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Les Échos Du Silence

les echos du silence

Dans un petit village où le vent soufflait sans cesse, une maison se dressait seule, à l'écart des autres. C’était une maison ancienne, aux volets clos, comme si elle voulait se cacher du monde. Les habitants du village murmuraient souvent des histoires à son sujet, mais personne n'osait s'en approcher. C'était la maison de Mathilde.

Mathilde était une jeune femme belle et douce, mais le poids du monde semblait l'avoir figée dans le silence. Il y a des années, elle avait connu un bonheur infini, aux côtés d’un homme qu'elle aimait profondément. Ils s’étaient rencontrés dans ce même village, et la nature de leur amour semblait parfaite, comme un rêve. Ensemble, ils s’étaient mariés, ils avaient planifié leur avenir, rêvé d’une famille nombreuse et d’une vie sereine.

Mais un hiver particulièrement froid, tout avait basculé. Après une soirée tranquille à la maison, Mathilde s'était endormie paisiblement à côté de son mari. Le matin venu, elle s'était réveillée seule, son mari parti pour ne jamais revenir. Il avait succombé à une maladie mystérieuse, rapidement, silencieusement, comme si la vie elle-même l’avait emporté sans crier gare.

Les jours après sa mort étaient devenus des mois de vide. Mathilde ne parla plus à personne. Elle s’enferma dans la maison, ses yeux souvent perdus dans l’horizon, cherchant peut-être à comprendre pourquoi lui, pourquoi leur amour avait été brisé ainsi. Les gens venaient lui apporter des repas, des paroles de réconfort, mais elle ne répondait jamais. Le village continuait de vivre autour d'elle, mais elle était devenue une ombre parmi les vivants.

Les années passèrent, mais la douleur en elle ne s’atténua jamais. Elle se réfugiait dans des souvenirs, dans des échos du passé, comme une mélodie lointaine qu’on entend à peine, mais qui ne cesse de résonner dans le cœur. Elle visitait chaque jour le petit cimetière au bout du village, là où son mari reposait. Elle restait là des heures, les yeux fixés sur la pierre tombale, le vent emportant ses larmes comme si elles n’avaient pas le droit d'exister.

Un jour, alors qu'elle s'approchait du cimetière, elle aperçut une silhouette au loin. Un jeune garçon, appuyé contre un arbre, semblait l'observer. Il avait les yeux sombres, un regard chargé de tristesse. Mathilde s'approcha doucement, ses pas lourds, comme si elle craignait de déranger quelque chose de fragile. Le garçon la remarqua et s'approcha.

« Pourquoi pleurez-vous, madame ? » demanda-t-il avec une innocence troublante.

Mathilde le regarda, perdue, cherchant les mots qui semblaient s'être échappés d'elle depuis si longtemps. Elle déglutit, puis murmura :

« Je pleure l’amour que j’ai perdu. Je pleure l’absence. »

Le garçon la regarda longuement, sans comprendre pleinement, mais quelque chose dans ses yeux reflétait une sorte de tristesse partagée, comme s'il connaissait, lui aussi, ce vide qui rongeait le cœur.

Les jours suivants, il revint souvent, s’asseyant à côté d’elle en silence. Parfois, il lui apportait des fleurs des champs, des petites gerbes de violettes qu’il cueillait. Ils ne parlaient pas beaucoup, mais une étrange compréhension naissait entre eux, une forme de partage de douleur sans mots. Au fil des mois, Mathilde commença à se sentir moins seule, bien que sa souffrance demeurât.

Un matin d’automne, alors que le vent soufflait plus fort que jamais, Mathilde se rendit au cimetière, comme à son habitude. Le garçon n'était pas là. Elle s’assit, les bras autour de ses genoux, observant les feuilles mortes tourbillonner autour d'elle. Le vent, comme une mélodie douloureuse, semblait lui murmurer des secrets qu’elle n'était pas prête à entendre.

C'est alors qu’un murmure, faible mais clair, parvint à ses oreilles. Elle se tourna, et là, devant elle, se tenait le garçon, mais son regard était différent. Il était plus profond, plus ancien. Ses yeux reflétaient une tristesse infinie.

« Pourquoi êtes-vous si triste, Madame ? » demanda-t-il une dernière fois.

Mathilde, émue, ferma les yeux, un dernier sourire sur les lèvres. Peut-être que, dans ce moment fragile, elle comprenait enfin. La souffrance, aussi immense soit-elle, finit toujours par se mêler au temps. Elle se leva doucement, et en soufflant un dernier souffle, elle murmura :

« Parce que le silence est tout ce qui reste, quand l’amour part. »

Le vent emporta ces mots, comme une ultime caresse. Et le garçon disparut, comme s'il n’avait jamais existé, laissant Mathilde seule, une fois de plus, avec l’écho du silence qui allait la suivre jusqu’à la fin de ses jours.

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