Rose

Rose

Chapitre 1 : Une Routine

Son âme divaguait, assise sur une chaise en bois, l'enfant regardait depuis son bureau le ciel orangé et son soleil levant.

La jeune fille soupira, elle refermait le roman qu’elle venait de lire. Sa couverture était douce et veloutée, tandis que la couleur noire avait peu à peu été décolorée par le temps, les pages elles étaient encore intactes. En feuilletant ces pages, le regard de la femme s’arrêta sur un texte la rendant pensive. Elle soupira une énième fois devant la profondeur de ce récit.

Rose se redressa de sa chaise. Fatiguée, elle avait dû prendre son courage à deux mains pour se lever de son bureau. Elle rangeait tout d’abord ses cahiers dans un petit sac, puis y enfournait son ordinateur. Quand elle eut fini la jeune fille se dirigeait vers sa salle de bain pour prendre une bonne douche, ainsi elle serait prête pour débuter une nouvelle journée. Elle retirait dans un premier temps le tee-shirt qui recouvrait aisément sa poitrine, déjà nue un frisson parcourait son échine, ce matin frais était plutôt agréable. Rose s’était aventurée dans sa salle de bain, d’un geste indécis elle ouvrit le robinet du lavabo devant elle. La jeune femme trempait d’abord son visage, son regard se posa sur le miroir en face d’elle. Quelques-uns de ses cernes étaient visibles et ses longs cheveux d’ébène couvraient le haut de sa poitrine. Ses yeux bleutés observaient chacune des parcelles de son corps de manière négatif, comme ses bras ou encore son visage qui la rendait anxieuse.

Après une longue douche, la salle de bain était emplie de buée. Autour de sa taille, la jeune fille avait couvert son corps d’une serviette. De ses cheveux, l’eau s'égouttait encore contre ses épaules et son dos. À ses pieds, une flaque d’eau recouvrait une partie du sol. Quelques secondes c’était passé avant que Rose ne laisse tomber sa serviette, rapidement elle se dirigea vers son armoire face à son lit. Elle avait pris dans un premier temps des sous-vêtements et regardait intensément lesquels lui irait le mieux, puis elle continua de se couvrir en prenant un uniforme rougeâtre munit d’un col noir. Les cheveux encore mouillés, Rose avait intentionnellement trempé le dos de sa chemise. La lycéenne bien embêtée les tressait assise sur son lit pour les sécher plus rapidement. Le calme avait pris d’assaut l’appartement lorsqu’elle s’arrêta de se préparer, elle se dirigeait lentement vers sa cuisine pour se préparer un café. Rose attendait qu’il soit assez tard pour qu’elle n’arrive pas trop tôt au bus.

Alors qu’elle attendait que son café soit prêt, l’enfant était une nouvelle fois perdu dans ses pensées, regardant par la fenêtre elle se demandait comment allait se passer cette journée. Son café enfin terminé, elle était sortie de ses pensées, quelques gorgées coulaient allégrement dans sa gorge tandis qu’elle se remémorait le livre qu’elle avait lu.

Rose avait enfin quitté son appartement, sac à la main elle s’aventurait dans les rues de son quartier. La chaleur fit rapidement transpirer la lycéenne qui marchait depuis quelques secondes déjà, son regard croisait celui de plusieurs chats qui passaient par là ou encore les habitants de sa rue qu’elle salua gaiement. En marchant, la jeune fille se perdait peu à peu dans ses souvenirs quelque peu flou. Effrayée, elle secouait la tête pour faire partir ses images malaisantes. Son pas s’était pressé, Rose avait traversé son quartier depuis un certain moment, son arrivée à son arrêt de bus semblait calmer rapidement son pas. Quelques personnes étaient assises sur un banc, ils ne portaient pas tous l’uniforme de son lycée. Elle s’installa sans faire attention à ces personnes, la musique berçait petit à petit l’enfant qui se tâtait à s’endormir. La bousculade d’une collégienne la réveilla, le bus venait d’arriver. Le monde devant cet arrêt triplé, gêné l’enfant serra sa poitrine comme si elle étouffait.

Un troupeau d'élèves et d'adultes déferlaient vers les portes automatiques, en route vers leurs lieux de travail ahurissants qui les attendaient, la majorité était sans doute exténuée. Le lycée ne se trouvait pas si loin que ça au bord d'un petit parc où les écoliers passaient leur temps à jouer, un immense portail gris en fer s'érigeait devant l'entrée. Les cerisiers encore en fleur embellissaient la route d'entrée, les pétales rosées s'envolaient au moindre coup de vent malgré le fait qu'il y en ait peu. L'été rendait la marche difficile, le soleil avait déjà séché les cheveux nattés de Rose qui cuisait sous celui-ci, frénétiquement elle essayait de s'éventer avec ses mains. La lycéenne arrivait petit à petit devant les portes du lycée, se fondant dans la masse d’écolier Rose regardait le nombre incalculable d’élèves qui se regroupaient par ci et par là en faisant un brouhaha insupportable. Tous portaient l’uniforme donnant une similarité entre eux effrayants. La jeune fille pressa le pas pour rapidement rejoindre le calme de sa classe, lorsqu’elle atteignait les escaliers le brouhaha s'évaporait lentement. Le calme revint à régner dans le bâtiment secondaire, la lycéenne pu enfin respirer. Traversant le couloir, Rose observait les différentes affiches de clubs soigneusement décorés accrochées au mur. Son club trônait fièrement sur le haut des affiches, le club de littérature était un endroit si calme et détendu qu’elle n’aurait pu le louper. Quelques fois, ses amies l’accompagnaient dans ses lectures croustillantes, elles ne semblaient pas s’y ennuyer.

La jeune fille continua son chemin. Les murs avaient de jolies couleurs orangés, chaleureux et accueillants, Rose se sentait beaucoup mieux dans un espace comme celui-ci. Le couloir étroit l’emmenait vers les différentes salles de classes côtoyées par les élèves de l’établissement. Alors que celle-ci fit glisser lentement la porte coulissante elle fut surprise par une de ses amies, elle s’écarte plutôt souriante pour laisser l’arrivante entrer.

La pièce était submergée par un soleil cuisant, presque vide le silence était roi. Quelques élèves lisaient tandis que d’autres communiquaient entre eux d’une voix assez calme pour ne pas troubler ce silence. La jeune fille au cheveux bleutés qui venait de l’accueillir s’était assise près de sa table, Rose se pressa d’aller à sa place, proche de la fenêtre et des murs du fond. A côté d’elle une table vide la troublait, Rose prit la parole, son amie remettait quelques-unes de ses mèches et d’installation aisément avant de lui répondre.

— Dis Rin tu sais où est Yuki, d’habitude elle vient beaucoup plus tôt que nous ? S’inquiétait Rose.

— Elle ne répond pas à mes messages depuis hier soir, je ne sais pas du tout. Ça va aller, elle doit juste être en retard, répondit son amie d’une petite voix.

Une sonnerie vint couper la discussion entre les deux amies, longue et stridente elle fit taire n’importe quel élève. Une seconde de silence vint détrôner la sonnerie avant qu’une masse d’élèves chahutant rejoignirent leurs salles de classes, tous gravissait les marches des escaliers d’une manière si rapide que tous pouvaient les entendre. Un lycéen ouvrait brusquement la porte coulissante de notre salle de classe, derrière lui plusieurs autres élèves attendaient de pouvoir se rendre à leurs places respectives. Le bruit des chaises et des tables grinçait sur le sol de la salle était insupportable, Rin plutôt sensible au bruit se réfugiait dans les bras de son amie les mains plaquées contre ses oreilles pour ne plus entendre cette cacophonie. Rose la tenait fermement près de sa poitrine comme pour la protéger, le bruit de grincement avait peut-être finalement arrêté mais les rires rauques des garçons et les voix assez fortes des lycéennes faisaient de plus en plus trembler son amie.

— Tu veux aller à l’infirmerie ? Demandait d’un ton assez élevé pour qu’elle puisse l’entendre.

Rin secouait sa tête pour lui répondre qu’elle n’en avait pas besoin, le brouhaha cessait lorsque le professeur traversait la porte. Tous les élèves regagnèrent leurs tables respectives comme des soldats, ils étaient tous levés et le silence se mit à régner dans la salle. L’enseignante portait comme à son habitude son uniforme de travail, une jupe serrée et un tailleur blanc. D’un signe de tête, elle fit comprendre à notre délégué de classe qu’il pouvait débuter. D’une voix forte, il salua l’enseignante et tous les autres furent de même en s’inclinant. Les lycéens s'asseyaient calmement avant de reprendre leurs cours au fond de leurs sacs.

L’enseignante posait rapidement ses affaires avant de nous faire face, elle se dépêcha de faire l'appel avant de commencer le cours. Ce jour-là, Yuki était absente.

Les cours passaient lentement et le temps de midi avait été annoncé par une forte sonnerie, les élèves s’étaient rapidement levés de leurs chaises pour se diriger vers la cantine. Peu à peu la salle se vida, les quelques lycéens qui ne bougeaient pas de la salle avaient sorti un panier repas. Rose ne se détournait pas de la fenêtre, son regard était plongé sur les élèves qui se chamaillent dans la cour, elle soupira. Elle n’avait pas arrêté de regarder le portail de l’établissement dans l’espoir de voir son amie arriver. Malgré son air neutre, la jeune fille était réellement inquiète de sa disparition soudaine. Yuki vivait encore avec sa mère, très stricte elle n’aurait pas laissé sa fille s’absenter.

Rin tapotait à l'épaule de son amie, la jeune fille aux cheveux bleus semblait plus paisible et rassurée. L’ambiance de la classe silencieuse avait calmé la lycéenne, elle avait l’habitude de voir Rose comme une grande-sœur ou encore une mère. Rin regardait tristement son amie, elle semblait trop préoccupée par la disparition de Yuki, elle essayait de lui parler pour l’aider à penser d’autres choses.

“ - Tu viens Rose ? Allons manger sur le toit, ça te fera peut-être.. tentait la lycéenne pressée de manger son repas.”

Rose acquiesça, elle n’avait pas réellement pensé à Rin durant ses quelques heures. Son visage semblait redevenir doux et bienveillant, d’une voix calme elle lui répondit qu’elle avait préparé un deuxième panier repas pour que Rin se régale. Le visage souriant de son amie réjouie Rose , qui se leva de sa chaise. Avec elles, les deux filles emportèrent leurs repas et marchaient silencieusement dans le couloir remplis d’élèves plus ou moins bruyants. Comme à son habitude, la fille aux cheveux bleus serrait contre elle le bras de son amie. Rose la rassura par une caresse sur le haut de sa tête. Par rapport à son amie, Rose était très grande, Rin aimait sa taille qui lorsqu’elle se câlinait lui faisait se sentir en sécurité.

Toutes deux arrivèrent lentement sur le toit ensoleillé, elles avaient l’habitude de se retrouver toutes les trois pour manger leurs repas dans le calme. Le soleil était quelque peu étouffant, vite assoiffé les deux jeunes lycéennes avaient trouvé un endroit à l’ombre pour se protéger des coups de soleil. Rose qui avait une peau très laiteuse se retrouvait rapidement avec plusieurs rougeurs le long de son corps, son amie lui appliquait une noisette de crème pour calmer les brûlures.

Rose tendait le deuxième repas qu'elle avait gentiment cuisiné pour Rin, elle la remercia d’un large sourire. Hésitante, Rin se demandait si elle devait réellement parler de Yuki, son amie la devança. Rose posa sa boîte à moitié entamé sur ses genoux, elle ne semblait plus pouvoir avaler une seule autre bouchée sans parler de la disparue. En avalant la dernière bouchée logée dans sa bouche, elle brisa le silence apaisant d’une voix sobre.

— Elle ne t’as rien dit hier soir ? Je parle de Yuki.

— On m’as dit qu’il y avait eu un incendie dans son quartier mais c’est tout Rose, passe à autre chose elle doit peut-être avoir un rendez-vous médical ou quelque chose de la sorte.

— Ouais tu dois avoir raison, désolé je ne voulais pas te déranger avec mes inquiétudes. Mange bien, souriait-elle gênée.

Le temps du repas fut finalement court , les deux lycéennes repartaient déjà toutes les deux vers leur salle de classe. En passant près de la salle des professeurs, les deux jeunes filles surprennaient malgré elles une conversation sur leur amie disparue. Rose s’arrêtait brusquement sa marche et tirait subitement le bras de son amie pour la ramener derrière la porte entrouverte. Le bruit du clavier d’un ordinateur et les feuilles de papier qui étaient triées était le premier bruit que les deux jeunes lycéennes entendirent. Deux enseignantes prenaient ensemble un bon café dont l’odeur parvenait au narine de Rin et Rose, leurs voix se fit d’abord basse ne laissant personne les entendre puis peu à peu leur discussion devenait audible.

— [...] Au fait, tu as entendu parler de ça ? Il parait qu’une élève aurait tenté de mettre fin à ses jours ce week-end, dit une professeur d’un ton grave.

— Yuki ? Oui oui, sa petite sœur serait morte dans un incendie, la pauvre aurait été brûlée vive. Quant à elle, elle aurait eu quelques brûlures en essayant de sortir avec sa mère de la maison, lui répondit son collègue désolé.

— Comment sais-tu tout ça ?

— Le journal en parlait, elle est à l’hôpital proche d’ici, j’ai seulement retenu ça.

Ils continuaient tranquillement leur conversation tandis que les deux enfants essayaient de démêler le vrai du faux. Leur amie avait tenté de se suicider un dimanche soir. Pour elles, Yuki était la personne la plus joyeuse et gaie qu’elles connaissaient, peut-être maladroite et pas assez concentrée elle aimait montrer sa détermination pour ses études.

Rin avait une mine affreuse et ne pouvait contenir son stresse qui l’envahissait,son amie compatissante la regardait d’un air doux pour la rassurer avant qu’elle ne la prenne dans ses bras, celle-ci chuchotait d’une voix tremblante si elle pouvait aller voir Yuki maintenant. Son amie l'écartait des enseignantes pour s'asseoir sur le bord d’une marche. Son corps tremblait fortement dans les bras de son amie, malgré son inquiétude immense Rose restait impassible à la nouvelle qu’elle venait d’apprendre. Ainsi son amie ne se sentirait pas plus mal qu’elle ne l’est déjà, Rin était une enfant fragile. La moindre chose qui puisse la troubler dans ses habitudes pouvait la rendre larmoyante, quelques larmes coulaient sur les jambes de Rose. Elles venaient enfin d’analyser le drame qu’il aurait pu se produire au-delà du fait que Yuki était à l'hôpital.

Elle aurait pu disparaître de leur vie dimanche dernier. Un silence se fit, la sonnerie venait de sonner et pourtant aucunes des deux lycéennes ne l’avaient entendu. Rose tirait son amie qui encore la tête baissée pleurait un torrent de larme, personne ne l’ai vue quitter l’établissement. Confiante, Rose s’était assise sur le banc d’un arrêt de bus en direction du centre d’Osaka.

Le bus était arrivé au bon moment, les deux lycéennes traversèrent la porte coulissante. Rin avait enfin séché ses larmes et Rose le tenait toujours contre elle. Le bus était légèrement légèrement plein, pas assez pour qui Rin ne stresse plus qu’elle ne l’était déjà. Rose avait choisi une place près de la sortie pour ne pas rater leur arrêt.

Pour elles le trajet était horriblement long et pénible, les secondes passaient en minutes et les minutes devenaient une éternité. La chaleur crue de la journée donnaient aux deux amies le tournis. Les mains et les jambes de Rose se collaient au siège brûlant, ses cheveux étaient trempés de sueur. Le monde s’entassait à chaque arrêt, plus de personnes descendaient plus la foule s’agrandissait étrangement, le monde, le bruit, un oiseau, un cri, tous ces bruits résonnaient dans sa tête jusqu’à s’en donner le tournis. Rin la serrait de plus en plus fort, son bras était ensanglanté. Les ongles de son amie s’incrustaient petit à petit dans sa chair, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Silencieuse, elle observait la scène qui la dépassait petit à petit.

L’air lourd du véhicule était insoutenable, le bruit incessant des passagers et des voitures résonnait dans les oreilles de la lycéenne, les ongles de Rin lui arrachait la peau dû à son anxiété et la peur face à la situation de Yuki. Ces pensées noires détruisaient son esprit en une fraction de seconde. Le regard de la jeune fille était fixé sur la vitre à sa droite, Rose était comme hypnotisée par ce paysage qui circulait sans fin, lentement, les images s’arrêtait, l’air lui brûlait subitement les poumons et avec une once d’espoir l’enfant essayait désespérément de respirer mais son corps le lui refusait. Une impression de mourir lui arrivait en pleine face, au dehors elle voyait son propre corps la regarder. Juste en face, sur la route, elle se regardait. Et puis il y eu le noir, des cris de panique, la voix de son amie devenait inaudible, je n’entendais plus que le son du bus rouler. Rose fermait les yeux et se laissa emporter dans ses songes.

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