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Soumis En Silence

Chapitre 1 - Rencontre sous la pleine lune

On dit que dans ce monde, les alphas gouvernent.

Que les betas obéissent.

Et que les omegas… se cachent.

Depuis la Grande Chasse, le monde n’est plus qu’un territoire fracturé, partagé entre meutes, clans et créatures. Chacun protège sa zone, sa race, son pouvoir. Les alphas se déchirent le trône invisible du règne animal. Les omegas, eux, n’ont plus de nom. Disparus. Traqués. Brûlés pour ce qu’ils sont : porteurs de faiblesses… ou de secrets.

Moi, je suis l’un d’eux.

Un omega.

Mais personne ne le sait.

J’ai appris à respirer comme un alpha, à marcher comme eux, à les regarder dans les yeux sans fléchir. J’ai tué pour survivre. Trahi pour avancer. Mentir est devenu ma nature.

Et aujourd’hui, c’est au cœur même de leur territoire que je vais entrer. Là où règne Ryen, chef de meute, alpha parmi les alphas. Celui qu’on dit indomptable, imprévisible, cruel.

Celui que je dois approcher.

Mais cette mission n’est pas une simple infiltration.

C’est une vengeance.

Et s’il faut que je me brûle les ailes dans ce jeu de domination… alors qu’il me dévore tout entier.

Je ne reculerai pas. Même si, sous mes crocs, c’est mon propre cœur que je dois déchirer.

***

La nuit s’étendait comme un voile sombre sur la forêt interdite, dense et oppressante. Seuls les cris lointains des créatures nocturnes brisaient le silence lourd. Kiran avançait à pas mesurés, chaque muscle prêt à bondir, chaque sens en alerte. Il savait que le danger rôdait, que cette nuit ne serait pas comme les autres.

Un craquement sec résonna derrière lui. Sans un bruit, il pivota, découvrant plusieurs silhouettes massives encerclant la clairière. Des chiens, armés, à l’allure menaçante, leurs yeux brillants comme des braises sous la pleine lune.

« Tu es enfin là, Kiran. » Une voix grave déchira le silence, suivie d’un rire bref et dur.

Au centre, Ryen se détacha de l’ombre, imposant, dominant. Sa stature large semblait absorber la lumière lunaire, et son regard d’acier fixait Kiran avec une intensité glaciale.

Kiran ne montra aucun signe de peur. Son aura, d’ordinaire discrète, semblait aujourd’hui déborder, irradier une puissance insoupçonnée. Il baissa légèrement la tête, défiant silencieusement cet alpha qui l’observait.

« Je m’attendais à un loup plus… bruyant, » lança-t-il, le ton tranchant, presque moqueur. « Mais je suppose que les plus dangereux savent se faire discrets. »

Kiran ne répondit pas tout de suite. Il soutint le regard de Ryen sans vaciller, sa posture droite, presque insolente. Il savait ce que l’autre voyait : un alpha solitaire, indomptable, peut-être un peu fou. Ce masque, il l’avait sculpté pour survivre. Personne ici n’imaginerait qu’il était autre chose.

« Tu as peur de moi, Ryen ? » murmura-t-il enfin, un léger sourire aux lèvres.

Un frémissement passa dans la meute derrière le chef, surpris par l’audace du ton. Ryen, lui, ne bougea pas. Son regard s’assombrit, chargé d’une tension animale.

« Je n’ai peur de personne, » grogna-t-il, en avançant d’un pas. « Mais je n’aime pas les loups qui pensent pouvoir défier mes terres sans en payer le prix. »

Kiran pencha la tête, faussement pensif.

« Peut-être que je ne suis pas là pour défier. Peut-être que je suis là pour… corriger. »

Ryen, lui, serra lentement les mâchoires. Son regard descendit un bref instant le long du corps de Kiran, comme s’il cherchait la faille, le mensonge derrière cette assurance arrogante. Il n’en trouva aucune. Ce loup était calme, trop calme. Et il dégageait quelque chose de… dérangeant.

Ce n’était pas la prestance d’un alpha typique, brutale, bruyante. C’était autre chose. Une forme de puissance muette, contenue, prête à éclater. Comme une tempête qui choisit le moment exact où elle veut tout balayer.

« T’as des couilles, j’te reconnais ça, » finit par lâcher Ryen d’une voix grave, rauque. « Mais tu marches sur un fil très fin. »

Kiran s’avança d’un pas. Juste un. Mais suffisant pour faire reculer l’un des chiens à sa droite.

« Alors ne me pousse pas à tomber, » répondit-il, le regard brûlant.

Un frisson imperceptible traversa l’espace entre eux.

Les deux mâles se faisaient face, à quelques pas à peine, leurs présences saturant l’air autour d’eux. Aucun ne cédait. Les autres n’existaient plus.

Seulement eux. Deux puissances prêtes à s’entrechoquer. Et dans le regard de Ryen, pour la première fois, passa autre chose qu’un avertissement : une lueur curieuse. Intriguée. Troublée.

Ce loup n’avait rien d’un adversaire ordinaire.

Et il le sentait dans ses tripes : cette rencontre, ce n’était pas une simple confrontation.

C’était le début d’un engrenage.

Chapitre 2 - L’odeur du pouvoir

Il aurait dû le faire tuer.

Un claquement de mâchoires, un ordre bref, et sa meute aurait déchiqueté ce loup trop audacieux.

Mais Ryen n’en fit rien.

Il s’était contenté de le regarder. Longtemps.

Comme on observe une bête qu’on n’arrive pas à cerner.

Et maintenant, Kiran marchait derrière lui, escorté par deux chiens massifs, jusqu’au cœur de leur territoire. Un territoire qu’il avait rêvé de brûler. Chaque arbre. Chaque pierre. Chaque souvenir.

Mais ce soir, il y entrait vivant.

Et c’était déjà une victoire.

Le domaine de la meute de Ryen n’avait rien d’un simple repaire.

C’était une forteresse.

Des murs anciens recouverts de glyphes, une architecture mi-terrestre, mi-magique. Le pouvoir imprégnait chaque pierre. Et l’odeur — celle des alphas, du sang, du métal — saturait l’air. Suffocante. Dominante.

Kiran l’ignorait. Il gardait les épaules hautes, le pas assuré, son masque bien en place.

Il savait qu’on le sentait, qu’on l’analysait.

Mais personne ne réagissait.

Son parfum avait été altéré, modifié depuis l’enfance. Aucun flair ne pouvait le trahir.

Il passait pour un alpha. Pire : pour un intrus alpha, ce qui éveillait plus de méfiance que de mépris.

Ryen l’attendait au centre du grand hall, assis sur une marche, les coudes sur les genoux, les yeux rivés sur lui.

« Tu marches comme un roi, » dit-il. « Pourtant, personne ici ne t’a invité. »

Kiran haussa à peine un sourcil. Il s’approcha lentement, laissant ses bottes résonner sur la pierre.

« Et toi, tu parles comme si tu étais le seul à régner. »

Ryen sourit. Un vrai. Un dangereux.

« T’es pas très bon pour rester à ta place, hein ? »

Kiran s’arrêta à deux mètres. Assez près pour provoquer. Assez loin pour éviter un coup.

« Je ne crois pas au destin des places assignées. »

Un silence. Dense.

Puis Ryen se leva.

Grand. Large. Féroce.

Il s’approcha, lentement, jusqu’à ce que leurs souffles se frôlent.

« J’sais pas ce que tu fous ici. Ni pourquoi t’as pas encore baissé les yeux. Mais si tu veux jouer au plus fort… »

Ses doigts frôlèrent la gorge de Kiran, juste là, à l’endroit où un omega aurait tremblé.

« …alors joue bien. Parce que je dévore ceux qui bluffent. »

Kiran sourit. Glacial. Et dangereux.

Il bluffait.

Mais il n’avait pas l’intention de perdre.

Ryen resta là. Trop près. Trop longtemps.

Kiran sentait son souffle contre sa peau, chaud, bestial, presque irritant. Ce genre de présence qui broie sans parler. Une simple pression dans l’air, une volonté plus forte que l’instinct.

Mais Kiran ne broncha pas.

Ryen pencha la tête, le fixant intensément.

« Tu sens rien. »

Kiran leva les yeux, étonné.

« Comment ça ? »

Ryen plissa les paupières. « Ton odeur. Elle est... propre. Lisse. Contrôlée. Y a rien d’animal dedans. Comme si t’avais effacé ce que t’étais. »

Un battement de silence.

Kiran répondit sans ciller : « Peut-être que ce que je suis n’a pas besoin d’être senti. »

Ryen rit doucement. Ce genre de rire qui cache une envie de mordre.

Il pivota et s’éloigna, marchant lentement vers un escalier de pierre.

« Suis-moi. »

Kiran hésita. Un piège ? Une mise à l’épreuve ?

Qu’importe. Il avait déjà mis un pied dans la gueule du loup.

Il le suivit.

La chambre n’avait rien d’un cachot. Ni même d’une cellule.

Spacieuse. Mur en pierre brute. Tapis de fourrure au sol. Une table. Un lit immense. Trop immense pour un loup seul.

Ryen s’arrêta au seuil et le regarda avec un demi-sourire.

« Ce sera ta tanière. Jusqu’à ce que je décide quoi faire de toi. »

Kiran croisa les bras. « T’es pas obligé de faire le dominant chaque minute. »

« Oh, je le suis pas. » Ryen s’approcha à nouveau. « Je suis juste moi. Et toi, t’as l’air de bien aimer ça. »

Kiran ne répondit pas. Mais ses yeux lancèrent un éclat tranchant.

Alors Ryen, comme pour conclure, murmura à son oreille :

« Dors bien, faux roi. »

Puis il disparut dans le couloir, laissant la porte ouverte derrière lui.

Mais Kiran le savait : les couloirs seraient surveillés. Et sa chambre… probablement piégée.

Il s’approcha de la fenêtre, jeta un œil à la lune haute dans le ciel. Sa gorge le serrait. L’air était chargé d’odeurs puissantes. Dominantes. Et son propre corps luttait pour garder le contrôle.

Il posa une main sur sa nuque.

Là où la glande oméga palpitait faiblement, dissimulée sous des années d’injections, de rituels, de douleur.

Un jour, ce secret exploserait.

Mais ce jour n’était pas encore venu.

Chapitre 3 - La nuit me trahit

Le silence de la chambre était lourd. Un silence de chasse. D’attente.

De piège.

Kiran s’était couché sans vraiment s’endormir. Étendu sur les draps trop propres, entouré d’odeurs étrangères, le corps tendu comme un arc. Tout ici lui hurlait de fuir, mais il n’avait nulle part où aller.

Et il avait une mission à accomplir.

Mais cette nuit-là, quelque chose clochait.

Son cœur battait plus vite. Son souffle s’alourdissait. Sous sa peau, une chaleur rampante, imprévisible, montait lentement, comme un poison.

Il serra les dents.

Pas maintenant.

Il savait ce que c’était. Il l’avait déjà vécu. Ce pic de tension, cette sueur glacée, cette pression dans la nuque.

Un signe que son corps… réagissait.

À quoi ? À qui ? Il n’avait pas besoin de réponse.

Ryen.

Ce foutu mâle alpha. Cette odeur qui traînait partout, imprégnée dans les murs, dans les draps, dans sa tête. C’était comme une morsure mentale. Une présence constante.

Kiran se redressa, les mains tremblantes, passa sous la douche glacée. Longtemps. Très longtemps.

Mais l’eau ne lavait pas les instincts.

Pas les siens.

Quand il ressortit, torse nu, ruisselant, la fenêtre était entrouverte.

Il s’arrêta net.

Il était certain de l’avoir fermée.

Ses yeux se plissèrent, et son corps entier se tendit.

Il n’eut même pas le temps de se retourner. Une présence derrière lui. Immobile. Silencieuse. Il ne l’avait pas entendue.

Mais il la sentit. Comme un courant électrique dans l’air.

« Tu dors pas. »

La voix de Ryen. Grave. Calme. Mais il y avait quelque chose de rauque dedans. Quelque chose qui réveillait des choses interdites chez Kiran.

Il ne se retourna pas.

« Tu rentres souvent sans frapper ? »

Un silence.

Puis Ryen s’approcha. Lentement. Jusqu’à ce que son souffle caresse la nuque encore humide de Kiran.

« Tu trembles. »

Kiran ferma les yeux, un instant.

« Juste… la température. »

Ryen ne répondit pas. Il resta là. Assez proche pour que Kiran sente la chaleur de son torse. Et cette odeur. Cette foutue odeur d’alpha pur.

Le corps de Kiran réagit malgré lui. Un spasme. Léger. Mais suffisant.

Et Ryen le sentit. Bien sûr qu’il le sentit.

Il murmura, presque amusé :

« Ton corps ment moins que toi. »

Kiran se retourna brusquement, le regard brûlant. Mais Ryen était déjà reculé, comme un fantôme qui ne laisse que son parfum.

« Prépare-toi, » dit-il en s’éloignant dans le couloir. « Je t’emmène demain. Une mission. Une vraie. On verra ce que tu vaux. »

La porte se referma lentement derrière lui.

Kiran resta debout, seul, le souffle court.

Il savait que cette nuit n’avait été qu’un avertissement.

La prochaine fois, il ne tremblerait pas.

Ou il tomberait.

Le lendemain :

L’aube était pâle, et la forêt encore noyée de brume.

Un vent froid glissait entre les troncs. Tranchant. Sourd. Parfait pour couvrir une traque.

Ryen avançait devant, en silence, vêtu de noir. Ses hommes les suivaient à distance, mais cette mission n’était pas pour eux. Elle était pour lui. Pour Kiran.

« On entre en zone neutre, » déclara Ryen sans se retourner. « Pas de meute, pas de règles. Si tu te fais mordre, t’as intérêt à riposter. Fort. »

Kiran hocha la tête, concentré. Son corps était encore tendu de la nuit, mais l’adrénaline couvrait tout.

« Et si je meurs ? »

Ryen sourit, sans se retourner.

« Je récupère ton cadavre. On en fera un bel avertissement. »

Charmant.

Ils s’arrêtèrent devant un vieux bâtiment en ruine, rongé par le lierre, à moitié effondré. Une ancienne cache oméga, selon les rumeurs. Désaffectée. Inutile.

Mais aujourd’hui, elle abritait autre chose.

« Il y a un groupe de trafiquants là-dedans, » expliqua Ryen. « Des renégats. Ex-alphas. Ex-bêtas. Sans meute. Ils vendent des captifs omégas au plus offrant. »

Kiran sentit ses mâchoires se serrer.

« Et on fait quoi ? On négocie ? »

Ryen le regarda, froidement.

« On teste ta fidélité. Tu entres. Tu nettoies. Seul. »

Kiran releva les yeux vers lui, lentement.

« C’est pas une mission. C’est une exécution. »

Ryen s’approcha, posa une main sur sa nuque.

Juste là. Juste là où sa glande était dissimulée.

Mais il ne dit rien.

« Tu veux jouer dans ma meute ? Tu veux qu’on te respecte ? Alors prouve que tu mérites ta place. »

Kiran lui lança un regard noir.

« Et si je ne reviens pas ? »

Ryen pencha la tête, un sourire carnassier aux lèvres.

« Je dirai que t’étais pas un vrai alpha, finalement. »

Kiran entra.

L’intérieur du bâtiment empestait le moisi, la sueur, le sang.

Pas récent. Mais pas effacé non plus. Il descendit lentement, ses pas feutrés, ses sens en alerte.

Un cri bref. Une porte claqua. Il y avait du mouvement.

Ils étaient au moins quatre. Peut-être cinq.

Des loups, seuls, déséquilibrés, rendus fous par l’isolement. Rien à perdre. Rien à défendre.

Parfait pour tester les nerfs d’un soi-disant alpha.

Et Kiran… se laissa faire.

Il les attira. Lentement. Silencieusement. Il ne hurla pas. Il frappa vite. Sec. Un dans la gorge. L’autre dans les côtes. Un dernier, plus résistant, tenta de le mordre.

Erreur.

Il le plaqua contre le mur, les yeux luisants.

« Touche-moi encore et je t’arrache la langue. »

L’autre le fixa, hagard… puis recula, abandonné par ses instincts.

Kiran dominait. Sans flair. Sans cri.

Par la rage.

Par le vide.

Quand il ressortit, couvert de poussière, le souffle stable, Ryen l’attendait.

Un silence, d’abord.

Puis Ryen s’approcha, et posa une main sur son épaule.

« T’as ce qu’il faut pour survivre. »

Un compliment ? Non. Un avertissement.

Kiran le fixa. Et dans ses yeux, un éclat plus sombre :

« J’ai pas survécu pour qu’on me félicite. »

Et dans sa tête, une pensée unique :

C’était facile de les tuer.

Ce sera plus dur… de ne pas te désirer.

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