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Coeurs En Guerre

chapitre 1 : Paris, béton et cicatrices

Paris, 23h17. Le vent d’octobre glissait sur les ruelles désertes du 11e arrondissement. Dans un petit appartement à moitié éclairé, *Justin*, 22 ans, terminait son service du soir au bar. Il rentrait, casque sur les oreilles, capuche sur la tête. Rien n’allait vraiment dans sa vie.

Il balança son sac sur le lit défait. Encore une journée à servir des clients qui l’ignoraient. Sa coloc, *Meghan*, entra avec un sachet de nouilles instantanées.

— « T’as une sale tête. »

— « J’ai une sale vie. »

— « T’as besoin d’un plan. Ou d’un flingue. »

— « Merci, Még’, c’est toujours aussi rassurant. »

Elle sourit, déposa les nouilles, puis alluma la télé. Des images de fusillades dans le quartier de Belleville. Encore une affaire de gangs. Justin fixa l’écran, pensif.

— « Tu penses que ces types dorment mieux que moi ? »

— « Ils dorment pas. Ils encaissent, ils frappent, ils fuient. Et toi ? T’es là à te plaindre dans un lit. Choisis ton enfer. »

***

À quelques kilomètres, dans une villa cachée aux Buttes-Chaumont, *Carlos De La Vega* faisait les comptes. Il n’aimait pas perdre de temps. Ses hommes entraient, valises à la main, argent sale, armes, papiers.

— « La douane a bloqué deux conteneurs, boss, » dit *Bob*, un homme massif et loyal.

— « On les récupère avant demain matin. Utilise Valentin. Dis-lui d’être discret. »

— « Discret et Valentin, c’est pas vraiment compatible. »

— « Je sais. Justement. »

Carlos se leva. Il se passa une main dans les cheveux. Le regard sombre, concentré. Il n’avait pas le luxe de l’erreur.

— « Et Rachel ? »

— « Elle gère les Ukrainiens. Elle veut te parler demain. Elle dit que t’as trop relâché. »

Carlos rit, froidement.

— « Qu’elle vienne me le dire en face. »

***

Le lendemain, Justin rentrait du taf, éreinté. Dans un virage, une moto le frôla. Il cria un « Hé, connard ! » sans réfléchir. La moto freina. Le type descendit. Blouson en cuir, regard de tueur. *Carlos.*

— « T’as du cran pour un serveur. »

Justin, surpris, fit un pas en arrière.

— « J’ai pas vu ta plaque. »

— « Normal. Y’en a pas. »

Un long silence.

— « T’as besoin d’un taf mieux payé que servir des mojitos ? »

Justin haussa un sourcil.

— « T’es qui ? »

— « Quelqu’un qui cherche des gars discrets, pas trop bavards, pas trop stupides. »

— « Et si j’suis les trois ? »

— « Alors monte. Je t’emmène voir ce que t’as jamais vu. »

Justin hésita. Puis il monta à l’arrière de la moto. Sans savoir que cette nuit allait être le début de la fin. Ou peut-être, le début de lui-même.

Le moteur de la moto hurlait dans les rues parisiennes. Justin s’accrochait à Carlos, sans parler. Il sentait le cuir froid sous ses doigts, la vitesse qui arrachait l’air, et surtout… ce silence entre eux. Pas pesant. Juste… intense.

Ils arrivèrent dans un quartier discret. Carlos coupa le moteur et descendit. Justin, encore hésitant, regarda autour.

— « C’est un squat ? »

Carlos sourit sans humour.

— « C’est un entrepôt. Disons… réaménagé. »

Il ouvrit une grande porte métallique. À l’intérieur, lumière blanche, odeur de métal et de plastique. Des tables, des caisses, des armes démontées, de la coke sous blister. Et au fond, *Rachel*, en tailleur noir, cigarette au bec.

— « C’est lui, le petit serveur ? »

— « Oui. Justin, voici Rachel. Elle cogne dur, elle parle peu. Elle me dit ce que j’ai pas envie d’entendre. »

— « Tu veux que je dise ce que je pense ? » demanda-t-elle à Carlos.

— « Toujours. »

— « Il a pas le regard d’un gars prêt pour ça. Mais il a le regard d’un gars qui veut fuir. Ça suffit. »

Justin déglutit. Il observa l’endroit, entre dégoût et fascination.

— « Et moi là-dedans ? Je deviens quoi ? Un porteur de valise ? Un mec qui ferme sa gueule ? »

Carlos le regarda droit dans les yeux.

— « Tu deviens ce que t’as jamais osé être. Libre. Puissant. Mais faut plonger, mec. Complètement. »

Justin resta silencieux. Puis, il tendit la main.

— « Ok. J’plonge. Mais j’me noierai pas. »

***

Quelques jours plus tard, Edwine, la sœur de cœur de Justin, débarqua chez lui.

— « Tu m’appelles plus, tu réponds plus. »

— « J’suis occupé. »

— « Par quoi ? Ce mec à moto ? »

— « Il m’offre une porte de sortie. »

— « C’est une trappe, pas une porte. »

Justin détourna les yeux.

— « J’ai besoin d’air. Même si c’est toxique. »

***

Carlos de son côté, retrouvait *Valentin*, impulsif et imprévisible.

— « J’ai mis la pression aux gars du port, boss. Tout va sortir demain. »

— « Bien. Et la police ? »

— « J’ai payé le silence. Mais ça grogne. »

— « Je grogne plus fort. »

Puis, Rachel le prit à part.

— « Tu t’attaches à lui ? »

— « De qui tu parles ? »

— « Tu sais très bien. Justin. »

Carlos soupira.

— « Il est paumé. Et j’aime les gens qui veulent se reconstruire. »

— « Ouais. Jusqu’à ce qu’ils s’effondrent. »

Carlos ne répondit pas.

***

Le soir venu, Justin reçut sa première mission : suivre un type, noter ses mouvements, le surveiller. Pas de contact. Juste observer. Il le fit. Méticuleusement. Et pour la première fois, il sentit… un frisson d’excitation. Un frisson dangereux.

Quand il rentra, Carlos était seul, en train de boire un whisky.

— « Tu t’en es bien sorti. T’as aimé ça ? »

— « Un peu trop. »

Un silence.

— « C’est mauvais, hein ? »

— « C’est parfait. »

Carlos s’approcha. Très proche.

— « Mais souviens-toi, Justin… Dans ce monde, aimer peut tuer. Et se laisser aimer encore plus. »

Justin répondit, voix basse :

— « Alors meurs le premier. »

Carlos sourit.

 

chapitre 2 : lignes de faille

Les jours s’enchaînaient, et Justin s’enfonçait peu à peu dans le monde de Carlos. Pas à pas, avec prudence, mais sans jamais reculer. Il avait changé de rythme. De peau.

Ce soir-là, une réunion importante avait lieu dans un appartement luxueux du XVIe. Carlos avait décidé d’emmener Justin.

— « Tu ouvres ta gueule que si on te parle. Tu souris pas trop. Tu observes. Tu retiens. »

— « Compris. »

— « Et reste proche de moi. »

Justin hocha la tête.

À l’intérieur, des hommes en costume. Des verres de whisky. De la tension dans l’air. *Meghan*, bras droit d’un autre clan, était là aussi. Robe rouge sang. Elle jaugea Justin en silence.

— « Carlos, tu recrutes dans les lycées maintenant ? » lança-t-elle.

— « Je recrute là où y’a de la matière. Et lui, il en a. »

— « Hm… » Meghan s’approcha de Justin.

— « Et toi, t’as quoi ? À part une gueule d’ange ? »

Justin répondit froidement :

— « J’ai des yeux. Et j’ai déjà vu vos hommes planquer des armes sous leur veste. Pas très discret. »

Un silence. Puis Meghan éclata de rire.

— « Je l’aime bien. »

Carlos sourit discrètement.

— « Moi aussi. »

***

Pendant ce temps, *Valentin* s'énervait contre Edwine devant le bar où elle bossait.

— « T’es au courant que Justin traîne avec Carlos ? »

— « Je sais. Et je suis inquiète. »

— « Inquiète ? Mec, il joue avec le feu, et toi t’es là à croiser les doigts ? »

Edwine baissa les yeux.

— « Tu veux faire quoi ? Le tirer de là ? Il t’écoutera pas. Il a changé. »

— « Moi aussi. »

***

De retour à l’entrepôt, Rachel s'approcha de Justin.

— « T’es à l’aise dans cette merde ? »

— « Plus que dans ma vie d’avant. »

— « T’as peur de quoi ? »

— « De moi-même. »

Rachel fixa Justin longuement.

— « Alors t’es prêt. »

Carlos les observait de loin. Il n’avait jamais voulu s’attacher. Il ne voulait pas l’admettre… mais Justin n’était pas qu’un pion.

***

Le soir même, un deal tourna mal à Belleville. Valentin et Bob y étaient. Fusillade. Course-poursuite. Et un blessé grave du côté de Carlos.

Quand il arriva sur les lieux, Carlos vit *Bob* couvert de sang.

— « C’est qui ? »

— « Le gang des Serbes. Ils veulent le quartier. Ils savent pour toi et Justin. »

Carlos serra les dents.

Justin arriva à ce moment-là.

— « C’est de ma faute ? »

— « Non, répondit Carlos. C’est de la mienne. J’ai laissé les failles ouvertes. »

Justin avança, posa sa main sur l’épaule de Carlos.

— « Alors on les referme ensemble. »

Carlos le regarda longtemps.

— « Ensemble. »

Mais dans l’ombre, quelqu’un les observait. Quelqu’un qui n’aimait pas du tout cette nouvelle alliance…

Les jours suivants furent un mélange d'entraînements, de silence et de tension croissante. Justin suivait Carlos partout, dans les ruelles sombres, les entrepôts remplis de cartons mystérieux, les rendez-vous avec des hommes qui ne souriaient jamais. Il apprenait à se taire, à regarder, à écouter. À survivre.

Carlos, lui, le testait. Il ne disait rien, mais observait chaque réaction, chaque tic nerveux, chaque regard de Justin. Il n’était plus juste ce garçon paumé. Il devenait quelque chose d’autre. D’instinctif. De dangereux.

***

Un soir, ils étaient dans un garage désaffecté du côté de Saint-Ouen. Bob était là, aussi Rachel. Carlos avait amené Justin pour une première « mission ». Un simple échange.

— « T’as compris ce que t’as à faire ? »

— « Je récupère la valise, je la vérifie pas, je dis pas un mot. »

— « Bien. »

Mais à l’intérieur, rien ne se passa comme prévu. L’homme en face d’eux était nerveux. Trop nerveux. Et Justin le vit. La main sous la table. L’arme.

— « C’est un piège ! » cria-t-il.

Un coup de feu. Puis un autre. Carlos tira le premier. Rachel plaqua Justin au sol. Bob riposta dans l’ombre. Et en moins de trente secondes, le garage fut rempli de fumée, de cris, d’éclats de métal et de sang.

Quand tout se calma, Justin avait les mains tremblantes. Un mort gémissait encore près de la porte.

Carlos s’approcha.

— « C’est fini. Tu t’en es bien sorti. »

— « J’ai failli crever… »

— « Bienvenue dans la vraie vie. »

***

Quelques jours plus tard, Meghan, toujours aussi provocante, croisa Justin dans un club.

— « Alors, petit soldat, tu tiens le coup ? »

— « Tu crois que c’est un jeu, hein ? »

— « Tout est un jeu. Faut juste savoir quelles cartes tu veux jouer. »

Elle lui glissa un billet avec une adresse.

— « Si un jour tu veux vraiment comprendre ce monde, viens ici. Mais sans Carlos. »

Justin la fixa, méfiant.

— « Pourquoi tu fais ça ? »

— « Parce que t’es pas un pion. T’es peut-être un roi. Ou un joker. »

***

Carlos, pendant ce temps, s’était isolé. Trop d’ennemis, trop de failles. Il revoyait sans cesse Justin en train de le couvrir. De risquer sa peau.

— *Pourquoi je m’inquiète autant pour lui ?*

Il ne voulait pas aimer. Il ne devait pas aimer. Mais c’était trop tard.

***

Et dans l’ombre… Valentin, Edwine et un mystérieux professeur suivaient tout. Car ce n’était plus juste une guerre de gangs.

C’était devenu *une guerre de sentiments, de loyauté… et de survie.*

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Chapitre 3 : fracture et promesses

La pluie battait sur les vitres du petit appartement où Justin avait trouvé refuge. Il était là, assis sur le canapé usé, le regard perdu dans le vide. Son téléphone vibra. C’était un message de Carlos. Simple : *"Rendez-vous au vieux port, minuit."*

Justin hésita. Il savait que chaque rencontre avec Carlos pouvait être une roulette russe. Mais il était déjà trop impliqué pour reculer.

***

Minuit. Le vieux port baignait dans l’obscurité, seulement éclairé par la lumière blafarde des lampadaires. Carlos était là, appuyé contre un container rouillé, cigarette au coin des lèvres.

— "Tu es venu," dit Carlos en expirant la fumée.

— "Je ne pouvais pas faire autrement."

— "Tu sais pourquoi je t’ai fait venir."

Justin hocha la tête.

— "La mafia, ce n’est pas un jeu. Ce que tu as vu, ce n’était qu’un aperçu. Demain, ça pourrait être pire."

— "Je sais. Mais j’ai besoin de comprendre… de savoir où je me place dans tout ça."

Carlos s’approcha, baissa la voix.

— "C’est pour ça que je t’ai amené ici."

Il sortit une enveloppe, la tendit à Justin.

— "Dedans, il y a le nom d’un type. Un dealer qui menace de tout faire sauter. On doit l’arrêter. Je veux que ce soit toi qui le trouve."

Justin prit l’enveloppe, ses mains tremblaient.

— "Moi ? Pourquoi moi ?"

Carlos le fixa intensément.

— "Parce que t’as quelque chose. Une qualité que je ne peux pas expliquer. L’instinct."

— "Mais… et si je me plante ?"

— "Tu ne te plantes pas. Je serai là. Toujours."

***

Dans la nuit glaciale, Justin commença à sentir la lourdeur de ce monde. Il devait faire ses preuves. Pas seulement pour Carlos, mais pour lui-même.

Le lendemain, il retrouva Edwine dans un café discret, une des rares personnes en qui il pouvait avoir confiance.

— "Tu penses vraiment que tu peux faire ça ?"

— "Je n’ai pas le choix."

Edwine hocha la tête.

— "D’accord. Je t’aide. Mais fais attention. Ces types ne reculent devant rien."

***

Les jours passaient. Justin enchaînait les filatures, les rencontres clandestines, les petites confrontations dans les ruelles. La tension montait, l’adrénaline aussi.

Un soir, alors qu’il était en planque, il croisa Meghan. Elle semblait amusée.

— "Tu fais de gros progrès, petit soldat."

— "Pourquoi tu es toujours là ?"

— "Parce que je vois en toi ce que tu ne veux pas encore voir. Que tu peux être plus qu’un pion dans ce jeu."

Leurs regards se croisèrent. Il y avait dans ses yeux une promesse, une menace, un mystère.

***

Pendant ce temps, Carlos était face à ses propres démons. La peur de perdre Justin, la colère contre ses ennemis, la lutte pour garder le contrôle.

Un soir, seul dans son bureau, il murmura :

— "Je ne te laisserai jamais tomber. Pas toi."

***

Mais dans l’ombre, un complot se trame. Valentin et Rachel manœuvrent, prêts à frapper au moment où Justin et Carlos seront les plus vulnérables.

***

Le danger, l’amour, la trahison… tout s’entremêle.

Justin comprit une chose ce soir-là, en regardant la ville endormie : dans ce monde, la frontière entre allié et ennemi est plus fine que le fil d’une lame.

Et lui, il devait apprendre à marcher dessus sans tomber.

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