Il faisait nuit noire à Londres. La pluie martelait les vitres d’un vieux manoir isolé, où l’ombre d’un secret ancien s’enfonçait dans les murs. À l’intérieur, Alayna, 22 ans, étudiante en art, restait immobile devant un miroir fendu. Son reflet tremblait, pas à cause du froid… mais à cause de ce qu’elle ressentait. Ou plutôt, de ce qu’elle refusait d’admettre.
Depuis qu’elle avait accepté ce mystérieux travail de restauration dans cette demeure appartenant à l’intrigant et charismatique Adrien Moreau, un milliardaire discret et énigmatique, son monde avait changé.
Il la regardait d’un œil brûlant, mais contrôlé. Il était cruel parfois, imprévisible, mais étrangement protecteur. Il lui donnait des règles. Des règles absurdes. Ne pas entrer dans l’aile Est. Ne pas poser de questions. Ne jamais prononcer son prénom après minuit.
Et pourtant… elle restait.
Ce soir-là, il l’attendait dans le grand salon, un verre à la main, vêtu de noir comme l’ombre elle-même. Il s’approcha lentement, son regard sombre ancré dans le sien.
— Tu ne devrais pas être ici, murmura-t-il.
— Alors pourquoi m’y as-tu attirée ? répondit-elle, sa voix tremblante mais fière.
Il sourit. Un sourire sans joie.
— Parce que tu es comme moi, Alayna. Brisée. Et tu veux que je sois celui qui te recolle. Même si ça fait mal.
Et dans cette pièce où tout semblait figé, quelque chose venait de commencer. Quelque chose de dangereux, interdit… mais terriblement séduisant
Le silence pesait lourd entre eux, chargé de non-dits et de tensions électrisantes. Alayna sentit son cœur battre à tout rompre, chaque pulsation résonnant comme un tambour dans sa poitrine. Adrien s’avança d’un pas, réduisant la distance entre eux. Son parfum, un mélange subtil de cuir et de mystère, l’enivrait.
— Tu ne comprends pas encore, dit-il à voix basse, presque un souffle. Ce que je suis, ce que je cache... c’est une prison. Et toi, tu es la clé... ou la prochaine captive.
Elle frissonna, partagée entre la peur et une curiosité qu’elle n’arrivait pas à contrôler.
— Pourquoi moi ? osa-t-elle demander, la voix cassée.
Il posa une main sur le miroir fendu, là où son reflet se déformait, comme un symbole.
— Parce que dans ton silence, il y a un cri que seul je peux entendre.
Le temps semblait suspendu, chaque seconde une épreuve. Puis, dans un geste aussi soudain qu’impérieux, il effleura ses lèvres d’un baiser brûlant, doux et violent à la fois.
Alayna comprit alors que son monde ne serait plus jamais le même. Que l’ombre d’Adrien allait l’engloutir, l’enchaîner... ou la sauver.
Adrien s’approcha un peu plus, son souffle se mêlant au sien.
— Tu as peur, n’est-ce pas ? demanda-t-il, presque doucement.
— Oui… mais je ne partirai pas. Pas encore.
Elle sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale. Cette peur, mêlée à une étrange fascination, la maintenait captive.
Le manoir semblait respirer autour d’eux, chaque recoin renfermant des murmures oubliés. Une photo ancienne sur la cheminée attira son regard — une femme au sourire figé, dont les yeux semblaient la suivre.
— Qui est-elle ?
Adrien détourna le regard, comme si parler de cette femme brisait un tabou.
— Quelqu’un que je ne peux pas sauver. Tout comme toi, peut-être.
Alayna se demanda alors si elle aussi était destinée à être une ombre dans cette maison. Mais une part d’elle, la plus profonde, refusait de se laisser engloutir. Elle voulait comprendre. Et surtout, elle voulait choisir sa lumière.
Le lendemain matin, le soleil peinait à percer à travers les lourds rideaux du manoir. Alayna, encore secouée par la nuit précédente, trouva refuge dans le petit salon, où les vieux livres et portraits semblaient raconter des histoires qu’elle ne comprenait pas encore.
Kylian, son ami d’enfance, lui avait toujours dit que certains secrets étaient mieux gardés. Mais ici, tout semblait crier qu’il fallait creuser plus profondément.
Alors qu’elle feuilletait un journal jauni, une voix douce brisa le silence.
— Tu cherches des réponses, n’est-ce pas ?
Elle sursauta et tourna la tête. C’était Tess, une jeune femme à la présence calme et mystérieuse, qui travaillait depuis longtemps pour Adrien.
— Oui… je dois comprendre pourquoi ce lieu me trouble autant.
Tess hocha la tête, un sourire triste aux lèvres.
— Parfois, les murs parlent. Et ce manoir a beaucoup à dire. Mais il faut savoir écouter, même quand le silence hurle.
Alayna sentit un poids sur ses épaules, mais aussi une lueur d’espoir. Elle n’était plus seule dans cette quête.
— Comment fais-tu pour supporter tout ça ? demanda-t-elle.
— Parce que j’ai appris que la lumière vient toujours après la nuit la plus noire
Alayna serra le journal contre elle, comme si ce morceau de papier fragile pouvait la protéger des ombres qui rôdaient dans ce manoir.
— Tu dis que la lumière vient après la nuit la plus noire… Mais comment savoir si je ne suis pas déjà perdue ?
Tess s’assit près d’elle, posant une main rassurante sur son épaule.
— Ce qui compte, ce n’est pas où tu es maintenant, mais la direction vers laquelle tu choisis d’aller. Même dans le silence le plus profond, il y a toujours un chemin.
Un bruit sourd retentit dans la maison, faisant sursauter Alayna. Le manoir semblait vivre, respirer, et peut-être même lui parler.
Adrien apparut dans l’encadrement de la porte, son regard perçant et sa présence imposante emplissant la pièce.
— Les secrets que tu cherches à dévoiler ne sont pas sans danger, Alayna. Mais tu as déjà fait le premier pas.
Elle croisa son regard, un mélange d’appréhension et de défi dans ses yeux.
— Alors je n’ai pas le choix. Je dois continuer
*L’aile interdite
Le bois craquait sous ses pas. Alayna hésitait. L’aile Est… interdite. Mais cette nuit, quelque chose l’avait réveillée. Un bruit. Comme un murmure ou un souffle lointain, qui l’avait attirée hors de sa chambre, pieds nus, cœur battant.
La porte de l’aile interdite était entrouverte. Jamais elle ne l’avait vue ainsi. Une lumière vacillante s’échappait de l’entrebâillement, comme si la pièce elle-même respirait.
Elle franchit le seuil.
Tout était couvert de toiles blanches. Des tableaux cachés, des meubles oubliés, un piano à queue poussiéreux. Mais c’est le portrait au fond de la salle qui la pétrifia.
Une femme. Belle. Sauvage. Et le regard… le même que celui d’Adrien.
— Tu ne devrais pas être là, dit une voix glaciale derrière elle.
Elle sursauta. Il était là. Adrien. Vêtu d’une chemise entrouverte, les yeux plus sombres que jamais.
— Qui est-elle ? demanda Alayna.
— Quelqu’un que j’ai aimé. Trop. Quelqu’un que j’ai perdu… ou détruit, murmura-t-il.
Il s’approcha, tendit la main, mais ne la toucha pas. Ses doigts tremblaient presque.
— Je t’ai dit de ne pas venir ici parce que certains souvenirs… ne dorment jamais vraiment.
Le silence tomba, lourd, comme un secret entre eux deux
Et dans cette pièce oubliée, quelque chose changea. Une tension, un frisson. Comme si Alayna venait de croiser une ligne invisible. Une frontière dangereuse entre ce qu’elle croyait être… et ce qu’elle allait devenir.
La pluie n’avait pas cessé depuis trois jours. Le manoir semblait respirer avec elle, sombre et étouffant. Alayna ne dormait plus. Depuis sa visite dans l’aile interdite, elle sentait quelque chose rôder. Pas un fantôme. Pas une présence. Mais une part d’elle-même… qu’Adrien avait réveillée.
Elle se mit à dessiner frénétiquement. Des visages inconnus. Des ombres. Des chaînes. Et toujours ce regard. Celui du portrait. Celui d’Adrien. Comme s’ils la poursuivaient même hors de ses rêves.
Ce soir-là, Adrien l’attendait encore. Il lui tendit un carnet noir.
— Écris ce que tu ne peux pas dire, Alayna. Tu veux comprendre ce que tu es devenue ? Commence par ça.
Elle ouvrit le carnet. Des pages vierges. Mais sur la première, une phrase y était déjà inscrite, de son écriture à lui :
*"Chaque passion porte en elle sa propre malédiction."*
— Qu’est-ce que tu attends de moi ? demanda-t-elle.
— Que tu restes. Que tu t’abandonnes. À moi. À toi-même. Au vide.
Il s’approcha, la frôla. Pas de baiser. Juste une tension brûlante, insupportable.
— Tu as réveillé quelque chose, Alayna. En moi. Et je ne sais pas si c’est une promesse… ou une fin.
Elle ferma les yeux, tremblante.
— Alors enseigne-moi le feu, murmura-t-elle. Même si je m’y brûle.
Adrien la fixa un long moment, puis recula lentement.
— Dans ce manoir, le feu ne réchauffe pas… il consume.
Et tandis que la porte se refermait derrière lui, Alayna sut une chose : elle venait de signer un pacte. Un pacte silencieux… mais irréversible.
…Alayna recula d’un pas, les doigts toujours crispés sur le médaillon. La voix qu’elle avait entendue n’était pas seulement dans sa tête. Elle résonnait. Elle existait. Comme un souffle glacial qui frôlait sa nuque.
— Tu veux connaître la vérité ? Alors accepte de voir ce que les autres refusent, souffla la voix, grave, presque douce.
Elle tourna brusquement, mais la pièce était vide. Seule, la cheminée s’était rallumée sans qu’elle ne l’ait touchée. Le feu dansait avec violence, projetant sur les murs l’ombre d’une silhouette… celle d’Adrien.
Mais lorsqu’il entra vraiment, quelques secondes plus tard, vêtu d’un manteau détrempé, elle comprit que ce qu’elle avait vu… n’était pas lui.
— Tu es pâle, remarqua-t-il en s’approchant. Tu as vu quelque chose ?
Elle hocha la tête, incapable de parler.
Il s’agenouilla devant elle, lui prenant le médaillon.
— Ce n’est pas juste un bijou. C’est un rappel. Ce manoir… ce que tu es… Tout est lié. Tu veux partir ?
Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit.
— Parce que si tu restes, murmura-t-il, je te montrerai ce que signifie vraiment désirer quelqu’un. Et ce que cela coûte.
Ses mots la brûlaient plus que le feu. Et pourtant… elle hocha la tête.
Alors il l’embrassa.
Pas tendrement. Pas doucement. Un baiser cruel, affamé, presque douloureux… mais terriblement réel. Et c’est là qu’elle comprit : elle avait franchi un seuil dont on ne revient pas.
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