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Le Fléau Voracis : L'Ordre En Péril

Chapitre 1

Il y a des décennies, des créatures appelées Voracis ont envahi notre monde, un royaume baigné de mana. Leurs ambitions étaient simples et terrifiantes : tout dévorer sur leur passage, sans exception. Les mages tentent bien que mal de les repousser, érigeant des barrières magiques et lançant des sorts désespérés, mais la marée de Voracis semble inépuisable. Face à cette menace grandissante, les différentes nations, autrefois divisées par des querelles intestines, durent mettre de côté leurs différends pour unir leurs forces magiques. Des alliances fragiles se formèrent, des stratégies audacieuses furent élaborées dans l'espoir de trouver une faille.

Le 3 juin de l’an 733, un événement a marqué l’histoire de cette guerre interminable. En effet, dans le camp des Voracis

surgit un monstre colossal aux attaques dévastatrices ; son souffle rasait une grande partie de la plaine du royaume d'Atheria en un instant, ne laissant derrière lui qu'un désert de cendres et de mana corrompu. La panique se répandit dans les rangs des mages et des guerriers humains. Face à une telle puissance, leurs sorts et leurs armes semblaient dérisoires. Les récits des survivants décrivaient une créature cauchemardesque, plus haute que les plus hautes montagnes, avec une fourrure blanche comme la neige et des yeux rougeoyants emplis d'une faim insatiable. Certains l'appelèrent le "Dévoreur Primordial", d'autres, plus superstitieux, y voyaient le signe annonciateur de la fin du monde. Mais dans cette panique, un homme accompagné de ses disciples fendit la foule terrifiée avec une aura de détermination inébranlable. C'était Kaelen, un mage solitaire dont la puissance n'avait d'égale que sa réputation d'excentrique. Face à cette menace ultime, il se dressait, son bâton runique vibrant d'une énergie contenue. Ses disciples, peu nombreux mais visiblement dévoués, lui servaient de barrière pour lui permettre de réciter une incantation qui faisait ouvrir le ciel. Des nuages tourbillonnants se formèrent au-dessus du champ de bataille, déchirant le ciel d'un noir d'encre. Des éclairs zébraient l'obscurité, illuminant par intermittence la silhouette monstrueuse du Dévoreur Primordial, qui semblait interloqué par ce soudain changement dans l'atmosphère. La voix de Kaelen, amplifiée par la magie, s'éleva au-dessus du tumulte, les paroles de l'incantation vibrant d'une puissance antique. Une lumière pure commença à émaner des nuages, se concentrant en un faisceau éblouissant qui descendit vers le Dévoreur Primordial, non pas pour l'attaquer, mais pour l'envelopper d'une énergie étrange et mélodieuse. Ce qui fit disparaître la bête, et un instant de stupeur saisit les Voracis. Privés de leur chef monstrueux, ils semblèrent vaciller, leur coordination se briser. Ce qui a permis aux mages et aux guerriers, galvanisés par la disparition soudaine du Dévoreur, lancèrent une contre-offensive d'une ampleur inégalée. Les sorts pleuvaient, les lames s'abattaient avec une vigueur renouvelée. Les Voracis, désorientés et privés de leur puissance dominante, reculaient sous la pression. Après cette victoire, le nom de Kaelen résonna à travers tous les royaumes, acclamé et honoré. La bataille, qui semblait perdue il y a encore quelques instants, tournait enfin en faveur des défenseurs du monde. Cependant, malgré leurs succès initiaux, un sentiment d'inquiétude persistait. Les Voracis ne fuyaient pas en déroute complète ; ils se repliaient avec une détermination tenace, emportant avec eux leurs morts et leurs blessés. Il était clair pour les stratèges que cette victoire n'était que temporaire. La menace des Voracis n'était pas éradiquée, seulement contenue. La disparition du Dévoreur Primordial avait certes brisé leur élan, mais leur soif de mana et leur nombre impressionnant laissaient présager d'autres affrontements inévitables. La guerre était loin d'être finie.

      (Le bruit d’un livre qui se ferme)

Professeur : Et c'est la fin de cette histoire. Des questions ?

Les élèves : Moi monsieur, moi monsieur, moi monsieur !

Professeur : Oui, Linnea... Je t’écoute.

Linnea : Professeur, vous avez dit que le Dévoreur Primordial a disparu grâce à une mélodie ancienne. Mais quelle était cette mélodie exactement ? Était-ce un sort, un chant, ou quelque chose de complètement différent ? Et est-ce qu'il existe encore des écrits qui en parlent ?

Professeur : Professeur : Bonne question... Premièrement, le Dévoreur a disparu grâce à un sort oublié que personne ne connaît, pas même les disciples. Seul Maître Kaelen en a la connaissance de ce sort extraordinaire.

Linnea : Mais si cette incantation est si dévastatrice, pourquoi maître Kaelen ne l'a-t-il pas utilisée contre tous les Voracis présents à la bataille ?

Professeur : C'est une excellente question, Linnea. La puissance de cette incantation est immense, mais elle n'est pas sans contreparties et limitations. Tout d'abord, sa récitation exige une concentration et une énergie magique considérables, même pour un mage aussi puissant que Kaelen. L'utiliser à grande échelle contre une armée entière de Voracis l'aurait probablement épuisé au point de le rendre vulnérable. Ensuite, ce sort est plus efficace contre les créatures d'une puissance exceptionnelle, comme le Dévoreur Primordial, qui agissent comme des points focaux pour les autres Voracis. Tenter de l'appliquer à une multitude de créatures moins puissantes risquerait de diluer son effet, voire de provoquer une réaction imprévisible et dangereuse. Enfin, et c'est peut-être le point le plus crucial, cette attaque n'est pas une arme de destruction massive. Elle apaise, elle fait disparaître mais elle ne détruit pas l'essence même des Voracis. Les utiliser à grande échelle aurait pu les disperser, les rendre plus difficiles à traquer et potentiellement les rendre plus résistants à de futures tentatives d'apaisement. Kaelen a fait un choix stratégique difficile, privilégiant l'élimination de la menace la plus immédiate pour donner un répit à nos forces.

Les élèves (en murmurant) : Waouh, il est vraiment très fort, maître Kaelen.

Professeur : D’autres questions ?

                   *(Silence total)*

Professeur : Très bien, je considère que vous avez écouté et compris l’histoire... Donc, je vais choisir au hasard celui qui va répondre à mes questions.

Le regard du professeur parcourait la salle, cherchant un élève.

Professeur : Alors... Euh...

La plupart des élèves se cachaient derrière ceux qui étaient devant, d’autres évitaient le regard de l’enseignant, feignant un intérêt soudain pour leurs cahiers ou pour la contemplation du plafond. Une toux soudaine se propagea comme une épidémie discrète. Mais Linnea aperçoit Zane couché

sur sa table, un bras pendant mollement et un filet de bave brillant sur son manuel ouvert à la mauvaise page. Un ronflement léger s'échappait de ses lèvres entrouvertes.

Linnea : Ce n'est pas vrai, toujours en train de dormir pendant les cours

Soudain, elle a eu une idée. Elle leva la main.

Linnea : Professeur... Je crois que Zane ne se sent pas très bien.

Il s’avançait rapidement à la table de Zane.

Professeur (inquiet) : Zane... tout va bien ?

Lorsqu’il entendit un faible ronflement sortir de sa bouche, celui-ci se mit dans une colère noire.

Professeur (en criant) : ZANE !

Le jeune garçon sursauta violemment, manquant de renverser sa chaise. Ses yeux s'ouvrirent en grand, fixant le professeur avec une confusion totale. La classe se partagea entre l'amusement face à la scène et une certaine gêne. Le silence qui suivit le cri du professeur fut lourd de tension.

Professeur : Zane, étais-tu en train de dormir pendant mon cours ? Un cours qui relate un moment crucial de notre histoire, une lutte pour notre survie ! As-tu la moindre idée de l'irrespect que tu témoignes envers tes camarades et envers moi en te permettant une telle indécence ?

Zane : Euh... Bien sûr que non, Professeur. Depuis le début, je suivais l’histoire... Euh, j’étais juste en train de réfléchir à cette histoire.

Professeur (en colère) : Ah ouais ? Dans ce cas, puisque tu y réfléchis, tu pourras répondre à ma question, je suppose.

Zane : Ah... Une question... Mais... Mais quelle question ?

Professeur : Combien d’années se sont écoulées depuis la disparition du Dévoreur Primordial ? Je te préviens, à la moindre erreur...

Zane déglutit bruyamment, ses yeux papillonnant nerveusement autour de la classe à la recherche d'un indice improbable. La pression était palpable. Même les élèves les plus habituellement dissipés retenaient leur souffle, conscients des conséquences d'une mauvaise réponse. Le professeur le fixait, les sourcils légèrement froncés, mais une lueur amusée brillait au fond de ses yeux. Il appréciait rarement de prendre les élèves en défaut, mais le spectacle de Zane essayant désespérément de se souvenir de quelque chose qu'il avait manifestement ignoré avait un certain charme.

Professeur : Alors, Zane ? Le temps presse...

Zane : Attendez, attendez ! Je l'ai ! C'était... juste après la grande mode des chapeaux à plumes de mana, mais avant l'invention des chaussures anti-Voracis à roulettes... Donc... je dirais... environ... mardi dernier ? Non, peut-être le jeudi d'avant ?

Un silence perplexe flotta dans l'air pendant quelques secondes, avant qu'une vague de rires n'envahisse la salle de classe. L'image de chapeaux à plumes de mana et de chaussures à roulettes anti-monstres était tout simplement trop absurde. Même le professeur dut se retenir de sourire ouvertement, un léger tremblement agitant ses lèvres.

Professeur : Zane, je suis impressionné par la précision de vos repères historiques... Dommage que jusqu'à aujourd'hui on n'ait pas inventé d'accessoires anti-Voracis. Malheureusement, je crains aussi que ce ne soit pas la bonne réponse puisque cela fait déjà trente ans que le Dévoreur Primordial a disparu... Donc j'en conclus que depuis le début, vous ne suivez pas mon cours.

Il prit l’oreille de Zane et l’emmèna au coin de la salle.

Zane : Aïe aïe aïe monsieur

Professeur (avec un ton sévère) : Tu resteras jusqu'à la fin des cours ! Bien reprenons.

            *(La fin des cours)*

Zane : Ce n'est pas vrai ! J’étais pourtant bien caché.

Jules : Je te signale que t’es juste devant Linnea, c'est normal qu'elle t'ait vu.

Zane : Ah ouais !! J’avais complètement oublié cette rapporteuse. Si je pouvais...

Linnea (s'approchant avec un sourire narquois) : Si tu pouvais quoi, Zane ? Me remercier de t'avoir évité une interrogation encore plus humiliante ? Parce qu'avoue-le, tu n'en savais absolument rien.

Zane (grognant) : Je... j'y réfléchissais justement très profondément ! C'est une technique d'apprentissage avancée.

Jules (éclatant de rire) : Oui, la technique de l'hibernation cognitive ! Très efficace pour ne rien retenir.

Zane : Très drôle ! Attendez que le professeur vous pose une question, vous verrez si vous rigolerez autant.

Linnea : Ne t'inquiète pas pour nous. Au moins, on écoute en classe. Et peut-être que la prochaine fois, au lieu de dormir, tu pourrais essayer de prendre des notes. Ça pourrait t'éviter un coin et une retenue.

Zane (soupirant) : C'est facile à dire pour celle qui a une mémoire d'éléphant. Moi, il me faut... une approche plus... sensorielle de l'apprentissage.

Jules : Ah oui ? Comme sentir le bois de la table avec ta joue pendant que tu dors ?

Zane lança un regard noir à Jules.

Zane : Très spirituel. Bon, je dois aller faire mes exercices supplémentaires. Merci beaucoup, Linnea, pour ta "bienveillance".

Linnea (avec un clin d'œil) : De rien, Zane. Pense à moi la prochaine fois que tu sentiras l'appel du sommeil en classe.

Zane s'éloigna en traînant les pieds, tandis que Linnea et Jules échangeaient un sourire complice. Le tumulte de la fin des cours les emportait vers d'autres discussions, laissant Zane méditer sur les joies du sommeil interrompu et la perspicacité parfois inopportune de ses camarades.

 À la sortie de l’école, Jules rattrapa Zane, le trouvant en train de pester contre le sort et, surtout, contre Linnea.

Jules : Alors, l'expert en histoire ancienne ? La sieste fut bonne ?

Zane (bougonnant) : Très drôle. Tu as vu la tête du professeur ? J'ai cru qu'il allait me transformer en statue de sel. Et tout ça à cause de cette... cette délatrice de Linnea !

Jules : Faut dire que tu ne lui as pas vraiment laissé le choix. Ronfler comme un moteur de Voracis en pleine explication sur la chute du Premier Empereur, c'était un peu risqué.

Zane : J'étais juste... en pleine phase de concentration passive. Mon cerveau enregistre mieux quand mon corps est au repos. C'est une technique révolutionnaire, tu devrais essayer.

Jules (riant) : Oui, je vois le résultat. Tu as tellement bien enregistré que tu pensais que le Dévoreur Primordial avait disparu mardi dernier.

Zane : Bon, d'accord, je n'écoutais pas. Mais quand même ! Me traîner comme ça au coin... C'est humiliant ! Toute la classe a rigolé.

Jules : Tu t'attendais à quoi ? Des applaudissements pour ta grasse matinée ?

Zane : Non, mais un peu de discrétion de la part de Linnea, ça n'aurait pas fait de mal. Elle n'est pas obligée de se faire bien voir du professeur à chaque minute.

Jules : Peut-être qu'elle en a juste marre de te voir dormir en cours. Ça distrait tout le monde, mine de rien.

Zane (soupire) : Je sais, je sais... Il faut vraiment que j'arrête de m'endormir. Mais c'est plus fort que moi. Dès que le professeur commence à parler d'époques lointaines et de batailles oubliées, mes paupières deviennent lourdes. C'est comme une berceuse géante.

Jules : Tu devrais essayer de prendre des notes. Ça t'occupera les mains et l'esprit. Ou bois un litre de café avant chaque cours d'histoire.

Zane : Bonne idée pour le café... Moins pour les notes. Écrire me donne encore plus envie de dormir. C'est l'effet inverse.

Ils marchèrent un moment en silence, Zane toujours Visiblement de mauvaise humeur.

Jules : Tu sais, au fond, Linnea t'a peut-être rendu service. Au moins, tu ne vas pas complètement décrocher en histoire. Et puis, le professeur ne t'a pas donné une punition trop sévère. Juste une heure de retenue.

Zane : Juste une heure ? C'est une éternité quand tu pourrais être en train de faire quelque chose d'utile, comme... euh... tester la résistance de mon oreiller.

Jules : Allez, ne fais pas cette tête. On pourra faire quelque chose après ta retenue. Humm... Que dirais-tu d’aller chez moi pour jouer aux Voracis mutants. Ça te dit ? Ça te réveillera, au moins.

Zane (un léger sourire apparaît sur ses lèvres) : Hmm... Pas une mauvaise idée. Mais si je m'endors pendant qu'on traque une Chimère à cornes, tu me promets de me réveiller à temps ?

Jules : Promis. Mais essaie de rester éveillé en cours la prochaine fois, d'accord ? Pour le bien de tes oreilles et de ta dignité.

Zane : Je ferai de mon mieux. Mais ne compte pas trop là-dessus. L'appel du sommeil historique est puissant.

Ils continuèrent leur chemin, l'ambiance entre eux s'étant légèrement détendue. La perspective d'une aventure excitante après la punition rendait la perspective de l'heure de retenue un peu moins insurmontable pour Zane.

Chapitre 2

À la fin des cours, les élèves se bousculèrent hors de la porte pour rejoindre leurs parents. Certains s'élancèrent à dos de griffon, tandis que d'autres marchèrent en racontant avec animation le déroulement de leur journée.

Le soleil, amorçant sa lente descente derrière les pics dentelés des Monts de la Lune, embrasa le ciel d'une palette de couleurs flamboyantes. Des teintes d'orange cuivré se fondaient en un rose poudré, léchant les quelques nuages épars qui flottaient paresseusement au-dessus du village. La lumière chaude et dorée se répandit sur les chaumières aux toits de mousse, transformant la pierre grise en une toile chatoyante. Les fenêtres, habituellement sombres, se mirent à scintiller comme des joyaux, reflétant l'adieu flamboyant du jour. Même la rivière sinueuse qui traversait le village semblait s'embraser, son eau murmurante capturant les derniers rayons incandescents avant de se teinter de nuances plus douces et crépusculaires. Une paix douce et lumineuse enveloppait le village, comme une bénédiction silencieuse avant l'arrivée de la nuit étoilée.

          *(sur le chemin de la maison)*

Jules (admirant le coucher du soleil) : Waouh ! Regarde, Zane, comme c'est beau, tu ne trouves pas ?

Zane : Ouais…! T’as grave raison. C'est... hypnotisant. On dirait que le ciel est en feu, mais d'une manière... apaisante. D'habitude, je suis trop occupé à penser à mes ennuis pour remarquer des trucs comme ça.

Jules (souriant) : C'est ça, la magie d'un beau coucher de soleil. Ça te force à ralentir et à apprécier le moment présent. Même après une journée passée au coin pour cause de sieste intempestive.

Zane (ricanant légèrement) : Hé ! Ne me rappelle pas ça. Mais tu as raison. C'est... bien. On devrait s'arrêter un instant, juste pour regarder.

Ils s'arrêtèrent au bord du chemin, leurs silhouettes se détachant sur la lumière déclinante. Le silence s'installa entre eux, uniquement brisé par le chant lointain d'un oiseau vespéral et le murmure de la brise légère. Les couleurs du ciel continuaient leur lente transformation, passant à des nuances de violet et d'or, tandis que les premières étoiles commençaient à timidement apparaître.

Jules : Tu vois ? Ça valait la peine de s'arrêter.

Zane (les yeux toujours fixés sur l'horizon) : Ouais... Ça valait vraiment le coup. Merci de m'avoir fait regarder, Jules. D'habitude, je rentre la tête baissée, pressé d'arriver.

Jules : Pas de problème. Parfois, il faut juste lever les yeux. Allez, on y va avant que la nuit noire n'avale toutes ces belles couleurs. Mais on essaie de se souvenir de ce moment, d'accord ?

Zane (hochant la tête) : D'accord. On se souvient.

Ils avancèrent et se retrouvaient au point de séparation.

Jules : Bon, on se dit à demain !

Zane : Ok !

Ils prirent chacun leur route pour rejoindre leur domicile. Zane, lui, courait à vive allure pour rejoindre l’orphelinat.

Un groupe d’enfants, âgés d’environ cinq à six ans, vint à sa rencontre en l’appelant joyeusement.

Ensemble : Zane ! Zane ! Te voilà !

Leurs petites jambes s’agitaient pour le rattraper, leurs rires clairs résonnant dans l’air du soir. Zane ralentit son pas, un sourire chaleureux illuminant son visage habituellement plus mélancolique.

Zane : Salut, bande de petits chenapans ! Vous avez fait de belles bêtises aujourd’hui ?

Un garçonnet, les mains pleines de terre, s’avança fièrement.

Garçonnet : J’ai trouvé un caillou qui brille ! Regarde !

Il tendit une pierre grise et ordinaire à Zane, qui feignit l’émerveillement.

Zane : Oh là là ! Mais c’est une pierre de lune miniature ! Tu vas devenir riche, mon ami !

Les autres enfants se pressèrent autour, chacun voulant montrer ses propres trésors : une plume colorée, une fleur fanée, un bâton tordu. Zane prit le temps d’examiner chaque trouvaille avec une attention sincère.

Zane : Waouh ! Ils sont vraiment cools vos objets trouvés... Ils valent de l’or !

Une fillette aux nattes emmêlées tira sur sa manche.

Fillette : Alors, Zane, dis-nous... Comment s'est passée ta journée ?

Ensemble : Oh oui, raconte-nous ta journée !!

Zane (en riant) : Ok, ok, mais plus tard ! Je suis tellement crevé que ça a réveillé une faim de loup. On mange d'abord, et après, je vous raconte toutes mes aventureS... enfin, les moins ennuyeuses.

Garçonnet : T’arrives juste au moment où sœur Béatrice a fini de cuisiner les...

Un silence s'installa, les visages des enfants se crispant légèrement à l'évocation du repas du soir.

Ensemble (avec une petite grimace) : ...les légumes !

Zane (éclatant de rire) : Bingo ! La fameuse soupe aux légumes de sœur Béatrice. Mais courage, mes petits guerriers ! Après ça, il y aura peut-être une surprise si vous êtes sages. Allez, on se dépêche avant qu'il n'y en ait plus !

Il leur fit signe de le suivre et ils se mirent en route vers le bâtiment austère de l'orphelinat, l'excitation de l'histoire à venir luttant timidement contre la perspective peu réjouissante du dîner. Zane, malgré sa propre fatigue, appréciait ces moments de camaraderie enfantine, un baume simple sur les aléas de sa journée.

*(Dans l’orphelinat)*

Zane : Je suis rentré !

Un silence total lui répondit. Étrangement, l'atmosphère habituelle, pleine de l'écho des jeux et des rires enfantins, avait disparu. Seule une mélodie douce et mélancolique s'échappait d'une lacrima posée sur une table du salon. La mélodie était si... poignante qu'elle glaçait le sang, évoquant des images de forêts sombres et de chagrins oubliés. Les petits qui accompagnaient Zane se figèrent à l'entrée, leurs visages joyeux se crispant d'une appréhension soudaine. Même Pierreux, le caillou "pierre de lune" toujours serré dans la main du garçonnet, semblait avoir perdu de son éclat. Un frisson parcourut l'échine de Zane, un mauvais pressentiment l'étreignant sans qu'il ne puisse en identifier la cause. Où était sœur Béatrice ? Pourquoi cette musique si triste emplissait-elle le silence ?

Zane : a... a... Allô ? Sœur Béatrice vous êtes là ?

Les enfants se mirent vite derrière Zane, leurs petits corps tremblaient comme des feuilles agitées par un vent froid. Leurs yeux, habituellement pleins de malice et de curiosité, étaient maintenant grands ouverts et fixés sur l'ombre au bout du couloir. Même les plus courageux agrippaient fermement les vêtements de Zane, cherchant un réconfort face à cette atmosphère inhabituelle et pesante. Le silence, toujours bercé par la mélodie lancinante de la lacrima, semblait s'épaissir, rendant chaque respiration plus audible et amplifiant le battement de leurs jeunes cœurs affolés.

Puis, un bruit qui de la cuisine résonna ce qui attira l’attention de l’aîné. Un murmure s’échappa des lèvres d’une fillette

Fillette (les yeux brillants de larmes, sa voix chevrotante) : Zane, s’il te plaît... on ne veut pas aller à la Cuisine... c'est dangereux là-bas !

Garçonnet : Elle a raison n’y vas pas !

Zane : qu'est-ce qu'il y a c'est quoi le problème ?

Garçonnet : En fait... Pour tout te dire... C’est sœur Béatrice ! Elle essaye de créer un nouveau plat pour ce soir !

Tout à coup, le visage de Zane se transforma automatiquement en une expression de terreur paniquée, comme s'il venait d'apercevoir un spectre translucide flotter dans le couloir ou d'entendre un hurlement guttural déchirer le silence de la nuit. Ses yeux s'écarquillèrent démesurément, sa bouche s'entrouvrit en un "o" muet et ses sourcils se haussèrent si haut qu'ils faillirent disparaître sous sa mèche rebelle.

Zane (sa voix à peine un murmure rauque) : C’est pas possible vous me faites marcher là non ? Un nouveau plat…? Sœur Béatrice…? Mais... mais quel genre de nouveau plat…?

La fillette aux nattes, sentant le changement brutal dans l'attitude de Zane, le regarda avec une inquiétude grandissante.

Fillette : Bah... elle dit que c'est une surprise... avec des légumes... et des... des choses qu'on n'a jamais mangées avant.

Le visage de Zane se décomposa encore davantage à ces mots. L'image des "choses qu'on n'a jamais mangées avant" concoctées par l'imagination culinaire parfois... aventureuse... de sœur Béatrice suffit à raviver de sombres souvenirs gustatifs.

Zane (avalant difficilement sa salive) : Des... choses... ? Inconnues... ? Oh non... non... pas encore...

Il se tourna vers les enfants, son regard suppliant.

Zane : Écoutez-moi bien, mes petits amis. Oubliez tout ce que je vous ai dit. Le véritable danger... la véritable horreur cosmique... se trouve derrière cette porte. Nous devons... nous devons élaborer un plan. Une diversion ! Un repli stratégique d'urgence ! Une feinte audacieuse ! Tout plutôt que d'affronter... le nouveau plat de sœur Béatrice ! Nos papilles gustatives sont en jeu ! Notre survie même !

Un garçonnet, celui qui avait trouvé la "pierre de lune", gonfla soudainement le torse, son petit visage habituellement timide empreint d'une détermination inattendue.

Garçonnet : Ouais ! Ne t'inquiète pas, Zane ! On est derrière toi ! Pas vrai, les autres ?

Les enfants (en chœur, leurs petites voix résonnant d'un courage nouvellement acquis) : Ouais !

Zane (les regardant avec une surprise mêlée d'un regain d'espoir) : Vraiment ? Vous êtes prêts à braver l'inconnu culinaire à mes côtés ? Même si cela implique... potentiellement... des textures gluantes et des saveurs indescriptibles ?

Les enfants hochèrent la tête avec une ferveur enfantine, leurs peurs initiales face à l'ombre du couloir temporairement éclipsées par l'excitation d'une mission secrète.

Zane (un sourire déterminé se dessinant sur ses lèvres) : Ok ! Très bien ! Puisque nous sommes unis face à cette menace gastronomique... voici mon plan.

Il se pencha, rassemblant les petits autour de lui en un cercle conspirateur. Il baissa la voix, comme s'il partageait un secret d'État vital. Lorsqu’ils entendirent le bruit d’un pas léger qui franchissait le seuil du couloir, leurs têtes se tournèrent instinctivement vers la source du son.

Le corps de Zane et des enfants se mit à trembloter légèrement, non pas de froid, mais d'une tension nerveuse palpable. L'effet de surprise, combiné à leur plan d'évasion imminent, les avait pris au dépourvu.

Sœur Béatrice (avec un ton étonné et une pointe d'inquiétude dans la voix) : Oh, vous voilà enfin, les enfants ! Je vous cherchais partout ! Et Zane, tu viens à peine d'arriver, n'est-ce pas ? Oh là là, je suis désolée si je n'ai pas entendu votre arrivée. J'étais tellement absorbée par la musique provenant de la lacrima... ça m'aide énormément à me concentrer quand je cuisine de nouvelles recettes.

Son regard se posa sur le petit groupe et son sourire s'élargit.

Sœur Béatrice : J'espère que vous avez très faim ! J'ai préparé une surprise... une nouvelle soupe aux légumes avec une touche spéciale. J'espère que ça vous plaira !

Le visage de Zane se crispa légèrement, tandis que les enfants échangeaient des regards furtifs, partagés entre la politesse et une appréhension grandissante face à cette "touche spéciale" mentionnée par Sœur Béatrice. Le plan d'évasion gourmande semblait soudainement beaucoup plus compliqué.

Sœur Béatrice (les yeux tout brillant d'anticipation) : Bon, elle n’est pas encore tout à fait prête... Mais si vous voulez, je peux vous en faire goûter un petit peu, hein ? Juste une cuillère pour vous mettre en appétit !

Pendant ce temps, dans l'esprit torturé de Zane, des images cauchemardesques de ce que pourrait être le "nouveau plat" de Sœur Béatrice défilaient à toute vitesse : des légumes tentaculaires, des sauces aux couleurs douteuses, des morceaux non identifiables flottant dans un bouillon suspect...

Zane (en pensant) : Oh non… ! Attends une minute ! Je ne dois pas perdre espoir ! Les petits et moi avons établi un plan, une stratégie d'évitement culinaire de la plus haute importance ! Je ne peux pas les laisser tomber maintenant, face à cette menace gastronomique imminente !

Zane se retourna vivement pour donner le signal convenu aux enfants, prêt à lancer l'opération "Disparition Discrète". Mais au lieu des petites têtes anxieuses et des regards complices, il ne vit que les quelques objets qu'ils lui avaient montrés avec tant de fierté quelques minutes auparavant : le caillou "pierre de lune" abandonné sur le tapis, la plume colorée négligemment posée sur une étagère, la fleur fanée solitaire sur le rebord de la fenêtre, et le bâton tordu appuyé contre le mur. Un silence soudain, lourd de mystère, remplaça le léger brouhaha enfantin. Où étaient-ils passés ? L'avaient-ils déjà mis leur plan à exécution sans lui ? L'avaient-ils lâchement abandonné à son sort gustatif ? Un frisson d'inquiétude, plus froid que la perspective de goûter au plat de Sœur Béatrice, parcourut l'échine de Zane. Il leva la tête en direction de la porte de sortie, espérant apercevoir une trace de leur fuite. C'est alors qu'il vit Léo, le petit imitateur de cris d'animaux, caché derrière un rideau à moitié tiré. L'enfant lui adressa un salut militaire maladroit, les yeux brillants de larmes contenues, comme pour un camarade partant au front. Un signe silencieux de courage et de sacrifice, lui souhaitant bonne chance dans l'épreuve culinaire qui l'attendait. Zane sentit un mélange d'attendrissement et de désespoir l'envahir. Ils n'étaient pas partis... ils l'avaient laissé en première ligne. Puis, la main de Sœur Béatrice se posa délicatement, mais fermement sur l’épaule de Zane.

Sœur Béatrice (le sourire aux lèvres, ignorant superbement l'expression de terreur de Zane) : Bien, je vois que tu t’es porté volontaire pour y goûter en premier. C'est très courageux de ta part, je t'en remercie.

Elle l’entraîna doucement, mais inexorablement vers la cuisine, le menant droit devant le fameux plat mystérieux qui trônait au centre de la table.

Sœur Béatrice (présentant l'assiette avec fierté) : Eh voilà ! Je te présente ma... Symbiose Végétale Étoilée !

Zane observa avec une méfiance grandissante cette assiette remplie de ce qui ressemblait à un mélange hétéroclite de légumes aux couleurs étranges, parsemé de quelques baies fluorescentes et nappé d'une sauce d'un vert douteux. Une odeur indéfinissable, oscillant entre le terreux et l'acidulé, flottait dans l'air.

Sœur Béatrice (insistante) : Alors, qu'est-ce que tu en dis ? N'est-ce pas appétissant ? Vas-y, ne sois pas timide !

Avec une résignation forcée, Zane prit une petite cuillerée de la "Symbiose Végétale Étoilée". Au moment où le mélange informe sa langue, une vague de saveurs indescriptibles et contradictoires l'envahit. Un goût initialement sucré laissa rapidement place à une amertume âcre, suivie d'une pointe salée étrangement métallique. Ses papilles gustatives semblaient protester violemment.

Soudain, le décor de la cuisine commença à se distordre. Les murs carrelés se transformèrent en arbres aux feuilles d'or, la table en une clairière verdoyante baignée d'une lumière douce. Des créatures féeriques aux ailes irisées voletaient autour de lui, lui offrant des fruits lumineux et chantant des mélodies cristallines. Zane se sentit léger, empli d'une joie inexplicable, comme s'il avait pénétré dans un conte de fées.

...*(Dans le monde merveilleux)*...

Des fleurs géantes aux pétales multicolores s'ouvraient à son passage, libérant des parfums enivrants. Une rivière de nectar scintillait non loin, et des petites créatures ressemblant à des lapins avec des cornes de licorne le saluaient en hochant la tête.

Créature féerique : Bienvenue, voyageur ! Goûtez aux délices de notre royaume !

Zane, avec un sourire béat, tendit la main vers un fruitoyant d'une douce lueur bleutée.

... *(Retour à la réalité)*...

Le bruit sourd d'un corps s'écrasant sur le sol carrelé de la cuisine rompit le silence. Sœur Béatrice se pencha, inquiète, sur Zane, dont le visage avait perdu toute couleur. La cuillère qu'il tenait à la main avait glissé, laissant tomber un peu de la "Symbiose Végétale Étoilée" sur le sol.

Sœur Béatrice (paniquée) : Oh mon Dieu ! Zane ! Qu'est-ce qui se passe ? Tu vas bien ?

Les petits enfants, qui s'étaient timidement approchés de l'entrée de la cuisine, regardaient la scène avec des yeux ronds, partagés entre la curiosité et l'effroi. Le "héros" qui devait les guider à travers cette épreuve culinaire gisait inanimé, victime du goût apparemment... trop "spécial" de la nouvelle recette de Sœur Béatrice. La vérité était cruelle : Zane ne s'était pas envolé vers un monde merveilleux, il s'était tout simplement évanoui.

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