(Plan : Une ville grisâtre, morne, où le ciel semble toujours nuageux. Des corbeaux survolent des toits abandonnés.)*
*Voix off :*
« Il y a des villes qu’on ne visite pas…
Des villes qui vous observent. »
*– Intérieur d’une école délabrée*
*Professeur (ton neutre) :*
— Aujourd’hui, nous accueillons un nouvel élève. Yochi Yuzaki.
*Élèves (en chuchotant) :*
— Encore un…
— Il tiendra pas deux semaines.
*Yochi (voix intérieure) :*
— Pourquoi je ressens comme une pression sur mes tempes... comme si quelqu’un me chuchotait dans l’oreille ?
*– Yochi s’installe au fond de la classe*
*Voix mystérieuse (écrite en noir sur blanc dans les bulles, tremblante) :*
— Tu vois… tu entends…
*Yochi (chuchote) :*
— Qui est là ?
*Camille (élève à côté de lui, regard vide) :*
— Tu les entends toi aussi ?
*– Fin de journée, ciel chargé*
*Camille :*
— Ne suis jamais les spirales sur les murs. Si tu les regardes trop longtemps…
— …tu entends leurs voix.
*Yochi :*
— C’est quoi cette ville au juste ?
*Camille (sourit tristement) :*
— Une bouche qui parle sans jamais se taire.
– Dans la ruelle, Yochi voit une spirale gravée au mur. Il s’en approche malgré lui. La spirale pulse.*
*Voix de la spirale :*
— Bienvenue à Toirada. Là où les pensées pourrissent lentement.
*Yochi (yeux écarquillés) :*
— …Qu’est-ce que c’est que ça ?
*– Nuit, chambre de Yochi. Silence pesant. Une spirale fine trace lentement sa forme sur le mur à côté de son lit.*
*Voix de la spirale :*
— Réveille-toi…
— Regarde-moi…
*Yochi (sursautant, haletant) :*
— Ce… ce n’est qu’un rêve. Juste un cauchemar.
*Voix intérieure de Yochi :*
— Mais je dors à peine depuis que je suis ici.
*– À l’école, couloir vide. Camille l’attend près des casiers.*
*Camille (regard sérieux) :*
— Tu les as vues, pas vrai ? Les spirales ?
— Elles ne s’arrêtent jamais.
*Yochi :*
— J’en ai vu une bouger cette nuit. Elle… parlait.
*Camille (hochant la tête) :*
— Elles t’ont choisi. Maintenant, tu dois comprendre ce qu’est Toirada.
*Yochi :*
— Cette ville est vivante ?
*Camille :*
— Elle est malade. Et nous sommes ses symptômes.
* – En classe, tous les élèves sont figés, les yeux ouverts, fixant le tableau noir. Personne ne cligne des yeux.*
*Yochi (à voix basse) :*
— Pourquoi ils… ?
*Professeur (grattant le tableau en spirale) :*
— Regardez. Apprenez. La forme pure.
— La spirale est la vérité. La fin… et le début.
*Camille (tirant Yochi) :*
— Ne reste pas ici !
– Ils courent dans les couloirs déformés. Les murs respirent lentement, comme s’ils étaient vivants.*
*Yochi :*
— C’est quoi cet endroit ?!
— On est encore dans l’école ?!
*Camille :*
— Toirada se plie à sa volonté.
— Et plus tu écoutes ses murmures, plus elle t’engloutit.
*– Ils ouvrent une porte : un ancien amphithéâtre, rempli de dessins de spirales, de visages effacés, et de cris figés sur les murs.*
*Voix lointaine :*
— Yochi…
— Tu comprends maintenant… Tu es l’un des nôtres.
*Yochi (tremblant) :*
— Non… Je veux partir d’ici.
*Camille (regard fixe) :*
— Il est déjà trop tard pour vouloir partir.
— La spirale t’a vu. Elle ne te lâchera plus.
*– Extérieur, crépuscule. Yochi et Camille marchent dans une ruelle étroite où les murs sont recouverts de graffitis en spirale, certains frais, d’autres à moitié effacés.*
*Yochi (regardant autour, nerveux) :*
— Camille, pourquoi Toirada a-t-elle ce pouvoir ? Pourquoi elle… change tout autour ?
*Camille (froidement) :*
— Toirada n’est pas une ville ordinaire. C’est une entité. Une conscience ancienne qui s’est éveillée ici il y a des siècles.
*Yochi (fronçant les sourcils) :*
— Une conscience ? Tu veux dire que la ville… vit ?
*Camille :*
— Oui. Elle ressent, elle décide, elle corrompt. Ceux qui restent trop longtemps… finissent par ne plus distinguer le réel du cauchemar.
*– Ils s’arrêtent devant un vieux bâtiment abandonné, portes ouvertes, à moitié défoncées.*
*Camille (chuchotant) :*
— Ici. C’est là que ça a commencé. Le cœur des spirales.
*Yochi (hésitant) :*
— Tu veux qu’on entre ?
*Camille (sourire triste) :*
— Il faut comprendre Toirada pour la combattre… ou être dévoré.
*– Intérieur du bâtiment, pénombre, murs recouverts de vieux journaux et photos jaunies. Une vieille radio crachote une mélodie déformée.*
*Yochi (prenant une photo) :*
— C’est qui, eux ?
*Camille :*
— Les anciens habitants. Ils ont disparu sans laisser de traces. Tous touchés par la spirale.
*Yochi (murmure) :*
— Et toi, Camille ? Pourquoi tu n’es pas encore prise ?
*Camille (regard distant) :*
— Parce que je lutte. Chaque jour. Je connais leurs secrets. Mais je sens que mon temps est compté.
*– Bruit soudain. Une silhouette apparaît dans l’ombre, grande et déformée, avec des yeux brillant d’une lumière froide.*
*Silhouette (voix écho, rauque) :*
— Vous ne pouvez pas fuir la spirale… elle est en vous.
*Yochi (prenant la main de Camille) :*
— Qui es-tu ? Que veux-tu ?
*Camille (ferme) :*
— Laisse-les partir. Ils ne sont pas prêts.
*Silhouette (rire sinistre) :*
— Il n’y a pas de départ. Seulement la descente.
– La silhouette se fond dans l’obscurité. Le bâtiment semble vibrer, la spirale sur les murs grossit, envahit l’espace.*
*Yochi (paniqué) :*
— Camille, on doit sortir d’ici, maintenant !
*Camille (tirant Yochi) :*
— Pas encore. Je dois savoir ce que cette entité veut.
*Yochi (résolu) :*
— Moi je veux juste survivre.
*– Sortis du bâtiment, ils sont essoufflés. La nuit est tombée. La ville semble plus silencieuse, mais l’air est lourd.*
*Yochi :*
— Je sens que cette spirale n’est pas juste une marque sur les murs. Elle est en nous.
*Camille :*
— Chaque pensée, chaque peur, chaque souvenir… Toirada les tisse pour nous emprisonner.
*Yochi (regardant ses mains) :*
— Et si on se perd dedans ?
*Camille (fixe) :*
— Alors, on ne sera plus jamais libre.
*– Nuit profonde, Yochi et Camille marchent lentement dans une rue déserte. La lumière des réverbères vacille, projetant des ombres mouvantes.*
*Yochi (le regard inquiet) :*
— Camille, pourquoi tu restes ? Tu pourrais partir loin de Toirada, oublier tout ça.
*Camille (d’un ton calme mais amer) :*
— Fuir ne sert à rien. La spirale ne disparaît pas si on l’ignore. Elle s’enfonce dans nos veines, dans nos pensées. Je dois comprendre pour la briser.
*Yochi :*
— Et comment tu comptes faire ça ? En explorant ces bâtiments hantés ? En parlant à cette… entité ?
*Camille (soupir) :*
— Oui. Mais pas seulement. Je dois aussi affronter ce qui est en moi.
* – Yochi s’arrête, regarde Camille, cherchant ses mots.*
*Yochi :*
— Qu’est-ce qu’il y a en toi, Camille ?
*Camille (baissant la tête) :*
— Des cicatrices. Pas seulement sur ma peau, mais dans mon âme. Cette spirale est née d’une douleur ancienne, d’une trahison. Je ne veux pas que tu voies ça.
*Yochi (d’une voix douce) :*
— Je veux comprendre. Je ne te jugerai pas.
*– Un silence pesant. Puis Camille, après un long moment, commence à parler.*
*Camille :*
— Quand j’étais enfant, j’ai perdu quelqu’un de très important. Ma sœur. Elle a disparu ici, à Toirada. Avant ça, elle était brillante, pleine de vie… puis la spirale l’a avalée.
*Yochi (fronçant les sourcils) :*
— Avalée ? Comment ça ?
*Camille (la voix tremblante) :*
— Elle a changé. Son regard, ses gestes, tout était… distordu. Elle parlait de voix, de spirales partout. Puis un jour, elle est partie sans un mot.
*– Yochi serre les poings, cherchant à cacher son émotion.*
*Yochi :*
— Ça doit être dur…
*Camille :*
— Oui. Depuis, je suis restée ici, à chercher des réponses. Cette ville est un piège. Ceux qui y vivent sont déjà marqués, même s’ils ne le savent pas.
*Yochi (d’un ton décidé) :*
— Alors on doit trouver comment arrêter ça. Ensemble.
*– Un bruit sourd les interrompt. Ils se retournent et voient une jeune fille, pâle, yeux vides, qui les fixe intensément.*
*Jeune fille (d’une voix monotone) :*
— Vous cherchez la vérité ? Vous ne savez pas dans quoi vous vous embarquez.
*Camille (sur la défensive) :*
— Qui es-tu ?
*Jeune fille (léger sourire) :*
— Juste une autre âme perdue…
*– La jeune fille s’avance lentement, un éclat inquiétant dans ses yeux.*
*Yochi (prenant un pas en arrière) :*
— Pourquoi restes-tu ici ? Pourquoi ne pars-tu pas ?
*Jeune fille :*
— Parce que partir, c’est mourir. La spirale nous lie. Elle est notre seule réalité.
*Camille (murmure) :*
— Elle est devenue une prison mentale.
* – Yochi se tourne vers Camille, inquiet.*
*Yochi :*
— Comment peut-on se libérer d’une prison mentale ?
*Camille (regard fixe) :*
— En affrontant nos peurs, en refusant d’abandonner ce qui fait de nous des humains.
*Jeune fille (interrompant) :*
— Vous avez du courage… ou de la folie.
– Soudain, la jeune fille tend la main, une spirale noire s’échappe de sa paume, envahissant le sol autour d’eux.*
*Yochi (sursautant) :*
— Qu’est-ce que c’est ?!
*Camille (fermement) :*
— La spirale. Elle grandit. Nous devons bouger, maintenant !
*– Ils courent à travers les ruelles, la spirale les suivant, s’insinuant partout, comme une ombre vivante.*
*Yochi (haletant) :*
— C’est comme si la ville elle-même voulait nous engloutir.
*Camille (tenant fermement Yochi) :*
— Parce que c’est le cas.
*– Ils atteignent un ancien pont, sous lequel coule une eau noire et tourbillonnante.*
*Camille (regardant l’eau) :*
— C’est ici que je dois plonger. C’est le cœur de la spirale.
*Yochi (hésitant) :*
— Attends ! Tu ne peux pas y aller seule.
*Camille (sourire triste) :*
— C’est mon combat, Yochi. Mais toi, tu as aussi un rôle. Ne l’oublie jamais.
---
*– Nuit noire. Camille se tient au bord du pont, regardant l’eau noire et tourbillonnante sous ses pieds. Yochi est juste derrière, l’air tendu.*
*Yochi (voix basse) :*
— Camille, tu n’es pas obligée de faire ça seule. Je suis là, tu sais.
*Camille (sans se retourner) :*
— Ce n’est pas une question de présence physique, Yochi. C’est une bataille intérieure. La spirale a pris racine en moi.
*Yochi (serrant les poings) :*
— Alors laisse-moi te soutenir. Je ne te laisserai pas sombrer.
*– Camille ferme les yeux un instant, inspire profondément, puis se tourne vers lui.*
*Camille (soupir) :*
— Tu as ce courage que je n’ai plus parfois. Mais cette spirale… c’est plus qu’une peur. C’est une mémoire, un poids.
*Yochi (fronçant les sourcils) :*
— Raconte-moi. Je veux comprendre.
*– Ils s’asseyent sur le bord du pont. Camille commence à parler, sa voix tremblante.*
*Camille :*
— La spirale, c’est comme un virus mental. Elle se nourrit des blessures, des regrets, des peurs enfouies. Ma sœur, avant de disparaître, a été la première victime. Elle a essayé de lutter, mais elle a fini par être engloutie.
*Yochi (regardant l’eau sombre) :*
— Et toi ? Tu ressens cette spirale en toi ?
*Camille (hochant la tête) :*
— Oui. Chaque jour, elle essaie de me tirer vers le fond.
*– Un silence s’installe, seulement brisé par le bruit lointain du vent.*
*Yochi (d’un ton déterminé) :*
— Alors on va l’affronter. Ensemble. On va trouver un moyen de détruire cette spirale.
*Camille (un faible sourire) :*
— Ensemble, oui. Mais il faudra du temps, et beaucoup de force.
*– Soudain, un craquement se fait entendre. Une silhouette apparaît dans l’ombre : la jeune fille pâle.*
*Jeune fille (calme, presque menaçante) :*
— Vous pensez pouvoir vous débarrasser de la spirale ? Vous ne savez pas à quel point elle est puissante.
*Yochi (se levant, sur ses gardes) :*
— Et toi, qui es-tu vraiment ?
*Jeune fille (sourire énigmatique) :*
— Je suis ce que la spirale a laissé derrière elle. Une ombre, un avertissement.
*– Camille se lève aussi, la tension monte.*
*Camille :*
— Alors dis-nous, comment peut-on la combattre ?
*Jeune fille (les yeux brillants) :*
— En affrontant vos propres démons. La spirale n’est pas qu’un phénomène extérieur. C’est une manifestation de vos peurs intérieures.
*– Yochi croise les bras, pensif.*
*Yochi :*
— Alors il faut être fort mentalement. Mais si on cède, on est perdus.
*Jeune fille :*
— Exactement. Et beaucoup échouent.
*– Un bruit sourd retentit à nouveau. La spirale noire commence à s’élever autour d’eux, tourbillonnante, menaçante.*
*Camille (avec force) :*
— Nous ne céderons pas. Pas cette fois.
*Yochi (regardant Camille) :*
— Ensemble.
*– La spirale s’intensifie, l’air devient lourd, presque étouffant.*
*Jeune fille (criant presque) :*
— Vous ne savez pas ce que vous déclenchez !
* – Camille ferme les yeux, se concentrant, cherchant une lumière intérieure.*
*Camille (murmure) :*
— Je refuse de te laisser me contrôler.
*– Yochi pose une main ferme sur son épaule.*
*Yochi :*
— Je suis là, ne lâche pas.
*– La spirale vacille, comme frappée par une force invisible. Un éclat de lumière blanche jaillit de Camille, traversant l’ombre.*
*– La jeune fille pâle recule, surprise.*
*Jeune fille :*
— Impossible…
*– La spirale commence à se dissiper, lentement, mais sûrement.*
*Camille (épuisée mais souriante) :*
— C’est notre victoire… pour l’instant.
*– Yochi et Camille se regardent, la complicité renforcée.*
*Yochi :*
— Ce n’est que le début. Mais je sais qu’on y arrivera.
*Camille :*
— Ensemble, oui.
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