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Sept Vies Pour Renaître – La Fiancée De L’Ombre

L’aube de la septième vie

Parfait, merci pour ta clarté ! Voici le Chapitre 1 complet, plus long, toujours dans un style de roman fluide, avec Hesse intégré naturellement, et une vraie progression dans l’action et l’introspection d’Élyra. Tu vas retrouver l’atmosphère sombre, stratégique, avec une touche d’ironie froide.

Chapitre 1 – L’aube de la septième vie

Le silence qui précéda son réveil n’était pas naturel. Il était trop propre, trop figé, comme une peinture suspendue dans l’air. Puis un craquement, infime, celui d’un verre qu’on repose trop vite sur une table. Ensuite l’odeur, ce parfum de lavande et de cire chaude, familier jusqu’au vertige. Élyra ouvrit les yeux.

Le plafond blanc à moulures. Les rideaux de velours bleu nuit. Le cliquetis de la pendule dorée sur la cheminée. Elle était revenue. Quinze ans, une fois encore.

Elle inspira profondément, sans bouger. La peur ne venait plus. Ce n’était plus la panique du retour, ni le choc du recommencement. C’était une lassitude ancienne, douce comme une douleur sourde qu’on n’essaie même plus de soigner.

« Elle se réveille enfin. »

La voix dans sa tête était celle d’un homme jeune, posée, presque nonchalante. Hesse.

Élyra ne réagit pas. Elle fixa le plafond un long moment, les mains jointes sur le drap. Puis elle parla, sans tourner la tête.

« Six fois. Tu me l’avais promis. La sixième serait la dernière. »

Hesse soupira. Une présence intangible, un esprit tissé à son âme comme une seconde ombre. Il avait été là dès sa première mort. Elle n’avait jamais compris d’où il venait, ni ce qu’il était réellement. Mais il savait. Il savait tout. Et il ne mentait jamais.

« Je me suis trompé. » Sa voix s’enroula dans son esprit. « Il semble que le destin ait encore des dettes à te faire payer. »

« Ou à me faire encaisser. » Elle se redressa lentement, repoussant les draps. « Tu aurais pu prévenir. »

« Je pensais que tu ne voulais plus m’entendre. »

« Je ne voulais plus te croire. C’est différent. »

Elle se leva. Pieds nus sur le tapis moelleux, elle s’approcha du miroir. Quinze ans. Le visage rond, sans fatigue, sans cicatrices. Sa peau était pâle, intacte. Elle toucha sa joue. Si elle n’avait pas les souvenirs de six morts derrière elle, elle aurait pu croire au rêve.

Elle dénoua ses longs cheveux noirs et les laissa tomber sur ses épaules. Puis elle se pencha légèrement, les coudes sur la coiffeuse, et murmura à son reflet :

« C’est lui, pas vrai ? Encore lui. »

Hesse ne répondit pas tout de suite. Mais elle connaissait le silence qui pesait après ses phrases. Celui-là voulait dire “oui”.

Kael Thornhart. À chaque boucle, c’était lui. L’homme qu’elle n’avait jamais su éviter. Un prince aux yeux gris comme la neige fondue, à la lame facile, au cœur absent. Tantôt fiancé, tantôt ennemi, tantôt sauveur… mais toujours, toujours son bourreau.

Il l’avait tuée de ses propres mains à trois reprises. Les autres fois ? Il avait simplement laissé faire. Et elle était morte quand même.

Elle referma les poings. Plus de larmes. Plus de questions. Elle avait déjà joué tous les rôles possibles : noble docile, amante courageuse, stratège prudente, même servante déguisée. Rien n’avait changé la fin.

Mais cette fois, elle irait au cœur du jeu.

« Je vais l’épouser », dit-elle tout haut.

Hesse éclata d’un rire sans chaleur. « Tu es sérieuse ? Tu veux l’épouser ? Lui ? L’homme qui t’a étranglée sur un balcon parce que tu savais trop de choses ? »

« Justement. » Elle se détourna du miroir. Ses yeux, d’un bleu d’encre, étaient calmes. « Je sais trop de choses. Je sais tout ce qu’il déteste. Tout ce qu’il cache. Tout ce qu’il craint. Et cette fois, je vais le désarmer. De l’intérieur. »

« Ou t’attacher à lui pour de vrai », souffla Hesse. « Tu n’es pas aussi froide que tu veux le faire croire. »

Elle sourit sans joie. « Je n’ai pas besoin d’être froide. J’ai juste besoin de survivre. »

Le plan se formait déjà dans son esprit. L’attaque contre son pays aurait lieu dans un an et demi. L’assassinat de l’ambassadeur dans huit mois. La mort de sa mère dans trois semaines. Elle connaissait les dates. Les pièges. Les choix à éviter. Et surtout, elle connaissait Kael. Son regard. Son orgueil. Son besoin de contrôle.

Mais elle avait vécu six vies. Et elle avait appris à mentir mieux que lui.

Au moment où la porte s’ouvrit et que sa gouvernante entra d’un pas vif, Élyra affichait déjà le masque de la jeune noble parfaite.

« Mademoiselle Élyra ! Vous êtes déjà debout ? Quel soulagement ! Nous avons tant à préparer, vous savez, votre père souhaite annoncer vos fiançailles avant la fin de la saison— »

« Appelez l’ambassadeur du royaume de Thornhart. » Sa voix était claire, ferme.

« Pardon… ? »

« Je veux épouser le prince Kael. »

Un silence tomba, aussi lourd qu’une gifle.

Dans un coin de son esprit, Hesse soupira.

« Te voilà bien repartie pour jouer avec le feu. »

Elle sourit.

« Pas jouer, Hesse. Dompter. »

Le bal de l’ombre

La nuit était tombée sur le domaine Vespera, enveloppant la vaste propriété d’un voile d’obscurité illuminé seulement par des milliers de lanternes dorées suspendues entre les grands arbres et le long des murs de pierre. À l’intérieur, la grande salle se remplissait peu à peu de voix feutrées, de robes bruissantes et de regards discrets. Le bal donné en l’honneur des fiançailles imminentes était le théâtre d’un jeu d’apparences où chaque sourire masquait une intention.

Élyra Vespera franchit les lourdes portes du manoir, le dos droit, le regard assuré. Sa robe, d’un bleu profond et presque noir, semblait absorber la lumière des lustres scintillants, faisant ressortir l’éclat glacé de ses yeux. Chaque pas qu’elle faisait sur le parquet brillant résonnait avec une détermination nouvelle. Cette soirée n’était pas un simple événement social, c’était le début de la partie la plus importante de sa vie : celle où elle ne serait plus une victime.

« Mademoiselle Élyra, vous êtes absolument resplendissante ce soir, » murmura sa gouvernante en arrangeant délicatement un bijou d’argent dans ses cheveux sombres. Élyra lui adressa un sourire poli, conscient que chaque détail comptait.

Au fond de la salle, parmi les nobles rassemblés, elle aperçut Kael Thornhart. Drapé dans une tenue noire qui semblait absorber toute lumière, il se tenait droit, impassible, ses yeux gris perçant balayant la pièce avec une froide précision. Elle sentait le poids de ce regard comme une lame tranchante, un rappel cruel des nombreuses fois où il avait mis fin à ses vies précédentes.

Hesse, l’esprit lié à son âme, glissa dans son esprit d’une voix basse et ironique : « Il t’attend. »

Élyra hocha la tête imperceptiblement. Son cœur ne battait plus à la peur mais à la résolution.

Lorsque le discours de son père annonça officiellement ses fiançailles avec le prince Kael, un silence choqué tomba dans la salle, bientôt remplacé par des murmures intrigués. Élyra savait que beaucoup pensaient cette union impossible, voire dangereuse. Mais elle, elle voyait une chance — la seule.

Les invités commencèrent à se déplacer vers la piste de danse, les couples se formant sous les regards intéressés. Élyra avança vers Kael, son expression aussi calme qu’un lac gelé. Il ne bougea pas, comme s’il attendait qu’elle fasse le premier pas.

« Prince Kael, » dit-elle d’une voix claire et posée, « c’est un honneur de faire enfin votre connaissance. »

Il inclina légèrement la tête, ses yeux d’acier la scrutant avec une intensité désarmante. « Mademoiselle Vespera. Votre réputation vous précède. »

Elle esquissa un sourire sans joie. « J’espère qu’elle n’est pas trop effrayante. »

Un léger mouvement de sourcil, presque imperceptible. « Effrayante ? Peut-être. Intéressante ? Sans aucun doute. »

Leurs mains se rejoignirent, et la musique démarra. La valse commença, lente et hypnotique, chaque pas devenant un échange silencieux de pouvoir, de secrets et de défiances.

Hesse murmura à son oreille intérieure : « Ne baisse pas ta garde. »

Élyra répondit intérieurement : « Cette fois, c’est moi qui mène la danse. »

Au fil de la soirée, elle esquiva les pièges tendus par les nobles jaloux, répondit aux questions piquantes avec grâce, et planta les graines de son futur empire politique. Chaque sourire était un masque, chaque parole un jeu d’échecs.

Mais alors que les chandelles commençaient à se consumer, une certitude la traversa : la véritable bataille ne faisait que commencer. Kael n’était pas seulement un prince froid, il était un adversaire redoutable — et peut-être, au fond, le seul homme capable de changer son destin.

L’homme derrière la lame

Le manoir Vespera baignait dans la lumière froide du matin, les rayons du soleil traversant à peine les lourds rideaux de velours bleu nuit. Élyra était déjà éveillée depuis des heures, immobile devant la fenêtre de sa chambre, observant la cour silencieuse et déserte. Le silence semblait aussi lourd que le poids de son passé.

À quinze ans, elle connaissait la valeur de chaque instant, chaque souffle. Chaque réveil lui rappelait que la mort la guettait toujours, que l’ombre de Kael Thornhart planait sur elle, constante et implacable.

Hesse, l’esprit ancien qui s’était lié à elle depuis sa première mort, s’immisça dans son esprit avec sa voix grave, teintée d’ironie et de tristesse :

« Tu t’interroges. »

Elle ne se retourna pas. Sa voix, douce et déterminée, répondit :

« Comment peut-il être à la fois le bourreau de mes vies et cet homme que je ne peux m’empêcher de vouloir comprendre ? »

Hesse soupira, un son presque humain.

« Kael n’est pas un simple tyran. Il est un homme brisé, prisonnier d’un destin aussi cruel que le tien. Une énigme que tu es la seule à pouvoir résoudre. »

Élyra se leva, ses pieds nus effleurant le tapis richement brodé. Elle se dirigea vers son bureau, où un carnet usé reposait, plein de notes griffonnées au fil de ses vies antérieures. Chaque page retraçait ses rencontres avec Kael, chaque mort qu’il lui avait infligée, chaque geste, chaque mot.

Mais au cœur de ces souvenirs se nichait un mystère. Pourquoi continuait-il à la tuer, alors qu’elle sentait au fond de lui une lutte silencieuse ? Était-il son ennemi, son sauveur, ou simplement un homme pris dans un engrenage qui les dépassait tous les deux ?

Le prince Kael Thornhart, héritier d’un royaume voisin ravagé par la guerre, était connu pour sa froideur et sa cruauté. Pourtant, derrière cette façade, Élyra avait perçu des éclats de douleur et d’humanité, des instants fugaces où le masque tombait.

Hesse ricana doucement :

« Tu crois le connaître, mais tu ne vois qu’une ombre. Il porte un fardeau que même la mort ne peut alléger. Et toi… tu es la clé qui pourrait soit le libérer, soit le détruire. »

Élyra ferma les yeux, le poids de cette vérité l’écrasant et l’élevant à la fois. Elle savait que sa seule chance de survivre était de comprendre cet homme, non comme une ennemie, mais comme celle qui pourrait changer le cours de leur destin.

« Je dois réussir cette fois, » murmura-t-elle. « Ou mourir en sachant que j’ai tout tenté. »

Hesse se fit plus sérieux, presque inquiet :

« Prends garde à ne pas te perdre en essayant de le sauver. »

Le cœur serré, Élyra sentit une tension nouvelle s’installer en elle. Chaque boucle l’avait rapprochée un peu plus de la vérité. Mais cette fois, la partie prenait une tournure différente.

Alors qu’elle se préparait mentalement, la porte de sa chambre s’ouvrit brusquement. Un messager, au visage grave, tendit un pli scellé de cire noire. L’emblème du griffon argenté du royaume Thornhart trônait sur l’enveloppe.

Elle brisa le sceau d’un geste décidé, et ses yeux parcoururent la lettre soigneusement calligraphiée.

« À mademoiselle Élyra Vespera,

Le prince Kael souhaite m’entretenir avec vous en privé. Votre discrétion et loyauté seront indispensables. »

Un mélange d’excitation et de prudence monta en elle.

Elle tourna les yeux vers Hesse, qui ne répondit que par un silence lourd de sens.

« La partie commence, » souffla-t-elle, le regard brillant.

Quelques heures plus tard, dans la bibliothèque du manoir, Kael Thornhart attendait, seul, les mains croisées derrière le dos, le regard dur mais empreint d’une étrange mélancolie. Lorsque la porte s’ouvrit, Élyra entra, ferme mais curieuse.

Le silence s’installa, lourd, chargé d’un passé qu’ils ne pouvaient ignorer.

Kael fut le premier à parler, la voix basse, presque cassée :

« Six fois, je t’ai prise, six fois, j’ai mis fin à ta vie. Pourquoi es-tu revenue ? Pourquoi insistes-tu ? »

Élyra le fixa droit dans les yeux, sans trembler.

« Parce que je sais que tu n’es pas ce monstre que tout le monde croit. Que derrière ta lame, il y a un homme qui souffre. Que si je ne viens pas à toi, je mourrai sans comprendre. »

Un soupir, un éclair de douleur traversa les traits du prince.

« Tu ne sais rien de ce que je porte. Rien des ombres qui me hantent. »

« Alors montre-moi. » Sa voix était un défi.

Et pour la première fois, Kael s’ouvrit, dévoilant un passé fait de trahisons, de sacrifices, de choix impossibles. Un héritage lourd qui avait forgé l’homme qu’il était, mais aussi la prison dans laquelle il vivait.

Dans cette nuit qui semblait suspendue, entre la vérité et le mensonge, Élyra comprit que leur destin était lié bien au-delà de la haine.

Mais ce lien, aussi fort soit-il, serait aussi leur perte.

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