Dans la ville animée de Metroville, Lucius Best, alias Frozone, contemplait la télévision avec des étoiles dans les yeux. Les Jeux olympiques d'hiver battaient leur plein à l'écran: des skieurs dévalaient les pentes enneigées, des patineurs virevoltaient avec grâce, et des snowboarders enchaînaient des figures audacieuses. Depuis toujours, Frozone rêvait de participer à cet événement légendaire, non pas en tant que super-héros, mais en tant qu'athlète. Ses pouvoirs de glace lui donnaient un avantage unique, mais il était convaincu qu'il pouvait concourir équitablement, sans abuser de ses capacités.

— Honey, où est ma combinaison de ski? cria-t-il à sa femme, Honey, tout en fouillant dans une pile de vêtements dans leur appartement.

— Tu veux dire cette horreur bleu fluo que t'as achetée sur un coup de tête? Elle est dans le placard, Lucius! répondit Honey depuis la cuisine, avec son ton habituel mêlant sarcasme et affection.

Frozone trouva la combinaison, un modèle élégant qu'il avait fait personnaliser avec des motifs inspirés de flocons de neige. Il s'imaginait déjà sur les pistes, glissant avec une aisance inégalée, prouvant au monde que Lucius Best était plus qu'un super-héros: il était un champion. Il s'inscrivit aux qualifications pour les épreuves de patinage de vitesse et de snowboard, bien décidé à montrer qu'il pouvait se mesurer aux meilleurs sans créer des rampes de glace magiques ou des pistes gelées à la demande.

Quelques semaines plus tard, il se présenta aux qualifications régionales, à Aspen. Les autres compétiteurs le regardaient avec un mélange de curiosité et de suspicion. Frozone, fidèle à lui-même, arborait un sourire confiant, son casque de ski reflétant le soleil éclatant. Les officiels, eux, étaient moins enthousiastes. Lors de l'inspection préalable, un membre du comité olympique, M. Dupont, un homme austère avec des lunettes épaisses, l'interpella.

— Monsieur Best, nous savons qui vous êtes, dit Dupont en consultant une tablette. Vous êtes Frozone, n'est-ce pas? Un super-héros avec des pouvoirs de cryokinésie.

— Exact, mais je suis ici pour concourir comme tout le monde, répondit Lucius, les mains sur les hanches. Pas de glace magique, pas de triches. Juste moi, mes skis, et ma détermination.

Dupont haussa un sourcil.

— Monsieur, vos pouvoirs constituent un avantage injuste. Même si vous promettez de ne pas les utiliser, comment pouvons-nous en être certains? Votre simple présence pourrait intimider les autres compétiteurs.

— Intimider? s'exclama Frozone, incrédule. Écoutez, je veux juste patiner et montrer ce que je vaux. J'ai grandi sur des patinoires de quartier, je m'entraîne comme n'importe qui!

Mais le comité resta inflexible. Après une réunion tendue, ils rendirent leur verdict: Frozone était disqualifié avant même de pouvoir concourir. La raison officielle? «Risque d'utilisation non détectable de capacités surhumaines.» Lucius était furieux. Il rentra chez lui, la combinaison de ski jetée sur l'épaule, le moral dans les chaussettes.

Honey, en l'entendant rentrer, devina immédiatement que les choses avaient mal tourné.

— Alors, champion, ils t'ont donné une médaille ou ils ont eu peur de ta grandeur? lança-t-elle avec un sourire taquin.

— Ils m'ont viré, Honey, grogna Lucius en s'affalant sur le canapé. Ils disent que mes pouvoirs sont de la triche. De la triche! Comme si j'allais geler la piste pour gagner!

Honey s'assit à côté de lui, posant une main sur son épaule.

— Tu sais, Lucius, ces gens-là ont peur de ce qu'ils ne comprennent pas. T'es un héros, pas juste à cause de tes pouvoirs, mais à cause de ton cœur. T'as pas besoin d'une médaille pour le prouver.

Mais Frozone n'était pas prêt à abandonner. Une idée germa dans son esprit. Et si les Jeux olympiques ne voulaient pas de lui? Eh bien, il organiserait ses propres jeux, des jeux où les supers pourraient concourir sans honte. Il contacta Bob et Helen Parr, ainsi que d'autres héros qu'il connaissait. Ensemble, ils décidèrent de créer les Super Jeux d'Hiver, une compétition où les héros pourraient utiliser leurs pouvoirs de manière créative et équitable, sous des règles strictes mais adaptées.

Le jour des Super Jeux d'Hiver, dans une station de montagne transformée par Frozone en un véritable paradis glacé, des héros de tous horizons se réunirent. Dash, le fils des Parr, courait à une vitesse folle dans une épreuve de sprint sur glace. Elastigirl impressionnait tout le monde avec des figures acrobatiques en snowboard, utilisant sa flexibilité pour des sauts impossibles. Et Frozone? Il domina l'épreuve de patinage de vitesse, glissant sur une piste qu'il avait juré de ne pas modifier avec ses pouvoirs. Chaque virage, chaque accélération était le fruit de son talent brut et de son entraînement acharné.

La foule, composée de familles, d'amis et même de quelques officiels olympiques curieux, applaudissait à tout rompre. M. Dupont, venu observer, murmura à un collègue:

— Peut-être qu'on a été trop durs avec lui...

Frozone, en franchissant la ligne d'arrivée, leva les bras en signe de victoire. Pas de médaille olympique, mais quelque chose de mieux: il avait créé un espace où les héros pouvaient briller, non pas malgré leurs pouvoirs, mais grâce à eux, tout en restant fidèles à l'esprit du sport.

Et quelque part dans la foule, Honey criait plus fort que tout le monde:

— C'est mon homme, ça! Allez, Lucius, montre-leur ce que t'as dans le ventre!

Frozone sourit. Les Jeux olympiques d'hiver? Peut-être un jour. Mais pour l'instant, les Super Jeux d'Hiver étaient son terrain, et il y régnait en maître.