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Les Vices : Nouvelles Vie De Selya

le déménagement

On était assises face à face, entrain de manger du spaghetti rouge, comme toujours. Le genre de repas qu'on mange à la maison après une longue journée de boulot. Ça sentait bon, mais moi, j’étais un peu distraite. Je voyais bien que ma mère avait quelque chose en tête, mais elle avait toujours cette façon de garder les choses pour elle.

— Selya, j’ai quelque chose à te dire, dit ma mère en déposant sa fourchette avec un air sérieux.

— Oui, je t’écoute, répondis-je en haussant un sourcil, curieuse mais un peu nerveuse.

— Donc, j’ai décidé que l’on déménage.

Là, j’ai failli m’étouffer avec ma bouchée de spaghetti. J’ai eu un moment de panique, mon cœur s’est mis à battre à fond.

— Ça va ?! demandait ma mère, toute paniquée, en me voyant presque avaler de travers.

— Ça va bien, c’est bon, répondis-je, la voix faible, tout en buvant un grand verre d’eau pour calmer la tension.

— Ok... Donc, je disais, j’ai décidé qu’on déménage.

— Pourquoi ? dis-je en levant la tête, totalement déstabilisée.

Elle détourna le regard, comme si elle avait du mal à parler de ce sujet. J'avais bien vu, elle évitait de me dire la vraie raison.

— Je veux plus rester ici, dit-elle enfin, d'une voix plus basse.

— À cause de papa ? demandai-je, même si au fond, je savais déjà la réponse.

Elle détourna encore le regard, et ça m’a fait mal de voir qu'elle évitait de m'affronter sur ça. Je ne voulais même pas insister. Si c'était pour le mieux, je n'avais plus rien à dire , je savais que elle voulait changer d'air après ce que elle a vécu .

— Je le savais, ok… Je suis pas contre, je vais dire quoi, à part oui ? répondis-je, sans vraiment savoir ce que ça voulait dire.

— Merci. Et c’est dans deux jours, ajouta-t-elle.

— Ok… Deux jours… Et mes amis ? demandai-je, la gorge serrée. Tout ça, c’était tellement soudain.

Elle me lança un regard rassurant, mais ce n’était pas vraiment convaincant.

— Hum… Copine, nouvelle vie de toute manière. Vous avez téléphone, tu vas pouvoir rester en contact.

•°•

Deux jours après, on avait tout empaqueté dans des cartons, chargé la voiture, et j’étais là, debout, regardant la ville derrière moi. Chaque coin de la rue me rappelait un souvenir : les rires des anciens voisins, l’école, et surtout mes amis. J’ai pris mon dossier scolaire, la dernière chose qui me rattachait à cet endroit. C’était comme si tout se déroulait à une vitesse folle, sans que je puisse m’y préparer.

En partant, je leur ai dit au revoir, à ceux qui comptaient vraiment. Mais dans le fond, je savais que la vie ici à Cocody allait être différente. Je n’avais aucune idée de ce qui m'attendait, mais je n'avais pas vraiment le choix. Une nouvelle vie m'attendait.

Nouveau Quartier, Nouvelle Vie

L’arrivée à Cocody était différente de ce que j’imaginais. J’étais habituée aux ruelles bruyantes, aux vendeuses de beignets qui criaient dès 6h du matin et aux enfants qui jouaient au foot en pleine route sans se soucier des voitures. Ici, tout semblait plus calme, plus organisé. Les maisons avaient des clôtures bien peintes, les rues étaient propres, et même l’air semblait moins poussiéreux.

Quand on est arrivées devant notre nouvelle maison, j’ai regardé l’immeuble, les murs tout propres, le portail bien fermé. Rien à voir avec notre ancien quartier. Ça faisait bizarre.

— On est arrivées, dit ma mère en coupant le moteur.

Je suis restée assise un instant, regardant autour de moi. Ça sentait une nouvelle vie, une nouvelle routine… et je savais que j’allais devoir m’adapter.

— Selya, aide-moi à descendre les cartons, hein, lança ma mère en sortant de la voiture.

— Oui, oui… murmurai-je en ouvrant la portière.

On commençait à sortir nos affaires quand soudain, un gars est apparu de nulle part. Grand, un peu musclé, t-shirt simple et short. Il avait ce sourire de voisin trop gentil.

— Bonsoir tantie, besoin d’un coup de main ? demanda-t-il en regardant ma mère.

— Ah, vraiment, si tu peux nous aider un peu, ce serait bien, répondit ma mère avec un sourire reconnaissant.

Il attrapa directement un carton et le porta vers l’intérieur. Moi, je l’observais en silence, un peu méfiante.

— Moi c’est Maël, dit-il en me regardant enfin. T’es la nouvelle voisine ?

— Ouais… Selya, répondis-je sans trop d’enthousiasme.

— Ok, bienvenue alors.

Il retourna chercher un autre carton pendant qu’une fille débarquait de l’autre côté de la rue. Fine, peau caramel, tresses longues qui descendaient jusqu’au milieu du dos, un t-shirt oversized et un jean bien coupé. Elle avançait comme si la rue lui appartenait, avec une confiance qui se voyait direct.

— Maël, tu fais quoi encore là ? demanda-t-elle en le regardant avec un petit sourire.

— Aider les nouveaux voisins, répliqua-t-il en pointant du menton nos cartons.

Elle tourna la tête vers moi, me scruta une seconde avant de lâcher :

— Toi là, je sens que toi et moi, on va bien s’entendre.

J’ai haussé un sourcil.

— Ah bon ?

— Oui, je sais pas, mais je le sens. Moi c’est Maëlisa.

Elle tendit la main. Hésitante, je la serrai.

— Selya.

— Bon, Selya, t’as fini de poser tes cartons ? Parce que le quartier ici, c’est pas comme là où tu étais hein. Ici, ça bouge !

J’ai ri. Cette fille avait une énergie bizarre, mais j’aimais bien. Peut-être que finalement, ce déménagement n’allait pas être si nul.

Une heure après, tous les cartons étaient à l’intérieur. Ma mère était occupée à ranger, mais moi, j’avais déjà capté que Maëlisa voulait me montrer quelque chose.

— Tantie, je vais faire visiter à Selya, lança-t-elle avec son assurance habituelle.

— Hmm, ne l’emmène pas n’importe où, hein ! répondit ma mère en rangeant des assiettes.

— T’inquiète pas tantie, ici, tout le monde est cool.

J’ai juste haussé les épaules avant de la suivre.

Dès qu’on a mis un pied dehors, j’ai compris ce qu’elle voulait dire. Cocody, c’était pas si calme que ça en vrai. On n’avait même pas marché cinq minutes que j’entendais déjà la musique d’un maquis un peu plus loin. Les voitures klaxonnaient, des groupes de jeunes étaient installés sur les trottoirs, certains en train de fumer, d’autres juste en train de causer et rigoler fort.

— Tu vois ici, là ? me montra Maëlisa en pointant un coin avec des bancs en béton. C’est notre base. Quand y a rien à faire, c’est là qu’on se pose.

Je regardais le coin. Un petit espace avec quelques gars assis, des filles en leggings flashy qui snapchaient en boucle et un DJ improvisé qui avait sorti une enceinte trop puissante pour sa taille.

— Toi-même, t’as un snap ? demanda Maëlisa.

— Ouais.

— Balance alors.

Je lui ai donné mon pseudo pendant qu’elle me tirait déjà vers le banc.

— Les gars, voici Selya, la nouvelle voisine !

Tous les regards se sont tournés vers moi. Je me suis sentie observée comme un nouveau joueur sur un terrain de foot.

— Selya, voici Steve, Vico, Tatiana et puis… lui là, c’est Brice.

Brice. Direct, j’ai senti que ce gars-là, c’était un problème. Il avait ce regard des mecs trop confiants, avec son t-shirt Nike bien ajusté et sa montre qui brillait trop pour être une contrefaçon. Il m’a détaillée avant de lâcher :

— On espère que tu vas pas faire genre hein. Ici, on aime les gens qui savent s’amuser.

J’ai souri, sans rien dire. J’étais pas venue chercher des problèmes.

— Assieds-toi, on va causer, lança Tatiana en tapotant la place à côté d’elle.

Je me suis posée, j’ai observé. Ça rigolait, ça lançait des débats sur tout et rien :

— Est-ce qu’un gars doit payer pour sa go quand ils sortent ?

— Y a quel dernier son de Didi B ?

— Qui va au concert de KS Bloom dimanche ?

Je me sentais bizarrement à l’aise. Maëlisa avait raison, ce quartier bougeait.

Soudain, Brice s’est approché un peu plus, un sourire au coin des lèvres.

— Dis-moi, t’es venue avec un gars ou bien ?

— Hein ? ai-je lâché en haussant un sourcil.

— Je demande si t’as laissé quelqu’un là-bas avant de venir ici.

Maëlisa a explosé de rire.

— Brice, t’es toujours comme ça hein ! La fille vient d’arriver, laisse-la respirer un peu !

J’ai ri aussi. Ce gars-là, il aimait trop forcer.

Mais une chose était sûre : cette nouvelle vie, ce quartier, cette ambiance… Ça allait être quelque chose.

Brice force mais j'ai un copain presque

On était toujours assis là, en train de rigoler, quand mon téléphone s’est mis à vibrer dans ma poche.

numéro inconnu

J’ai hésité une seconde, puis j’ai décroché en me levant pour m’éloigner un peu du groupe.

— Allô ?

— Bébé…

Mon cœur a loupé un battement.

— Toi-même, tu sais pas dire bonjour d’abord ?

Il a ri doucement.

— Excuse-moi… Tu me manques déjà.

J’ai soupiré et me suis adossée contre un mur.

— Tu abuses. On s’est parlé ce matin.

— Ouais, mais c’est pas pareil. Tu sais très bien que là-bas sans toi, c’est vide.

J’ai souri malgré moi. Sa voix me faisait toujours cet effet-là.

— Et tu fais quoi ?

— Rien de spécial… Je suis sortie prendre l’air avec des nouvelles connaissances.

— Des gars ou bien ?

— Tchrrr… Toujours en train de poser les mauvaises questions.

— Attends… Si c’est moi qui traînais avec des go, tu allais aimer ?

— C’est pas pareil.

— Pourquoi ?

— Parce que… (j’ai laissé ma phrase en suspens) Bon, on va pas commencer ça encore.

Il a soupiré, mais j’entendais son sourire dans sa voix.

— Ok, ok… Je vais te laisser profiter. Mais ce soir, on s’appelle hein ?

— Si j’ai le temps.

— Selychou

— Oui, oui, c’est bon. Ce soir.

— Je t’aime.

J’ai serré les dents. Ce mot-là, il le lâchait trop facilement.

— On en reparlera.

Et j’ai raccroché.

Quand je me suis retournée pour rejoindre le groupe, Brice était là, adossé au mur, un sourire en coin.

— Hum… donc y a déjà quelqu’un, hein ?

J’ai levé les yeux au ciel.

— Tu fais quoi ici, toi ?

— Moi, je voulais juste savoir si t’avais un copain… Mais là, j’ai eu la réponse sans poser la question.

J’ai soupiré et je suis passée à côté de lui pour retourner m’asseoir, mais il a lâché :

— Dommage… J’aurais bien voulu tenter ma chance.

J’ai souri sans me retourner. Ce Brice-là, il allait me fatiguer.

J’ai repris ma place à côté de Maëlisa, tentant de faire comme si j’avais pas entendu Brice. Mais ce mec-là, il avait décidé de me donner mal à la tête aujourd’hui. Il est venu se poser juste en face de moi, avec ce même sourire en coin qui m’énervait déjà.

— Donc, c’est comment ? a-t-il lâché en me regardant droit dans les yeux.

J’ai haussé un sourcil.

— Comment quoi ?

— Toi et ton gars là… C’est du béton ou bien y a des failles ?

J’ai soufflé bruyamment.

— Brice, t’as pas autre chose à faire ?

— Si, mais là, c’est toi qui m’intéresses.

Maëlisa a éclaté de rire.

— Eh Brice, donc c’est le premier jour et tu veux déjà lancer opération "piquer la go des gens" ?

Il a levé les mains en signe d’innocence.

— Moi ? Jamais ! Je demande seulement si y a moyen d’avoir mon chance.

J’ai secoué la tête.

— Pas moyen.

— Pourquoi ?

— Parce que.

— Parce que quoi ?

— Parce que c’est comme ça.

Maëlisa riait encore.

— Eh, ce couple-là me plaît déjà.

J’ai tourné la tête vers elle, choquée.

— Tu dis quoi même ?!

— Non, je dis juste que c’est mignon. Regarde comment il insiste, ça veut dire qu’il est motivé.

J’ai roulé des yeux.

— Motivé pour quoi ? Je suis pas un concours, hein !

Brice s’est mis à rire.

— En tout cas, on va voir. Moi, je suis patient.

J’ai soufflé et j’ai pris mon téléphone, comme si j’avais un truc important à faire. Mais en vrai, je voulais juste éviter son regard. Parce que le pire, c’est que ce gars-là, il avait un charme que je pouvais pas nier…

Et ça, c’était dangereux.

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