morphée m'emporte dans un profond sommeil.

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