Je ne crois pas aux âmes sœurs.

Je crois aux âmes brisées, aux âmes perdues. Celles qui se cherchent dans la douleur, qui s’attachent parce qu’elles n’ont plus rien à perdre.

Je m’appelle Caleb.

Et si tu lis cette histoire, c’est que je t’ai laissé entrer dans ma tête.

Ne t’attache pas à moi.

Je détruis tout ce que je touche.

Je n’aurais jamais dû accepter.

Si seulement je savais ce qui allait se passer après ce simple mot : oui. J’avais 19 ans, un âge où l’on croit que tout est encore possible. Un âge où l’on pense que la vie est encore un jeu, une aventure sans conséquences. Mais tout cela a changé cette nuit-là, lorsque j’ai pris une décision irréversible.

Je me souviens de chaque détail de ce moment.

L’obscurité, l’air lourd de silence, et lui. Un homme ordinaire, mais il portait une vérité qui m’a frappé de plein fouet. Il ne m’a pas imposé son choix, il m’a simplement posé une question.

— Es-tu prêt à tout sacrifier pour avoir ce que tu veux ?

Je n’avais pas réfléchi. Le désir de changer ma vie, de sortir de l’ombre et d’être reconnu, m’avait envahi. J’ai dit oui, sans vraiment savoir ce que cela signifiait. À cet instant précis, je pensais que ça m’apporterait ce que j’avais toujours voulu : la reconnaissance, l’amour, la richesse.

Mais je me suis rendu compte bien plus tard que ce choix avait un prix bien plus élevé que ce que j’avais imaginé.

Les semaines qui ont suivi ont été étranges. Mon regard sur les autres, sur la vie, a pris une nouvelle forme. Mais il y avait aussi ce poids qui me pesait de plus en plus chaque jour. La culpabilité.

Le doute. Chaque réussite, chaque nouvelle opportunité semblait être un cadeau, mais il y avait toujours cette question, ce mais. Qu’avais-je sacrifié pour tout ça ?

Un soir, alors que je marchais dans la rue, je suis tombé sur Léa.

Elle m’a regardé, ses yeux perçant le voile de mes pensées comme si elle savait exactement ce que je portais en moi. Il y avait quelque chose d’inexplicable, quelque chose qui me laissait sans voix.

Comment une simple rencontre pouvait-elle changer tout un cours de vie ?

Léa était différente des autres. Elle avait ce regard, cette lueur dans les yeux qui semblait comprendre quelque chose que je ne pouvais pas exprimer.

Mais elle, elle ne savait rien.

Elle n’avait aucune idée du choix que j’avais fait, du fardeau que je portais. Et pourtant, je sentais que nous étions liés, que nos vies s’étaient croisées pour une raison. Mais c’était trop risqué de lui en parler.

Elle ne pourrait jamais comprendre.

Pourtant, elle s’est approchée de moi, sans crainte. Elle m’a souri, et ce sourire m’a fait oublier tous mes doutes.

C’était comme si, pour un instant, le monde autour de moi s’était arrêté.

Mais dans un coin de ma tête, une voix m’avertissait : Ne t’attache pas à elle. Mais comment ignorer cette fille ? Comment ignorer quelqu’un qui semblait comprendre ma douleur sans avoir besoin de mots ?

Je savais que je devais m’éloigner d’elle, que je ne pouvais pas la laisser entrer dans mon monde. La vérité, c’est qu’il n’y avait plus de place pour elle.

Pas avec ce choix. Mais elle était là, et je ne pouvais m’empêcher de vouloir comprendre qui elle était, pourquoi elle m’attirait autant.

Les jours passaient et les choses devenaient de plus en plus compliquées. Plus je m’approchais d’elle, plus je sentais que je risquais tout. Mais il était trop tard.

J’avais déjà pris mon choix, et maintenant, il fallait en assumer les conséquences.

Les jours passaient, et je me retrouvais souvent à penser à Léa. Chaque fois que nos regards se croisaient, je sentais cette étrange connexion entre nous, une force que je ne pouvais ni expliquer ni ignorer. Mais en même temps, une voix, celle de la culpabilité, me murmurait constamment : Ne l’approche pas. Mon choix avait un prix, et il était trop risqué de laisser quelqu’un entrer dans mon monde maintenant.

Je n’étais pas prêt à tout sacrifier pour quelqu’un d’autre, même si cette personne semblait être la clé de quelque chose de plus grand. Mais à chaque pensée, je sentais que je m’éloignais de mon objectif. Léa, elle, ne savait rien de ce que je portais en moi, de ce que j’avais sacrifié. C’était peut-être mieux ainsi.

Les rencontres étaient devenues de plus en plus fréquentes, et il semblait que l’univers conspirait pour que nos chemins se croisent. Chaque sourire qu’elle me lançait me perturbait davantage, et plus je m’efforçais de me concentrer sur mes objectifs, plus elle m’attirait. Je savais que je devais faire un choix. J’avais fait un pacte avec moi-même, mais ce pacte n’avait pas prévu de place pour les autres.

Léa n’était pas comme les autres filles. Elle avait cette aura de tranquillité qui contrastait avec ma propre agitation intérieure. Elle semblait comprendre mes silences, mes hésitations. Un jour, elle s’est approchée de moi, sans dire un mot, simplement en me fixant. Elle n’avait pas besoin de parler pour que je sache ce qu’elle pensait. Il y avait quelque chose dans son regard, une question non posée, mais que j’avais pourtant l’impression de devoir répondre.

— Tu sembles ailleurs, Caleb, m’a-t-elle dit, d’une voix douce mais assurée.

Quelque chose te tracasse ?

J’ai baissé les yeux. Comment lui dire ? Comment lui expliquer que je portais un fardeau bien trop lourd pour être partagé ? Comment lui faire comprendre que mon cœur, aussi attiré par elle soit-il, était déjà pris par quelque chose de bien plus dangereux ?

— Ce n’est rien, j’ai répondu, en tentant de cacher mes sentiments. Juste des choses à régler.

Elle a souri, mais il y avait dans son sourire cette note de scepticisme, comme si elle savait que j’avais menti. Mais elle ne poussa pas davantage. Elle ne savait pas que chaque parole qu’elle prononçait me déstabilisait davantage.

Le poids du choix, du secret, grandissait chaque jour. Mais un autre problème se posait : ce que je ressentais pour Léa. C’était bien plus qu’une simple attraction physique. C’était plus profond, plus intense, et ça me terrifiait. Ce n’était pas censé se passer ainsi. Je n’avais pas prévu cela dans mon plan.

Je pouvais sentir mon cœur battre plus fort chaque fois qu’elle s’approchait, chaque fois qu’elle me regardait. C’était comme une spirale dont je ne pouvais pas sortir, un piège invisible mais pourtant si réel. Et pourtant, quelque chose m’empêchait de l’embrasser, de lui révéler ce que je ressentais. Il y avait un danger en moi, un danger que j’avais juré de ne jamais transmettre à quelqu’un d’autre.

Je me retrouvais à la suivre des yeux à chaque mouvement, observant comment elle parlait, comment elle riait. La douceur de son rire me laissait une sensation étrange, à la fois douce et acide, comme si ce moment parfait allait se briser d’un instant à l’autre. Mais à chaque fois que je me perdais dans ses yeux, la peur me rattrapait, me rappelant que je ne pouvais pas m’y abandonner.

La vérité, c’était que je commençais à douter. Et le doute, dans mon monde, était aussi dangereux que de faire le mauvais choix. C’était un signe de faiblesse. C’était un pas de plus vers la perte de contrôle. Mais l’idée de perdre Léa, de la voir partir sans jamais avoir eu le courage de lui parler, était encore plus terrifiante.