L’Académie 47 brillait sous le soleil du matin, perchée sur une falaise surplombant les terres magiques. Ses tours d’argent et ses murailles enchantées accueillaient les héritiers des grandes lignées. Tous étaient promis à un destin glorieux. Tous sauf un.
Yohan, dix-sept ans, était l’exception. Il n’avait aucune magie. Aucun pouvoir ne circulait dans ses veines. Pas d’énergie, pas de lumière, rien. Juste un regard fatigué, un corps mince, un silence constant. Il était considéré comme un échec, une anomalie. Pire encore,une honte.
Chaque jour, il subissait moqueries, humiliations, coups. Trois élèves s’acharnaient particulièrement sur lui : Fyrona, la stratège glaciale ; Belzar, brutal et orgueilleux ; Rekzar, silencieux et sadique. Ensemble, ils régnaient sur l’Académie comme des tyrans.
— Tu ne sers à rien, lui cracha Fyrona.
— T’as même pas ta place ici, lâcha Belzar.
— Un insecte comme toi n’aurait jamais dû naître, murmura Rekzar.
Les autres riaient ou détournaient les yeux. Même Mardek, le directeur, restait muet. Pour lui, Yohan n’était qu’un chiffre en trop dans les registres.
Ce soir-là, alors que la lune montait, Yohan rentrait seul. Il emprunta un couloir à l’écart, espérant échapper aux regards. Mais les trois tyrans l’attendaient.
Ils l'entourèrent. Aucun mot cette fois. Juste des coups. Des sorts. Des rires étouffés.
Yohan ne cria pas. Il encaissa. Jusqu’au moment où tout s’éteignit.
Il s’effondra.
Son cœur ralentit. Le froid s’insinua dans ses os. Il voyait flou, puis plus rien. L’obscurité l’enveloppa.
Mais une lueur, étrange, brisa le silence.
Une voix profonde s’éleva.
— Tu as souffert. Tu as connu la solitude. Veux-tu une seconde chance ?
Yohan, entre deux battements de cœur, pensa : oui.
Alors, tout changea.
Un cercle ancien se dessina sous son corps. Des symboles tourbillonnèrent autour de lui. Une énergie brute, inconnue, le traversa. Il hurla. Son âme fut déchirée. Puis recousue.
Il ouvrit les yeux.
Il se trouvait dans une forêt silencieuse. L’air y était dense, presque sacré. Il se redressa lentement. Ses mains étaient différentes. Ses bras plus puissants. Son regard plus perçant. Ses cheveux flottaient comme animés par une force invisible.
Il ne comprenait pas ce qui venait de se passer.
Mais une chose était sûre : quelque chose en lui s’était réveillé.
Un manteau noir était posé non loin. Il l’enfila, les yeux froids. Il n’avait plus peur. Il ne tremblait plus.
Il ne ressentait plus la douleur. Ni la peur. Ni même la colère.
Juste… du calme.
Il reprit le chemin de l’Académie, à pied, sans se presser.
Quand il franchit les grilles, personne ne le reconnut.
Il marcha jusqu’à la cour, silencieux.
Et s’assit.
Sans un mot.
Ceux qui l’avaient méprisé ne savaient pas encore qu’un jour, ils regretteraient.
Mais ce jour-là approchait.
La nuit tomba doucement sur l’Académie.
Les étoiles brillaient, paisibles, sans se douter du destin qui allait bientôt basculer.
Un destin lié à un garçon oublié.
Un garçon qui, sans magie hier, deviendrait l’ombre que tous craindraient demain.
Le silence était trompeur.
Les vents portaient déjà son nom.
Mais personne n’y faisait encore attention.
« Ce monde ne m’attendait pas… Pourtant, me voilà. »
Il y a dix-sept ans, un silence a traversé les cieux.
Une âme, jugée trop dangereuse pour renaître, a brisé les lois de l’univers.
Le monde l’a oublié.
Les anciens dieux ont détourné le regard.
Mais l’équilibre, lui, s’en souvient.
Dans une académie où la puissance fait la loi, un jeune garçon sans magie est traité comme un déchet. Méprisé. Piétiné. Ignoré.
Personne ne se doute qu’il porte en lui ce que l’humanité redoute le plus : la puissance d’un ancien destructeur.
Il n’est pas là pour sauver le monde.
Il n’est pas là pour se venger.
Il est là… parce qu’il a été forcé de revenir.
Et cette fois, il ne se retiendra plus.
The Reincarnation of Yohan commence ici.
Préparez-vous à craindre le calme.
L’Académie 47, imposante et millénaire, vivait au rythme des enchantements et des murmures. Si elle semblait paisible aux yeux des visiteurs, ceux qui y étudiaient savaient que ses murs enregistraient chaque secret, chaque anomalie. Et depuis la veille, un silence pesant planait sur les lieux. Une créature monstrueuse avait été anéantie en un instant. Sans traces. Sans témoins officiels. Mais des regards avaient vu. Des murmures avaient commencé.
Yohan Poherty n’avait rien dit. Comme toujours.
Il marchait dans les couloirs avec cette lenteur naturelle, les mains dans les poches de son uniforme noir. Les autres élèves s’écartaient sans oser le fixer. Pourtant, il n’avait rien fait. Pas un mot, pas un geste agressif. Mais son silence devenait bruyant. Trop bruyant.
Dans le grand hall, Gépété discutait avec deux camarades. Son regard suivait Yohan de loin.
— Tu crois que c’est vraiment lui qui a détruit ce truc ?
— Il n’a même pas de magie active. Comment il aurait fait ?
— Justement. Personne n’a jamais vu ses résultats. Il est toujours neutre, ni fort ni faible. Trop neutre, c’est suspect.
Gépété fronça les sourcils. Il avait vu quelque chose la veille. Ce n’était pas clair, mais il avait senti une présence. Une pression étrange autour de Yohan. Et cette créature… Elle s’était désintégrée comme si quelque chose l’avait rejetée de ce monde.
Ce matin-là, un exercice de manipulation magique fut annoncé. Les binômes devaient analyser des pierres maudites instables et détecter les traces de corruption.
— Mettez-vous par deux, annonça le professeur Karesh. Je vous rappelle que ces pierres peuvent drainer votre énergie vitale si vous ne les contrôlez pas mentalement.
Les élèves se bousculèrent pour choisir leurs partenaires. Yohan resta immobile à sa place, le regard vide, comme s’il s’attendait à ne pas être choisi.
— Poherty. Encore seul, à ce que je vois.
Un ricanement parcourut la salle. Yohan ne réagit pas.
— Je travaille avec lui, lança Gépété depuis le fond.
Un silence s’abattit sur la classe.
— Hein ? Toi ? Tu veux crever ou quoi ?
— Je fais ce que je veux, répondit-il calmement.
Le professeur haussa les épaules et nota le binôme sans commentaire.
Dans la salle d’expérimentation, la pierre pulsait d’une lueur sombre. Un fragment d’énergie noire s’échappait par intermittence. Gépété enfila ses gants renforcés.
— Cette pierre réagit à la peur. Si tu paniques ou si tu es instable mentalement, elle t’attaque.
Yohan s’approcha et posa sa main nue sur la pierre.
— T’es fou ! s’écria Gépété.
Mais il était trop tard.
La pierre trembla, se fendit, puis éclata sans bruit. Une lumière pâle illumina la pièce. Aucun souffle, aucune chaleur. Juste le néant.
Gépété le regardait sans voix.
— Tu... Tu savais qu’elle allait faire ça ?
— Je voulais juste vérifier.
— Vérifier quoi ?
— Si elle me reconnaissait.
Le soir venu, dans un lieu secret sous l’Académie, cinq professeurs étaient réunis. Le directeur gardait les bras croisés, son regard plongé dans un cristal rouge.
— La pression magique mesurée hier... dépasse les limites humaines.
— Vous pensez que c’est lui ? Ce garçon ?
— Je ne pense rien. Je sais. Et s’il n’est pas contrôlé, nous sommes tous en danger.
— On doit tester sa résistance. S’il résiste à la Bête du Néant… alors il ne sera plus un élève. Il deviendra une menace.
Yohan était allongé sur son lit, les yeux ouverts. Les volets fermés. Aucun bruit. Il ne dormait jamais vraiment.
Il savait.
Il sentait les changements. L’atmosphère autour de lui avait changé. Quelque chose approchait.
Des pas résonnèrent dans le couloir. Lents. Lourds.
Puis un craquement, juste devant sa porte.
Yohan ne bougea pas.
Mais son ombre… s’allongea sur le mur.
Et elle n’était pas seule.
À suivre...
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!