La nuit était un écrin de velours sombre, percé d’éclats argentés. L’air, chargé d’une chaleur presque liquide, caressait la peau comme une promesse murmurée.

Lysandra avançait pieds nus sur le marbre glacé du temple, son souffle léger troublant à peine le silence. La lueur des chandelles dansait sur sa peau diaphane, révélant l’éclat subtil d’écailles argentées effleurant ses hanches et le creux de ses reins. Elle n’était pas humaine, pas tout à fait. Une créature mi-femme, mi-mystère, née du désir des dieux et de la magie ancienne.

Ce soir, elle n’était pas seule.

Une présence, brûlante et intangible, l’enveloppait dans une étreinte invisible. Une énergie sombre et magnétique effleurait sa nuque, glissant sur sa colonne vertébrale comme une caresse interdite.

— Tu es venue, murmura une voix grave, un frisson d’ombre et de soie.

Elle ne le vit pas tout de suite, mais elle le sentit. Une force ancrée dans la nuit, dans la pierre même du temple. Puis, lentement, il apparut. Silhouette taillée dans la nuit, un homme aux yeux incandescents, plus ancien que le temps lui-même.

Azrael.

Le gardien des interdits. L’amant maudit que même les dieux craignaient.

Leur dernier pacte s’était scellé dans un baiser au goût d’éternité et de damnation.

Et cette nuit, il était revenu réclamer ce qui lui appartenait.

Lysandra ne bougea pas, son souffle suspendu entre crainte et désir. Azrael était là, tout près, son ombre caressant la lueur tremblante des bougies. Son regard ambré brillait d’une faim contenue, une chaleur insoutenable roulant sous sa peau.

— Tu ne devrais pas être ici, murmura-t-elle, la voix tremblante.

Il esquissa un sourire lent, carnassier.

— Et pourtant, me voilà.

Sa main s’éleva, paume ouverte, appel silencieux auquel son corps tout entier voulait répondre. Elle savait ce qu’il voulait. Ce qu’il exigeait. Mais Lysandra était une prêtresse, une vestale vouée aux dieux. Son sang était sacré, intouchable.

Sauf pour lui.

Elle ferma les yeux une seconde trop longue, le temps qu’il l’effleure. Ses doigts, brûlants comme du fer forgé, glissèrent sur sa hanche nue, trouvant les fines écailles qui y luisaient. Un soupir s’échappa de ses lèvres, plus proche d’un gémissement étouffé.

— Tu me désires, Lysandra, susurra-t-il. Tu l’as toujours fait.

Sa main remonta le long de son flanc, s’attardant sous le poids de sa poitrine avant de se refermer doucement sur sa gorge, juste assez pour qu’elle sente la pression. Pas une menace. Une promesse.

Elle rouvrit les yeux, plongeant dans l’incandescence des siens.

— Je suis maudite si je cède…

Azrael se pencha, frôlant ses lèvres sans les toucher.

— Et damnée si tu résistes.

L’air entre eux était saturé de magie, d’un désir ancien et indomptable. Ses jambes flanchèrent lorsqu’il l’attira à lui, son corps épousant le sien comme s’il avait été façonné pour elle. La pierre du temple se réchauffa sous leurs pieds alors qu’une onde d’énergie pulsait entre eux.

Il n’y aurait pas de retour en arrière.

Et Lysandra le savait.

Un frisson parcourut Lysandra alors qu’Azrael resserrait son emprise, non pour la contraindre, mais pour la posséder.

Lysandra sentit son corps s’embraser sous la chaleur de sa présence. Chaque parcelle de son être résonnait avec l’énergie brute qu’il dégageait, un appel auquel elle ne pouvait plus prétendre résister. Ses doigts s’accrochèrent aux épaules d’Azrael, à la fois pour le repousser et le retenir, mais il ne lui laissa pas le choix.

Son souffle effleura sa peau, descendant le long de sa gorge, s’attardant sur le creux de son épaule, là où battait son pouls affolé.

— Tu trembles, murmura-t-il contre sa peau, sa voix un murmure de braises.

— Je…

Mais aucun mot ne franchit ses lèvres. Parce qu’il la touchait déjà, ses mains glissant sur ses courbes avec une aisance dangereuse. Les écailles sur sa peau frémirent sous son contact, vibrant sous l’appel d’une force ancienne, comme si son corps reconnaissait en lui un maître qu’elle refusait pourtant d’accepter.

Azrael la pressa contre la pierre froide du temple, contrastant la chaleur insupportable qui irradiait d’eux. Il sentait bon la nuit et les promesses interdites.

— Lysandra… tu es à moi.

Elle ferma les yeux, sentant la barrière entre devoir et désir s’effriter. Les dieux l’avaient créée pour être pure, intouchable. Mais ils avaient oublié que le feu, une fois allumé, ne pouvait être contenu.

Et Azrael, lui, ne faisait que l’attiser.

Les doigts d’Azrael effleurèrent sa peau avec une lenteur calculée, traçant le contour des écailles argentées qui ornaient ses hanches. Lysandra sentit la chaleur monter en elle, incontrôlable, consumante. Chaque caresse éveillait quelque chose de primal, un instinct enfoui depuis trop longtemps sous les cendres du devoir.

— Lâche-moi… murmura-t-elle, sans y croire.

Le sourire d’Azrael s’élargit, une lueur prédatrice brillant dans son regard incandescent.

— Mens-moi encore, Lysandra.

Sa main remonta, s’attardant sur la courbe de sa taille, puis plus haut, caressant la peau sensible de son flanc. Elle frissonna, incapable d’échapper à la brûlure de son toucher.

— Les dieux t’observent… Ils savent…

— Les dieux t’ont abandonnée, Lysandra. Tout comme ils m’ont abandonné.

Sa voix était un souffle rauque, une promesse déliée du sacré. Elle voulait protester, s’accrocher à ses derniers vestiges de raison, mais la réalité la frappa avec une brutalité implacable.

Il avait raison.

Depuis des années, elle priait des cieux muets, se drapait dans un rôle qui n’avait jamais été le sien. Elle n’était pas née pour la chasteté, pour la dévotion aveugle. Elle était née d’un désir ancien, d’un feu que même les dieux craignaient.

Azrael se pencha, frôlant sa gorge de ses lèvres, inspirant le parfum enivrant de sa peau.

— Dis-moi d’arrêter, ordonna-t-il, sa main resserrant son emprise sur sa hanche.

Mais Lysandra garda le silence. Parce qu’elle ne pouvait pas. Parce qu’elle ne voulait pas.

Un grondement satisfait vibra dans la poitrine d’Azrael. En une fraction de seconde, il la souleva du sol, la forçant à enrouler ses jambes autour de sa taille. Son dos rencontra la pierre froide du temple tandis que son corps s’embrasait sous le poids du sien.

— Tu es à moi, souffla-t-il contre ses lèvres, sa voix vibrante d’un pouvoir ancien.

Lysandra ferma les yeux. Plus de dieux. Plus d’interdits.

Seulement lui.

Seulement la chute.