PDV DE CALYPSO
— Pars. Et n’ose plus jamais revenir, sinon je te jure que je te tue.
Mon cœur explose dans ma poitrine. Je vacille.
Non… non, il ne peut pas dire ça.
— Quoi ?... Mais... tu avais dit que tu m’aimais…
Un rire glacial résonne dans la pièce. Un rire qui me transperce.
— Tu y croyais vraiment ? Sérieusement ? Tu penses avoir quoi de plus que les autres ? Tu ressembles à une grosse vache.
GROSSE
GROSSE
GROSEE
je suis grosse
Chaque mot claque comme une gifle. Il sait. Il sait tout de mes insécurités… parce que je lui ai confié.
Il s’en sert comme une arme.
Mais… une voix en moi refuse d’y croire. Il m’aime. Je le sens. Je le sais.
— Regarde-moi dans les yeux… et dis-moi que tu ne m’aimes pas, murmuré-je d’une voix tremblante.
Il détourne le regard. Sa mâchoire se crispe.
Puis il sourit. Un sourire cruel, faux… que je connais trop bien.
— Je ne t’aime pas. Je ne t’ai jamais aimée. Tout ce que je voulais, c’était tuer ton frère. Maintenant que c’est fait… t’es plus qu’un poids mort.
Aïe.
Je tombe. Mes jambes lâchent. Les larmes coulent, incontrôlables.
Je repense à ses mots…
>T’es la plus belle femme que j’aie jamais vue.
> Ton corps me rend fou.
> T’es pas comme les autres.
Des mensonges. Tous.
— Alors… pourquoi tu ne me tues pas ? chuchoté-je.
Il hésite. Son regard se voile. Ses poings se serrent.
— Parce qu’aussi inutile que tu sois, t’étais douée au lit. T’as au moins servi à ça. Mais te laisser en vie ? C’est pire que de te tuer. Tu souffriras plus.
Il baisse la tête, évite mes yeux. Comme si… comme s’il luttait.
Mais non. *Non, Calypso. Arrête de chercher des excuses.*
Il t’a brisée. Utilisée. Jetée.
Je l’ai aimé. Je lui ai tout donné. Mon cœur. Mon corps.
Et lui ? Il m’a trahie. Comme les autres.
JE LE HAIS
JE LE HAIS
JE TE HAIS
— Je t’ai déjà pris ton frère, Calypso. Maintenant, tu ne sers plus à rien.
Son ton est tranchant. Glacial. Inhumain.
Et moi ?
Je suis en miettes.
— Ramenez-la dehors, ordonne-t-il d’un ton glacial à ses hommes.
Ils m’attrapent comme si je n’étais rien.
Un objet sans âme. Sans valeur.
Et ils me jettent dehors… comme on se débarrasse d’un déchet.
Le sol est froid. Le monde aussi.
Je n’ai nulle part où aller.
Encore une fois… je suis seule.
POURQUOI
pourquoi
POURQUOI MOI PUTAINS
pourquoi...
Je hais ce monde.
Je vous hais tous.
Je l’ai aimé. J’ai tout fait pour lui.
Mais j’étais faible…
Tellement en manque d’amour que je me suis effondrée dans les bras du premier qui m’a regardée.
Je me dégoûte.
je ne veux plus rien ressentir.
Plus d’espoir.
Plus de douleur.
Plus rien.
Juste… le vide.
Je ne veux plus aimer.
Plus jamais.
Je ne veux plus rien offrir de moi à personne.
Plus de douceur.
Plus d’affection.
Rien.
Ils se sont tous foutus de moi.
Ils m’ont tous laissé tomber.
Papa.
Maman.
Lisa.
Mon grand frère.
Et…
Lui.
Celui à qui j’ai donné mon cœur, mon corps, ma confiance.
Celui qui m’a brisée un peu plus que les autres, parce que je croyais…
Je croyais que lui, il serait différent.
Mais je ne croirai plus.
Désormais, je n’aimerai qu’une seule personne : moi.
Et si un jour je me relève… ce sera pour ne plus jamais tomber.
si j'y arrive
PDV Calypso
3 ans après
Je me réveille en sueur, encore une fois. Trois ans que ça dure. Trois ans de cauchemars sans fin, de souvenirs qui me hantent, de respirations saccadées au milieu de la nuit.
Je prends une grande inspiration pour me calmer.
— Hmm...
Il est 4h du matin. J’ai tout mon temps.
Je me lève, fais ma toilette, puis croise mon reflet dans le miroir. Mon regard glisse sur mon visage, sur mes traits fatigués. Et dans ma tête, les mots résonnent encore.
T’es moche.
Grosse.
On dirait une vache.
Je secoue la tête pour faire taire ces voix qui ne m’appartiennent plus. Mes cheveux… ils étaient autrefois roux, bouclés. Il les adorait. Il disait qu’ils faisaient partie de moi, qu’il aimait tout chez moi. Alors je les ai foncés, lissés, mèche par mèche. Chaque passage de fer est une manière d’effacer ce qu’il prétendait aimer.
Je descends à la cuisine. Cuisiner est la seule chose qui me calme vraiment.
Je prépare des crêpes au chocolat, des pancakes aux fruits, un jus maison, et un smoothie sans sucre. Le genre de petit déjeuner qui réchauffe le cœur.
Alors que je mets la table, je la vois. Assise sur les marches de l’escalier, les genoux contre la poitrine, le regard inquiet.
— Amélia ? Ça va ?
Amélie… Je l’ai adoptée alors qu’elle avait à peine un an, dix mois après mon départ. Elle est arrivée dans ma vie comme une évidence. Elle est mon pilier. Ma renaissance.
— Je veux pas aller à l’école… et je veux pas quitter le pays, dit-elle en murmurant. Et si les gens sont méchants ? Et si j’ai pas l’accent italien ?
Je ris doucement. Trois ans, et elle pense déjà à ça.
— Tu verras, ma chérie. L’Italie, c’est magnifique. On ira à Rome, on découvrira plein d’endroits ensemble. Et si quelqu’un est méchant, tu leur montreras à quel point tu es forte. Comme ta maman.
— Oui ! Je suis forte comme toi ! crie-t-elle fièrement.
T’es faible.
Idiote.
Bonne à rien.
Les échos du passé me frappent encore, mais je les repousse.
— Maman, ça va ?
Je souris et l’attire à moi.
— Bien sûr. Viens, je t’ai fait des crêpes au chocolat.
— Ouuuiiii !
Je croyais n’avoir besoin de personne. Je pensais vouloir vivre seule, sans attache. Mais depuis qu’Amélie est entrée dans ma vie, je vais mieux. Bien mieux.
Elle me ressemble tellement. Même yeux bleu clair, même peau, mêmes boucles — sauf qu’elles sont naturellement brunes chez elle. Je fais tout pour que le monde croie qu’elle est vraiment ma fille. J’ai effacé chaque trace du contraire. Personne ne doit savoir. Sauf elle. Un jour, je lui dirai. Parce qu’elle a le droit de savoir.
Mais pour l’instant…
Italie, me revoilà.
Il est temps de retourner dans ce pays qui m’a détruite.
Que je le veuille ou non, je suis une Reyes
Et maintenant que ma mère est morte, je suis l’unique héritière.
Héritière d’un empire que je n’ai jamais voulu.
D’un gang qui porte encore le nom de ma famille.
Et d’un passé que j’ai passé trois ans à fuir.
Mais je n’ai aucunement l’intention de rester.
Je vais tout liquider. Vendre mes parts, peu importe à qui.
Est-ce qu’on peut seulement "vendre" un gang ?
Aucune idée.
Mais je trouverai une solution. Je suis bonne pour fuir, pas pour régner.
Je réglerai tout, rapidement.
Et je retournerai à ma vraie vie.
Loin du chaos. Loin de lui.
PDV DE CALYPSO
5 ans en arrière
Allez, viens, tu vas t'amuser un peu,dit Lisa en me tirant par la main vers une boîte de nuit. Dehors, on entend la musique qui résonne fort, et je n'imagine même pas ce que je vais ressentir à l'intérieur.
—Oui, oui, j'arrive,dis-je, agacée.
J'ai envie de rester chez moi. J'ai assez d'argent pour survivre toute une vie. Je n'ai qu'à rester chez moi, commander de la bouffe, des livres, et c'est bon.
—En plus, j'ai entendu des rumeurs. Apparemment, il sera là...
Je n'ai même pas envie de savoir qui c'est.
On arrive enfin à la boîte de nuit. Le videur se fiche de savoir si on est mineures ou pas, ce qui m'énerve, car j'espérais qu'on m'empêcherait d'entrer. J'aurai dix-huit ans dans deux semaines, donc je ne suis pas encore majeure.
On entre et les bruits assourdissants remplissent la place. Des gens complètement saouls dansent et d'autres strip-teaseurs bougent sensuellement leurs corps à moitié nus. L'odeur de sueur, de parfum bon marché et d'alcool flotte dans l'air, un mélange nauséabond qui me prend à la gorge.
—Deux tequilas, commande Lisa.
Je ne sais même pas ce que c'est, la tequila.
—Tiens, dit-elle en me tendant un verre. C'est pas tes alcoolisées.
Après quelques secondes à regarder le verre, je le prends et bois d'un coup, hésitante.
—Pourquoi c'est si acide, argh !
—Tiens, bois-en un autre pour moi, dit-elle en riant.
Je ne sais pas pourquoi, mais je le prends et bois aussi. L'alcool fait son effet rapidement. Une chaleur se répand dans ma poitrine, et le monde semble s'éloigner un peu.
—On va danser ? demande-t-elle, les yeux brillants.
—Ouaaais ! répondis-je, excitée. Je sens que je vais regretter ça.
5 minutes...
La musique bat son plein, les basses vibrent dans ma poitrine. Les lumières stroboscopiques clignotent, déformant les visages et les corps autour de moi. Je me sens flottante, comme si je n'étais plus vraiment là.
10 minutes...
Lisa est déjà déchaînée sur la piste de danse, ses mouvements sauvages et libérés. Je la regarde, à la fois fascinée et effrayée. Je me sens maladroite, hors de place.
20 minutes...
La chaleur devient étouffante, la musique trop forte. Je commence à avoir mal à la tête, et les rires et les cris autour de moi me donnent envie de fuir. Je me sens perdue...
Je commence à me sentir nauséeuse. L'alcool me monte à la tête, et je me demande pourquoi j'ai accepté de venir ici. Je regrette déjà chaque seconde passée dans cet endroit.
35 minutes...
L'air devient irrespirable, chargé d'une énergie brute et incontrôlable. Je cherche Lisa du regard, mais elle a disparu dans la masse. Je me sens prise au piège, comme si les murs de la boîte de nuit se refermaient sur moi. Je veux partir, partir d'ici.
L'atmosphère était devenue suffocante, la musique tonitruante.
— Je vais prendre l'air, dis-je, sentant la pression monter.
Elle hocha la tête, manifestant un indifférence glaciale. Je sortis, mais le vacarme de la musique persistait, assourdissant. Une douleur lancinante s'empara de ma tête. Je m'éloignai dans la rue, cherchant un peu de répit.
— Salut, fit une voix.
Je sursautai, la peur me parcourant.
— Désolé, je ne voulais pas vous effrayer, dit un homme blond, d'une vingtaine d'années.
— Ce n'est rien, répondis-je, encore sous le choc.
Il s'approcha, et je reculai instinctivement.
— N'ayez pas peur, je veux juste vous tenir compagnie.
Il tenta de me saisir la main.
— Lâchez-moi, dis-je fermement, tout en reculant.
Il s'approcha de moi, un rictus pervers déformant ses lèvres. Sans prévenir, je lui décochai un coup de poing en plein visage, puis, pour m'assurer qu'il ne me suive pas, je lui assénai un coup de pied dans ses parties intimes .
— Sale pute ! grogna-t-il, la rage au ventre.
Je me mis à courir, à perdre haleine, espérant le distancer. Il ne me suivit pas, mais la peur me paralysait. Je m'arrêtai un instant, et le vis derrière moi, à quelques mètres, luttant pour respirer.
Heureusement pour moi.
Je sortis mes talons et courus de toutes mes forces, haletante, ne sachant plus où j'allais. Quand je m'arrêtai, je réalisai que j'étais perdue.
J'écoutai attentivement, espérant entendre des voix, espérant trouver de l'aide. Mais à chaque pas, je m'arrêtais, hésitante.
Trois hommes se tenaient là, mais celui qui attira mon attention était brun. Il tenait une arme, pointée sur les deux autres.
— Alvaro, on n'avait pas le choix, je... on a des fam...
— N'ose plus prononcer mon nom, dit celui que je supposais être Alvaro.
Soudain, il tire sur les deux hommes.
Je portai ma main à ma bouche pour étouffer un cri.
Il fallait que je parte, vite. Je connaissais ce genre d'individus, et je savais qu'ils me tueraient parce que j'étais témoin.
Sans chaussures, mes pas resteraient silencieux.
C'est ce genre de monde que je cherche à fuir.
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