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Les Murmures De L'Appartement

L'ombre du passé

Anna se tenait dans son appartement, une légère brise traversant la pièce. La lumière tamisée de la lampe de chevet se mêlait à l'ombre qui envahissait lentement l’espace. Depuis quelques jours, une angoisse persistante l’étreignait. Elle avait l’impression d’être observée, suivie dans chaque coin de son appartement. Chaque bruit, chaque mouvement autour d’elle semblait amplifié, comme si l’air lui-même devenait plus lourd. Elle se leva, passa une main dans ses cheveux, et fixa la fenêtre. La nuit tombait lentement, mais l’ombre dans son esprit ne disparaissait pas. Cela ne faisait que commencer.
Elle s’assit sur le canapé, ses pensées vagabondant. Il n'y avait pas de raison d’avoir peur. Ce n’était rien, juste la fatigue qui jouait sur ses nerfs. Pourtant, l’idée d’être observée refusait de quitter son esprit. Anna ferma les yeux, tenta de se détendre, mais le malaise persistait. Chaque détail de l'appartement semblait changer, devenant plus sinistre à mesure que le temps passait. La pièce se resserrait autour d’elle.
Ce n’était pas la première fois qu’Anna se sentait ainsi. D’autres moments, dans le passé, avaient été marqués par ce genre de sensations. Elle se souvint de l’époque où elle vivait dans une autre ville, dans un appartement bien plus vieux. Les nuits étaient plus sombres là-bas, mais jamais aussi lourdes. Elle n’avait jamais aimé cet endroit, mais elle n’avait jamais ressenti ce genre de peur. C’était une sorte de pressing invisible, une sensation d’étouffement qui revenait sans prévenir. Et ce soir, elle la ressentait plus intensément que jamais
Son regard se porta vers la porte. Un bruit. Un frôlement. Elle se leva d’un bond, le cœur battant plus fort. Elle s'approcha prudemment de la porte d'entrée, l’esprit envahi par des questions. Qu'est-ce qui pouvait bien causer ce malaise insoutenable ? Il n’y avait personne, bien sûr, et elle vivait seule depuis des mois. Alors pourquoi cette sensation d’être observée, surveillée comme une proie ? Anna hésita avant de poser sa main sur la poignée, l’esprit de plus en plus tourmenté par une pensée qui se faisait insistant : et si ce n’était pas une illusion ?
Elle ouvrit lentement la porte, son souffle court. Rien. Aucun bruit, aucune personne en vue. Juste une étrange lumière qui semblait émaner des coins sombres du couloir. L’espace entre les murs du bâtiment semblait infiniment long, comme un tunnel dans lequel le temps se diluait. Le silence était lourd, trop lourd. Anna observa, presque inquiète, le seuil de la porte. Puis, un objet attira son attention. Un paquet soigneusement posé sur le sol. Aucun message, aucune adresse, juste une forme régulière recouverte de papier kraft. Cela ne lui ressemblait pas.
Elle se pencha, prit le paquet sans vraiment réfléchir. Ses doigts tremblaient légèrement alors qu’elle déchirait l’emballage. À l’intérieur, une vieille montre à gousset, usée par le temps. Un objet sans valeur, mais pourtant familier. Elle se souvenait parfaitement de cette montre. Ce n’était pas simplement un bijou antique, c'était un objet précieux, une pièce qu’elle pensait avoir perdue. La montre appartenait à une époque lointaine, un souvenir d’un autre temps. Son cœur s'emballa en pensant au lien qu’elle entretenait avec cet objet. Comment pouvait-elle l’avoir oublié ?
Anna se redressa, le regard figé sur la montre. Un léger frisson parcourut sa peau. Un frisson qui n’avait rien à voir avec le froid qui s’était installé dans la pièce. La montre, ce bijou abandonné dans le passé, semblait résonner avec un écho de souvenirs qu’elle n’avait pas voulu affronter. Elle se rappela soudainement d’un jour précis, un jour où cette montre avait disparu, comme effacée de sa mémoire. Un événement dramatique, une époque qu’elle avait voulu oublier. Mais l’objet la ramena à cette époque, la forçant à revivre des instants qu’elle avait enterrés.
Ses doigts caressaient la montre, la tournant lentement entre ses mains. Elle entendait son propre souffle, chaque inspiration plus forte que la précédente. Quelque chose n’allait pas. Quelqu’un avait laissé cet objet ici, dans son appartement. Mais pourquoi ? Et comment savait-on ? Un choc de réalisations traversa Anna. Ce n’était pas une simple coïncidence. Le passé, cet autre soi qu’elle avait soigneusement enfoui, revenait à la surface. Mais pourquoi maintenant ? Que voulait-on d’elle ?
Elle tourna la montre dans sa main, cherchant une inscription, un détail qui pourrait l’éclairer. Rien. Juste une montre, vieille, usée, marquée par le temps. Et pourtant, elle savait. Quelqu’un, quelque part, savait ce qu’elle avait fait. Savait ce qu’elle avait vécu. Anna sentit une chaleur envahir son corps, une sueur froide perlant à son front. Ce n’était pas fini. Ce qui avait commencé il y a des années, revenait la hanter. La montre en était la preuve. Quelqu’un l’attendait. Quelqu’un voulait lui faire payer
Un bruit derrière elle. Un léger murmure, un souffle imperceptible. Anna se retourna brusquement, mais la pièce était vide. Rien. Elle se sentit soudainement prise au piège, dans son propre appartement. Une présence invisible, un spectre du passé. L’appartement semblait se resserrer autour d’elle. Son cœur battait si fort qu’elle avait l’impression qu'il allait éclater. Une certitude s'imposa alors : le passé n'était pas un souvenir lointain. Il était là. Il revenait pour la chercher.

L'écho du passé

Clara fixait l’écran lumineux de son téléphone comme si les mots allaient s’effacer. « Ce n’est pas fini, Clara. Tu dois savoir. » Le message était simple, mais il réveillait un monde entier en elle. Elle sentit son estomac se nouer, les souvenirs la submerger comme une vague d’hiver. La dernière fois qu’elle avait vu Samuel, c’était une nuit pluvieuse, sur ce même trottoir où elle venait de garer sa voiture. Il avait ce regard éteint, fatigué de fuir. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ici ? Et surtout… comment ? Elle cliqua sur le numéro. Injoignable. Aucune trace. Elle hésita un instant, puis, presque mécaniquement, retourna dans la pièce du crime. Peut-être y avait-il quelque chose qu’elle avait manqué, un indice, un détail. Tout était figé, mais Clara, elle, sentait que le passé venait de réouvrir ses portes — et cette fois, il n’allait pas se contenter de murmurer.
L’appartement semblait plus froid qu’auparavant, comme si l’absence de la police avait laissé place à une présence invisible. Clara s’avança lentement, évitant de regarder la tache séchée sur le parquet. Son regard fut attiré par une pile de dossiers renversés près du canapé. Elle se pencha. Une photo glissa d’une chemise cartonnée : Samuel, vêtu d’un manteau noir, le regard tourné vers l’objectif. Derrière lui, un bâtiment qu’elle reconnut aussitôt — l’ancienne bibliothèque municipale, fermée depuis des années. Cette photo n’aurait jamais dû se trouver ici. Soudain, la lampe du salon clignota. Une seconde. Puis deux. Un frisson parcourut son dos. Clara serra la photo dans sa main. Elle était venue chercher des réponses. Ce qu’elle trouvait, c’était des fantômes du passé, revenus hanter les lieux. La bibliothèque… Était-ce là que tout avait commencé ? Elle devait s’y rendre. Seule. Même si tout en elle criait de faire demi-tour.
Le soir tombait lorsqu’elle arriva devant les grilles rouillées de la bibliothèque. L’édifice avait quelque chose de solennel, figé dans un autre temps. Les fenêtres hautes semblaient observer le monde avec mépris, comme si les secrets qu’elles renfermaient ne toléraient pas les regards curieux. Clara se glissa à travers une ouverture dans la grille. L’intérieur était envahi par la poussière, le silence pesait comme une chape de plomb. Elle avança lentement dans l’ancien hall d’accueil, son téléphone à la main pour s’éclairer. L’odeur de papier moisi et de bois humide flottait dans l’air. Elle entendit un bruit — léger, mais distinct. Une porte qui grince. Ou un pas. Elle se figea. « Samuel ? » murmura-t-elle, sans vraiment y croire. Le silence lui répondit. Pourtant, une chaleur étrange envahit son cœur. Comme si une part d’elle espérait qu’il soit là. Vivant. Prêt à lui expliquer ce qui s’était passé.
Elle gravit l’escalier en colimaçon qui menait à la salle des archives. Chaque marche grinçait, amplifiant la sensation d’être épiée. En haut, la lumière de son téléphone révéla une pièce circulaire, aux étagères courbées et aux livres empilés en désordre. Au centre, un bureau couvert de feuilles griffonnées. Clara s’en approcha. Elle reconnut l’écriture. C’était la sienne. Des lettres qu’elle avait envoyées à Samuel, il y a trois ans, jamais postées. Comment étaient-elles arrivées ici ? Un bruit de verre brisé la fit sursauter. Elle se retourna brusquement, mais ne vit rien. Elle sentit une odeur : la sienne. Ce parfum discret qu’il portait toujours. Ses mains tremblaient. Quelqu’un jouait avec sa mémoire. Ou pire — avec son cœur. Son regard balaya la pièce une dernière fois, puis se posa sur un mot griffonné sur le mur, en lettres rouges : “REVIENS”. Était-ce un piège ou un appel ?
Clara descendit précipitamment l’escalier. Le mot sur le mur restait gravé dans son esprit comme une brûlure. Reviens. Était-ce Samuel qui lui parlait à travers ces signes ? Ou bien quelqu’un d’autre, un inconnu jouant avec ses souvenirs ? Elle atteignit le hall et se figea net. Sur le sol, là où elle était passée dix minutes plus tôt, une rose rouge avait été déposée. Une unique fleur, intacte, brillante malgré la poussière. Elle se pencha lentement, l'effleura. Pas de carte, pas de message. Rien. Le cœur battant à tout rompre, elle recula. Ce n’était plus une simple enquête, ni une coïncidence. Quelqu’un la guidait. Clara sentit ses jambes flancher. L’émotion montait, irrationnelle. Ce geste — la rose — c’était lui. C’était leur code secret, à l’époque où ils se cachaient encore dans les couloirs de l’université, quand l’amour était simple. Ce soir, la rose devenait énigme.
Clara s’installa sur les marches extérieures, juste devant l’entrée, incapable de partir. Elle observait la ville s'endormir lentement sous un ciel déchiré de nuages. Son esprit tentait de recomposer le puzzle. Le message, la photo, les lettres… la rose. Tout pointait vers Samuel. Mais pourquoi maintenant ? Qu'avait-il à lui révéler ? Et surtout, était-il vivant ? Elle sortit la photo retrouvée plus tôt et observa chaque détail. Derrière lui, un graffiti apparaissait à peine, comme un mot effacé : "Pardon." Le vent souffla doucement, faisant voleter les feuilles autour d’elle. La solitude lui pesait, mais une part d’elle se sentait moins seule. Elle caressa machinalement la cicatrice qu’elle gardait au poignet, souvenir silencieux d’une époque trouble. Elle avait survécu. Grâce à lui. Peut-être était-ce pour cela qu’il revenait maintenant, quand tout semblait s’effondrer. Pour la sauver une fois encore. Ou pour être sauvé, cette fois, par elle.
Elle reprit le chemin de sa voiture à pas lents. L’air de la nuit était chargé d’électricité, comme avant un orage. Alors qu’elle glissait la clé dans la portière, une silhouette apparut dans le reflet de la vitre. Elle se retourna d’un bond. Rien. Seulement les lampadaires, les voitures rangées, et la bibliothèque derrière elle, silencieuse. Je deviens folle, pensa-t-elle. Mais la peur s’était infiltrée, vicieuse. Elle entra, verrouilla aussitôt les portières. Un frisson la parcourut. En allumant le moteur, elle remarqua un papier glissé sous l’essuie-glace. Elle sortit à nouveau, le cœur battant. Le papier était plié en quatre. Elle le déplia lentement, comme si le moindre geste allait déclencher quelque chose. "Tu n’as jamais cessé de compter." Pas de signature. Juste cette phrase. Elle s’assit dans la voiture, la tête entre les mains. Son passé revenait en vagues, et elle ne savait pas encore s’il venait pour l’engloutir ou la libérer.
Clara gara sa voiture dans une ruelle discrète, non loin de son immeuble. Elle n’avait pas la force de rentrer tout de suite. L’enveloppe du souvenir pesait dans sa poche, son contenu brûlant contre sa hanche comme une vérité qui refusait d’attendre. Elle observa les fenêtres éclairées des appartements autour d’elle. Des inconnus vivaient leur routine, rient, dînent, dorment. Elle, elle revenait d’un entre-deux-mondes, un endroit où le passé et le présent fusionnaient avec violence. Soudain, son téléphone vibra. Numéro inconnu. Elle décrocha, le souffle court. Personne. Puis une respiration, lente, maîtrisée. Une voix, à peine un souffle : « Tu n’aurais pas dû revenir. » La ligne se coupa. Clara resta figée. Ce n’était pas Samuel. Elle en était sûre. C’était quelqu’un d’autre. Et cette personne savait qu’elle cherchait. Qu’elle approchait trop près. Une menace voilée… ou un avertissement sincère ? Elle commença à douter de tout. Même de lui.
Rentrée chez elle, Clara verrouilla la porte à double tour, puis s’adossa un instant au bois froid. Le silence de l’appartement lui sembla irréel, presque hostile. Elle se força à respirer profondément, à retrouver ses repères. Dans sa chambre, elle posa la rose séchée sur sa table de chevet, comme une relique d’un monde plus doux. Elle ouvrit l’enveloppe, enfin. À l’intérieur, une lettre, écrite à la main. L’écriture était familière. Samuel. Chaque mot vibrait d’émotion contenue. Il y parlait d’un rendez-vous manqué, d’un danger qu’il avait voulu la protéger, d’un nom qu’elle ne connaissait pas : Elias. Le texte s’interrompait brutalement, comme s’il avait été interrompu. Il n’y avait pas de date. Seulement une phrase finale, rayée rageusement : "Si tu lis ceci, il est peut-être trop tard." Clara sentit une larme rouler sur sa joue. Était-ce un adieu… ou un début ?
Clara s’allongea sur le lit sans même se déshabiller, gardant la lettre contre elle. Les mots de Samuel résonnaient dans sa tête, comme une chanson oubliée qu’on reconnaît dès la première note. Ses yeux se fermaient malgré l’angoisse, emportés par l’épuisement. Mais juste avant de sombrer, une idée s’imposa à son esprit. Un détail. Elias. Elle se redressa brusquement, attrapa son ordinateur portable, et lança une recherche. Rien. Aucun lien évident. Puis, en fouillant les archives du journal local, elle tomba sur un article ancien : “Disparition inquiétante d’un archiviste de la bibliothèque municipale : Elias M. était le dernier à posséder les clés du bâtiment.” Clara se figea. Le cercle se refermait. Elias. Samuel. La bibliothèque. Elle n’était pas seule dans cette histoire. Et la vérité n’avait pas encore parlé. Mais Clara, désormais, était prête à l’écouter. Même si cela devait tout briser.

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