Hanna n’était pas née.
Elle avait été sculptée dans la lumière.
Sa peau semblait faite d’un matériau céleste : pâle mais irisée, comme si elle était traversée par de minuscules vagues d’énergie cosmique. Au soleil, elle scintillait doucement, jamais de manière agressive — elle hypnotisait.
Ses yeux étaient peut-être la chose la plus étrange chez elle : grands, profonds, sans pupilles visibles. À l’intérieur, on aurait cru voir des galaxies en mouvement lent, comme si son regard contenait le temps lui-même.
Ils n’exprimaient jamais de peur.
Seulement une intelligence immense… et un chagrin insondable.
Ses cheveux étaient d’un blanc argenté, longs et ondulés, toujours en mouvement, comme flottant dans une eau invisible. Ils n’obéissaient à aucune gravité. Chaque mèche semblait avoir une volonté propre.
Ses ailes, repliées contre son dos, étaient faites de lumière cristalline — translucides, avec des reflets changeants selon les émotions qu’elle ressentait. Quand elle avait peur, elles devenaient bleutées, presque glaciales. Quand elle se concentrait, elles vibraient très légèrement, créant un murmure presque musical.
Elle marchait sans bruit, glissait presque, et même dans la panique, elle conservait une grâce irréelle.
Mais sous sa douceur…
se cachait quelque chose.
Un pouvoir ancien. Quelque chose de dangereux… qu’elle refusait de libérer.
Elle n’était pas qu’ange.
Elle était aussi entité, et nul ne savait ce que cela signifiait vraiment.
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Layla était née dans la noirceur.
Mais elle s’y était épanouie comme une fleur vénéneuse.
Sa peau était d’un blanc spectral, presque nacrée, avec des reflets rouges dans les ombres. Ses bras étaient longs, agiles, ses mains fines, terminées par des griffes élégantes qu’elle utilisait comme des instruments de musique. Chaque mouvement semblait chorégraphié.
Ses yeux étaient des flammes concentrées. Deux braises intelligentes, rouges vifs, fendillées comme si elles cachaient un volcan intérieur. Ils ne regardaient pas…
Ils disséquaient. Dominaient. Possédaient.
Elle avait de petites cornes sombres, lisses et courbes, qui émergeaient de sa chevelure noire comme de l’encre. Certains disaient qu’elles changeaient de forme selon ses humeurs.
Ses cheveux justement : noirs, brillants, presque liquides, souvent détachés, volant derrière elle comme une cape d’ombre. Parfois, des mèches prenaient feu, lentement, comme animées d’une vie propre.
Son corps était athlétique, souple, comme celui d’un félin.
Sa démarche était toujours calme… trop calme, comme une prédatrice qui sait qu’elle ne sera jamais chassée.
Elle parlait peu, mais ses mots étaient toujours précis, mordants, et troublants. Elle n’avait pas besoin de lever la voix pour tuer.
Elle aimait dominer sans violence immédiate, aimait que sa proie comprenne la menace, qu’elle s’abandonne peu à peu — par peur, par fascination, ou pire encore… par désir.
Et Hanna…
était tout ce qu’elle avait toujours voulu goûter.
Pas seulement pour sa chair.
Mais pour cette lumière qu’elle voulait éteindre doucement… de ses mains.
Hanna n’était pas simplement sa proie.
Elle était son dîner.
Un festin rare, précieux, à savourer lentement.
Layla prenait son temps.
Elle voulait que chaque instant soit une torture délicieuse, un jeu d’esprit où la peur se mêlait au désir, où chaque regard était un défi, chaque souffle un frisson.
Elle voulait la voir vaciller, se perdre, céder…
Puis la dévorer, corps et âme.
Car Layla savait une chose : ce qui est attendu devient souvent plus doux… avant d’être mortel.
La cité de Célestara, suspendue entre ciel et néant, semblait baigner dans une lumière apaisante. Mais dans les coulisses de cette illusion, l’ombre régnait en maître.
Layla, assise dans l’obscurité d’une ruelle oubliée des hautes sphères, sentit une vibration subtile dans l’air.
Un murmure dans le vent. Un souffle presque imperceptible, mais familier.
Elle fronça les sourcils et redressa la tête.
Le monde semblait s’immobiliser autour d’elle.
Elle savait.
Il ne restait plus qu’une seule Aetheris.
La dernière lumière pure.
Le dernier souffle d’un peuple que sa race avait réduit en cendres.
Layla se leva, élégante et féline, ses yeux rougeoyant d’une lueur ardente.
Un sourire cruel étira ses lèvres fines.
— Alors, c’est elle… murmura-t-elle.
La proie que je cherchais.
Le dernier festin.
Pour beaucoup, Layla était simplement une chasseuse, une prédatrice parmi tant d’autres. Mais elle était bien plus que cela.
Une artiste du mal, une maîtresse du jeu.
Elle ne se contenterait pas d’une course poursuite sanglante. Non.
Ce serait une chasse différente.
Un ballet cruel où la peur serait une arme, où les larmes se mêleraient au sang.
Un jeu de chat et de souris, où la proie serait tour à tour forte et vulnérable, brisée et renaissante.
Chaque mouvement, chaque souffle, chaque regard deviendrait un piège, une menace, un aveu.
Layla imaginait déjà la scène.
Hanna, fuyant dans les hauteurs de Célestara, ses ailes repliées tremblantes de fatigue.
Le souffle court, le cœur battant à s’en rompre.
Et Layla, à ses trousses, silencieuse et implacable, savourant chaque instant de ce duel.
Elle prendrait son temps.
Elle voulait que la peur s’insinue lentement.
Que l’espoir vacille, s’éteigne.
Que Hanna sente, à chaque pas, la présence suffocante de sa fin approcher.
Et quand la lumière finirait par céder, quand la proie serait à bout, ce serait le moment de frapper.
Pas pour tuer vite, non.
Pour dévorer corps et âme.
Car Layla ne cherchait pas simplement à tuer une Aetheris.
Elle voulait l’anéantir, la briser, la soumettre à un destin pire que la mort.
Une lente disparition dans l’ombre, un oubli total.
Elle caressa l’idée d’un dernier jeu, cruel et sublime, où la proie finirait par vouloir être prise, où la frontière entre la peur et le désir s’effacerait.
Un frisson parcourut son échine alors qu’elle glissait dans la nuit, prête à lancer la chasse.
Prête à faire de cette dernière Aetheris son trophée le plus précieux.
Le jeu commençait.
Et Layla savait que, cette fois, il n’y aurait ni pardon, ni échappatoire.
ELle murmura, presque pour elle-même, un sourire cruel aux lèvres :
— Vole, vole, petite Aetheris...
...Mais souviens-toi, même les étoiles filantes finissent par tomber....et je suis celle qui te fera tomber...
Le vent sembla se figer un instant, comme si le temps retenait son souffle.
Layla disparut dans l’ombre, laissant derrière elle une promesse silencieuse :
ce jeu venait de commencer.
Le vent avait changé.
Il n’était plus frais ni léger. Il avait cette lourdeur étrange, cette épaisseur invisible qui collait à la peau, au souffle, à l’âme.
Hanna volait encore.
Ses ailes battaient faiblement, mécaniquement.
Elle ne savait plus depuis combien de temps elle fuyait — des heures, peut-être des jours — son esprit vacillait, l’air devenait rare.
Autour d’elle, le ciel s’assombrissait.
Les nuages n’étaient plus blancs, mais d’un gris malade. Le soleil, absent.
Et plus elle avançait, plus la lumière semblait fuir.
Un frisson la traversa.
Ce n’était plus Célestara.
Elle venait d’entrer dans le monde de Layla.
Le royaume tordu de la Nocteralis.
Un endroit sans ciel. Sans limite. Sans loi.
Elle se posa brusquement sur un sol sombre, presque vivant, fait d’un marbre noir qui pulsait lentement sous ses pieds comme un cœur malade.
Ses jambes lâchèrent. Elle tomba à genoux.
Ses ailes se replièrent autour d’elle, comme une coquille de lumière pâle, l’enveloppant, la berçant contre un monde qui voulait la dévorer.
Elle ferma les yeux.
Juste quelques secondes.
Juste… un souffle.
Puis la douleur.
Un sifflement rapide, tranchant.
Et un choc.
Violent. Froid. Tranchant.
Quelque chose — un dard noir en obsidienne, long comme une lame de lance — venait de se ficher dans son aile gauche.
Elle hurla.
Pas un cri aigu.
Un bruit sourd, brisé, venu des profondeurs de sa gorge.
Un râle arraché, déchiré.
Une goutte de lumière dorée s’écoula de sa plaie, ruisselant le long de sa joue tremblante.
Sa vision vacilla.
Ses ailes… son point le plus vulnérable…
Touchées.
Hanna tituba, le souffle arraché à chaque pas.
Son dos se voûta.
Mais elle refusa de tomber.
Elle se releva.
Tremblante. Faible. Mais debout.
C’est alors qu’elle l’entendit.
Une voix.
Douce.
Et fausse.
Comme une comptine qu’on chanterait à un enfant… juste avant de lui briser les os.
"Tourne tourne petite étoile…
Plus tu brilles, plus je te vois…
Tombe tombe dans mes bras…
Et je t’arracherai tout bas…” 🎶
Une silhouette sortit de la brume.
Longue, noire, élégante.
Layla.
Ses yeux rouTu sens çages luisaient comme deux braises dans la nuit.
Ses pas résonnaient avec une lenteur insupportable.
Ses lèvres souriaient… mais ses crocs luisaient déjà.
Elle tendit la main vers Hanna, presque tendrement.
— Regarde-toi, murmura-t-elle.
— Si fragile. Si lumineuse.
Tu t’éteins si bien, petit trésor...
Puis elle se pencha lentement, effleurant presque la plaie d’Hanna du bout des doigts.
— Tu sens ça ? Ce frisson dans ta chair ?
C’est la peur. Mais aussi autre chose…
Elle inclina la tête, un rictus aux lèvres.
— Tu détestes me craindre… mais tu n’arrives pas à m’ignorer.
Et elle se remit à chanter.
"Tourne tourne petite étoile…
Plus tu brilles, plus je te vois…
Tombe tombe dans mes bras…
Et je t’arracherai tout bas…” 🎶
Layla tourna autour d’Hanna, comme un loup élégant au regard d’obsidienne.
Elle ne se pressait pas.
Elle voulait sentir la peur dans chaque battement du cœur de l’Aetheris.
— Tu tiens encore debout ?... souffla-t-elle.
— Mignonne illusion.
Elle se pencha, posa une main glaciale sur la joue d’Hanna.
Ses griffes caressaient doucement la peau, mais chaque frôlement portait la promesse d’un déchirement.
— Tu ne mérites pas la mort.
Pas encore.
Un premier coup partit.
Lent.
Maîtrisé.
Un revers du dos de la main, brutal, traversant le visage d’Hanna avec une précision chirurgicale.
Le bruit sec résonna dans le silence comme un coup de tonnerre.
Hanna chancela, mais resta debout. Du sang doré perla à la commissure de ses lèvres.
Layla sourit, presque amusée.
— Toujours aussi brillante… Quelle perte ce serait, si je n’en profitais pas un peu.
Un deuxième coup.
Dans les côtes.
Pas pour casser.
Pour faire plier.
Et Hanna plia.
Ses ailes s’ouvrirent, spasmiques, cherchant à la protéger.
Mais Layla les frôla du bout des doigts, là où la chair était la plus sensible, la plus exposée.
— Ton point faible est si… exquis, murmura-t-elle, tout contre son oreille.
— On dirait que même la lumière a ses nerfs.
Elle laissa un silence s’installer.
Puis, sans prévenir…
Le dernier coup.
Un coup lent, calculé, en plein ventre, avec toute la grâce cruelle d’un bourreau raffiné.
Hanna s’effondra à genoux.
Sa respiration devint erratique.
Ses ailes tremblaient, repliées sur elle comme un cocon déchiré.
Layla s’agenouilla devant elle, passa deux doigts sous son menton et l’obligea à la regarder.
— Chut...
Tu t’éteins si joliment.
Puis tout devint noir.
Hanna s’évanouit, s’effondrant contre le sol noir.
Layla resta là un instant, l’observant comme on contemple une œuvre d’art inachevée.
Elle effleura une mèche argentée, presque tendre.
— Je n’en ai pas fini avec toi.
Et dans le silence, elle recommença à chanter sa comptine tordue, en traînant lentement le corps inconscient vers l’obscurité.
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