Chapitre

Haerin n’aurait jamais cru que sa vie basculerait ainsi. Elle avait grandi dans le luxe, entourée de tout ce dont elle pouvait rêver, mais aujourd’hui, ce confort semblait être un piège.

Assise dans le grand bureau de son père, elle observait l’homme qui lui faisait face. Son père, Kang Dohyun, un magnat des affaires respecté, affichait un visage fermé, presque impassible. Mais Haerin connaissait cet homme mieux que personne. Derrière cette apparente sérénité, elle devinait l’inquiétude et la frustration.

— Pourquoi voulais-tu me voir ? demanda-t-elle d’une voix calme, bien qu’une pointe d’appréhension la gagne.

Dohyun inspira profondément avant de croiser les mains sur son bureau.

— Haerin, il est temps que tu assumes tes responsabilités.

Ses mots résonnèrent dans la pièce. Un frisson parcourut l’échine de la jeune femme.

— Que veux-tu dire ?

— L’entreprise traverse une crise. Nos investisseurs perdent confiance, et si nous ne réagissons pas rapidement, nous risquons la faillite.

Haerin se raidit. Elle savait que la situation financière de la famille n’était plus aussi prospère qu’autrefois, mais elle ne s’attendait pas à entendre un tel aveu.

— Je ferai tout ce qu’il faut pour aider, Père. Mais pourquoi me parler de responsabilités ?

Dohyun détourna le regard, un signe qui ne lui ressemblait pas. Puis, il lâcha la bombe :

— Tu vas te marier, Haerin.

Le silence qui suivit fut glacial. Haerin resta figée, comme si son esprit refusait d’assimiler ce qu’elle venait d’entendre.

— Quoi… ? Sa voix tremblait légèrement.

— Un mariage avec Seonwoo Jung. Ce sera bénéfique pour nous deux. Son entreprise est en pleine expansion et une alliance entre nos familles sauvera notre empire.

Haerin éclata de rire, un rire amer.

— Tu plaisantes, n’est-ce pas ? Un mariage arrangé ? En quelle époque crois-tu vivre ?!

— Ce n’est pas une option, Haerin. La voix de son père était ferme, inébranlable.

Son cœur se mit à battre furieusement. Seonwoo Jung… Elle avait entendu parler de lui. Un homme impitoyable, redouté dans le monde des affaires, connu pour son charisme froid et son ambition sans limites.

— Tu veux me vendre comme un simple atout commercial ?!

— Je veux protéger ce que nous avons construit. Tu es la seule qui puisse le faire.

Haerin serra les poings, le souffle court. Elle voulait protester, refuser, crier. Mais face au regard dur de son père, elle comprit une chose : elle n’avait pas le choix.

Son destin venait de lui échapper.

Haerin sentit un poids écrasant s’abattre sur ses épaules. Son père parlait comme si ce mariage était déjà acté, comme si elle n’était qu’une pièce sur un échiquier qu’il pouvait déplacer à sa guise.

— Et si je refuse ? demanda-t-elle, la voix tremblante d’une rage contenue.

Kang Dohyun la fixa longuement, ses yeux froids reflétant toute l’autorité d’un homme qui n’avait jamais accepté d’être défié.

— Alors tu perdras tout.

Le silence tomba brutalement entre eux.

— Tout ? répéta-t-elle, abasourdie.

— Tu es ma fille, Haerin, mais tu es aussi mon héritière. Si tu refuses d’assumer ton rôle, je n’aurai pas d’autre choix que de te couper de l’entreprise.

Haerin eut l’impression de recevoir un coup en plein cœur. Son père était-il réellement prêt à aller aussi loin ? Lui qui l’avait toujours poussée à être à la hauteur du nom des Kang, à prouver qu’elle était digne de diriger l’empire familial ?

— Tu veux dire… que tu me renieras ?

— Si tu refuses d’épouser Seonwoo, je transférerai la gestion de l’entreprise à quelqu’un d’autre. Tu seras libre, Haerin… Mais sans ressources, sans soutien, et sans héritage.

La jeune femme déglutit difficilement.

— Tu me donnes le choix, mais tu m’enlèves tout en même temps.

— Non. Je te montre la réalité. Une union avec Seonwoo nous offrira une stabilité financière et une influence durable. Tu n’as pas idée de la pression que nous subissons en ce moment. Il est temps que tu prennes conscience du monde dans lequel tu vis.

Le cœur de Haerin se serra. Son père n’exprimait jamais ses émotions, mais pour la première fois, elle sentit qu’il portait un fardeau bien plus lourd qu’elle ne l’avait imaginé. Pourtant, cela ne changeait rien.

— Et si Seonwoo refuse ? tenta-t-elle, cherchant désespérément une échappatoire.

— Il ne refusera pas.

Son ton était catégorique.

— Nous avons déjà parlé. Il est d’accord.

Un frisson d’horreur parcourut Haerin. Non seulement son père avait pris cette décision sans son consentement, mais Seonwoo aussi. Ce mystérieux homme d’affaires, dont la réputation de stratège impitoyable n’était plus à faire, avait déjà accepté de l’épouser.

— Quand dois-je le rencontrer ? demanda-t-elle d’une voix blanche.

— Ce soir.

Elle releva brusquement la tête.

— Quoi ?!

— Nous organisons un dîner privé. Il viendra ici. Tu n’auras qu’à te présenter et faire bonne impression.

Haerin sentit sa respiration s’accélérer. C’était un cauchemar. Un piège qui se refermait sur elle, sans issue possible.

— Tu ne me laisses même pas le temps d’y réfléchir ?!

— Non. Parce qu’il n’y a rien à réfléchir.

Elle serra les poings, son regard brûlant de colère et d’incompréhension.

— Tu es vraiment impitoyable, Père.

Dohyun ne broncha pas.

— Tout ce que je fais, je le fais pour notre famille.

Haerin eut un rire amer.

— Non. Tout ce que tu fais, tu le fais pour ton empire.

Elle se leva brusquement et quitta la pièce sans un mot de plus. Son père ne tenta pas de la retenir.

Ce soir, elle rencontrerait Seonwoo Jung.

Et ce serait le début d’un enfer.

Chapitre 2

Le reste de la journée passa dans un flou insupportable. Haerin errait dans la maison familiale, son esprit tourmenté par les paroles de son père. Un mariage arrangé avec Seonwoo Jung… Elle n’arrivait pas à croire que sa vie pouvait basculer ainsi en un claquement de doigts.

Elle aurait pu se rebeller. Fuir. Mais où irait-elle ? Son père l’avait mise devant un choix cruel : accepter cette union ou être dépossédée de tout ce qu’elle connaissait.

Lorsqu’elle se retrouva devant son immense garde-robe, un sentiment de vide l’envahit. Tout ce qu’elle possédait – ces robes de luxe, ces bijoux, cet univers de privilèges – n’était en réalité qu’une illusion. Un décor fragile que son père pouvait lui arracher à tout moment.

Un soupir s’échappa de ses lèvres. Elle n’avait plus le temps de réfléchir. Ce soir, elle rencontrerait Seonwoo Jung.

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La nuit était tombée sur Séoul lorsque Haerin descendit lentement les escaliers menant à la salle à manger. Son cœur battait un peu trop fort contre sa poitrine, comme si son corps tout entier refusait d’accepter ce qui allait arriver.

Elle portait une robe noire élégante, sobre mais raffinée, qui épousait parfaitement ses courbes. Ses cheveux tombaient en une cascade soyeuse le long de son dos, et un maquillage discret soulignait la dureté de son regard. Si elle devait affronter cet homme, elle le ferait avec dignité.

En atteignant le hall, elle aperçut son père, impeccable dans son costume sombre, en pleine conversation avec un homme grand et imposant.

Seonwoo Jung.

Il était là.

Un frisson la traversa lorsqu’elle posa enfin les yeux sur lui. Il était exactement comme elle l’avait imaginé, mais en pire.

Grand, élancé, vêtu d’un costume parfaitement taillé, il dégageait une aura écrasante. Ses traits étaient sculptés avec une précision presque irréelle : une mâchoire forte, des lèvres fines et un regard noir, glacial, qui semblait percer les âmes.

Il était l’incarnation de la froideur et du pouvoir.

Dès qu’elle entra dans la pièce, son regard se posa sur elle, scrutateur, calculateur. Il l’analysait déjà, et Haerin détesta immédiatement cette sensation d’être jaugée comme un simple investissement.

Son père se tourna vers elle avec un sourire satisfait.

— Haerin, voici Seonwoo Jung.

Elle s’approcha lentement, forçant son cœur à ralentir, et s’inclina légèrement.

— Enchantée, murmura-t-elle d’une voix maîtrisée.

Seonwoo ne répondit pas immédiatement. Il se contenta de l’observer, son regard inexpressif. Puis, lentement, il hocha la tête.

— Le plaisir est partagé, dit-il d’une voix calme et profonde.

Son ton était neutre, dépourvu de chaleur. Haerin serra discrètement les poings.

Le majordome annonça que le dîner était servi, et ils furent invités à passer à table.

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L’atmosphère était pesante.

Assis autour de la table luxueusement dressée, Haerin, son père et Seonwoo partageaient un repas où les paroles étaient rares et mesurées.

Dohyun était parfaitement à l’aise, lançant des discussions sur les affaires et les bénéfices de cette alliance, comme s’ils parlaient d’un simple contrat.

Haerin, elle, se murait dans un silence froid. Chaque fibre de son être refusait d’accepter la situation.

Seonwoo, en revanche, semblait totalement indifférent. Il écoutait d’une oreille distraite, répondait par moments d’un hochement de tête ou d’un commentaire concis.

Finalement, il tourna son regard perçant vers elle.

— Que pensez-vous de ce mariage, Mademoiselle Kang ?

La question était posée avec une parfaite neutralité, mais Haerin sentit qu’il la testait.

Elle redressa légèrement le menton.

— Je pense que c’est un arrangement purement stratégique, répondit-elle avec froideur.

Un sourire imperceptible effleura les lèvres de Seonwoo.

— Vous n’avez pas tort.

— Je ne suis pas une marchandise.

Il la fixa un instant, avant de poser ses couverts avec une lenteur étudiée.

— Personne n’a dit que vous l’étiez.

Elle haussa un sourcil.

— Ah non ? Alors pourquoi ce mariage ?

— Parce que nos familles en ont besoin.

Sa réponse était directe, sans la moindre trace d’émotion.

Haerin sentit sa colère monter. Cet homme ne montrait aucun signe de résistance face à ce mariage imposé. Pourquoi acceptait-il cela aussi facilement ?

— Et vous, Seonwoo-ssi ? demanda-t-elle en croisant les bras. Qu’est-ce que vous y gagnez ?

Un silence plana un instant.

— Un empire, répondit-il simplement.

Elle serra les dents.

— Et si je refuse ?

Il la fixa de son regard d’onyx, imperturbable.

— Vous ne refuserez pas.

Cette arrogance !

— Vous me connaissez si bien ? ironisa-t-elle.

Il posa son coude sur la table et appuya son menton sur sa main.

— Non. Mais j’ai appris à reconnaître les gens qui n’ont pas d’autre choix.

Son assurance la déstabilisa. Il savait. Il savait qu’elle était piégée.

Elle détourna les yeux, la gorge serrée.

— Vous êtes exactement comme je l’imaginais.

— Et comment m’imaginiez-vous ?

Elle planta ses yeux brûlants dans les siens.

— Froid. Insensible. Dangereux.

Un silence s’installa. Puis, contre toute attente, Seonwoo esquissa un sourire, à peine visible, mais terriblement énigmatique.

— Vous avez raison, Haerin-ssi.

Elle sentit un frisson lui parcourir l’échine.

Ce mariage s’annonçait bien pire que ce qu’elle avait imaginé.

Chapitre 3

Dès que Haerin franchit le seuil de sa chambre, elle claqua la porte derrière elle et s’y adossa, le cœur battant à tout rompre. Ses mains tremblaient alors qu’elle les serrait en poings, ses ongles s’enfonçant dans sa paume.

Un empire.

Les mots de Seonwoo résonnaient encore dans son esprit.

Il n’avait pas cherché à l’adoucir, ni à lui donner l’illusion d’un choix. Il avait exposé la vérité avec une assurance implacable : elle était piégée, tout comme lui. Mais contrairement à lui, elle n’avait aucun contrôle sur son destin.

Elle laissa échapper un rire amer.

Non. Ce n’était pas tout à fait vrai.

Elle pouvait encore se battre.

Son reflet dans le miroir attira son attention—des yeux brillants de frustration, des lèvres pincées en une fine ligne de défi. Elle n’était pas du genre à abandonner sans combattre. Si elle devait se marier de force, elle s’assurerait au moins que Seonwoo sache qu’elle n’était pas une femme qu’il pouvait dompter.

Avec une détermination nouvelle, elle se détourna du miroir et attrapa son téléphone.

— Jiwoo, j’ai besoin de toi.

Quelques minutes plus tard, le nom de sa meilleure amie s’afficha sur l’écran.

— Haerin ? Qu’est-ce qui se passe ?

— Il faut qu’on se voie. Maintenant.

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La Tentative de Fuite

L’air froid de Séoul enveloppait Haerin tandis qu’elle s’engouffrait dans le siège passager de la voiture de Jiwoo. Les lumières de la ville défilaient à toute vitesse, mais son esprit était trop embrumé de colère pour les remarquer.

Jiwoo, vêtue d’un sweat ample, ne cessait de la regarder du coin de l’œil.

— On dirait que tu es prête à tuer quelqu’un.

Haerin laissa échapper un rire sec.

— J’y songe sérieusement.

Jiwoo soupira et se concentra sur la route.

— Bon, explique-moi.

Haerin hésita un instant, puis expira lentement.

— On me force à épouser Seonwoo Jung.

Jiwoo freina si brusquement que les pneus crissèrent sur l’asphalte.

— QUOI ?!

Haerin lui offrit un sourire amer.

— Ouais. Mon père pense que c’est la seule façon de sauver notre entreprise.

Jiwoo resta silencieuse quelques secondes avant d’agripper fermement le volant.

— Et tu vas accepter ça ?!

— Je n’ai pas le choix.

Le regard de Jiwoo s’assombrit.

— Alors quoi ? Tu vas juste obéir comme une bonne petite fille ?

Un sourire en coin apparut sur le visage de Haerin.

— Pas exactement.

Jiwoo plissa les yeux.

— Tu mijotes quelque chose.

— Je dois partir. Si je disparais, ne serait-ce que quelques jours, ça pourrait bouleverser les choses. Peut-être même assez pour que Seonwoo abandonne.

Jiwoo la fixa comme si elle venait de perdre la tête.

— Tu crois vraiment qu’un homme comme Seonwoo Jung va juste… abandonner ?

— Il n’est pas invincible, Jiwoo. Si je rends cette situation suffisamment compliquée, il comprendra que je ne suis pas un pion facile à jouer.

Jiwoo poussa un long soupir.

— Très bien. Où veux-tu aller ?

— N’importe où, tant que je suis loin d’ici.

Jiwoo hésita, puis hocha la tête.

— D’accord. Mais ne viens pas pleurer si ça tourne mal.

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L’Avertissement de Seonwoo

Le lendemain matin, un bruit sourd et répétitif résonna contre la porte de Haerin, la tirant brusquement de son sommeil.

Elle grogna et enfouit son visage sous l’oreiller.

— Laisse-moi tranquille.

Les coups ne cessèrent pas. Au contraire, ils devinrent plus insistants.

Exaspérée, elle se leva en jurant à mi-voix et ouvrit la porte d’un geste brusque—

Pour se retrouver face à face avec lui.

Seonwoo Jung.

Elle sentit son souffle se bloquer un instant.

Elle s’était attendue à voir les hommes de son père. Peut-être même à recevoir un appel furieux.

Mais lui ?

Droit devant elle, vêtu d’un costume noir impeccable, il semblait aussi froid et imperturbable que la veille. Mais ce qui la troubla le plus, ce fut son regard. Un regard perçant, calme, mais étrangement amusé.

— Tu croyais vraiment pouvoir disparaître, Haerin-ssi ?

Sa voix était posée, presque moqueuse.

Haerin s’agrippa au chambranle de la porte, tentant de masquer sa nervosité.

— Comment m’as-tu trouvée ?

Seonwoo se pencha légèrement, réduisant la distance entre eux, son regard toujours fixé sur elle.

— Tu pensais vraiment que je n’allais pas faire suivre ma future épouse ?

Un frisson glacé lui parcourut l’échine.

— C’est complètement fou.

— C’est la réalité.

Il fit un pas en avant. Instinctivement, elle recula.

— Tu n’as pas à aimer ce mariage, mais ne commets pas l’erreur de croire que tu peux y échapper, continua-t-il d’un ton tranquille. Tu peux fuir autant que tu veux, Haerin. Je te retrouverai toujours.

Sa confiance l’exaspérait.

— Tu es pathétique, cracha-t-elle. Tu crois vraiment que tu peux contrôler ma vie ?

Un léger sourire étira ses lèvres, mais ses yeux, eux, restèrent sombres.

— Pas ta vie. Il marqua une pause. Juste la partie qui m’appartient.

Haerin sentit son cœur s’emballer de colère.

— Je ne t’appartiens pas.

Son sourire s’élargit.

— Tu finiras par le comprendre.

Un frisson la parcourut.

Elle avait cru que Seonwoo serait distant, froid, indifférent.

Mais il était bien pire que ça.

C’était un homme qui prenait son temps. Un homme qui aimait la voir lutter.

Et c’était précisément ce qui l’effrayait le plus.