Titre : Prisonnière du Jeu
Épisode 1 : La Partie Commence
Le ciel d’automne était lourd, couvert de nuages sombres qui annonçaient une tempête imminente. Les feuilles mortes tourbillonnaient dans les ruelles désertes, emportées par le vent. Dans sa chambre faiblement éclairée, Lina, 17 ans, était recroquevillée sur son lit, les jambes croisées, les yeux rivés sur l’écran de son ordinateur portable. Un casque audio couvrait ses oreilles, diffusant une playlist mélancolique qu’elle écoutait en boucle.
Elle soupira longuement. Depuis quelque temps, elle se sentait comme étrangère à sa propre vie. Le lycée ne l’intéressait plus, ses amis semblaient lointains, et ses parents étaient souvent absents, plongés dans leurs problèmes. Le seul endroit où elle se sentait libre, c’était dans les jeux vidéo. Là, au moins, elle pouvait être forte. Importante. Exister.
Elle ouvrit son navigateur pour chercher un nouveau jeu, quelque chose de différent, quelque chose qui pourrait la sortir de cette sensation d’étouffement. C’est alors qu’une icône inconnue attira son attention :
Portail des Mondes – Nouvelle version Bêta
— Bizarre… Je ne me souviens pas l’avoir installée.
La description était étrange : « Une immersion totale dans un monde au-delà de votre imagination. Attention : ce jeu n’est pas comme les autres. »
Intriguée, Lina cliqua sur "Jouer".
L’écran clignota une fois, puis une lumière bleue intense jaillit. Le casque glissa de ses oreilles, et l’image se déforma. Son cœur battait de plus en plus fort. Une sensation glacée envahit sa nuque. Elle tenta de bouger la main pour fermer le PC, mais son corps refusa d’obéir. Ses paupières devinrent lourdes. Tout bascula.
Silence. Obscurité.
Lorsqu’elle ouvrit les yeux, l’air était différent. Froid. Chargé d’une odeur végétale qu’elle ne reconnaissait pas. Elle était allongée au sol, sur une herbe d’un vert presque fluorescent. Un ciel violet s’étendait au-dessus d’elle, traversé de deux lunes brillantes. Au loin, des montagnes aux pics flottants perçaient les nuages.
Lina se redressa lentement. Elle porta la main à sa tête.
— Où suis-je ?
Une interface translucide apparut soudain devant ses yeux, comme dans un jeu en réalité virtuelle.
Profil joueur : Lina
Classe : Non définie
Niveau : 1
Santé : 100/100
Inventaire : Vide
Quête principale : Survive
Statut : Connexion permanente
— C’est une blague ? Un rêve très réaliste ?
Elle se pinça le bras. Aïe. Non, pas un rêve. Elle se leva, observa son environnement : une vaste plaine entourée d’une forêt dense. Tout semblait trop réel. Le sol, l’odeur de l’air, le souffle du vent. Rien à voir avec la réalité virtuelle.
Une voix résonna dans sa tête, monocorde, inhumaine :
Bienvenue, Lina. Vous avez été transférée avec succès dans le monde de Portail des Mondes. Cette session est irréversible. Vous devez accomplir vos quêtes pour survivre. Bonne chance.
Son sang se glaça.
— Transférée ? Attends… Je suis à l’intérieur du jeu ?!
Elle ouvrit frénétiquement les menus, chercha un bouton pour quitter, une option, un raccourci clavier… rien. Chaque tentative renvoyait le même message :
Déconnexion impossible.
Prise de panique, elle se mit à courir sans direction, traversant des buissons, trébuchant sur des racines. Son souffle s’accélérait, ses jambes faiblissaient. Elle s’arrêta enfin, haletante, les mains sur les genoux.
Et là… un grondement sourd.
Un rugissement qui fit vibrer le sol. Elle se retourna lentement.
Derrière elle, à une dizaine de mètres, se tenait un loup noir gigantesque, aux yeux rouges brillants. Ses crocs luisaient, sa fourrure était hérissée. Il grognait, prêt à bondir.
Un nouvel affichage surgit :
ALERTE : Combat imminent !
Ennemi : Loup des Ombres – Niveau 4
Fuite impossible.
Lina recula d’un pas. Elle n’avait ni arme, ni pouvoir, ni idée de comment se battre.
— Je vais mourir. Ici. Dès la première minute.
Le loup bondit. Lina hurla.
Un éclair rouge fendit l’air.
Quelqu’un, ou quelque chose, venait d’intervenir…
Fin de l’épisode 1
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Titre : Prisonnière du Jeu
Épisode 2 : Le Guerrier Masqué
Le rugissement du loup résonnait encore dans la clairière. Lina, paralysée par la peur, fixait la bête foncer droit sur elle, les crocs prêts à déchirer sa gorge. Elle ferma les yeux, convaincue que c’était la fin.
Mais le coup mortel ne vint jamais.
Un éclair rouge traversa l’air, accompagné d’un sifflement tranchant. Le loup poussa un cri de douleur et recula brusquement. Quelque chose venait de le toucher.
Lina ouvrit les yeux, tremblante. Devant elle, une silhouette venait de surgir, brandissant une grande lame couverte de flammes rouges. C’était un homme — ou du moins, il en avait l’apparence — vêtu d’une longue cape noire et d’un masque argenté qui couvrait son visage. Ses yeux brillaient d’une lueur dorée intense.
Sans un mot, il se jeta à nouveau sur le loup, enchaînant des attaques avec une précision surhumaine. Lina ne pouvait que regarder, fascinée. Chaque mouvement semblait calculé, élégant, fatal.
Après quelques échanges violents, le loup s’effondra dans un nuage de particules noires. Un écran s’afficha :
Ennemi éliminé. +200 XP (pour le groupe).
Lina : Niveau 1 → 2
L’homme masqué rangea son épée et se tourna lentement vers elle. Lina recula instinctivement, le cœur battant toujours la chamade.
— Tu n’as rien ? demanda-t-il d’une voix grave, légèrement déformée par un modulateur.
Elle secoua la tête, incapable de parler au début. Puis, d’une voix brisée :
— Qui es-tu ?… Où suis-je ? C’est… c’est quoi cet endroit ?!
L’homme croisa les bras.
— Tu es dans Portail des Mondes. Et si tu ne veux pas mourir, tu ferais mieux de t’adapter rapidement.
— Mais… Je ne comprends pas. Ce n’est qu’un jeu, non ? On devrait pouvoir se déconnecter, sauvegarder… revenir à la réalité !
Un silence pesant. Il détourna les yeux.
— Il n’y a pas de retour. Pas pour nous. Ce monde est réel… maintenant.
Lina sentit un nœud se former dans sa gorge.
— Tu veux dire… qu’on est prisonniers ici ?
Il hocha lentement la tête.
— Combien… combien de joueurs sont là ? demanda-t-elle.
— On ne sait pas. Peut-être des milliers. Peut-être des dizaines. Beaucoup ont perdu la raison. Certains croient encore que c’est un rêve. Les plus chanceux… meurent vite.
Ces mots glacèrent Lina. Elle s’assit lourdement par terre, son esprit tourbillonnant.
— Comment tu t’appelles ? demanda-t-elle faiblement.
Il hésita un instant.
— Les noms n’ont pas d’importance ici. Mais on m’appelle Kael.
— Moi, c’est Lina.
Il l’observa un instant, puis tendit la main.
— Tu vas devoir apprendre à survivre. Suis-moi, je connais un endroit sûr pour la nuit.
Lina hésita, puis attrapa sa main. Sa paume était chaude, solide. Elle se leva difficilement.
— Tu n’as aucune compétence ? Ni classe ? demanda-t-il en consultant son interface.
— Non… rien. C’est ma première minute ici. J’ai juste… cliqué sur « jouer »…
Kael soupira.
— Alors tu es une Arrivée brute. T’as eu de la chance de ne pas te faire tuer à l’atterrissage.
Ils marchèrent ensemble à travers la forêt. Kael ouvrait la voie, son épée prête. Lina suivait, les yeux perdus dans le décor irréel. Des lucioles bleues flottaient autour d’eux. Un petit animal ailé s’envola à leur passage.
Après quelques minutes, ils arrivèrent à une grotte cachée derrière une chute d’eau. À l’intérieur, une lumière douce éclairait un campement rudimentaire : un feu, deux sacs, quelques potions.
— C’est… chez toi ? demanda Lina, étonnée.
— On peut dire ça. Je change souvent d’endroit. Trop de joueurs deviennent fous et attaquent les autres. Ici, au moins, on aura quelques heures de paix.
Elle s’assit près du feu. Le silence tomba entre eux, seulement interrompu par le crépitement des flammes.
— Kael ? demanda-t-elle après un moment.
— Hmm ?
— Il y a un moyen… de sortir d’ici ?
Il ne répondit pas tout de suite. Puis :
— Il y a une rumeur. Une Tour au centre du monde. On dit que ceux qui atteignent son sommet peuvent retourner dans le monde réel.
— Et personne ne l’a fait ?
— Pas encore.
Lina serra les poings. Pour la première fois depuis son arrivée, quelque chose s’alluma dans ses yeux : une étincelle de volonté.
— Alors je vais y aller. Je trouverai cette tour. Et je rentrerai chez moi.
Kael tourna la tête vers elle, surpris. Puis il sourit doucement, presque imperceptiblement.
— Bonne chance, petite joueuse. Tu vas en avoir besoin.
Fin de l’épisode 2
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