Chapitre 1 – L’odeur de la fin

Le monde n’était plus qu’un tas de ruines. Les immeubles s’effondraient comme des souvenirs oubliés. L’air était lourd de cendres et de sang séché. Dans ce décor dévasté, un garçon avançait seul, le regard vide, les poings serrés.

Kenjiro Yagami.

17 ans. Plus de foyer, plus de famille. Juste un sac à dos, une vieille gourde vide… et la haine en guise de carburant.

Quelques jours plus tôt, il avait vu sa mère exploser sous ses yeux. Littéralement. Un missile était tombé sur leur maison, réduisant tout en poussière. Son père ? Peut-être mort… ou pire.

Il ne restait plus rien. Rien… sauf lui.

Les rues étaient devenues des labyrinthes de mort.

Les zombies étaient partout. Pas comme dans les vieux films. Ceux-là couraient. Grognements graves. Peau craquelée, yeux injectés de noir. Ils étaient rapides, affamés, violents.

Kenjiro s'était réfugié dans une vieille école. Épuisé. Affamé. Tremblant. Il pensait y trouver de la nourriture.

Il avait frappé à la porte d’un groupe de survivants quelques heures plus tôt. Une bande armée jusqu’aux dents. Mais ils lui avaient ri au nez.

— Pas de bouffe ? Pas d’entrée. Crève ailleurs.

Alors il était reparti. Fier, mais vidé. Il avait marché, et marché…

Jusqu’à cet endroit. Ce piège.

Le bâtiment était vide. Aucun cri. Aucune lumière.

Mais pas de nourriture. Pas d’eau. Juste des murs fissurés, des pupitres renversés… et le silence.

Quatre jours.

Quatre jours enfermé. Il avait barricadé les portes avec des chaises, des tables. Il entendait les zombies rôder à l’extérieur. Puis plus rien.

Le silence était pire.

Sa langue était sèche. Son ventre n’émettait plus de sons, juste une douleur sourde. Il pensait à sa mère. À son père. À la chaleur d’un plat chaud. Il pleura. Une seule larme. La dernière.

Jusqu’à ce que… CRAQUEMENT.

Quelque chose venait d’entrer. Un zombie. Peut-être plus. Il n’avait pas la force de crier.

Mais son instinct… lui, était encore vivant.

Il se leva, chancela, et attrapa un manche de balai cassé. Le zombie bondit. Kenjiro hurla, esquiva, frappa. Encore. Et encore. La créature tomba.

Mais lui aussi.

À bout de souffle. Le sang du zombie éclaboussait le sol. Son estomac hurlait. Ses mains tremblaient.

Et là… il fit l’impensable.

Il approcha ses lèvres du cadavre encore tiède… et mangea.

D’abord un morceau. Puis un autre.

Quelque chose changea.

Son cœur battit plus fort. Ses pupilles se dilatèrent. Sa peau devint plus chaude. Il sentit une force… étrange. Dérangeante.

Comme si le sang du monstre l’avait réveillé.

Il se redressa.

Ses sens étaient différents. Plus aiguisés. Il entendait les gouttes d’eau tomber dans une autre pièce. Il voyait dans l’ombre.

Mais surtout… il entendit des pas.

Humains. Lourds. Pressés.

Il n’était plus seul.

Une voix s’éleva derrière la porte :

— Il est là. Le gamin. On le prend, ou on l’abat ?

Kenjiro, encore couvert de sang, recula. Ses yeux, d’un rouge étrange, brillèrent dans la pénombre.

— Essayez… et vous mourrez tous.