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Une Couronne Deux Sœurs

Chapitre 1 – Les Lueurs du Destin

 Narrateur :

Thaïlande, Royaume d’Ayutthaya, année 1790. Le palais royal de Chiang Luang, dans son éclat doré, se prépare à un événement exceptionnel : l’annonce officielle de l’héritière au trône. Deux sœurs jumelles, Maliwan et Malee, filles du Roi Thaweewat, attendent avec impatience de connaître leur destin. Nées le même jour, d'une seule mère, semblables par le visage mais opposées par l’âme, leur avenir s’apprête à être scellé.

 Maliwan :

(soulevant le rideau de sa fenêtre)

Le soleil se lève si lentement aujourd’hui... Comme si lui aussi craignait ce que cette journée nous réserve.

 Malee :

(dans son miroir, ajustant son peigne de jade)

Peut-être parce que le soleil sait déjà ce que nous ignorons encore. Père choisira, et l’une de nous deviendra l’héritière... Et l’autre ? Elle deviendra une ombre.

 Maliwan :

Tu parles comme si tout allait changer, Malee. Nous sommes sœurs, rien ne brisera cela.

 Malee :

(rigolant doucement)

Tu es trop douce, Maliwan. Ce royaume ne sera pas gouverné par la douceur. Il faudra être forte… cruelle, s’il le faut.

 Narrateur : Pendant ce temps, dans la salle du conseil royal, le Roi Thaweewat réunit ses conseillers les plus proches. Parmi eux, Surachai, son frère loyal, Ekachai, le stratège silencieux, et Amnart, chef de la garde royale. Leur discussion est tendue.

 Roi Thaweewat :

Le peuple attend une reine. Je ne peux garder cette décision plus longtemps. Malee est ambitieuse, mais parfois impitoyable. Maliwan est aimée, mais fragile…

 Surachai :

La reine devra gagner les cœurs. Le royaume est fatigué des guerres. La douceur pourrait sauver Ayutthaya.

 Amnart :

La douceur n’arrêtera pas les sabres, Majesté. Les généraux des provinces murmurent déjà leur impatience. Il faut une main de fer.

 Ekachai :

Et si vous testiez leur courage ? Offrez-leur une épreuve. Celle qui triomphera méritera la couronne.

 Roi Thaweewat :

Une épreuve... Oui. Mais secrète. Je ne veux pas d’un combat public. Je veux voir leur âme.

 Narrateur :

Quelques heures plus tard, dans les jardins du palais, Maliwan retrouve son amie d’enfance, Anong, fille du guérisseur royal.

 Maliwan :

Anong, si père me choisit... aurais-je la force ? J’ai peur de devenir quelqu’un d’autre.

 Anong :

Tu n’as pas besoin de changer. Le royaume n’a pas besoin d’une reine parfaite, il a besoin de toi, telle que tu es.

 Maliwan :

Et Malee ? Je sens qu’elle est prête à tout… Elle me cache quelque chose.

 Narrateur :

Au même moment, dans les couloirs sombres du palais, Malee rencontre secrètement Kamol, fils du général en chef, un allié précieux… et dangereux.

 Malee :

Tu sais ce que je veux, Kamol. Si tu m’aides, je te le rendrai au centuple.

 Kamol :

Et si le roi choisit Maliwan malgré tout ?

 Malee :

Alors je prendrai ce qui me revient. Une couronne ne se reçoit pas. Elle se conquiert.

 Kamol :

(murmurant)

Je suis à toi, Malee. Dis-moi ce que tu veux, et je le ferai.

 Narrateur :

La nuit venue, le Roi convoque ses filles dans la salle du trône. Les flambeaux projettent une lumière dorée sur les murs de soie. L’ambiance est solennelle.

 Roi Thaweewat :

Mes filles. Vous êtes toutes deux dignes d’être reines. Mais avant de faire mon choix, je vous impose une épreuve.

 Maliwan :

Une épreuve, Père ?

 Roi Thaweewat :

Pendant sept jours, vous quitterez le palais. Vous irez dans le village de Ban Thongchai, sous une autre identité. Vous vivrez comme le peuple. À votre retour, je verrai laquelle de vous est prête à gouverner.

 Malee :

(les yeux brillants)

Et si l’une de nous échoue ?

 Roi Thaweewat :

Alors elle renoncera pour toujours.

 Narrateur : Le lendemain, les princesses partent en secret. Elles sont accompagnées de deux servantes fidèles, et prennent des noms simples : Maliwan devient "Waan", et Malee se fait appeler "Lita".

 Pathima :

(à Maliwan)

Je ne vous laisserai pas seule, Princesse. Même sans vos robes de soie, vous resterez lumière.

 Lawan :

(à Malee)

Souvenez-vous, ma Dame, dans ce village, la ruse vaut autant que l’épée.

 Narrateur :

Ban Thongchai est un village paisible, mais la rumeur court : une tempête se prépare. Dans l’ombre, des hommes comme Wichai et Suriya le Jeune – fils du roi, né hors mariage – observent. L’épreuve des princesses pourrait bien déclencher un conflit qu’aucun ne soupçonne.

Chapitre 2 – Le Sang et la Rizière

Narrateur :

Le village de Ban Thongchai, à trois jours de marche du palais, est un coin tranquille entouré de rizières. Les habitants y vivent simplement, sans savoir que deux futures reines vivent désormais parmi eux, dissimulées sous des noms de paysannes. Mais même sans couronne, une princesse reste une princesse… ou presque.

Maliwan (Waan) :

(grimace devant une marmite de riz)

Tu veux dire que je dois... touiller ça ? Mais il colle !

Pathima :

(riant)

C’est du riz, ma Dame. Il est censé coller. Touille fort, ou il va brûler.

Maliwan :

(fronçant le nez)

Je commence à comprendre pourquoi les cuisiniers nous évitaient les jours de pluie.

Narrateur :

À l’autre bout du village, Malee, désormais Lita, s’adapte avec une rapidité inquiétante. Déjà, elle observe, écoute, et pose des questions… peut-être un peu trop.

Malee (Lita) :

(d’un ton mielleux à un vieil homme)

Dites-moi, grand-père… Le chef du village a-t-il des ennemis ? Des rumeurs ? Des secrets ? Pure curiosité…

Lawan :

(en chuchotant)

Ma Dame ! On est là pour vivre parmi le peuple, pas pour faire une enquête.

Malee :

Et tu crois que vivre ici ne demande pas d’informations ? C’est un jeu d’échecs, Lawan. Et je compte gagner.

Narrateur :

Le soir tombe. Dans une maisonnette en bambou, Maliwan s’effondre sur un lit de nattes.

Maliwan :

(tirant sur sa jupe)

J’ai lavé des légumes, épluché des racines, porté de l’eau… et j’ai reçu une gifle d’un poulet. Je suis vaincue.

Pathima :

(riant aux larmes)

Le poulet t’a giflée ?

Maliwan :

(jurée solennellement)

Avec son aile. Droit sur la joue. Je te jure qu’il visait exprès.

Pathima :

(attendrissante)

Tu t’en sors bien, Princesse. Tu parles avec les enfants du village comme si tu avais grandi ici.

Maliwan :

C’est qu’ils ne veulent rien de moi. Ni pouvoir, ni faveur. Juste... quelqu’un qui écoute.

Narrateur :

Pendant ce temps, Malee ne perd pas une seconde. Elle a déjà charmé le chef du village, gagné une partie de dés, et... évité de se faire mordre par un buffle. De justesse.

Malee :

(essuyant sa robe)

Ce buffle m’a lancé un regard... je jure qu’il savait qui j’étais.

Lawan :

(peu impressionnée)

Je pense surtout qu’il savait que tu avais mis du parfum royal sur ta robe.

Malee : Je refuse de sentir le fumier. Même pour le trône.

Narrateur :

Le lendemain, un petit marché s’anime dans le village. Kamol, envoyé incognito par Malee, tente de garder un profil bas... ce qui est difficile quand on porte encore des bottes en cuir brodées.

Kamol :

(murmurant à Malee)

Je vous ai apporté le message du palais. Le roi a reçu un rapport d’un espion. Il paraît que Maliwan… rit avec des enfants.

Malee :

(les yeux plissés)

Elle pense que le royaume se dirige avec des comptines ? Attend qu’elle voit ce que j’ai préparé.

Lawan :

(attentive)

Tu prépares quelque chose ?

Malee :

(avec un sourire innocent)

Moi ? Jamais. Je suis une villageoise humble.

Narrateur :

Plus tard, au bord d’un champ, Maliwan tente de comprendre comment planter du riz. L’exercice tourne vite en spectacle.

Pathima :

(plongeant les pieds dans la boue)

Comme ça, regardez bien.

Maliwan :

(dégoûtée)

Je dois... y entrer ? Dedans ?

Enfant du village :

(rigolant)

Allez, Waan ! Même les canards le font !

Maliwan :

(avec noblesse)

Je suis peut-être moins évoluée qu’un canard.

Narrateur :

Après plusieurs glissades, une chute spectaculaire, et un cri digne d’un opéra, Maliwan réussit finalement à planter deux brins de riz... de travers.

Pathima :

(encourageante)

C’est un début. Et les enfants t’adorent.

Maliwan :

(essuyant la boue de son front)

Ils adorent surtout me voir tomber.

Narrateur :

De son côté, Malee a rassemblé quelques villageois pour « améliorer la gestion des récoltes ». Elle leur parle comme une générale.

Malee :

Les rizières sont mal irriguées. L’eau s’évapore trop vite. Si nous creusons un canal là et installons un barrage ici, vous aurez deux récoltes.

Villageois :

(étonné)

Mais... c’est notre manière depuis cent ans.

Malee :

Et c’est pour ça que vous êtes pauvres depuis cent ans. Innover ou périr.

Lawan :

(à voix basse)

Tu vas leur faire une révolution...

Narrateur :

Le soir du troisième jour, les deux sœurs, chacune dans leur coin du village, regardent les étoiles.

Maliwan :

(doucement)

Tu crois qu’on peut régner sans écraser ?

Pathima :

Oui. Mais il faudra marcher doucement, et regarder où tu poses les pieds.

Malee :

(d’un autre côté)

Le ciel est vaste. Il n’a pas de reine. Peut-être que moi aussi, je peux devenir quelque chose de plus... grandiose.

Lawan :

(ironique)

Tu veux devenir... le ciel ?

Malee :

Si le trône ne me suffit pas, peut-être.

Narrateur : Mais les étoiles n’étaient pas les seules à observer cette nuit-là. Dans l’ombre, Amnart , le chef de la garde, arrive secrètement au village. Le roi a ordonné une surveillance discrète.

Amnart :

(à ses hommes)

Observez. Mais n’intervenez pas. Sauf si l’une d’elles est en danger.

Soldat :

Et si elles se battent entre elles ?

Amnart :

Alors... prenez des notes.

Chapitre 3 – Les Jeux de Pouvoir

Narrateur :

Le soleil se lève sur Ban Thongchai, et avec lui, une nouvelle vague de soupçons et de rivalités. Les sœurs jumelles, Maliwan et Malee, s’adaptent chacune à leur façon à leur vie parmi le peuple. Mais sous les sourires et les robes simples, la tension monte : le trône est toujours au cœur de toutes les pensées, même dissimulé derrière les rideaux de chaume.

Kamol :

(entrant discrètement dans la maisonnette de Malee)

Ma Dame… des rumeurs circulent. On parle de rébellions dans les provinces du nord. Le prince Suriyawong aurait quitté Chiang Mai sans prévenir la cour.

Malee :

(froidement)

Chiang Mai se croit toujours au-dessus. Mais ce n’est pas une révolte… pas encore. C’est une ouverture.

Lawan :

Tu penses vraiment que ton moment est venu ?

Malee :

Pas encore. Mais je sens la faille dans l’armure de Maliwan. Le peuple l’aime… trop simplement. Moi, je les gouvernerai, pas les amuser.

Narrateur :

De l’autre côté du village, Maliwan, en compagnie de Pathima, apprend à tresser des paniers avec des enfants. Une activité humble… et une stratégie efficace.

Maliwan :

(rigolant avec les enfants)

Vous êtes de vrais artistes ! Ce panier est plus solide que celui que j’ai fait hier.

Pathima :

Tu gagnes leur cœur, sans forcer. Tu ne t’en rends même pas compte, n’est-ce pas ?

Maliwan :

Je n’essaie pas de gagner quoi que ce soit. Pas ici. Pas eux. J’ai juste… besoin d’air. Et eux me laissent respirer.

Narrateur :

Mais l’air se charge d’électricité. Ce soir-là, un dîner improvisé réunit les deux sœurs, leurs compagnons, et quelques notables du village. L’ambiance se veut paisible. Elle ne le restera pas longtemps.

Surachai :

(levant sa coupe)

Aux récoltes à venir. Que les esprits de la rizière nous soient favorables.

Malee :

Ou que notre organisation le soit. Si nous construisons le canal que j’ai proposé, vous aurez deux fois plus de riz d’ici deux ans.

Maliwan :

(avec douceur)

Mais les esprits ne mangent pas de plans. Ils mangent de la paix.

Ekachai :

Et la paix ne vient pas sans force. Si vous voulez changer le royaume, vous devez imposer une volonté claire.

Kamol :

Et s’il y a deux volontés ? Deux reines ? Deux visions du pouvoir ?

Malee :

Alors il faut trancher. Une seule couronne. Une seule dirigeante.

Lawan :

Vous parlez comme s’il s’agissait d’un duel…

Maliwan :

(peu convaincue)

Nous n’avons pas à nous battre. Le roi décidera.

Malee :

Le roi vieillit. Et les vautours tournent déjà autour de la capitale. Si nous attendons trop, ce ne sera pas lui qui choisira… mais la guerre.

Narrateur :

Le silence tombe. Puis une voix inattendue le brise.

Anong :

(avec calme)

Les vautours tournent toujours. La question est : est-ce que l’une de vous deux sera le serpent, ou le feu qui les chassera ?

Pathima :

Je préfère mille fois un serpent… qu’une guerre.

Maliwan :

(baissant les yeux)

Et moi, je préfère protéger le royaume… quitte à renoncer au trône.

Malee :

(bas, amer)

Toujours à jouer la sage, la douce, la pacifique. Mais sais-tu seulement ce que coûte la paix ?

Narrateur :

Les jours suivants, la tension monte. Malee convoque discrètement quelques anciens du village pour discuter d’une réforme des terres. En parallèle, Maliwan organise une cérémonie pour bénir les champs. Deux stratégies. Deux mondes.

Wichai :

(à Malee)

Certains sont réticents. Ils disent que vous êtes trop pressée.

Malee :

Alors je les dépasserai. Avec ou sans leur bénédiction.

Kamol :

Et si Maliwan devenait reine ?

Malee :

Alors je partirai. Mais pas seule. Et pas sans laisser ma trace.

Narrateur :

Ce même soir, dans l’ombre d’un vieux banian, Amnart, capitaine royal déguisé, observe. Le roi l’a chargé d’un ordre simple : choisir.

Amnart :

(à voix basse)

Maliwan gouvernerait avec le cœur. Malee avec la tête. Et moi… je dois trancher avec l’épée.

Narrateur :

Mais les cœurs sont imprévisibles. Une nuit, Maliwan découvre un mot glissé sous sa natte.

Maliwan :

(lisant à voix basse)

« Demain. À l’ancien sanctuaire. Venez seule. » Aucune signature.

Pathima :

C’est un piège !

Maliwan :

Ou une chance. De comprendre. De décider.

Narrateur :

Le lendemain, au lever du jour, elle s’y rend. L’ancien sanctuaire est silencieux, en ruine… sauf pour une silhouette debout dans l’encensoir effondré : Malee.

Malee :

(la fixant)

Tu es venue.

Maliwan :

J’aurais dû savoir que c’était toi.

Malee :

Tu aurais pu envoyer des gardes. Tu es venue seule. Pourquoi ?

Maliwan :

Parce que malgré tout… tu restes ma sœur.

Malee :

Et pourtant, je suis ton ennemie.

Maliwan :

Non. Tu es celle que je comprends le moins… et que je crains le plus. Parce que tu feras ce que moi, je ne peux pas.

Malee :

Et c’est pour ça que je régnerai. Parce que le royaume a besoin de mains fermes, pas de mains qui tremblent.

Maliwan :

Alors… si tu prends la couronne, tu me feras quoi ? M’exiler ? M’exécuter ? Ou simplement m’oublier ?

Malee :

(baissant la tête)

Je ne sais pas encore.

Narrateur :

Le silence retombe. Puis un rire léger perce les ruines… un rire amer, triste, presque doux.

Maliwan :

Alors faisons une promesse. Peu importe laquelle de nous montera sur le trône… l’autre vivra. Et sera libre.

Malee :

(la regardant droit dans les yeux)

Je te le promets. Mais je ne promets pas de ne pas gagner.

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