Le vieil homme à la tête de l'école privée de sorcellerie blanchit. Le parchemin entre ses doigts était synonyme de malheur pour lui. Dessus, il était inscrit «Harry Potter». Le nom du Survivant.

Lui qui avait tout fait pour que la société oublie le garçon, voilà que tous ses efforts étaient réduits à néant. Surtout qu'il n'avait pas le choix de lire le nom avant que quelqu'un le fasse à sa place et qu'on lui pose des questions dérangeantes. Il pourrait faire passer sa panique passagère pour de la surprise.

Oui... c'est ce qu'il allait faire...

- Ha... Harry Potter...

Le tremblement de sa voix surprit tout le monde dans la salle à tel point qu'il fallut quelques instants pour réaliser qui avait été nommé. Dès que ce fut fait, la salle explosa en murmures.

Harry Potter avait disparu des radars le lendemain de la mort de ses parents. Personne ne savait où il avait disparu...

Personne?

Non, Albus Dumbledor le savait très bien. La nuit du 31 octobre 1981, Albus s'apprêtait à laisser le jeune orphelin à sa tante quand son instinct le poussa à observer la cicatrice du bébé. C'est à ce moment qu'il fut pris d'horreur.

Mais il ne put y penser plus longtemps que la coupe de feu sembla s'emballer. Des flammes immenses en sortirent avec de grands nuages de fumées. Le directeur de Hogwarts paniqua à l'idée que le garçon soit emmené ici et fut rassuré de voir que ce n'était pas le cas. Quelle grave erreur!

Les flammes et la fumée se mêlèrent jusqu'à former un écran opaque sur lequel se reflétèrent des images. La première à se former fut une famille heureuse qui jouait dans le salon. Le père se transformait en cerf pour faire une nouvelle version du jeu «caché-coucou» et la mère riait avec son bébé. Mais la scène joyeuse fut rapidement interrompue. Le cerf se redressa et se plaça devant les deux autres. Se retransformant, il ouvrit la bouche, l'air très inquiet.

- Lily, prend Harry et sauve-toi!

Les mâchoires tombèrent au sol. C'était le jour où Harry Potter avait vaincu Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom! Le jour où la guerre sombre avait enfin pris fin!

La femme voulut transplaner mais n'y arriva pas. Elle se précipita à l'étage pour se cacher avec son enfant pendant que son époux s'occupait de la menace. En bas, un homme au crâne chauve et aux yeux rouges pénétra dans la maison.

- Voldemort!

Plusieurs frissonnèrent tandis que d'autres lâchèrent un cri de peur.

- James Potter! Comment vas-tu? Tu ne me présentes pas ta charmante femme et ton héritier?

- Aucune chance! Tu as perdu la tête, ça se voit dans ton regard.

Le mage noir soupira tragiquement.

- Je sais James. Mais mes moments de lucidité sont de plus en plus rares et j'aurais voulu rencontrer le fils de mon filleul...

Le père sembla hésiter mais la lueur rougeâtre se mit à scintiller plus fort que la minute précédente, devenant inquiétante. La raison venait de le quitter. Il leva sa baguette et pointa James de cette dernière.

- Parrain, si tu dois me tuer, fais-le sans douleur s'il te plaît.

Le visage du mage noir se tordit en une grimace entre la tristesse et le remord. Mais ça n'empêcha pas le sort de fuser.

- Avada Kedavra! Je suis tellement désolé James.

Une larme roula sur sa joue avant qu'un sourire fou ne recouvre ses traits.

Plusieurs filles fondirent en larmes. On leur avait toujours décrit le mage noir comme un meurtrier de masse sans âme ni remords qui voulait devenir le maître du monde. Maintenant on découvrait qu'il s'agissait d'un sorcier à la magie folle sans contrôle sur ses actes. Seuls les sorciers maltraités durant leur petite enfance ou ayant subi un viol avant d'avoir l'âge d'entrer à Hogwarts pouvaient avoir une magie folle dominant leur esprit. Ça changeait totalement la face de la dernière guerre. Après tout, une magie folle s'en prenait en priorité à ceux qu'elle considérait comme des dangers pour leur hôte ou ceux qui l'ont rendu folle. Ça ne jouait pas en la faveur du vieux barbu. Après tout, il était son adversaire principal avec les Moldus.

Le mage noir monta les escaliers en dansant et en chantonnant. Lily, qui s'était figée de terreur en entendant ce qui s'était produit en bas, avait oublié de se cacher et avait déposé Harry dans son lit pour ne pas l'échapper. C'est ainsi que les trouva Voldemort. Aussitôt qu'elle l'aperçut, elle se positionna devant son fils.

Dans un premier temps, on vit l'homme chauve tenter de faire partir Lily mais elle refusa plus d'une fois. Le rougeoiement revint en force et il s'excusa avant de lui jeter le sort de mort. Voir la rousse tomber au sol sembla le secouer mais c'était difficile à dire. Ça pouvait être vrai tout comme ça pouvait n'être qu'une illusion.

Le mage noir prit Harry, le sortant de son berceau. Il lui flatta les cheveux tout en le berçant.

- Bonjour mon petit Harry. Je suis venu jusqu'ici juste pour te voir tu sais.

Harry gigota un peu et gloussa. Il était évident qu'il n'avait pas compris ce qui s'était passé.

- Oui oui, juste pour toi. Et tu sais quoi? J'ai un cadeau!

Le bébé se mit à taper des mains, ravi par l'idée. Harry avait toujours aimé les cadeaux.

Voldemort se concentra et fit sortir une partie de sa magie hors de son corps. Une centaine de petites lumières flottantes les entoura, fascinant le bébé. Une à une, les boules de lumière entrèrent dans le corps de l'enfant. Plus le processus avançait, plus la magie du Seigneur des Ténèbres se calmait, la folie disparaissant. Mais Voldemort ne put finir que le sort posé sur la maison s'emballa. L'adulte recouvrit l'enfant de son corps et le protégea de l'explosion. Par le fait même, son corps fut réduit en cendres et l'une de ses dents s'enfonça dans le front de l'enfant, la racine formant une cicatrice double. En tombant, les deux lignes se relièrent, formant un éclair.

Dans la salle, tous les spectateurs étaient bouche-bée. Depuis toujours on leur avait dit que la cicatrice éclair de Harry Potter avait été causé par un sort de magie noire et que c'était lui qui avait tué Voldemort. Nul n'avait soupçonné qu'il puisse en être autrement. Les invités du ministère regardèrent Dumbledore avec suspicion. C'était lui qui avait rapporté ce qui s'était passé cette nuit-là. Il était désormais évident qu'il n'avait jamais rapporté ce qui s'était vraiment produit.

Sur l'image suivante, on vit une chose à laquelle personne ne se serait attendu.

Le vieux directeur tenait Harry dans ses bras et l'observait sous toutes les coutures. Soudain, son visage devint aussi blanc que sa barbe. Il déposa le tout petit garçon sur le bord d'une table à laquelle il manquait un pied et se mit à écrire furieusement une note. Il l'accrocha aux vêtements brûlés du bébé et commença une incantation que personne à part lui ne connaissait. Une aura de ténèbres entoura le jeune garçon et, quand elle se dissipa, il avait disparu.

Un tollé retentit, plusieurs insultant le directeur de l'école anglaise. On avait compris ce qu'était ce sort et il était rigoureusement interdit. Un sortilège de bannissement. Impossible à annuler. Dans le monde magique, c'était considéré comme un meurtre.

L'enfant réapparut dans une ruelle sombre et déserte. Il avait froid et faim. Il était tout seul et voulait sa maman. Mais il avait beau pleurer elle ne venait pas. Par contre, un homme vint le voir. Il était habillé comme les «pocier» sur les photos de sa maman.

- Les bras! Faim!

Le policier le souleva et l'amena avec lui au poste. Rendu là, il lui donna à boire un verre d'eau et un peu de son riz. Son souper sera plus petit que d'habitude mais au moins le ventre de l'enfant cessera de grogner. Pendant que Harry mangeait, il lut la lettre qui était avec lui. Et c'était loin d'être quelque chose qu'il aurait voulu voir un jour.

La lettre s'afficha en grand sur l'écran.

Les parents de ce mioche sont morts. Le type qui les a assassiné était fou mais il a aussi transformé l'enfant en un monstre. Je n'ai pas le courage de le tuer mais j'espère que celui ou celle qui le trouvera le tuera. Croyez-moi, cet enfant est un démon. Et je me suis aussi arrangé pour que personne ne puisse trouver son identité ou celle de ses parents.

La scène s'arrêta là.