*« Nul ne naît roi. Certains naissent dans la lumière. D’autres, dans le feu. »* Le ciel était en flamme ce soir-là.
Le village d’Aerun s'embrasait sous le souffle des hybrides. Des mi-humains/dragons avaient surgit des montagnes, portés par leur colère, et brûlaient tout sur leur passage : maisons, champs, visages. Parmi les hurlements, un petit garçon courait, trébuchait, appelait sa mère dans les cendres. Alexandre n’avait que **six ans**. Il vit son père tenté d’affronter un dragon à mains nues. Il vit sa mère étouffée dans la fumée, ses deux frères fauchés par une onde magique… et puis plus rien. Silence. Des ruines. Un regard figé. --- ## Le berceau de la vengeance Recueilli par une sorcière errante — **Nélira**, vieille et solitaire — Alexandre grandit loin des hommes, bercé non par l’amour, mais par les légendes de guerre. Chaque nuit, elle lui contait les crimes des hybrides, les prophéties maudites, les pouvoirs trop anciens pour être compris. Et lorsqu’il eut **18 ans**, elle lui donna **un médaillon**, relique d’un autre âge. — *« Quand l’un d’eux s’approche, ton sang le saura. Ta main parlera. »* Et en effet, **quand un mi-dragon est proche**, **une marque brûlante apparaît sur sa paume** : une dragonne enroulée autour d’une épée. Peu après, Nélira rendit l’âme… et Alexandre prit la route du royaume. --- ## Le château du roi noir Dix ans passèrent. Alexandre devint empereur. Il bâtit son trône sur **les ruines du palais de Glaerion**, ancien foyer des rois. Son château, sombre et majestueux, s’élève aujourd’hui sur une falaise où l’océan hurle. Tour de guet en obsidienne, vitraux rouges, armures en marbre noir. Chaque mur semble fait pour surveiller, punir, contenir. Un colosse d’acier repose devant les portes : **le Dragon sans tête**, en hommage à son décret. > *« Que chaque hybride rencontré soit décapité avant son nom. »* --- ## Le murmure du sang Et puis… un jour, **le médaillon s’est embrasé à nouveau.** Il était dans la salle du trône, entouré de conseillers et de gardiens, quand la douleur frappa sa main. Le tatouage apparut, net, incandescent. — *« Un hybride est proche… »* souffla Caël, son ami. Alexandre se leva sans un mot. Il traça une ligne invisible dans l’air, et les Gardiens de l’Ombre se mirent en chasse. --- ## La dernière dragonne Ils fouillèrent les ruines, les souterrains, les passages oubliés. Et c’est là, dans **un sous-sol rongé par l’humidité**, qu’ils la trouvèrent. **Eléa Drakensys. 23 ans. Blessée. Tremblante.** Sa peau était pâle, ses veines argentées luisaient sous les torches, et ses yeux — l’un doré, l’autre violet — fixaient Alexandre avec une fierté brisée. Il l’observa longtemps. Son bras tremblait. Mais il ne dit rien. Juste une phrase. — *« Enfermez-la. Ne la tuez pas. Pas encore. »* --- ## Le regard du roi Depuis, Eléa vit dans l’ombre, ignorée mais surveillée. Pourquoi ne l’a-t-il pas tuée ? Elle l’ignore. Mais chaque nuit, **le tatouage du roi brûle**, comme s’il hésitait. Comme si, sous les ordres, sous les décrets… **quelque chose en lui voulait comprendre**. Une histoire les lie. Une prophétie oubliée. Mais elle ne fait que commencer.
L’air est humide, chargé d’un parfum de poussière et d’écailles oubliées. Ici, dans ce sous-sol où les murs sont trop étroits pour rêver, \*\*Eléa\*\* attend. Elle ne compte plus les jours, seulement les battements de son cœur… de moins en moins fréquents. Un bruit. Des pas. Elle se redresse, douloureusement. — \*« Si c’est pour me tuer, faites-le sans discours. »\* dit-elle, sa voix cassée. Mais la silhouette qui descend les marches ne porte pas d’armure. \*\*Pas un Gardien.\*\* C’est \*\*Caël Virelian\*\*, le conseiller du roi. Cape bleu nuit, regard voilé. — \*« Tuer n’est pas mon rôle, Eléa Drakensys. »\* Son ton est calme. Trop calme. Eléa serre les dents. — \*« Alors tu viens admirer la dernière créature abattre ? »\* Caël s’approche, pose une fiole d’eau à ses pieds. — \*« Je viens poser une question. Et peut-être trouver une réponse. »\* Elle le fixe. — \*« Pourquoi viens-tu seul ? Où est ton roi ? »\* Caël détourne les yeux. — \*« Il rêve de toi. Il ne comprend pas pourquoi. Ni pourquoi il t’a laissée vivre. Je crois qu’il a peur. »\* Un silence. Eléa rit doucement. — \*« Alexandre n’a peur de rien. Sauf de ce qu’il a en commun avec moi. »\* Caël s’accroupit, ses yeux au niveau des siens. — \*« Tu sais quelque chose, n’est-ce pas ? Sur la guerre. Sur… sa famille. »\* Eléa baisse le regard. — \*« Je sais ce que l'on cache à un roi pour qu’il devienne une arme. Je sais ce qu'on fait oublier à un enfant pour qu’il devienne un monstre. »\* La torche s’éteint brutalement. Noir. Mais Caël ne bouge pas. — \*« Un jour, il devra choisir entre tuer… ou comprendre. Et toi, Eléa ? Que feras-tu si ce choix te revient ? »\* Elle murmure, presque inaudible : — \*« Je n’ai pas le luxe du choix. Seulement le luxe de la mémoire. »\* --- \*Dans les couloirs du château, Alexandre serre son médaillon. Il brûle plus fort que jamais. Quelque chose change. Et cela commence… ici.\*
La torche s’était éteinte, mais le silence brûlait plus fort que le feu. Caël resta là, face à Eléa, sans dire un mot. Le regard du conseiller était lourd — pas de jugement, mais de quelque chose de plus rare : **la curiosité sincère**. — *« Tu parles comme si tu avais connu un autre temps… un autre Alexandre. »* Eléa croisa les bras, l’ombre de ses écailles brillait sous la lumière fantomatique. — *« Je ne le connais pas. Mais je sais ce que la haine construit quand on l’arrose chaque jour. »* Caël se releva lentement. — *« Il a été un enfant. Un orphelin. Recueilli dans la cendre. Je l’ai vu apprendre à survivre avant d’apprendre à régner. »* Elle chuchota : — *« Et moi, j’ai vu mon peuple disparaître. Mon sang se faire chasser comme une peste. Tu ne peux pas demander à une flamme de s’excuser de brûler. »* --- ### Au-dessus, dans la salle du trône **Alexandre** était seul. Son main tremblait, le **tatouage du médaillon** brillait encore. Il fixait la grande fresque du mur, là où était gravée la scène de la guerre qui avait détruit sa village. Ses yeux s'arrêtèrent sur une figure enfantine, agenouillée dans les flammes. — *« Pourquoi... elle ? »* murmura-t-il. Caël entra dans la pièce. — *« Elle ne t’a pas insulté. Elle ne t’a pas supplié. Mais elle t’a regardé comme personne ne l’a fait. »* Le roi ne détourna pas le regard. — *« Elle est dangereuse. Son sang est impur. Chaque pulsation est une menace. »* — *« Peut-être. Ou peut-être que ce sang… est plus proche du tien que tu le crois. »* Alexandre se tourna lentement. — *« Tu parles comme un homme qui doute. Est-ce que tu doutes de moi, Caël ? »* Le silence fut long. Puis Caël répondit : — *« Je doute du passé. Jamais de toi. Mais parfois… je crois que ton colère n’a pas toutes les réponses. »* Alexandre serra le médaillon. — *« Elle est la dernière. Elle détient ce que je n’ai jamais eu : un lien vivant avec ce qui m’a tout pris. Je veux comprendre. Avant de décider. »* --- ### Dans les souterrains Eléa, allongée sur la pierre froide, sentait encore la présence de Caël. Elle se murmura à elle-même : — *« Il m’a laissée vivre… non par pitié, ni par peur. Mais parce qu’il cherche quelque chose que seuls les morts peuvent lui refuser. »* Une goutte d’eau tombe du plafond. Le mur face à elle gronde. Une **chaleur ancienne** se réveille dans son torse. Et pour la première fois depuis des années… **une écaille scintille sur sa clavicule**, comme si son magie voulait revivre.
Chapitre 3
Dans l’obscurité du sous-sol, la torche ne s’était pas rallumée. Mais Eléa sentait quelque chose s’agiter en elle. Une pulsation… presque douloureuse.
Comme un cœur qui avait arrêté de battre trop longtemps — et qui maintenant se souvient.
Une chaleur monta le long de sa gorge.
Elle murmura :
— *« Non… pas maintenant… »*
Son épaule lui brûla, et une **écaille apparut**, scintillante, là où sa peau avait toujours été lisse.
---
### De retour dans la salle du trône
Alexandre fixait la flamme de son chandelier. Une lueur dorée dans ses yeux bleus glacés.
— *« Ce n’est qu’une créature. Pourquoi rêve-je d’elle ? »*
Caël l’écoutait sans répondre.
Mais dans sa manche, il serrait un parchemin ancien : une prophétie oubliée, que seuls les conseillers de sang mêlé pouvaient lire.
Il se pencha vers le roi.
— *« Je vais retourner la voir. Elle détient un fragment que nous avons perdu. »*
Alexandre acquiesça, sans vraiment l'entendre.
Son esprit était déjà ailleurs. **Dans un souvenir.**
---
### Le rêve du roi
Dans son sommeil, Alexandre revoit **un garçon aux yeux dorés**, brûlant un champ sans raison.
— *« Frère… »* murmure-t-il.
Mais le rêve se trouble.
Un cri. Des flammes. Une silhouette qui tend la main — mais qu’il repousse. Une dragonne. Une enfant.
Et toujours ce tatouage qui brûle sa paume.
---
### Dans le sous-sol – Une visite nocturne
Eléa sursaute.
Caël est revenu. Il s’approche doucement, sans torche cette fois. Juste une lanterne enchantée aux reflets bleus.
— *« Ton pouvoir se réveille. Tu ne peux plus le cacher. »*
Elle serre les poings.
— *« Tu devrais avoir peur. Je ne sais pas le contrôler. »*
Caël s’accroupit devant elle.
— *« Moi non plus. Mais je crois… que c’est ton douleur qui le nourrit. Pas ta rage. »*
Un silence, fragile.
— *« Tu veux que je t’aide à le comprendre ? »*
Elle hésite. Elle n’a jamais fait confiance. Mais il est là. Et il n’a pas peur.
— *« Je ne veux pas comprendre. Je veux survivre. »*
— *« Alors commence par accepter… que tu as survécu. Et que le roi ne t’a pas tuée. »*
Un frisson traverse ses écailles.
L’histoire les lie.
Et ce n’est que le début.
Un grondement sourd résonna dans les profondeurs du mur derrière Eléa.
Une voix ancienne, presque inaudible, murmura en langue draconique…
Et sur sa clavicule, l’écaille fraîche se mit à pulser comme un cœur prêt à parler.
Au-dessus, dans la salle du trône, le vent siffla contre les vitraux rouges.
Alexandre sentit un frisson courir sur sa nuque, comme si quelque chose venait de changer.
Dans le sous-sol, Eléa ouvrit les yeux, haletante, son cœur battait comme s’il
répondait à un appel oublié.
La pierre sous ses doigts était tiède… presque vivante.
Et au fond d’elle, une voix familière se leva, murmurant : *« Ce n’est pas toi qui es la dernière… »
L’éclat de l’écaille sur sa peau s’intensifia, pulsant comme un appel oublié.
Au même instant, dans le château, le médaillon d’Alexandre vibra, plus fort qu’il ne l’avait jamais fait.
Caël, encore dans les couloirs, s’arrêta brusquement. Il ferma les yeux… comme s’il entendait un chant venu du passé.
Le vent s’engouffra dans les murs, une brume noire glissa entre les pierres sans être vue.
Des lettres anciennes apparurent sur la paroi du sous-sol, gravées par une magie dormante.
Eléa tendit la main. Les mots brûlèrent sa peau, mais elle ne la retira pas.
Une voix résonna en elle : *« Le sang maudit n’est qu’un souvenir. Le vrai pouvoir dort encore. »*
Elle recula, les yeux écarquillés. Ce n’était pas sa voix. Ce n’était pas son souvenir.
C’était celui d’un autre… peut-être du frère qu’Alexandre croyait mort.
Et dans le silence, son cœur battit une fois de trop — comme si l’histoire venait de se réveiller.
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