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Quand Je Suis Revenu Elle N'Était Plus À Moi

Avant tout ça

Je m'appelle Neyl.

Je n’ai rien d’extraordinaire. J’ai aimé, j’ai fui, et maintenant je reviens.

Y’a trois ans, j’ai quitté la ville sans prévenir grand monde. Juste elle.

Wibon.

Elle était tout pour moi. Mais j’ai dû partir. Une urgence. Un truc que je ne savais pas affronter avec elle.

Alors j’ai fait ce que je sais faire : j’ai tout laissé derrière.

Elle comprise.

Je pensais qu’elle m’attendrait. Pas forcément les bras ouverts, non… mais qu’elle garderait cette place pour moi.

Parce qu’on s’était promis des choses. Des vraies.

Je me suis menti, peut-être.

Ou j’ai cru que l’amour, ça attendait.

Mais maintenant je suis revenu.

Et rien n’est comme avant

Je me souviens de ce matin-là, quand j’ai pris la décision. Pas parce que je voulais partir, mais parce que je n’avais pas le choix. C’était comme si une tempête grondait en moi, et que je devais m’éloigner avant qu’elle ne m’engloutisse complètement.

Je ne lui ai rien dit. Juste un message, vite envoyé, froid. Pas pour la blesser, juste parce que je ne savais pas comment expliquer. Peut-être que je pensais qu’elle comprendrait. Ou que, plus tard, ça aurait du sens.

Les jours, les semaines, les mois ont passé. Les nuits étaient longues, souvent remplies de regrets. Je me demandais si elle pensait à moi, si elle pleurait, si elle espérait. Moi, je faisais semblant d’être fort, mais j’étais brisé.

Et aujourd’hui, je suis là, à chercher dans les rues familières ce qu’il reste de nous. J’ai peur, plus que jamais, de ce que je vais trouver.

Je me suis assis sur ce vieux banc, là où on s’asseyait souvent. Le bois était froid, un peu craqué, comme moi.

Je me suis demandé si elle allait venir. Si elle me verrait, ou si je serais juste un étranger. Une silhouette qui lui rappelle des souvenirs qu’elle préfère oublier.

Le vent soufflait doucement, emportant avec lui des bribes de nos rires, de nos disputes, de nos promesses.

J’ai fermé les yeux un instant, juste pour sentir encore ce qu’on avait eu. Et puis je les ai rouverts, parce que je devais affronter la réalité.

Elle n’était plus la même. Ni moi non plus.

Je n’ai pas attendu longtemps.

Elle est arrivée, les épaules un peu basses, le regard fuyant. Pas de course vers moi, pas de bras ouverts. Juste un silence qui en disait plus que mille mots.

Je me suis levé doucement. On s’est regardés, sans savoir quoi dire.

Peut-être que les mots viendraient plus tard. Ou peut-être qu’ils ne viendraient jamais.

Mais une chose était claire

rien ne serait comme avant.

Et c’était ça, la vérité la plus dure à accepter.

c'est là que j'avais compris que mon absence avait laissé un vide et que j'étais le seul a blâmer

ce qu'il y avait dans ses yeux

Elle s’est assise à côté de moi, sans me regarder tout de suite.

Un mètre entre nous. Un mètre rempli de souvenirs, de non-dits, et peut-être d’un autre homme.

— Tu vas bien ? j’ai demandé.

C’était idiot. Ça faisait trois ans que j’étais parti, et je n’avais trouvé que ça à dire.

— Je vais, a-t-elle répondu. Comme si elle n’attendait rien d’autre de moi. Comme si j’étais juste… un revenant.

Je l’ai regardée. Elle était belle, comme toujours. Mais son regard n’avait plus la même lumière. Pas celle que je connaissais.

Je sentais qu’elle m’en voulait. Pas avec colère, non. C’était pire que ça. Elle m’en voulait en silence. Ce genre de silence qui te suit partout.

— Je suis désolé, j’ai soufflé.

Elle n’a pas répondu.

Elle a tourné la tête vers la rue. Les voitures passaient, les gens vivaient leur vie. Nous, on était figés dans un temps qu’on n’arrivait pas à reprendre.

Et puis, elle a dit :

— Tu t’attendais à quoi, Neyl ? Que je sois restée là, sans bouger ? Que rien ait changé ?

Je l’ai regardée, incapable de mentir.

— Je sais pas. Peut-être que j’ai été con d’y croire.

Elle a souri. Un petit sourire triste, presque tendre.

— Non. Juste en retard.

— Juste en retard.

Ces trois mots m’ont coupé le souffle.

Pas parce qu’ils étaient méchants.

Mais parce qu’ils étaient vrais.

Elle ne parlait pas fort. Pas pour me blesser. Elle parlait comme quelqu’un qui n’a plus envie de se battre. Qui a déjà pleuré tout ce qu’il avait à pleurer.

— J’aurais dû revenir plus tôt, j’ai dit.

— Mais t’es pas revenu. Et moi, j’ai appris à faire sans toi.

Elle a croisé les bras. Pas de colère. Juste une protection instinctive. Moi, j’étais là, avec mes regrets et mes excuses trop tardives.

— Tu veux savoir si j’ai tourné la page ? elle a lancé sans me regarder.

Je n’ai pas répondu. Parce que oui, je voulais savoir. Mais non, je ne voulais pas l’entendre.

Elle m’a jeté un regard bref, presque gêné.

— Je ne suis pas seule, Neyl.

Voilà. C’était dit.

Pas un cri. Pas une bombe. Juste une vérité posée sur la table. Froidement. Calmement.

J’ai baissé les yeux. J’aurais dû m’en douter. J’ai pris trop de temps. Et quelqu’un d’autre avait su être là pendant que je fuyais.

Mais ce qui m’a le plus blessé, c’est qu’elle n’ait pas l’air triste de me le dire.

Elle s’est levée. A redressé son sac sur son épaule.

— Je ne voulais pas te faire mal.

— C’est fait.

Elle a serré les lèvres. Hésité. Puis s’est éloignée sans se retourner.

Et moi, j’étais là.

Assis. Seul.

Avec l’impression d’être arrivé à la fin d’un film… que j’aurais dû vivre en entier.

l' inconnu au sourire parfait

Le lendemain, j’ai croisé un type qui portait son sac.

Ouais. Son sac.

Celui qu’elle ne prêtait jamais, même pas à moi.

J’étais à deux mètres, devant la boulangerie. Il est passé à côté d’elle, l’air tranquille, sûr de lui. Il lui a glissé un truc à l’oreille qui l’a fait rire. Rire, putain.

J’ai failli avaler mon café de travers.

Et je me suis senti con. Très con.

Il était plus grand que moi. Beau mec, bien rasé, l’air calme. Le genre de gars qui lit des bouquins avec des mots compliqués et qui a un pull beige parfaitement repassé.

J’ai levé les yeux au ciel. Sérieusement ? Un pull beige ?

Ils sont passés à côté de moi sans me remarquer. Elle n’a pas tourné la tête.

Et lui, il avait ce genre de sourire discret, comme s’il savait exactement qui j’étais… et qu’il avait déjà gagné.

J’ai soufflé fort. Genre très fort.

Un vieux monsieur m’a lancé un regard bizarre, genre “calme-toi, mon gars, t’es pas dans un film.”

Mais voilà.

Je venais de croiser l’autre. Le nouveau. Le mec qui, apparemment, la faisait rire maintenant.

Et moi ? J’étais là, seul, avec un pain au chocolat dans la main… et un égo complètement explosé.

Je sais pas ce qui m’a pris. Peut-être la fierté. Peut-être la connerie.

Mais je les ai suivis.

Rien de flippant, hein. J’ai juste marché… lentement… genre "par hasard je suis derrière vous à chaque coin de rue".

Ils se sont posés à une terrasse. Je suis resté en face, planqué derrière un panneau "Glaces artisanales". Très discret.

Et là, boulette : il m’a vu.

Pas elle. Lui.

Il m’a lancé un regard droit dans les yeux, genre “frérot, t’es sérieux ?”

Et il s’est levé.

Je me suis figé. Trop tard pour fuir. Trop bête pour faire semblant.

Il est venu vers moi, tranquille. Même son pas faisait mec stable.

Quand il est arrivé à ma hauteur, il m’a tendu la main.

— Elran, dit-il. Et toi, c’est Neyl, non ?

— …Ouais.

Je l’ai serrée, sa main. Froidement. Mais j’étais pas prêt à ce qu’il dise ensuite.

— Elle m’a beaucoup parlé de toi. Enfin, au début surtout.

Un petit sourire poli. Pas moqueur. Juste… neutre. Ce qui est pire, en vrai.

— Tu veux t’asseoir avec nous ?

Quoi ?! Le mec m’invite à sa table ? Avec *elle* ?!

— Non, c’est bon. Je faisais que passer, j’ai menti. (Très mal, au passage.)

Il a haussé les épaules.

— Comme tu veux. Mais si un jour t’as envie de parler… je suis pas ton ennemi, tu sais.

Et il est reparti. Simple. Propre. Classe.

Je suis resté là, seul, avec mon pain au chocolat ramolli, en me disant :

Ce type est soit un ange… soit un psychopathe ultra zen

J’étais toujours là, assis comme un looser, à fixer mon pain au chocolat devenu triste, quand j’ai entendu sa voix derrière moi.

— Tu vas rester planqué là combien de temps encore ?

Je me suis retourné. Elle me regardait, bras croisés, l’air à la fois fatigué et amusé.

— J’étais juste dans le coin, j’ai répondu.

Elle a levé un sourcil.

— Bien sûr. Et le panneau “Glaces artisanales” t’a offert un abri parfait, c’est ça ?

J’ai souri malgré moi.

Elle aussi, un peu.

Elle a fait quelques pas vers moi, s’est assise sans attendre d’invitation.

On a partagé un silence, pas gênant cette fois. Juste… lourd de choses pas dites.

— C’est lui ? j’ai fini par demander.

Elle n’a pas répondu tout de suite. Elle a regardé ses mains, puis moi.

— Oui. Elran.

— Il est… bien, ai-je dit, un peu à contrecœur.

— Il l’est.

Elle a souri doucement. Pas pour me blesser. Juste parce que c’était vrai.

Puis elle m’a regardé droit dans les yeux.

— Mais ça ne veut pas dire que j’ai tout oublié de toi, Neyl.

Mon cœur a raté un battement. Ou deux.

Elle s’est levée, prête à repartir. Mais avant de tourner les talons, elle a lâché

 — Tu veux rester dans les souvenirs… ou tu veux me prouver que t’es encore capable d’exister dans ma vie ?

Et elle est partie.

Me laissant là, comme un con.

Mais un con qui venait peut-être d’avoir une chance.

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