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Un Vin De Sang

chapitre 1 : Un nouveau soleil

Tokyo (flashback)

« Bonsoir, papa. Je te présente Sora Satō. On… en fait… je… » balbutiait Yui sous le regard curieux de son père, porté sur le jeune homme à ses côtés.

« On sort ensemble, c'est ça qu'elle veut dire. C'est un honneur de vous rencontrer enfin. »

Sora tendit la main à Sir Daishi, qui hésita un instant avant de la lui serrer.

« Enchanté, jeune homme. Vous êtes ensemble depuis combien de temps ? »

« Deux mois, Monsieur. J'aime vraiment votre fille, elle est incroyable. » répondit Sora, tout jovial.

Yui rougit, mal à l'aise. C'était la première fois qu'elle amenait un homme à la maison.

« Deux mois ! Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé plus tôt, chérie ? Depuis le décès de ta mère, on ne se cache rien entre nous… »

Les reproches se sentaient bien dans la voix de M. Daishi. Il lorgna d’un œil mauvais le bras de Sora, négligemment posé autour des épaules de Yui.

« Je suis désolée… J’avais peur que tu n’approuves pas notre relation. » s'excusa Yui.

Sir Daishi s'approcha de sa fille et encadra son visage entre ses mains.

« Jamais je ne me mettrai en travers de ton bonheur, ma fille. Tu es majeure maintenant. Je n’ai plus de mainmise sur tes choix de vie… à condition que tu fasses les bons choix, évidemment. Allez, venez, asseyez-vous, qu’on puisse discuter aisément. »

Les trois s’installèrent dans le jardin fleuri, embaumé par les senteurs suaves des fleurs fraîches, méticuleusement entretenues par le propriétaire.

La servante de maison, une femme ronde et posée, leur servit du thé et des collations, qu’elle déposa avec soin sur la table en verre autour de laquelle ils étaient réunis.

Le père de Yui, après une gorgée de son thé, s’intéressa à Sora.

« Parle-moi un peu de toi. Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? »

« Je suis acteur, père. J’ai joué dans beaucoup de films célèbres, comme Romance sous les cerisiers. » répliqua Sora, noyant son malaise avec une floppée de thé.

« Intéressant. J’espère que vous faites bien la distinction entre la réalité et la fiction, et que ma fille ne sera pas pour vous juste une cavalière le temps d’un scénario. »

Daishi parlait avec une délicatesse inégalée, mais son sourire en coin était énigmatique.

« Oh non, jamais, Monsieur. Votre fille est l’amour de ma vie. Elle est mon soleil. »

À ces mots, il tenta d’embrasser Yui, mais se ravisa en voyant son hôte arquer un sourcil d’un air réprobateur.

Yui déglutit, rouge comme une pomme, tandis que sous la table, un autre jeu se jouait. Sora caressa discrètement le pied de Yui pour lui signaler que c’était le moment.

La jeune femme se racla la gorge et prit la parole.

« Père… Sora est un homme merveilleux. Il me comble vraiment. Mais ces temps-ci, il fait face à des moments difficiles. Il a perdu injustement son rôle dans un film auquel il avait mis tous ses espoirs et n’arrive plus à trouver d’autres opportunités. Il a vraiment besoin d’un travail stable. C’est pourquoi je me demandais si tu ne pourrais pas… hum… »

« Non, Yui. Qu’est-ce que tu fais ? » la coupa Sora.

« Tu ne vas quand même pas demander à ton père de me recruter juste parce qu’on est ensemble. Je traverse une période difficile, certes, mais ne t’en fais pas pour moi. Je me suis toujours bien débrouillé et je continuerai à le faire. »

M. Daishi intervint.

« Trop de fierté, c’est nocif, mon garçon. Tu fais déjà partie de la famille, et je n’aurai aucun problème à te donner un poste dans mon entreprise. C’est mieux que ton boulot d’acteur occasionnel. »

« Oui, vous avez raison… mais je ne peux pas accepter. » répondit Sora, faisant le difficile.

Son interlocuteur, lui, n’était pas prêt à abandonner.

« Oh que si. C’est une occasion en or que je vous offre. N’allez pas tout gâcher avec votre ego, mon garçon. Ma décision est d’ailleurs déjà prise : vous êtes désormais un agent de Sasuke & Co. Rendez-vous demain à 7h30 à mon entreprise pour discuter de votre poste. »

« Merci beaucoup, Monsieur… Je ne sais pas quoi dire. » remercia Sora.

M. Daishi se leva avec élégance et leva son verre de thé en son honneur.

« Bienvenue dans la famille, M. Satō. Bon, je dois partir, mais je tiens à t’informer qu’il y a des caméras partout. Ne tente rien avec ma fille. »

Sora capta bien l’allusion et sourit en retour.

Une fois M. Daishi parti, Yui poussa un long soupir, attristée.

« Pourquoi voulais-tu à tout prix que je fasse cela ? Je n’aime pas demander ce genre de choses à mon père, et surtout de cette manière… »

Sora se rapprocha et lui prit tendrement la main.

« Si tu m’aimes vraiment, tu devrais être capable de faire des sacrifices pour moi. Ton père t’aime beaucoup, ça ne le dérange pas du tout. Au contraire, il est content de m’offrir ce poste parce que la proposition vient de sa fille adorée. Tu ne peux pas ignorer ma situation et tout ce que j’endure au quotidien parce que je n’ai pas de travail fixe. J’ai envie de montrer à tous ceux qui se moquaient de moi que je vaux bien mieux qu’eux. Je suis désolé si je t’ai incommodée… Je n’aurais pas dû te mêler à tout ça, j’avoue. Pourras-tu me pardonner ? »

Yui, attendrie, répondit :

« Je n’ai pas de rancœur contre toi, Sora, tu le sais bien. Je t’aime. Même si je le voulais, je ne pourrais pas. »

Sora l’étreignit tendrement, mais se rappela soudainement la présence des caméras.

Il se détacha aussitôt.

« J’avais oublié que ton père m’a interdit de trop me rapprocher de sa fille chérie, au risque de me retrouver avec une balle dans la tête. »

Yui éclata de rire, amusée par la blague. Mais au fond d’elle, elle n’avait pas totalement digéré ce qui s’était passé…

Fin du flashback

« Mesdames et Messieurs, au nom de All Nippon Airways (ANA), nous tenons à vous remercier d'avoir choisi de voyager avec nous aujourd'hui. Nous espérons que votre vol a été agréable et confortable. Nous vous souhaitons un merveilleux séjour au Sénégal ou une agréable continuation de votre voyage si vous êtes en transit. Nous vous remercions de votre confiance et espérons vous revoir bientôt à bord de l'un de nos vols. Merci et à bientôt », déclara la voix du commandant de bord, montant crescendo, à l’adresse de tous les passagers, ravis, ou presque, que leur voyage se soit bien déroulé.

Une femme aux traits asiatiques et à la longue chevelure noire faisait cependant exception. Elle avait la tête posée sur le dossier de son siège, le regard fixe sur le hublot. Yui, avec ses grands yeux en amande et sa peau de porcelaine, dégageait une élégance naturelle. Ses cheveux lisses tombaient en cascade sur ses épaules, et quelques mèches libres encadraient son visage un peu plissé par l'inquiétude qui la frappait comme l'écho d'une mélodie. Le genre qui nous hante et nous suis même jusqu'au bout de nos cauchemars.

Son compagnon à côté, Sora, lui toucha l’épaule comme pour la tirer de ses pensées. Elle sursauta légèrement, toujours distraite.

« À quoi penses-tu, Yui ? » lui demanda-t-il.

« À rien, Sora. Je méditais », répondit-elle d’une voix un peu enrouée alors qu'au fond elle se remémorait ce premier jour où elle avait présenté sora à son père. Tout lui revenait clair mais lointain...

« On y va ? » proposa-t-il en lui tendant la main.

Sans un mot de plus, elle glissa la sienne dans la paume du jeune homme.

Ils se levèrent et marchèrent d’un pas mesuré vers la sortie, suivant les autres passagers de la première classe.

Une fois dehors, une chaleur torride, typique du pays tropical où ils venaient d’arriver, les enveloppa. Yui plissa légèrement les yeux et retira le pull qu’elle portait par-dessus sa robe bleu nuit. Sora, quant à lui, se contenta de mettre ses lunettes de soleil, ce qui accentua encore son air charismatique.

« C’est un endroit tout à fait banal. Je doute qu’on puisse y trouver quelque chose d’intéressant à faire en amoureux. Bof ! L’important est qu’on signe ces fameux contrats. Qu’en penses-tu, chérie ? » lança Sora avec sarcasme en se tournant vers Yui. Cette dernière joua le jeu, toujours aussi absente.

« Tu as raison », dit-elle simplement en forçant un sourire.

Sora l’enserra par la taille et déposa un baiser sur sa joue.

« C’est tellement mignon quand nous sommes d’accord. Nous sommes un couple vraiment fusionnel. »

Yui acquiesça d’un mouvement de tête. Fier de lui, Sora lui présenta son bras. La jeune femme s’y accrocha, et ensemble, ils se dirigèrent vers les agents de handling pour récupérer leurs bagages. Les formalités furent rapides, Sora ne manquant pas de faire sentir son arrogance au personnel. Ces derniers poussèrent un soupir de soulagement lorsqu’il tourna les talons avec sa dulcinée.

Alors qu’ils approchaient de la sortie de l’aéroport dans un calme relatif, un bagagiste dynamique s’adressa au couple avec un large sourire.

« Bonjour, bienvenue au Sénégal, puis-je porter vos bagages ? » demanda-t-il avec un accent exagérément marqué sur chaque lettre anglaise. En tendant l’oreille, on pouvait néanmoins comprendre ses mots.

« Merci », répondit Yui, prête à lui confier sa valise. Mais elle se ravisa en croisant le regard glacial de son compagnon.

« Nous n’avons pas besoin de vos services. Nous allons nous débrouiller. Maintenant, veuillez nous laisser passer. »

C’était sans doute les paroles les plus polies que Sora pouvait prononcer. Yui se sentit soulagée qu’il n’ait pas opté pour l’une de ses légendaires remarques acerbes. Le bagagiste s’écarta sans protester.

Ils montèrent finalement dans un taxi en direction de l’hôtel prestigieux que Sora avait soigneusement choisi : le Terrou-Bi, niché sur la Corniche Ouest avec une vue imprenable sur l’océan Atlantique. Yui, silencieuse, observait la ville à travers la vitre à sa gauche. Dépaysée, elle était curieuse de ce que Dakar pouvait lui offrir. Les contrats qu’ils étaient venus négocier ne semblaient pas l’inquiéter. Peut-être parce qu’elle faisait pleinement confiance à l’expertise de Sora. Lui, de son côté, était absorbé par l’écran de son téléphone, les jambes croisées, quelques mèches de ses cheveux tombant gracieusement sur son front.

Le taxi longeait la Corniche Ouest, une route sinueuse bordée de palmiers où le bleu profond de l’océan Atlantique se mêlait à celui du ciel. L’hôtel Terrou-Bi se dressait majestueusement, ses murs blancs éclatants contrastant avec la verdure luxuriante de ses jardins. À leur arrivée, le bruit apaisant des vagues et l’odeur saline de l’air marin composaient une atmosphère exotique et envoûtante. L’intérieur, orné de marbre et de bois exotique, respirait une élégance raffinée. Des sourires chaleureux les accompagnèrent jusqu’à leur suite, où une immense baie vitrée offrait une vue panoramique sur l’océan, le soleil se couchant dans un éclat de rouge et d’or.

La suite était somptueuse. Un salon spacieux, décoré d’œuvres d’art contemporaines et de canapés en cuir, invitait à la détente. La chambre, dotée d’un lit king-size recouvert de draps en satin, promettait un repos luxueux. La salle de bain en marbre, avec sa baignoire à remous et sa douche à effet pluie, offrait un cadre idéal pour se relaxer. Une cuisine moderne et un coin repas élégant complétaient cet espace, transformant la suite en un véritable sanctuaire.

Sora, jouant les gentlemen, invita Yui à se rafraîchir la première. Surprise, elle le remercia avant de s’engouffrer dans la salle de bain. S’abandonnant dans une baignoire remplie de mousse et parsemée de pétales de roses rouges, Yui ferma les yeux et laissa enfin la tension accumulée durant le voyage se dissiper. Elle espérait que leur séjour se déroulerait sans encombre, mais une ombre de doute persistait.

Chapitre 2 : doux-amer

Jour 1

Le soleil commençait à peine à se lever lorsque Yui se réveilla dans le grand lit de leur chambre. Elle remarqua Sora, déjà vêtu d'un costume noir et d'une chemise bleu marine, debout devant le miroir de la coiffeuse, soignant ses cheveux ébouriffés et humides.

La rigueur qui le caractérisait exigeait qu'il soit toujours impeccable de la tête aux pieds, ne laissant rien au hasard. La moindre petite faille dans son look pouvait être perçue comme une insulte à son ego.

« Bonjour ! Je pensais que le rendez-vous était pour demain ? » dit Yui, confuse.

« Ah oui, parce qu'on a vraiment beaucoup mieux à faire aujourd'hui... » objecta Sora en réajustant son col de chemise. « Je pense qu'on devrait se pencher dès que possible sur l'objet de notre venue et déguerpir. Je ne me plais pas dans ce... pays. »

On sentait nettement qu'il avait fait un effort pour placer le mot "pays", comme si le Sénégal était indigne de cette appellation.

Yui, une fois de plus exaspérée par sa grossièreté, soupira et en resta là.

À ce moment-là, on frappa doucement à la porte. Sora ouvrit, laissant entrer un serveur en uniforme impeccable, poussant un chariot chargé d'un somptueux petit-déjeuner japonais. Des assiettes de riz vapeur, du poisson grillé, des tamagoyaki (omelette japonaise), des légumes marinés, et une soupe miso fumante étaient disposés avec soin aux côtés de thé vert et de petites coupes de natto.

« Bonjour, Monsieur, Madame. Voici votre petit-déjeuner typiquement japonais, comme vous l'aviez demandé. Où souhaitez-vous que je l'installe ? » demanda le serveur avec un sourire professionnel.

« Juste ici, merci », répondit Sora en désignant la petite table près de la baie vitrée.

Le serveur installa le tout avec une précision attentive, puis s'inclina légèrement avant de quitter la suite.

Sora se tourna vers Yui, adoucissant son expression. « Ne fais pas cette tête. Tu sais que je déteste te voir comme ça. »

Il se saisit d'un plat de tamagoyaki sur le chariot et vint auprès de sa chérie, à qui il donna affectueusement une bouchée d'omelette.

Un sourire se dessina sur les lèvres de Yui pendant qu'elle mastiquait son morceau. « Merci, Sora. »

Ils partagèrent un moment de calme et de complicité en savourant leur repas, se remémorant des souvenirs heureux et riant de petites anecdotes.

Yui avait en quelque sorte retrouvé le Sora dont elle était tombée éperdument amoureuse.

« Tu te rappelles de notre première rencontre ? » demanda-t-elle en dégageant une mèche gênante derrière son oreille d'un geste plein de volupté, les yeux pétillants.

Flashback

Tokyo

Les lanternes scintillaient, illuminant doucement la rivière et ses environs. La fête de Toro Nagashi était à son plein essor, avec des couples et des familles profitant de l'atmosphère magique. Yui, vêtue de son yukata préféré, se promenait le long des rives, émerveillée par la beauté des lumières flottantes.

Elle s'arrêta pour déposer sa propre lanterne dans l'eau, murmurant des vœux silencieux, dont une invocation de l'âme sœur. Soudain, une légère bousculade la fit vaciller. Elle se retourna pour voir un jeune homme maladroitement désolé.

« Je suis vraiment désolé, je ne regardais pas où j'allais », dit-il avec un sourire gêné.

Yui rougit légèrement en voyant son sourire charmant. « Ce n'est rien. C'est un beau soir, n'est-ce pas ? »

« Oui, magnifique », répondit Sora, ses prunelles brillantes reflétant les lanternes flottantes. « Je m'appelle Sora. »

« Enchantée, Sora. Je suis Yui », répondit-elle en souriant.

Ils passèrent le reste de la soirée ensemble, marchant le long de la rivière, partageant des histoires et riant aux éclats.

Yui, qui avait toujours cru à la magie de ce cérémonial, était sûre que Sora ne pouvait être que le cadeau miraculeux que les vaillants esprits lui avaient envoyé en réponse à son souhait sincère...

Fin du flashback

« Je ne pourrai jamais oublier ce jour. Je m'en souviens comme si c'était hier. Yui, tu étais comme une tsuri au milieu du spectacle des lanternes scintillantes », dit Sora en souriant tendrement.

Yui rougit en baissant son regard. « Tu étais aussi très mignon. »

« Juste mignon ? » s'offusqua faussement Sora, prenant son air charmeur.

« Non, Sora, tu n'es pas juste mignon, tu es beau comme un prince.»

« Ah, tu as enfin dit le mot magique ! » s'écria Sora tout en entourant Yui dans ses bras. « On est destinés, rien ni personne ne pourra nous séparer. Tu es à moi pour l'éternité. Ma Yui à moi. »

Au début, c'était agréable, mais ensuite Yui se sentit étouffée par l'étreinte de plus en plus pressante de Sora.

« Hum, je crois qu'il est temps que je prenne un bain et me prépare », dit-elle en se dégageant maladroitement.

Cela mit fin à leur étreinte.

Yui partit ainsi dans la salle de bain, plus perturbée que jamais par la bipolarité de son amoureux : tantôt doux et galant, tantôt possessif et inqualifiable.

***

Yui quitta son dressing, totalement transformée. Sora, assis sur le canapé, avait des étoiles dans les yeux en la voyant émerger. Elle était à la fois élégante et charmante dans son tailleur noir, avec un chemisier en soie blanche en dessous, des escarpins écarlates assortis à sa sacoche de marque Gucci. Son maquillage discret contrastait légèrement avec le rouge vermeil de ses lèvres fines. Pour sa coiffure, elle avait opté pour son style habituel : une frange accompagnée de deux mèches frisées détachées du reste de ses cheveux, compactes mais bouclées également.

« Tu es resplendissante ! » la complimenta son compagnon.

Elle rosit en s'avançant lentement vers Sora. Lorsqu'elle fut à sa hauteur, il lui fit un baise-main, ce qui la fit tressaillir d'allégresse.

Ils restèrent un moment dans leur petite bulle, avant que le devoir ne les rappelle à l'ordre.

Sora se racla la gorge et retrouva son sérieux habituel.

« On y va ? » demanda-t-il.

Yui acquiesça et suivit Sora, bras dessus, bras dessous, jusqu'à la sortie de l'hôtel, où un taxi les attendait. Sora l'avait commandé un peu plus tôt : décidément, il prévoyait tout dans les moindres détails.

Yui sentait son cœur battre à la double vitesse du véhicule. Elle appréhendait leur rendez-vous anticipé avec le responsable de l'entreprise cible, un homme réputé pour son intransigeance concernant les horaires.

Elle se remémorait encore le ton strict du dernier courriel qu'il leur avait envoyé quelques jours avant leur voyage au Sénégal :

« (...) Mon emploi du temps est très chargé. Je vous prierai de vous en tenir à la date et à l'heure que j'ai fixées pour notre rencontre en présentiel au sujet des négociations, afin d'éviter tout problème ou imprévu... »

Yui avait l'impression d'être la seule à se soucier de ces consignes. Sora, fidèle à son orgueil, semblait ignorer les règles et principes des autres. Une attitude qui, Yui le pressentait, risquait de changer radicalement au contact de leur potentiel collaborateur : M. Isaac Ndecky.

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