Ceux Qui Ouvrent La Porte
La rentrée
Salle 306 – Couloir principal du lycée Saint-Elme – 7h55
L’horloge murale sonne. Les élèves commencent à arriver, leurs pas résonnent dans le couloir. Le ton est calme, mais pesant.
Élie Moreau
(s’approchant d’Althéa, voix basse)
Tu crois que ça va être différent cette année
Athléa
sans lever les yeux, voix posée, presque froide) Je ne crois rien. Les choses ne changent jamais ici.
La porte du bureau du proviseur, Madame Borel, s’ouvre brusquement. Elle apparaît, imposante.
Le proviseur
(d’un ton ferme) Silence. Rentrée officielle. Pas de retard. Vous savez pourquoi la salle 306 est interdite, n’est-ce pas.
Un frisson parcourt les élèves.
Zoé Marchand
(murmure à Maëlys) Chaque année, ça recommence…
Maëlys Duret
(à voix basse) Cette fois, ce sera différent. Je le sens.
Althéa croise le regard d’Adira, qui l’observe calmement, presque comme si elle lisait en elle.
Monsieur Elias Varnay
(entrant dans la salle, voix forte et claire) Vous êtes ici pour affronter vos peurs. Pas pour les fuir.
Le cours commence, mais une tension sourde s’installe, lourde et irrésistible.
Salle de classe, fin du cours de philo
Monsieur Varnay s’appuie lentement contre son bureau, regard perçant posé sur la classe.
Monsieur Elias Varnay
La vérité n’est jamais simple. Elle est tordue, douloureuse, parfois sanglante. Mais elle finit toujours par se révéler.
Il se tourne vers Althéa, son regard insistant.
Monsieur Elias Varnay
Toi, Althéa, tu cherches des réponses. Mais sache que certaines questions n’attendent pas de réponse… Elles attendent d’être oubliées.
Althéa serre les poings. À côté, Élie l’observe, inquiet.
Élie Moreau
(chuchotant) Tu crois qu’il parle de Clara ?
Athléa
(calme, déterminée) Oui. Et je ne laisserai pas ce secret mourir avec elle.
Plus tard, dans le couloir désert, Zoé et Maëlys discutent à voix basse.
Zoé Marchand
Tu penses qu’ils ont retrouvé quoi sur Clara ?
Maëlys Duret
Rien. Mais ça ne veut pas dire que c’est fini.
Adira arrive, regard fixe.
Adira Sissoko
La salle 306… ce n’est pas qu’une légende. J’ai entendu des choses. Des cris, la nuit.
Un bruit sourd résonne, comme une porte qui claque. Tous se figent.
Athléa
(fronçant les sourcils) Vous avez entendu ça ?
Zoé Marchand
(regard inquiet)Ça venait de la salle 306…
Maëlys Duret
(murmure, presque tremblante) Personne n’y va. Jamais.
Adira avance lentement, les yeux fixés sur la porte condamnée.
Adira Sissoko
Ce n’est pas une pièce comme les autres. Elle bouge. Elle vit.
Élie s’approche de la porte, posant la main dessus. Un frisson glacial lui remonte l’échine.
Élie Moreau
Quelqu’un est là… ou quelque chose.
Althéa recule, regardant la poignée branlante. Un courant d’air glacé s’engouffre dans le couloir.
Athléa
(à voix basse) C’est comme si la salle voulait parler.
Les élèves s’éloignent, le silence retombe, mais la peur, elle, reste, lourde et oppressante.
Ce qui est enfermé
Nuit tombée – 21h03 – Internat – Couloir du dortoir filles
Althéa écrit dans son carnet. La pluie frappe doucement les vitres. Zoé est allongée sur le lit d’en face, les écouteurs enfoncés.
Zoé Marchand
(sans lever la tête) Tu fais encore des listes ?
Athléa
Je note ce que je vois. Ce que j’entends. Ce que les autres oublient.
Zoé Marchand
Et qu’est-ce qu’on oublie ?
Athléa
(froide) Le fait qu’une fille a disparu l’an dernier. Et que tout le monde fait semblant de rien
La porte s’ouvre doucement. Maëlys passe la tête, visiblement nerveuse.
Maëlys Duret
Y a quelqu’un dans le couloir.
Zoé Marchand
(levant les yeux) C’est juste la surveillante.
Maëlys Duret
Non. Elle… elle est passée y a 10 minutes. Là c’était… quelqu’un d’autre.
Althéa se lève sans rien dire, attrape son sweat, et sort. Les deux autres hésitent, puis la suivent.
Couloir de l’étage – Plongé dans le noir, sauf la lumière d’urgence rouge
Ils avancent à pas feutrés. Au bout du couloir, une porte… entrebâillée.
Zoé Marchand
(chuchote) C’était pas ouvert tout à l’heure.
Maëlys Duret
(à Althéa) Tu vas pas entrer, si ?
Athléa
(calme, tranchante) Je veux savoir.
Elle pousse doucement la porte. Une pièce minuscule. Une réserve. Mais sur le mur du fond, quelque chose est écrit en rouge.
Adira Sissoko
(qui surgit derrière elles) Il ne fallait pas entrer ici.
Zoé Marchand
(sursaute) Tu nous as suivies ?!
Adira Sissoko
(regard sombre) Ce n’est pas la salle 306. C’est une salle miroir. C’est elle qui attire. Mais ce n’est pas elle qui frappe.
Althéa s’approche du mur. Elle éclaire les lettres avec son téléphone.
“Ce qui est enfermé revient toujours.”
Voix grave dans le couloir. Élie.
Élie Moreau
Vous ne devriez pas être ici. Si quelqu’un vous voit, c’est la retenue. Ou pire.
Athléa
(sans se retourner) T’as pas peur toi non plus, hein ?
Élie Moreau
(s’approchant d’elle) J’ai appris à avoir peur des choses qui méritent qu’on les craigne. Pas des fantômes.
Les lumières vacillent. Un grincement profond se fait entendre derrière le mur. Tous se figent. Silence.
Adira Sissoko
(chuchote) Elle s’est réveillée.
Quelqu'un regarde
Internat – Dortoir – 5h38 du matin
Un grésillement. La radio d’astreinte crachote. Une voix lointaine, inintelligible. Zoé ouvre un œil. Silencieux. Elle se redresse lentement. Althéa est déjà réveillée, assise sur son lit, les yeux rivés vers la fenêtre.
Zoé Marchand
(chuchote) Tu dors jamais, c’est ça ?
Athléa
(calme, sans détourner les yeux) Quand on ferme les yeux ici… les choses bougent. »
Dehors, la pluie tombe, fine et droite. Un éclair. Un instant, Zoé croit voir une silhouette entre les arbres du parc.
Zoé Marchand
(tremblante) C’était… quelqu’un ?
Athléa
C’est toujours quelqu’un.
Petit déjeuner – Réfectoire – 7h10
Des regards. Des murmures. Quelqu’un a collé une photo en noir et blanc sur le mur d’affichage. On y voit Althéa seule dans la bibliothèque, à une heure où elle n’était pas censée y être.
Élève inconnu
« C’est flippant. Qui a pris ça ? »
Adira Sissoko
(arrivant, tendue) Ce n’est pas nouveau. Quelqu’un t’observe, Althéa. Depuis longtemps.
Élie Moreau
(glaçant) Ce n’est peut-être pas une personne.
Athléa
(toujours impassible) Qu’ils regardent. Ils finiront par se brûler.
Cours de littérature – Professeur Leclerc – 9h20
Le Professeur Leclerc, la quarantaine, d’habitude posé, s’énerve soudainement en parlant de la mémoire et du deuil.
Monsieur Leclerc
Quand on cherche trop le passé, c’est lui qui finit par vous trouver.
Il se tourne vers Althéa, brusquement.
Monsieur Leclerc
Il faut laisser les morts où ils sont. Certains creusent et finissent par tomber avec eux.
La classe retient son souffle.
Maëlys Duret
chuchote) Il devient bizarre lui aussi.
Zoé Marchand
Ou alors il en sait trop. Comme tout le monde ici.
Althéa ramasse ses affaires. Une feuille tombe. Un mot glissé dans son sac. Écrit à la main, sans signature.
“Tu as été choisie. C’est toi qui dois finir ce qu’elle n’a pas pu.”
Adira Sissoko
(en arrivant doucement) Tu ne devrais pas le lire. Tu ne devrais rien lire.
Athléa
(calme, froide) Tu dis ça parce que tu sais ce que ça veut dire.
Adira Sissoko
Non. Je dis ça parce que j’ai vu ce que ça fait.
Extérieur – Fin d’après-midi – Parc du lycée
Un garçon discret, souvent invisible, Lazare, assis sur un banc. Carnet en main. Il dessine. On voit le visage d’Althéa, plusieurs fois répété. Et une page déchirée avec écrit :
“Elle sait.”
Et la nuit tombe encore. Qud va t-il se passer cette fois-ci?
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!