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Le Blond Et Le Loup-garou

Le blond et le loup-garou

Draco ne savait pas quoi faire. Il ne savait pas quoi penser. Il avait grandi dans un monde figé, cloisonné, codifié à l'extrême. Un monde où le sang valait plus que les actions, où le nom dictait la valeur d'un être, et où les créatures magiques étaient soit des domestiques, soit des menaces.

Et pourtant...

Le voilà, debout sous la bruine fine d'un matin londonien, les mains enfoncées dans les poches de son manteau de laine noire, observant un homme. Un homme plus âgé. Un loup-garou. Un sang-mêlé, mal fagoté, aux bottes usées, aux cernes si profonds qu'ils semblaient sculptés dans sa peau.

Remus Lupin.

Le genre de personne que Narcissa Malfoy aurait évitée comme la peste, croisant la rue rien qu'à sa vue. Le genre d'homme que Lucius aurait écrasé d'un regard glacé avant de murmurer une remarque empoisonnée, plus mortelle que le venin d'un basilic.

Draco le savait. Il connaissait parfaitement les conséquences. Il savait ce qu'on attendait de lui. Ce qu'on attendait encore, même maintenant que le nom Malfoy avait perdu de son lustre. Il savait ce que cela signifierait pour sa mère en exil, et pour son père enfermé à Azkaban. Il savait à quel point cela piétinait tout ce qu'on lui avait inculqué.

Et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de revenir.

Il avait d'abord croisé Remus par hasard, une matinée de mai, dans un petit parc moldu non loin de Notting Hill. Le ciel était bleu, le vent chargé de pollen, et Draco s'était arrêté net en apercevant la silhouette amaigrie du professeur de Défense contre les Forces du Mal qu'il n'avait plus vu depuis la bataille de Poudlard. Lupin poussait une poussette. Seul. L'air préoccupé, le regard attendri.

Ce fut comme recevoir un sortilège de stupéfixion.

Draco avait fait demi-tour, le cœur battant, sans vraiment savoir pourquoi. Mais le lendemain, il était revenu. Puis le surlendemain. Et encore. Il n'arrivait pas à s'expliquer ce besoin de le voir. Il s'était convaincu, au début, qu'il s'agissait uniquement de curiosité. Qu'il voulait comprendre comment un homme comme Lupin, brisé par la guerre, pouvait continuer à avancer, à élever un enfant alors que la moitié du pays se reconstruisait à peine.

Mais il mentait. Surtout à lui-même.

Ce n'était pas Teddy qui l'attirait. Pas vraiment. C'était l'homme. C'était cette façon qu'il avait de s'agenouiller doucement près de la poussette pour murmurer des mots tendres à son fils. C'était cette lassitude gravée dans ses traits et pourtant jamais tout à fait résignée. C'étaient ses cicatrices qui racontaient une histoire que Draco brûlait de connaître. C'était ses gestes, doux et précis, comme ceux d'un homme qui avait trop perdu pour être brusque.

Draco, qui avait grandi dans le marbre froid du manoir familial, n'avait jamais vu un homme aimer avec une telle pudeur.

Il se sentait ridicule. Stupide. Et pourtant, il continuait. Chaque jour, il venait s'asseoir sur le même banc, parfois dissimulé derrière un journal moldu. Il guettait. Il contemplait. Il dévorait l'autre des yeux, honteusement, silencieusement. Et plus il observait Lupin, plus il ressentait un étrange tiraillement au creux de la poitrine.

Un mélange de honte et d'admiration. De peur et de désir.

Et il n'était pas le seul à observer.

Remus l'avait vu. Dès la première fois. Même avant que Draco se rende compte de son propre trouble. L'odeur du blond avait éveillé quelque chose en lui. Un éclat familier, pas menaçant, pas dangereux. Une fragrance douce, subtile, à mi-chemin entre celle de Tonks et une nouvelle inconnue. Il avait rapidement compris: les sangs de leurs mères coulaient dans leurs veines respectives. Des sœurs, des héritières Black.

Mais ce n'était pas tout.

Il y avait, dans l'odeur de Draco, une tension. Une hésitation. Une faim contenue. Remus l'avait senti, sans le vouloir, et avait décidé de ne pas l'interrompre. Il avait vécu assez longtemps pour comprendre que certaines choses devaient mûrir lentement. Que le moindre mot, au mauvais moment, pouvait faire fuir les aveux naissants.

Alors il avait attendu.

Et chaque jour, il venait au parc à la même heure. Il poussait Teddy en silence, s'asseyait parfois sur l'herbe pour laisser le petit attraper des pâquerettes, et faisait semblant d'ignorer les regards brûlants qui pesaient sur sa nuque. Il n'en montrait rien. Mais il les sentait. Et il les appréciait.

Lentement, une danse s'installa entre eux. Un ballet de regards esquivés, de présences feintes, de silences bavards. Ni l'un ni l'autre ne parlait, mais leurs corps, eux, s'apprivoisaient. Remus apprenait à reconnaître les pas de Draco avant même qu'ils n'atteignent le gravier du chemin. Draco, lui, connaissait par cœur la courbe des épaules du loup-garou, la façon qu'il avait de lisser les cheveux de son fils en parlant doucement.

Un jour, Draco s'était approché un peu plus. Juste un pas. Le lendemain, il avait murmuré un « Bonjour » presque inaudible. La semaine suivante, Remus lui avait offert un sourire.

Et ainsi naquit l'espace fragile d'un possible.

Draco ne savait pas encore s'il avait le droit d'y croire. Il ne savait même pas ce qu'il cherchait exactement. Rédemption ? Rébellion ? Ou simplement... de la tendresse ? Quelque chose de réel. Quelque chose qu'il n'avait jamais eu.

Remus, lui, attendait. Parce qu'il savait que les plus belles rencontres sont celles qu'on laisse éclore au bon moment.

Et dans l'air tiède de ce printemps improbable, il se disait que peut-être, le blond allait enfin céder à la tentation.

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