Prologue
Dans l’immensité céleste, au-delà des nuages et des étoiles, s’étendait le Royaume des Immortels, un lieu où le temps n’avait pas de prise, où les rivières coulaient d’or liquide et où le ciel s’illuminait de mille éclats divins. C’était un monde d’harmonie et de règles absolues, gouverné par des lois si anciennes que nul ne pouvait se rappeler leur origine. Au sommet du Palais d’Azur, trônait l’Empereur du Ciel, souverain des dieux et gardien de l’équilibre cosmique.
Les immortels vivaient dans un ordre parfait, chacun ayant un rôle précis à jouer dans l’univers. Certains régissaient les éléments, d’autres veillaient sur le destin des hommes, et d’autres encore tissaient les fils du temps et du cosmos. Parmi eux se trouvait une jeune déesse, Xianü, connue pour sa beauté éthérée et son talent incomparable dans l’art du tissage céleste. Chaque jour, elle filait et tissait les nuages, peignant l’aube et le crépuscule de ses mains délicates, enveloppant la terre d’un manteau de lumière douce et apaisante.
Mais Xianü n’était pas comme les autres divinités. Son cœur, bien qu’immortel, était empli d’une curiosité inextinguible pour le monde des mortels. Tandis que les autres dieux restaient indifférents à la vie éphémère des humains, elle aimait observer leurs joies et leurs peines, écouter leurs prières, sentir l’intensité de leur existence brève mais vibrante.
Et un jour, elle commit l’irréparable.
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Cela commença par un simple regard.
Alors qu’elle tissait les nuages depuis son palais flottant, son attention fut attirée par un homme dans le monde d’en bas. Contrairement aux autres humains qui vivaient dans la crainte des dieux, celui-ci semblait différent. Il ne priait pas pour la richesse ni pour le pouvoir, mais remerciait simplement le ciel pour la lumière du matin et la pluie bienveillante qui nourrissait ses cultures. Il était humble, fort et portait un amour sincère pour la terre qu’il cultivait de ses mains.
Xianü ne put détourner les yeux. Chaque jour, elle l’observa un peu plus longtemps, fascinée par la simplicité et la sincérité de sa vie. Son sourire lorsqu’il voyait les premières pousses germer, sa tristesse lorsqu’une tempête détruisait ses récoltes, son espoir inébranlable malgré les difficultés—tout en lui la captivait.
Un soir, alors que la lune brillait haut dans le ciel, elle prit une décision interdite.
Elle descendit sur Terre.
Le vent nocturne caressa sa peau lorsqu’elle posa le pied sur le sol pour la première fois. La sensation était étrange, troublante. Le poids de son corps, l’air qu’elle respirait, l’humidité de l’herbe sous ses pieds… Elle se sentait vulnérable et pourtant terriblement vivante.
Cachée dans l’ombre, elle observa l’homme de plus près. Il s’appelait Liang. Il travaillait jusqu’à tard dans la nuit, sous la lumière des étoiles qu’elle-même avait tissées. Une impulsion irrépressible la poussa à s’approcher.
Mais ce fut ce moment d’audace qui scella son destin.
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Dans les cieux, rien n’échappait au regard des dieux.
Le Palais d’Azur s’emplit de colère lorsque l’Empereur du Ciel apprit qu’une immortelle avait osé descendre parmi les hommes sans permission. Mais ce n’était pas la pire de ses fautes. Xianü n’était pas seulement descendue sur Terre… Elle avait osé interagir avec un mortel.
— Elle a trahi nos lois ! tonna une divinité.
— Elle souille son immortalité en s’attachant à un être éphémère.
— Une déesse ne peut aimer un humain !
Le jugement fut rapide et impitoyable.
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Xianü fut convoquée devant le tribunal céleste. À genoux sur le sol de jade, elle écouta en silence la sentence de l’Empereur du Ciel.
— Tu as brisé l’ordre divin.
Sa voix résonna comme un coup de tonnerre.
— Tu as souillé ta pureté en posant les pieds sur la Terre.
Un murmure s’éleva parmi les immortels.
— Tu as éprouvé des émotions interdites pour un être voué à mourir.
Les yeux de Xianü se fermèrent. Elle ne nia rien.
— Par ton insolence, tu es désormais indigne du Royaume Céleste.
Un froid terrible envahit son corps.
— Nous t’exilons parmi les mortels. Tu vivras parmi eux, souffriras comme eux, et connaîtras la douleur du temps qui passe.
Xianü sentit son pouvoir lui être arraché. Son immortalité, son essence divine, sa capacité à tisser la lumière du ciel… tout s’effaçait comme un rêve au réveil.
Un vent violent s’éleva, l’enveloppant d’un tourbillon de lumière aveuglante.
Son dernier regard avant de sombrer fut pour le ciel étoilé, celui qu’elle ne reverrait peut-être jamais.
Puis, elle tomba.
Chapitre 1
Les cieux tremblèrent sous l'impact de la chute de Xianü. Alors que les derniers fils de lumière divine s’éteignaient dans le monde des mortels, les étoiles au-dessus s’assombrirent dans un silence lourd de deuil. Au Tribunal céleste, les dieux se tenaient, figés, tandis que la voix de l’Empereur du Ciel résonnait dans l’immensité du royaume.
— "Tu nous as trahis, Xianü," déclara l’Empereur, sa voix empreinte de colère et de tristesse. "Toi, qui étais pure, tu as brisé les lois sacrées. Tu es descendue dans le royaume des mortels, et pire encore, tu t’es attachée à leur fragile existence."
Xianü se tenait à genoux devant le trône, le cœur lourd de regrets. Elle n’avait jamais voulu défier les dieux, mais son cœur, sa curiosité, et son amour pour le monde des humains l’avaient égarée. Elle sentait ses pouvoirs se dissiper, comme si la chaleur du soleil s’échappait dans le vide glacé de la nuit. Son essence divine se défaisait, fil par fil, à mesure que la colère des dieux la vidait de sa puissance.
— "Tu ne porteras plus la lumière des cieux. Tu ne reviendras pas dans le royaume des immortels," poursuivit l’Empereur. "Pour tes transgressions, tu vivras parmi les mortels. Tu connaîtras leurs vies éphémères, leurs souffrances, leurs joies et leurs peines. Tu verras ce qu'est être humain, et le poids de tes actes te sera révélé."
Un froid glacial traversa le corps de Xianü. Elle sentit que les cieux l’abandonnaient, et un sentiment étrange, inconnu, envahit son être. Elle ne possédait plus l’éclat divin qui faisait d’elle une déesse, son corps devenait un simple reflet de l’humanité. Ses robes éthérées perdaient leur éclat, devenant des tissus ordinaires, et sa peau lumineuse s’assombrissait, se fondant dans la forme humaine qu’elle n’avait jamais connue. Les marques célestes qui ornaient ses bras s’effacèrent, ne laissant que la peau d’une mortelle.
Mais la pire partie de la sentence restait à venir.
— "Tu seras dépouillée de ton immortalité, de ta grâce et de tes pouvoirs," décréta l’Empereur. "Tu vivras comme les mortels, sans les privilèges divins, et seulement lorsque tu auras véritablement appris l'humilité, l’amour et la souffrance, nous envisagerons ta rédemption."
Xianü baissa la tête, des larmes lui montant aux yeux, tandis que le poids de sa punition s’abattait sur elle tel un orage implacable. Elle n’avait jamais souhaité un tel sort, mais elle comprenait la décision des dieux. C’était la loi, et elle avait connu les risques en cédant à la beauté du monde des mortels.
Les murmures des dieux s’élevaient autour d’elle, leur jugement définitif. D’un geste brusque, l’Empereur leva la main, et un vent puissant enveloppa le corps de Xianü. L’air même sembla se transformer, l’aspirant hors du Tribunal céleste et la plongeant dans l’inconnu.
Elle se sentit tomber, son corps autrefois immortel se précipitant à travers les cieux comme un simple mortel. La terre en dessous l'appelait, mais elle était impuissante à stopper sa chute. La dernière chose qu’elle aperçut avant que le monde des immortels ne disparaisse complètement fut la lueur dorée du Royaume Céleste, s’éloignant dans la distance.
Puis, le silence.
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Xianü se réveilla dans une sensation étrange—son corps semblait lourd, alourdi par le monde des mortels. L’air autour d’elle était différent, non plus empli de l’essence pure des cieux, mais chargé des odeurs de la terre, du bois et de la pluie. Elle tenta de se lever, mais la force de la gravité semblait étrangère, peu aimable, comme si elle la tirait sans relâche vers le sol. Elle chancela sur ses jambes, désorientée, et jeta un regard autour d’elle.
Devant elle, de vastes champs s’étendaient à perte de vue, parsemés de villages, de maisons simples, et de gens aux visages marqués par le travail et la résilience. Le ciel n’était pas l’infini dont elle avait l’habitude ; il était limité par les frontières du temps et de l’espace, un ciel qui changeait avec les saisons.
Le cœur de Xianü battait irrégulièrement, le rythme d’un mortel. Son souffle était court, et elle se rendit compte avec un choc que la lumière divine qui l’avait autrefois illuminée avait disparu. Le poids du temps pesait sur elle comme un millénaire de souffrances oubliées.
Elle n’était plus une déesse. Elle était une mortelle.
Un faible cri parvint à ses oreilles, attirant son attention. Un homme—rugueux, vêtu de vêtements simples, couvert de terre—était agenouillé dans le champ. Ses mains travaillaient sans relâche la terre, plantant des récoltes, son visage marqué par les années de labeur. Ses gestes étaient réguliers et précis, mais quelque chose dans son regard—un chagrin non exprimé, une résilience silencieuse—résonnait profondément en Xianü.
Elle fit un pas en avant, attirée par lui, mais quelque chose en elle hésita. Elle n’était plus l’être puissant capable de tisser l’essence des cieux, et cet homme—ce mortel—n’était qu’une âme parmi tant d’autres, liée par le même fragile fil qui la retenait désormais.
Pour la première fois de son existence, Xianü comprit ce que signifiait être vulnérable. Et elle sut que ce n’était que le début.
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