Il était allongé sur son lit, son carnet noir posé à côté de lui, ouvert à une page vide. Les mots ne venaient pas. Il entendait juste des bruit. À travers la porte fermée de sa chambre, il entendait sa mère parler fort, encore. Pas une vraie dispute cette fois, juste un monologue plein de reproches, de sarcasmes, comme un vieux disque rayé qu’il connaissait par cœur.

— Tu ne fais jamais rien pour cette maison… Tu crois que juste bosser, ça suffit ? Tu n'est jamais là! Je fais Tout dans cette maison!!

La voix de son père était plus discrète, presque inaudible. Il ne répondait pas vraiment. Peut-être qu’il hochait la tête, peut-être qu’il serrait les poings. Maxime ne le savait pas. Mais il savait ce que son père faisait : les heures supplémentaires, les repas préparés, les lessives oubliées par tout le monde sauf lui, s'occupait des animaux, fesait les rénovations et surtout prenait du temps pour le passé avec ces enfants. Il faisait tout, sans jamais se plaindre. Et pourtant, aux yeux de sa mère, ça ne comptait pas.

Alors que elle, rien a part fumée de la weed et être sur son téléphone à insulter toutes personnes qui n'a pas la même opinion qu'elle sur Facebook...

Maxime soupira et fixa le plafond. Dans son monde, les gens comme son père devraient être des héros. Mais ici, on ne les applaudissait pas — on les accusait, on les faisait taire. Et lui, Maxime, tentait juste de ne pas se laisser avaler par ce quotidien bancal.

Il éteignit la lumière sans bruit, se glissant sous ses draps comme on entre dans une autre dimension. Il n’y avait plus de cris, juste le silence lourd d’un soir banal. Il ferma les yeux et laissa son esprit dériver. Dans sa tête, un empire s'effondrait sous les bombes. Des familles étaient déchirées, des enfants vivaient dans des caves, seuls, sans lumière. Meurtres, Viol, violence physique et psychologique et bien pire. Il voyait tout, créait tout, et n’y mettait jamais son propre nom.

Les héros de ses histoires n’étaient jamais des héros. Juste des silhouettes qui traversaient des enfers, inventés avec précision dans sa tête. Il leur offrait des vies mille fois plus dures que la sienne. Parce que quelque part, ça l’aidait. Se dire : Moi, j’ai une chambre, un lit, un père qui m’aime. Et ça suffisait pour ne pas pleurer, car il y en a des pires...

Il ne se voulait pas personnage. Il était le dieu invisible de mondes désespérés. Et dans cette douleur fictive, il trouvait un miroir. Un miroir qui disait : Tu souffres, oui. Mais tu peux encore rêver. Et c’est déjà beaucoup.

Chaque nuit, Maxime bâtissait ses horribles mondes avec précision. Des personnages, des règles, des paysages qu’il revisitait sans jamais écrire un seul mot. C’était son refuge, son œuvre secrète. Personne ne savait à quel point il était fort et cruel là-dedans.

Il ne s’endormait pas. Il s’échappait.