Le château royal d'Auradon brillait sous les derniers rayons dorés du soleil. Evie marchait seule dans les jardins suspendus, son grimoire de design sous le bras. Depuis son arrivée à Auradon, la fille de la Méchante Reine avait fait beaucoup de progrès. Elle n'était plus seulement la plus belle ou la plus brillante – elle était elle-même.

Mais ce jour-là, en s'éloignant des sentiers fleuris, Evie aperçut une silhouette immobile devant une fontaine de marbre blanc. Une femme aux cheveux noirs, à la peau de porcelaine et aux lèvres couleur cerise. Elle portait une robe simple mais élégante, et tenait dans ses mains une pomme rouge.

Blanche-Neige.

Evie sentit son estomac se contracter. Elle n'avait jamais parlé à la célèbre princesse que sa mère avait tant haïe. Son nom avait été murmuré, critiqué, insulté des centaines de fois dans leur appartement décrépit de l'Île de l'Oubli. Sa mère disait que tout avait commencé avec elle. La jalousie. Le miroir. La chute.

Evie voulut reculer... mais Blanche-Neige tourna la tête et leurs regards se croisèrent.

— Bonjour, Evie, dit-elle d'une voix douce mais assurée.

La jeune fille s'approcha à pas mesurés.

— Madame... euh... Princesse Blanche-Neige.

— Appelle-moi juste Blanche-Neige, s'il te plaît. Nous ne sommes pas ici pour jouer à la cour.

Un silence gênant s'installa, le bruit de l'eau dans la fontaine couvrant la tension dans l'air.

— Tu es exactement comme elle, dit soudain Blanche-Neige, fixant le visage d'Evie.

Evie se raidit.

— Si vous êtes venue pour me juger à cause de ce que ma mère a fait... Je suis venue ici pour changer. Je suis différente. Je ne suis pas elle.

— Je sais, répondit Blanche-Neige calmement. Et je ne suis pas venue pour ça. Je voulais... voir.

— Voir ?

Blanche-Neige hocha la tête et tendit la pomme dans ses mains.

— C'est symbolique. Je voulais te la donner.

Evie la regarda comme si elle tenait une grenade dégoupillée.

— Vous vous fichez de moi ?

Blanche-Neige esquissa un sourire.

— Pas du tout. Cette pomme n'est pas empoisonnée. Elle est douce. Et elle vient de mon verger personnel. Je voulais te rencontrer... pas en tant que fille de la Reine. Pas en tant que descendante. Mais en tant que jeune fille qui mérite qu'on la voie pour ce qu'elle est.

Evie déglutit.

— Pourquoi maintenant ?

Blanche-Neige baissa légèrement les yeux, pensive.

— Parce que je n'ai jamais eu de fille. Et que j'ai passé toute ma vie à fuir le miroir de ta mère. À vouloir être différente. Puis, je t'ai vue. Tes créations. Ton courage à être qui tu es, malgré tout ce qu'on a pu te dire. Tu n'es pas le reflet de ta mère, Evie. Tu es ton propre miroir.

Evie sentit ses yeux la piquer. Une larme glissa sans prévenir.

— Vous ne savez pas à quel point ça fait du bien d'entendre ça...

Blanche-Neige tendit la pomme vers elle à nouveau.

— Alors prends-la. Et chaque fois que tu douteras, rappelle-toi que même l'histoire la plus empoisonnée peut avoir une suite douce.

Evie prit la pomme, ses doigts tremblant légèrement. Puis elle esquissa un sourire sincère.

— Merci, Blanche-Neige.

— Merci à toi, Evie. D'avoir brisé le cycle.

Et alors que le soleil se couchait derrière les collines d'Auradon, la fille de la Méchante Reine et la princesse au cœur pur s'éloignèrent ensemble dans les jardins, chacune plus libre que jamais de son passé.