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Prince Jinshi Et La Princesse Du Clan Des LA

chapitre 1: L' odeur du jasmin

Le soir tombait sur le palais intérieur. Les lanternes diffusaient leur lueur orangée dans les allées de pierres blanches, tandis que la brise caressait les rideaux de soie des pavillons. Dans l’une des pièces de l’aile ouest, une odeur d’herbes chauffées au mortier s’échappait discrètement d’une petite fenêtre entrouverte.

Assise à genoux devant une table basse, Maomao écrasait lentement des pétales de camélia dans une pâte beige destinée à soigner des brûlures. Sa blouse était tachée de poudre médicinale, ses cheveux retenus par une épingle de bambou. Rien en elle ne trahissait le moindre intérêt pour l’agitation du palais.

Sauf peut-être une légère tension dans ses doigts.

Le bruit régulier des pas saccadés sur les dalles attira son attention. Elle ne leva même pas les yeux.

— Encore un problème de concubine ?, lança-t-elle d’un ton égal.

— Non, répondit une voix qu’elle reconnaîtrait entre mille. Juste un mal étrange qui me tire vers toi tous les soirs.

Elle se figea. Puis soupira profondément, comme si on venait de lui annoncer une pluie soudaine pendant la saison sèche.

— Tu devrais prendre du gingembre. Ou t’allonger. Ce genre de mal frappe souvent les idiots.

Jinshi, resplendissant comme toujours dans sa robe couleur perle et indigo, s’approcha avec un petit sourire.

— Aucun remède ne suffit, Maomao. J’ai peur que tu sois la cause de mon mal… et aussi le seul antidote.

— Tu es incorrigible.

— Tu le dis comme si c’était une tare…

Elle se redressa légèrement pour verser l’élixir dans un petit pot de porcelaine. Jinshi observa chacun de ses gestes avec cette intensité qu’elle détestait. Ou qu’elle prétendait détester.

Il la fascinait, elle ne pouvait le nier. Cet homme si raffiné, dissimulé sous le masque de l’eunuque, qui se comportait avec elle comme avec aucune autre.

Et pourtant, elle résistait.

— Ce baume est pour la Dame Kyoumei, annonça-t-elle sans émotion. Elle s’est brûlée en versant l’huile à encens. Encore.

— Tu pourrais la laisser souffrir un peu. Peut-être apprendrait-elle enfin à ne pas jouer avec le feu.

— Je ne suis pas là pour éduquer les nobles.

Elle referma le pot, mais son doigt effleura celui de Jinshi.

Un frisson, subtil. Trop bref pour être reconnu, trop long pour être ignoré.

Elle recula, feignant l’indifférence, mais ses joues s’étaient légèrement teintées.

— Tu devrais partir. Il est tard.

— Et si je disais que je n’avais nulle part où aller ce soir ?

Elle s’arrêta, les mains encore pleines de baume. Il était si proche. Trop proche.

— Tu as tout un palais pour toi, Jinshi. Va séduire une concubine. Laisse-moi tranquille.

Il ne répondit pas tout de suite. Puis, d’une voix douce :

— Tu ne comprends vraiment pas ? Je ne veux séduire que toi.

Elle se figea. Le silence pesa.

Il ne fit rien. Ne tenta pas de l’embrasser. Ne la toucha même pas. Il la regarda simplement, comme s’il attendait qu’elle entende enfin ce qu’il n’avait jamais osé dire à personne.

Puis, il tourna les talons.

Avant de franchir le seuil, il s’arrêta :

— Je reviendrai demain. Pas parce que j’ai besoin de toi. Parce que je te veux. Pas pour ton esprit, pas pour tes potions… mais pour toi, Maomao.

Et il s’en alla, laissant derrière lui une pièce remplie de silence… et de jasmin.

Le parfum de la pluie

Le ciel était chargé ce jour-là. Lourd, humide, pressé de pleurer. Dans les couloirs du palais, les pas s’accéléraient, les servantes couraient, les gardes se postaient sous les auvents. L’orage menaçait.

Maomao détestait les réceptions.

Elle détestait encore plus devoir y assister vêtue d’un kimono en soie verte, imposé par les couturiers de Jinshi.

— Ridicule. Je ressemble à une feuille de lotus prête à faner, grogna-t-elle en tirant nerveusement sur la ceinture.

— Tu es magnifique, déclara Jinshi, les yeux brillants. Et je ne laisserai personne d’autre te le dire.

Il portait une tenue formelle, brodée d’or et de fil noir. Chaque geste était mesuré. Mais Maomao, avec sa perception acérée, sentait la tension sous son apparente maîtrise. Il n’était pas seulement élégant. Il était nerveux.

Elle, en revanche, se comportait comme une chatte ramenée de force dans un salon de porcelaine.

— Tu aurais pu m’envoyer seule. Je n’ai pas besoin de toi pour examiner un empoisonnement suspect, lança-t-elle.

— Et manquer l’occasion de voir toutes les dames jalouses de la femme qui m’accompagne ? Ce serait impardonnable.

— Arrête de me suivre comme un enfant accroché au tablier de sa nourrice.

— Je préférerais dire : un homme gravitant autour de son étoile.

Elle lui jeta un regard noir, mais il souriait, content de sa tirade. Il était insupportable. Et charmant. Ce genre d’homme dangereux qu’elle s’était toujours promis d’éviter.

La réception battait son plein dans le pavillon des hôtes étrangers. Une concubine secondaire d’un seigneur de province s’était évanouie après avoir bu du thé. Jinshi et Maomao firent leur entrée ensemble, attirant tous les regards.

Mais ils ignoraient ceux des autres.

Maomao s’agenouilla près de la patiente, observa ses lèvres bleuies, sentit son pouls.

— Pas un poison mortel. Probablement un effet cumulatif de feuille de belladone prise à dose faible. Soit elle voulait se rendre malade… soit quelqu’un voulait l’éloigner en douceur.

— Et ton instinct ?, demanda Jinshi, accroupi derrière elle, une main posée négligemment sur sa taille.

Elle ne frissonna pas. Ou presque.

— Mon instinct me dit de m’éloigner de toi, répondit-elle du tac au tac.

Il rit doucement. Ce rire-là, elle le reconnaissait désormais. Un rire vrai. Pas celui qu’il servait au palais.

— Je t’envie, Maomao. Tu as cette liberté brutale que personne ne peut t’enlever.

Elle ne répondit pas. Mais elle nota le ton mélancolique dans sa voix.

Après l’affaire, ils quittèrent discrètement la réception. Le ciel éclata juste à ce moment-là. Une pluie fine et serrée, comme un rideau d’eau tombant sur les tuiles rouges du palais.

Ils coururent jusqu’à une galerie couverte. Maomao éclata de rire, pour la première fois en sa présence, alors que l’eau dégoulinait le long de son cou.

— Regarde-toi, lança-t-elle, en désignant sa tenue détrempée.

— Et toi, tu es resplendissante, même trempée.

Elle allait répliquer, mais il s’approcha. Tout près. Assez pour que le parfum de jasmin mêlé à la pluie l’enveloppe.

Il leva la main. Lentement. L’hésitation d’un homme qui n’a jamais touché ce qu’il aime. Puis il effleura sa joue humide.

— Pourquoi fais-tu semblant de ne rien voir ?

— Parce que je sais que ce genre de chose finit toujours par brûler…

— Alors brûle avec moi.

Elle le regarda, sidérée. Son cœur tambourinait contre sa poitrine. Mais elle n’avait pas encore baissé les armes.

Elle posa une main contre son torse, ferme, mais pas brutale.

— Pas maintenant.

Il la fixa. Puis hocha lentement la tête.

— Un jour, Maomao. Tu verras. Tu ne pourras plus me repousser.

Elle le regarda s’éloigner, le dos trempé, la nuque droite.

Et elle sut qu’il avait raison.

chapitre 3: La vérité sous les voiles

La lune brillait haut dans le ciel, pâle et ronde, presque irréelle. Le silence du palais était interrompu par le bruissement lointain des feuilles et le frottement discret des sandales sur les pavés.

Maomao venait tout juste de rentrer dans son laboratoire quand il entra, sans prévenir.

— Pas un mot, même pas un toquement ?, dit-elle sans se retourner.

Elle savait que c'était Jinshi. Aucun garde n’aurait osé. Aucun autre n’aurait su déjouer les tours de garde. Et surtout, aucun n’aurait senti aussi fortement le jasmin et le danger.

— Je ne suis pas ici comme fonctionnaire ce soir.

Elle s’arrêta au milieu du rangement des fioles.

— Oh ? Et que veux-tu, alors ?

Il s’avança lentement, s’arrêtant à quelques pas d’elle.

— Toi.

Le mot flotta dans l’air. Brutal. Nu. Incandescent.

Elle se retourna enfin, croisant son regard. Il n’avait jamais été aussi sérieux.

— Tu devrais faire attention. Ce genre de mot, dans la bouche d’un eunuque, sonne faux.

Il ne broncha pas.

— Tu sais depuis longtemps que je n’en suis pas un.

Silence.

Un silence si profond que le battement de leurs cœurs semblait hurler. Maomao ne répondit pas. Mais ses poings s’étaient légèrement contractés.

— Je sais tout, dit-elle enfin. Depuis le début. Ton parfum, ton maintien, ta manière de parler. Même tes réactions physiologiques face à certaines concubines. Je savais. Je ne voulais pas m’en mêler.

— Pourquoi ?

— Parce que ce n’est pas mon affaire.

Il s’approcha encore. Son ombre caressa la sienne.

— Et si je veux en faire ton affaire ?

Elle le regarda sans ciller. Mais en elle, une tension bouillonnait. Pas de la peur. Pas de la honte. De la confusion.

— Jinshi. Pourquoi me dire ça maintenant ?

Il hésita. Puis dit, d’une voix plus basse, plus nue :

— Parce que j’en ai assez de faire semblant. Pas seulement avec le palais. Avec toi aussi.

Elle resta figée.

Il poursuivit :

— Tu me regardes comme un poison que tu analyses. Tu te tiens à distance comme si j’allais te brûler. Mais Maomao, je ne veux pas t’utiliser. Je ne veux pas te dominer. Je veux juste…

Il s’interrompit. Son regard vacilla. Il cherchait les mots. Les vrais.

— Je veux que tu restes près de moi. Pas parce que tu es utile. Pas parce que tu es brillante. Parce que ta présence m’apaise. Parce que ton silence me parle plus que mille voix. Et parce que chaque fois que tu pars, je me sens seul.

Maomao sentit sa gorge se serrer. Jamais il ne lui avait parlé ainsi. Sans détours. Sans ruse.

Et elle, qu’avait-elle à répondre ?

Elle se détourna. Ce qu’elle allait dire ne devait pas être vu dans ses yeux.

— Je ne suis pas faite pour ce genre de chose. J’aime la science, l’odeur du vinaigre, les questions complexes. Pas les émotions.

— Et si je te disais que tu peux avoir les deux ?

Elle secoua la tête, lentement.

— L’amour, c’est de l’instabilité. Je préfère les poisons connus aux sentiments imprévisibles.

Il ne s’approcha pas davantage. Il ne la força pas.

— Alors je t’attendrai, dit-il. Mais sache-le, Maomao : je n’en porterai plus le masque.

Et sur ces mots, il se pencha légèrement, lentement, avec une retenue douloureuse. Il frôla son front du sien, tout en retenue. Puis recula.

Et partit.

Maomao resta seule dans la pièce.

Son cœur battait comme s’il avait reçu un coup de scalpel. Lentement, elle s’assit au sol. Elle porta la main à son front, là où il l’avait effleurée.

Et pour la première fois, elle eut peur. Pas de lui. D’elle-même.

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