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Entre Coups Et Cœurs.

Une tension à la supérette.

Un bol de nouilles froides est posé à côté du clavier, l’ordinateur éclaire la pièce. Il est deux heures du matin, Kay est à moitié endormi sur sa chaise.

- Putain, je ne serai pas à l’heure au taf demain, marmonne-t-il.

Il ferme son ordi et saute dans son lit.

Le réveil vibre sur la table de chevet. Le soleil illumine son visage. Il ouvre les yeux en soupirant, passe sa main sur son visage et sort de ses draps. Une journée de travail l’attend.

Arrivé devant la supérette du coin, il pousse la porte.

- Bonjour, dit-il avec une voix rauque en entrant.

- Tu es en retard Kay.

- Oui, je sais. Ça ne se reproduira pas.

Il part à la réserve et remplit les rayons avant que les clients arrivent.

La matinée était maintenant terminée.

- Kay ! C’est l’heure de ta pause.

- D’accord, à tout de suite patron.

- Au fait, hier soir un garçon a cambriolé ici. Comme tu es de nuit ce soir, je compte sur toi pour l’en empêcher. On ne sait jamais il pourrait revenir.

- Pas de problème.

Kay sort par la porte de derrière. Il s’adosse contre le bâtiment, dans une petite ruelle. Il sort une cigarette et commence à fumer.

- Qui est assez con pour cambrioler une petite supérette ? pense-t-il les sourcil froncé.

Il laissa échapper un rire, puis, comme si de rien n’était, il se redresse et s’éloigna tranquillement.

Il entre dans un fast-food s’approche du comptoir et commende un sandwich.

- Un jambon beurre s’il vous plaît.

Il s’installe à l’une des tables près des vitres. Son sandwich à la main, il mangeait sans vraiment y prêter attention.

- Fait chier. Je vais encore être en retard, chuchote t-il en jetant un coup d’œil nerveux à sa montre.

D’un bond, il quitte le fast-food et se met à courir dans les rues jusqu’à la supérette. Il entre l’air de rien, et se remet au travail.

Le soleil se couche, la lune se réveille. Les collègues partent les uns après les autres, suivis du parton.

Kay est désormais seul dans la supérette. Il s’assoit derrière la caisse, les paupières lourdes, luttant contre le sommeil. Il reste vigilant.

À moitié assoupi, le menton tombant contre son torse, Kay sursauta soudain.

La porte de la supérette venait de s’ouvrir, brisant le silence.

— Bonsoir, lança-t-il machinalement.

L’individu ne répondit pas. Silencieux, il s’avança vers le rayon des boissons. Il prit une canette de Coca, toujours sans un mot, sans un regard, puis se dirigea vers la sortie.

— Eh ! Faut payer !

L’homme s’arrêta, se tourna légèrement, et lança par-dessus son épaule :

— Va te faire foutre. J’ai pas d’argent sur moi.

— Alors repose la canette à sa place.

— Et si j’ai envie de boire ?

— C’est pas mon problème. Soit tu reposes cette canette, soit tu paies.

Leurs regards se croisèrent. Une tension s’installa entre les deux jeunes hommes. Électrique, presque oppressante. Aucun d’eux n’osait parler. Kay, lui, serrait la mâchoire.

L’individu finit par poser la canette sur le comptoir, le regard fuyant.

— Je reviendrai. Et ne m'oblige pas à remettre cette canette en rayon.

Il franchit le seuil, repoussa la porte derrière lui, et s’engouffra dans l’obscurité.

Kay resta immobile quelques secondes, les yeux encore fixés sur la porte qui venait de se refermer.

Le silence était revenu. Il baissa les yeux sur la canette, sans savoir quoi penser. Il n’avait pas levé la voix, n’avait rien menacé. Et pourtant… ça avait suffi.

À suivre...

Silence, sa cogne.

Le soleil se levait lentement, éclairant la chambre de Kay. Allongé sur son lit, il leva une main pour se protéger le front, un soupir s’échappe. Encore une journée à dormir pendant que le monde se réveil.

Il travaillait de nuit ce soir.

Après une journée à dormir il se rendit à la supérette. À son arrivée, son patron l’attendait déjà les bras croisés, un sourire en coin.

- Bonsoir, Kay. Alors, ce voleur ? Tu l’as croisé hier ?

Kay hocha la tête, posant son sac derrière le comptoir.

- Oui. Je l’ai vu entrer. Il avait une canette à la main... Je n’ai même pas eu besoin d’élever la voix. Il l’a reposée sur le comptoir et est parti.

Le patron le regarda avec un air étonné.

- T’as l’air d’avoir ce qu’il faut dans le regard, on dirait. Car il à bien envoyer chier tes collègue les autres fois.

Kay esquissa un sourire discret.

Installé derrière la caisse, Les heures passait lentement, rythmées par le tic-tac discret de l’horloge. Le silence. Rien que le silence.

C’était sa dernière nuit de travail avant sa semaine de vacances. La porte du magasin s’ouvrit. Kay redressa la tête.

C’était lui.

Le jeune homme de la veille. Ils ne disent rien. aucune salutation, aucun mot. Il se dirige vers le rayon des boissons, et attrapa une canette.

Il s’avança jusqu’au comptoir. S’arrêta. Le fixa, le regard dur, presque provocant.

- Tu vas encore me la faire payer ? lança-t-il d’un ton rauque.

Kay le regarda droit dans les yeux, sans détour.

- Évidemment.

Leurs regards se croisèrent une fraction de seconde. Suffisante pour faire monter la tension. Pas le temps de penser. Pas le temps de réalisé. Que l’homme venait de s’échappe.

- Reviens ici, enfoiré ! hurla Kay, déjà lancé à sa poursuite.

La rue était vide, Il le rattrapa, lui agrippa violemment le col et le tira en arrière.

— Je t’ai dit de t’arrêter !

Mais l’homme se retourna et lui envoya son poing en pleine mâchoire.

La tête de Kay vrilla sous l’impact, un goût de sang envahissait sa bouche, puis répliqua aussitôt, le poing serré, frappant à son tour. Les deux corps s’entremêle. Les coups pleuvaient sans retenue, chacun cherchant à dominer l’autre, à expulser une rage plus profonde que le simple vol d’une canette.

Ils se battaient comme s’ils n’avaient plus rien à perdre.

Enfin, Kay plaqua le jeune homme contre un mur, haletant, Le visage en sang, il hurla :

- C’est quoi ton problème ?!

L’homme éclate un rire nerveux. Presque fou.

- Mon problème ? répéta-t-il, un filet de sang coulant de sa lèvre.

- Mon problème, c’est toi, enfoiré.

Kay serra les poings.

- qu’es ce que je t’ai fait bordel ?!

Un sourire narquois ce dessine sur le jeune homme.

- T’a cru que t’était différent d’eux ? T’a cru que tu me faisait peur ? T’es juste un autres pion derrière une caisse.

Kay le repoussa violemment.

- Je fait juste mon taf ! gueule Kay. Tu voles, je réagis. Fin de l’histoire !

- Non. Le problème c’est que t’a aimé me cogner.

Un silence lourd s’abattit. Kay sentit un frisson le traverser. Il resta figé. Il aurait dû répondre, le cogner encore, mais rien.

Le jeune homme se redressa, essuya sa lèvre d’un revers de manche.

- T’as ce regard, mec. Le genre de regard qu’ont ceux qui rêvent de casser des gueules, mais qui se planquent derrière un badge de caissier.

Il s’approcha d’un pas. Lentement, trop près.

- C’est pas la canette ton problème. C’est toi.

Kay recula d’un pas. Il ne savais plus quoi dire, plus quoi penser.

Le jeune homme sourit, un sourire brisé.

- Tu veux me frapper ? Vas-y. Montre-toi qui tu es vraiment !

Kay recule de plus en plus. C’était trop. L’autre s’effondra à moitié contre le mur, ricanant.

- Tu vois ? Souffla-t-il. Même toi, t’as peur de ce que tu es.

À suivre...

Face à Kay.

Allongé sur son lit, les yeux fixés au plafond, Kay sentait son esprit tourner en boucle. Impossible d’effacer ce garçon de sa mémoire. Il n’arrivait plus à se regarder dans un miroir. Quelque chose avait changé. Quelque chose s’était cassé.

Peut-être qu’il avait simplement besoin de se défouler, de crier, de frapper. Ou peut-être… peut-être que ce garçon avait vu juste.

« T’as ce regard, mec. Le genre de regard qu’ont ceux qui rêvent de casser des gueules, mais qui se planquent derrière un badge de caissier. »

La phrase tournait dans sa tête. Et puis soudain, une idée, comme une étincelle :

— Et si je m'inscrivais à une salle de sport ? murmura-t-il dans le vide. Ça m’éviterait peut-être de finir par tabasser n’importe qui.

Ce fut comme une résolution, bancale mais réelle. Désormais, il ira à la salle tous les soirs. Tous, sauf ceux où il bosse.

Sa semaine de vacances touchait à sa fin, et l’odeur du quotidien revenait lentement.

Le lendemain matin, il se leva plus tôt que d’habitude. Douche froide. Vêtements propres. Il franchit les portes du magasin.

— Bonjour patron, comment allez-vous ? lança-t-il avec un sourire presque naturel.

— Bien, et toi ? T’as bien profité de ta semaine ?

— Oui, merci.

— On t’a manqué ?

— Oh, vous savez, ce n’était qu’une petite semaine, répondit-il d’un ton moqueur.

Mais le patron le fixa avec un éclat d’amusement dans les yeux.

— En tout cas, il y en a un à qui t’as drôlement manqué. Le p’tit voleur venait tous les jours demander où t’étais passé.

Le sang de Kay se glaça.

Il regarda dans le vide. Ce n’était pas fini.

Il avait cru avoir tourné la page, tout laissé derrière lui.

Mais non. L’autre était encore là.

Il se força à sourire, hocha la tête. Il ne répondit pas. Il était à bout. Mais il le savait. Il allait revenir. Et Kay n’était pas sûr d’être prêt.

Quelques heures plus tard,

Kay, silencieux, rangeait des packs de lessive sur une étagère du rayon. Sa tête bourdonnait de pensées qu’il essayait de chasser à chaque geste précis. Soudain, la clochette de la porte d’entrée sonna.

Un bruit banal, mille fois entendu. Mais cette fois, son corps réagit avant même qu’il comprenne pourquoi.

— Excusez-moi, je cherche le grand musclé, lança une voix jeune, insolente, à l’accueil.

La voix.

Kay la reconnut immédiatement.

Derrière le comptoir, sa collègue tourna la tête.

— Oh, encore toi. Le grand musclé est là-bas, au fond du magasin. Et il s’appelle Kay si ça t’intéresse.

Kay ferma les yeux un instant. Il aurait pu fuir. Il aurait pu sortir par l’arrière, prétendre qu’il n’était pas là. Mais il en avait assez de fuir.

Alors il resta.

Les pas approchaient. Lents. Trop lents.

Puis la silhouette apparut au bout de l’allée.

Jeune. Les cheveux décoiffés, une clope roulée coincée derrière l’oreille. Le genre de mec qui semblait porter le chaos avec lui comme un parfum.

Kay se redressa lentement. Leurs regards se croisèrent enfin.

Le garçon s’arrêta, un demi-sourire aux lèvres.

— Ah. T’es là. J’t’avais pas vu. T’as changé.

Kay ne répondit pas. Il se contentait de le fixer.

— J’crois que t’as pris un peu de muscle, dit le garçon, en croisant les bras, le ton provocant. Toujours ce regard. Celui qui voyait trop.

Celui qui savait où appuyer pour faire mal.

— T’es venu faire quoi ? demanda Kay, enfin.

— Rien, je voulais juste te voir.

— Tu m’as bien amoché, tu sais. Trois points de suture. J’ai pissé du sang pendant deux jours.

Kay le fixa, le cœur en vrac.

— T’es pas le seul.

— J’espère bien.

Un sourire en coin déforma les lèvres du garçon.

— T’as de la chance que j’aime ça, mec.

Kay détourna enfin les yeux. Les mots étaient trop tranchants, trop chargés.

— T’as changé, répéta doucement le garçon. T’as plus le même feu dans les yeux. T’as l’air encore plus dangereux maintenant.

— J’vais te le prouver si tu continues, grogna Kay.

Mais le garçon rit.

— Tu m’as manqué, Kay.

Les mots résonnèrent dans le vide. Kay resta figé. Il n’avait rien à répondre.

Le garçon, lui, resta immobile encore une seconde. Puis il détourna les yeux et soupira :

— Ouais. C’est bien ce que je pensais, murmura-t-il.

Il recula d’un pas. Le regard fuyant cette fois. Plus de sourire. Plus de défi.

— T’inquiète pas. Je voulais juste voir ta gueule. C’est fait.

Il se retourna, sans un mot de plus, et commença à repartir, les mains dans les poches. Chaque pas semblait plus lourd que le précédent. Kay le suivit du regard, comme s’il n’arrivait pas à croire ce qu’il voyait.

Le type qui l’avait poussé à bout, qui l’avait poussé à se battre jusqu’au sang, venait de lâcher prise sans même lever le ton. Il passa une main sur son visage. Il avait chaud. Trop chaud.

Il lui manquait, aussi.

À suivre...

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