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The Devil’S Kiss

Chapitre 1 –The Stranger in the Rain

La pluie n’avait cessé de tomber depuis la fin de l’après-midi. Elle s’écrasait contre les vitres du café dans lequel je m’étais réfugiée, brouillant la vue sur la rue vide. Le ciel était noir, presque étouffant. Je savais que je devais rentrer, mais je traînais encore, mes doigts entourant une tasse de café glacée.

J’aimais la solitude. Ou plutôt… je m’en contentais. Elle était plus supportable que les souvenirs. Plus rassurante que les voix du passé qui me rappelaient sans cesse que je n’étais pas en sécurité, nulle part.

Quand j’osai enfin sortir, l’air glacé me mordit le visage. La ville semblait abandonnée sous les éclairs qui fendaient le ciel. Je marchais vite, la tête basse, serrant mon manteau sur moi. J’avais cette impression étrange d’être suivie.

C’est alors que je le vis.

Un homme, immobile, adossé à une voiture sombre garée au bord du trottoir. La pluie ruisselait sur son manteau noir sans qu’il ne bouge, comme s’il défiait la tempête. Ses yeux… ce sont ses yeux qui me frappèrent. Deux abysses qui semblaient m’absorber tout entière.

Il me fixait.

Je ralentis malgré moi.

— Tu devrais éviter de marcher seule, dit-il d’une voix grave, presque douce, mais avec une autorité qui me glaça.

Je fronçai les sourcils.

— Je… je ne vous connais pas.

Un sourire, imperceptible, étira ses lèvres.

— Pas encore.

Je déglutis. Mon instinct criait de m’éloigner, mais mes jambes restaient ancrées au sol. Son regard avait quelque chose de magnétique, dangereux… comme une flamme qu’on sait brûlante mais qu’on veut malgré tout effleurer.

— Vous m’attendiez ? demandai-je malgré moi, la voix basse.

Il fit un pas vers moi. Lentement. Trop lentement. Chacun de ses mouvements avait la précision d’un prédateur.

— Peut-être, répondit-il. Ou peut-être que c’est toi qui m’attendais.

Un éclair illumina brièvement la rue. Son visage apparut, sculpté dans l’ombre. Beau. Trop beau. Dangereusement beau. Ses traits avaient quelque chose d’inhumain, comme si aucun défaut n’avait osé marquer cette perfection.

Je reculai d’un pas, mais il avança encore, réduisant la distance.

— Vous… vous êtes qui ?

Il tendit légèrement la tête de côté, me détaillant comme si j’étais un mystère à élucider. Sa voix se fit plus basse, presque un murmure qu’on ne pouvait qu’écouter.

— Adrian.

Son prénom vibra dans l’air comme une promesse… ou une menace.

Je serrai la lanière de mon sac, prête à partir, mais la pluie redoubla de violence. Mon parapluie se retourna d’un coup de vent. Un juron m’échappa.

Et soudain, il fut là. Sa main attrapa la poignée du parapluie, le redressa, puis se tendit vers moi pour le maintenir au-dessus de ma tête.

Je levai les yeux. Trop proche. Beaucoup trop proche.

— Tu trembles, constata-t-il.

— Je n’ai pas peur, mentis-je, d’une voix tremblante qui me trahit aussitôt.

Un sourire froid.

— Si. Mais ça ne t’empêche pas de rester.

Je déglutis. Il avait raison. Tout en lui m’effrayait, mais je ne pouvais pas fuir. Ses yeux noirs semblaient s’accrocher aux miens, me retenir prisonnière d’un filet invisible.

Un coup de tonnerre éclata. Je sursautai, et sa main frôla mon bras pour me stabiliser. Une chaleur brûlante se diffusa instantanément sous ma peau, malgré la pluie glaciale.

Je fis un pas en arrière, comme pour retrouver une distance vitale.

— Je devrais y aller…

Il inclina la tête, son sourire s’effaçant légèrement.

— Alors je te raccompagne.

— Non, ça ira, je…

— C’est une mauvaise idée, coupa-t-il calmement. Ces rues ne sont pas sûres.

— Et vous… vous l’êtes ?

Un silence. Juste la pluie et le battement affolé de mon cœur. Puis il sourit, d’un sourire qui ne me rassura pas.

— Non.

Il me laissa passer, mais je sentais son regard brûler ma nuque tandis que je marchais. À chaque pas, je luttais entre l’envie de courir et celle de me retourner.

Arrivée au coin de la rue, je jetai un dernier regard par-dessus mon épaule.

Il était toujours là, immobile, me fixant dans l’ombre.

Et ce fut à ce moment-là que je compris. Ce n’était pas une rencontre ordinaire. C’était le début de quelque chose de plus grand, de plus dangereux que tout ce que j’avais connu.

Un baiser du diable.

 

Chapitre 2 – Echoes of the Past

Je claquai la porte de mon appartement, essoufflée, les cheveux trempés et les mains tremblantes. Le silence m’accueillit avec cette froideur familière. J’appuyai mon dos contre le bois et fermai les yeux, tentant d’oublier son regard.

Adrian.

Même son prénom résonnait comme une morsure. Je ne voulais pas y penser, mais chaque battement de mon cœur me ramenait à lui, à sa voix, à ce sourire troublant.

Je jetai mon sac sur le canapé et allumai la petite lampe de chevet. Mon appartement était modeste, mais il était à moi. Une chambre, une cuisine exiguë, quelques livres qui s’entassaient. Un espace simple, presque fragile… mais bien plus sûr que l’endroit d’où je venais.

Je passai devant le miroir accroché au mur. Mon reflet me parut étranger. Des cernes marquaient mon visage, mes yeux avaient encore cette lueur inquiète que je détestais. J’eus un sursaut : l’espace d’un instant, j’avais cru voir une ombre derrière moi.

Je me retournai. Rien.

Mais les souvenirs remontaient.

Les cris. La porte qui claque. Les coups retenus, parfois pas retenus. Le souffle lourd de la peur qui ne me quittait pas. Mon père n’avait jamais été un homme tendre. Quand ma mère était partie, j’avais été la proie parfaite de sa colère. Ce passé, je l’avais fui. Mais il restait imprimé dans ma peau comme une cicatrice invisible.

Je coupai court à mes pensées quand mon téléphone vibra.

Jacob.

Un message simple : Tu es bien rentrée ?

Un mince sourire m’échappa. Jacob avait toujours été là. L’ami d’enfance, celui qui me connaissait avant les ténèbres. Celui qui avait vu mes larmes quand j’avais trop honte d’en parler à quiconque.

Je tapai une réponse rapide : Oui. Merci.

Quelques minutes plus tard, on frappa à ma porte.

Je fronçai les sourcils, méfiante. Puis une voix familière se fit entendre.

— C’est moi.

Je soufflai, soulagée, et ouvris. Jacob entra, trempé lui aussi, mais avec ce sourire chaleureux qui illuminait aussitôt la pièce.

— J’ai vu la pluie, je me suis dit que tu n’aurais sûrement pas de quoi manger, dit-il en brandissant un sac en papier.

— Tu exagères… mais tu tombes bien.

Il rit, et son rire chassa un instant la tension dans mon corps. Jacob était l’opposé parfait d’Adrian. Ses yeux clairs, son air rassurant, cette douceur qui me calmait toujours.

On s’installa dans la petite cuisine. Il sortit des nouilles chinoises à emporter et on mangea en silence un moment. Puis, il me regarda sérieusement.

— Tu n’as pas l’air bien.

Je détournai les yeux.

— Juste fatiguée.

— Élise… tu sais que tu peux me parler.

Je pinçai les lèvres. Comment lui expliquer ? Comment lui dire que j’avais rencontré un étranger dans la pluie, et que cet homme m’attirait déjà autant qu’il m’effrayait ?

Je choisis de me taire.

Mais Jacob n’était pas dupe. Il s’approcha, sa main chercha la mienne, douce, protectrice.

— Tu n’as pas besoin de rester prisonnière de ton passé. Tu as droit à autre chose, tu le sais, non ?

Ses mots me transpercèrent.

Et pourtant, derrière eux, l’image d’Adrian s’imposa de nouveau dans mon esprit. Sa voix. Ses yeux. Son parfum, même sous la pluie.

Je retirai ma main, mal à l’aise.

— Merci, Jacob. Vraiment. Mais je vais bien.

Un silence lourd s’installa. Ses yeux brillèrent un instant, blessés, mais il ne dit rien de plus. Il savait. Il avait toujours su que quelque chose en moi lui échappait.

Quand il partit, la pluie avait cessé. Je restai seule, assise sur mon lit, la gorge serrée.

Le lendemain matin, le soleil tentait timidement de percer à travers les nuages. J’avais à peine dormi. Mes rêves avaient été peuplés de bruits de pas, de silhouettes indistinctes, d’un regard sombre qui m’épiait.

À l’université, la routine aurait dû me réconforter. Mais rien ne semblait normal depuis cette nuit.

— Tu as une tête affreuse, lança une voix familière derrière moi.

Je me retournai et vis Stéphanie, mon amie la plus proche. Elle était mon contraire : cheveux flamboyants, rire facile, une façon de tout tourner en dérision. Elle posa sa main sur mon épaule, un sourire complice aux lèvres.

— Alors ? Nuit blanche avec Netflix ou avec quelqu’un d’autre ?

Je levai les yeux au ciel.

— Ni l’un ni l’autre. Juste… une mauvaise nuit.

Elle m’observa avec son regard aiguisé. Stéphanie voyait toujours au-delà des apparences.

— Tu mens mal, Élise. Mais d’accord, je ne force pas.

On s’installa dans l’amphi. Elle sortit de quoi gribouiller et me passa un petit papier. Tu devrais arrêter de vivre comme un fantôme.

Je soupirai, mais elle avait raison. Et pourtant, comment lui dire qu’un fantôme avait déjà posé ses griffes sur moi ?

En fin de journée, alors que je sortais du campus, je sentis ce frisson dans ma nuque. La même sensation que la veille. Comme si j’étais suivie.

Je me retournai.

Il était là.

Adrian, appuyé contre un lampadaire, un sourire imperceptible aux lèvres, comme s’il avait attendu patiemment que je le remarque. Ses yeux noirs semblaient se nourrir de ma peur et de mon trouble.

Je restai figée.

Stéphanie arriva en courant, interrompant cette étrange scène.

— Élise ! Tu viens ?

Quand je regardai de nouveau l’endroit où il se tenait, il avait disparu.

Mais je savais qu’il n’était pas loin.

Chapitre 3 – Whispers in the Dark

La nuit s’étira comme une plaie ouverte. Impossible de dormir. J’avais tourné et retourné dans mes draps, cherché une position qui calmerait ce poids dans ma poitrine. Mais chaque fois que je fermais les yeux, je le voyais.

Adrian.

Il n’avait rien dit, et pourtant tout en lui hurlait. Ses yeux noirs semblaient m’engloutir, et son absence de geste me glaçait plus qu’une menace.

Je me levai, lasse, et ouvris la fenêtre. L’air frais de la nuit s’engouffra dans ma chambre. Au loin, la ville brillait comme une constellation artificielle. Une illusion rassurante : les gens riaient, aimaient, vivaient. Moi, je me sentais prise dans une toile invisible, prisonnière d’un piège dont j’ignorais encore la nature.

Et alors que je contemplais le vide, une certitude me traversa. Il était là. Pas dans ma chambre, pas dans la rue peut-être… mais proche.

---

Le lendemain, mes pas résonnaient dans les couloirs de l’université. Stéphanie, fidèle à elle-même, ne me lâchait pas d’une semelle.

— Tu as encore mal dormi, hein ? lança-t-elle, sans même attendre ma réponse.

Je tentai un sourire.

— Ça se voit tant que ça ?

— Comme un panneau lumineux au-dessus de ta tête.

Elle soupira, puis son regard se fit plus doux.

— Élise… tu sais que je suis là, pas vrai ?

Je hochai la tête. Mais mon esprit était ailleurs. Je ne voulais pas l’inquiéter avec mes démons.

Dans l’amphi, Jacob s’installa derrière moi. Il me frôla l’épaule en guise de salut. Je sursautai légèrement. Ses yeux se posèrent sur moi, inquiets.

— Tout va bien ? murmura-t-il.

— Oui, oui.

Mais il fronça les sourcils. Jacob me connaissait trop.

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À la sortie des cours, je décidai de prendre un détour. J’avais besoin d’air, de silence, loin de leurs regards. La bibliothèque abandonnée, à l’extrémité du campus, m’attira. Peu de gens y allaient encore : les bâtiments modernes avaient remplacé son charme vétuste.

L’intérieur sentait la poussière et le papier jauni. Je longeai les rayonnages, caressant du bout des doigts les couvertures oubliées. Ici, le monde semblait suspendu.

Un bruit.

Un froissement, derrière moi.

Je me retournai brusquement. Mon souffle se bloqua.

Il était là.

Adrian, appuyé contre une étagère, comme s’il avait toujours fait partie du décor. Sa silhouette sombre contrastait avec la pâleur du lieu.

— Tu me suis ? soufflai-je, la voix tremblante.

Un sourire effleura ses lèvres.

— Peut-être.

— Pourquoi ?

Il s’approcha, lentement, ses pas résonnant sur le parquet. Chaque pas me faisait reculer jusqu’à ce que mon dos rencontre une étagère froide. Mon cœur battait si fort que je crus qu’il allait éclater.

— Tu n’as pas peur de moi ? demanda-t-il d’une voix basse, presque caressante.

Je déglutis, incapable de répondre.

Il pencha la tête, ses yeux plantés dans les miens.

— Tu devrais.

Ses mots s’enfoncèrent en moi comme une lame. Pourtant, une chaleur étrange se diffusa dans mon ventre. Je haïssais cette sensation : ce mélange de peur et de désir.

— Laisse-moi tranquille, murmurai-je.

Il sourit davantage, mais ce sourire n’avait rien d’innocent.

— Si seulement tu le pensais vraiment.

Sa main se leva. Ses doigts effleurèrent une mèche de mes cheveux, puis glissèrent lentement le long de ma joue. Mon corps frissonna malgré moi.

Je fermai les yeux une seconde, tentant de reprendre le contrôle. Quand je les rouvris, il s’était déjà éloigné, comme une ombre qui disparaît.

Je restai seule, tremblante, incapable de savoir si je devais crier ou pleurer.

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Le soir, Jacob passa me voir. Il n’avait même pas eu besoin d’être invité. Il connaissait mes silences trop bien.

— Élise… tu n’es pas la même, dit-il doucement. Qu’est-ce qui se passe ?

Je voulus lui dire. Tout. Adrian, son regard, la peur qui me rongeait. Mais les mots restèrent coincés.

— Rien. Juste… des souvenirs qui remontent.

Il se rapprocha, posa sa main sur mon bras.

— Tu sais que je ne te laisserai jamais tomber, pas vrai ?

Ses yeux étaient sincères, pleins d’une tendresse qui me réchauffa un instant. Et pourtant… derrière ses mots rassurants, je sentis cette distance. Car il ne voyait pas ce que j’avais vu. Il ne comprenait pas l’ombre qui m’entourait déjà.

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La nuit suivante, un rêve me saisit.

Je marchais dans une forêt sombre. La pluie tombait en filets glacés. Au loin, une silhouette m’attendait. Adrian. Son sourire était le même.

Je courais, fuyais, mais plus je m’éloignais, plus il se rapprochait. Et quand enfin il me toucha, mes jambes cessèrent de bouger. Je m’abandonnai à ses bras, malgré la terreur.

Je me réveillai en sursaut, le souffle court. Et là, dans l’obscurité de ma chambre, j’eus la certitude qu’une présence m’observait.

Je n’osai pas bouger.

Puis, un murmure traversa l’air. Faible. Presque irréel.

— Tu es à moi.

Mon sang se glaça.

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