Le bureau était sombre, éclairé seulement par la lumière tamisée d'une lampe de bureau. Richard, assis dans son fauteuil, avait les coudes posés sur son bureau et son visage enfoui dans ses mains. Devant lui, des dossiers éparpillés et un verre de whisky à moitié vide.
La porte s’ouvrit brusquement, faisant sursauter Richard. Marc, son bras droit, entra, son visage tendu et ses gestes nerveux.
Marc (hésitant, les mains serrées devant lui) :
— Monsieur... Je dois vous annoncer quelque chose de grave.
Richard releva lentement la tête, son regard sombre se posant sur Marc. Il prit son verre, avala une gorgée, et le posa brusquement.
Richard (d’un ton sec, fronçant les sourcils) :
— Dépêche-toi, Marc. J’ai pas la patience aujourd’hui.
Marc déglutit, fit un pas en avant, mais garda les yeux baissés.
Marc (voix basse, évitant son regard) :
— Les investisseurs… ils ont tous retiré leurs fonds. L’entreprise… elle est à sec.
Richard se redressa, ses poings se crispant sur les accoudoirs de son fauteuil.
Richard (d’un ton menaçant, presque grondant) :
— Quoi? Comment est-ce possible?
Marc (levant les mains en signe d’apaisement) :
— Je… je ne sais pas, monsieur, mais… ce n’est pas tout.
Un silence lourd s’installa. Richard fixa Marc, ses mâchoires se contractant.
Richard (frappant du poing sur la table) :
— Parle, bon sang!
Marc (baissant la voix, reculant légèrement) :
— Moretti… il est au courant de votre situation. Il exige un rendez-vous.
À l’évocation de ce nom, Richard blêmit, son souffle devenant plus court. Il se leva brusquement, contournant son bureau pour faire les cent pas.
Richard (se parlant presque à lui-même, les mains sur les hanches) :
— Moretti... Pourquoi maintenant?
Marc (le suivant du regard, la voix tremblante) :
— Il a dit que c’était urgent, monsieur. Il… il ne semble pas vous laisser d’alternative.
Richard s’arrêta net, fixant Marc avec une intensité glaciale.
Richard (d’un ton rauque, en serrant les dents) :
— Très bien. Fixe ce rendez-vous. Je vais voir ce qu’il veut.
Marc hocha la tête rapidement, puis recula vers la porte.
Marc :
— Oui, monsieur. Tout de suite.
La porte se referma doucement, laissant Richard seul dans la pièce. Il passa une main tremblante sur son visage, sentant le poids écrasant des choix à venir.
Richard prit une profonde inspiration avant de quitter son bureau. L’air de la ville, frais et mordant, semblait pourtant plus lourd que jamais. Chaque pas qu'il faisait sur le chemin vers sa voiture alourdissant un peu plus son fardeau. La maison l'attendait, un endroit qui devrait lui offrir un semblant de réconfort. Mais aujourd'hui, tout semblait peser.
Quand il arriva à la maison, la porte d'entrée s'ouvrit sous son toucher habituel, mais ce soir-là, il n'y avait aucune chaleur d’accueil. Le hall était silencieux, trop silencieux. Aucune lumière dans le salon. Juste l'écho de ses pas résonnant dans le vide.
Richard referma la porte derrière lui, et se dirigea lentement vers le salon. Il savait que Mila était là, probablement en train de l'attendre. Elle devait comprendre. Il devait lui expliquer, bien que, au fond de lui, il savait que cela allait être plus compliqué que ça.
En entrant dans le salon, il la trouva là, assise sur le canapé, les bras croisés, le regard perçant fixé sur lui. Mila n’avait pas dit un mot, mais ses yeux en disaient long. La tension dans l'air était palpable. Elle savait déjà.
Mila (d'un ton glacé, sans se lever) :
— Tu t'attends à ce que je te pardonne ? Que je ferme les yeux sur ce que tu t'apprêtes à faire ?
Richard se figea un instant. Il avait espéré qu’il pourrait la convaincre, ou au moins l'amadouer, mais son regard ne laissait aucune place à l'illusion. Elle savait tout.
Richard (s’approchant lentement, d’une voix plus douce qu’il ne l’aurait voulu) :
— Mila, écoute-moi. Ce n’est pas ce que tu crois. Je… je fais ce qu’il faut pour protéger la famille. L’entreprise, ta mère… toi. C’est le seul moyen de sortir de cette situation.
Mila se leva brusquement, ses yeux remplis de colère.
Mila (les poings serrés, furieuse) :
— Protéger la famille ? En vendant mon avenir ? Tu m’offres à un homme que tu sais être un monstre, un mafieux ! Ce n’est pas un sacrifice, c’est de la lâcheté !
Richard se sentit frappé en plein cœur par ses mots. Il n’avait pas préparé cette confrontation. Il ne s’était pas attendu à la violence de sa réaction. Mais au fond, il savait que c’était sa faute. Il avait choisi de tout sacrifier pour sauver quelque chose de ce qui restait.
Richard (avec un soupir, la voix cassée) :
— Je suis désolé. Mais tu dois comprendre que c’était la seule option. Moretti ne nous laissera pas de répit. Sans lui, on perd tout, Mila. Je n'avais pas le choix.
Mila (s'éloignant de lui, se repliant sur elle-même) :
— Tu crois vraiment que c’était la seule issue ? Tu crois vraiment que je vais me marier avec cet homme pour sauver ta peau ?
Un silence lourd s’installa. Richard se tenait là, impuissant, regardant sa fille, qui semblait plus éloignée que jamais.
Mila (d’un ton plus calme, presque désespéré) :
— Tu ne vois même pas ce que tu es en train de me demander, hein ? Tu penses que je vais accepter ce mariage sous prétexte qu’il faut sauver l’entreprise ? Et si je refuse ? Qu’est-ce que tu vas faire, papa ?
Les mots résonnaient dans la pièce, lourds de sens et d’émotion. Richard avait l'impression que tout s'effondrait autour de lui, que tout ce qu'il avait essayé de construire s'effrite, lentement, entre ses doigts.
Richard, les yeux fixés sur sa fille, sentit la pression augmenter, mais au lieu de céder à l’émotion, une froideur se mit lentement à envahir son visage. Il ferma les yeux, pris une inspiration profonde, et lorsqu'il les rouvrit, ses traits étaient transformés. Un calme glacé s’était installé en lui, et son regard, autrefois désespéré, était devenu tranchant.
Richard (d’une voix plus ferme, presque menaçante) :
— Tu crois vraiment que tu as le choix, Mila? Tu crois que tes sentiments vont changer quelque choses? J’ai fait ce que j’avais à faire pour nous sauver, et tu ferais bien de comprendre que dans ce monde, il n'y a pas de place pour tes révoltes.
Mila, prise de court par ce changement brutal, fit un pas en arrière. Elle avait l'impression que l’homme devant elle n’était plus celui qu’elle connaissait. La froideur de sa voix, l'autorité qu'il dégageait soudainement… C’était comme si elle se tenait face à un inconnu. Son cœur se serra dans sa poitrine, et un frisson d’inquiétude parcourut son dos.
Mila (baisse la voix, un peu plus hésitante, touchée par la dureté de son ton) :
— Papa… c'est… c'est toi qui m'as appris à me battre, à choisir ce qui est juste. Ce que tu fais, ce n’est pas juste.
Richard se rapprocha d'elle lentement, ses pas pesant dans le silence. Il était proche, mais il y avait maintenant une distance invisible entre eux, une barrière invisible de pouvoir et de manipulation qu'il venait de construire.
Richard (d'un ton plus bas, mais glacial) :
— Le "juste" n’a jamais été une option dans ce genre de situation, Mila. Et tu vas devoir accepter que certaines décisions, même difficiles, doivent être prises pour assurer notre survie. Tu n’as pas d’autre choix que de suivre ce que je fais.
La peur s'insinue dans les yeux de Mila. Elle recula d’un pas, le regard fuyant. Elle n’avait jamais vu son père dans cet état, si froid, si distant. Ce n’était pas le même homme qu’elle avait toujours respecté. Elle baissa la tête, essayant de maîtriser les larmes qui menaçaient de surgir.
Mila (faiblement, à voix basse) :
— Mais… je suis une personne, papa… pas un bien que l’on échange…
Son cœur battait plus fort, et elle avait du mal à retenir les émotions qui la submergeaient. Elle avait cru qu'elle pourrait le raisonner, qu'il reviendrait sur sa décision. Mais maintenant, elle doutait. Son père était devenu quelqu’un d’implacable.
Richard (s’approchant d’un pas, les yeux fixant sa fille sans une once de pitié) :
— Tu es un membre de cette famille, Mila. Et tu vas faire ce qui est nécessaire. Pas ce que tu veux. Pas ce qui te semble juste. Ce qui est nécessaire.
Les mots tombèrent comme des coups de marteau. Mila, à bout, baissa les yeux, incapable de soutenir ce regard froid et autoritaire. Elle sentit une peur nouvelle, une peur de perdre non seulement son avenir, mais aussi l’homme qu’elle avait cru connaître. Elle murmura, sa voix tremblante :
Mila :
— D'accord… mais je ne pourrai jamais t’en remercier pour ça, papa.
Richard la regarda un instant, son expression ne changeant pas. Il tourna les talons, sans un mot de plus, et s’éloigna vers les escaliers.
Richard (sans se retourner) :
— Tu finiras par comprendre.
La porte du couloir se ferma derrière lui, laissant Mila seule, perdue et désespérée. Le silence de la maison, désormais oppressant, semblait lui écraser la poitrine. Elle savait que rien ne serait plus jamais pareil.
Le matin arriva avec une lourde promesse de changement. Mila se tenait dans sa chambre, fixant son reflet dans le miroir. Elle avait pris une longue douche, mais la sensation de mal-être ne s'était pas dissipée. Elle portait une robe sobre, une robe de cérémonie, mais son esprit n'était nulle part près de ce qu'elle devait faire. Les pensées se bousculaient dans sa tête : la réalité de ce mariage sous contrat, l’homme qu’elle allait devoir épouser, et le poids de la décision que son père avait imposée.
La maison était silencieuse, comme un tombeau. Aucun bruit ne venait troubler ce moment, à l’exception du tic-tac incessant de l'horloge. Richard, comme prévu, n’était pas à la maison. Il avait quitté tôt le matin, son comportement toujours aussi distant. Il avait agi comme si tout cela était une simple formalité.
Mila (en se parlant à elle-même, la voix presque brisée) :
— Comment ai-je pu en arriver là ?
La porte de sa chambre s'ouvrit soudainement, et Richard entra, vêtu d'un costume impeccable. Son visage était dur, ses yeux froids, comme s’il ne ressentait rien de ce qui se passait.
Richard (regardant Mila sans émotion) :
— Il est temps. Prépare-toi.
Mila leva les yeux vers lui, mais ne dit rien. Un frisson de peur s’empara de son corps. Il n'y avait plus de place pour la révolte, plus de place pour les discussions. C'était la fin d’un rêve qu’elle chérissait, et le début d’une réalité qu’elle ne pouvait pas fuir.
Elle hocha simplement la tête, se forçant à retenir ses larmes.
Mila (faiblement, les yeux baissés) :
— D'accord...
Ils quittèrent la maison ensemble, dans un silence lourd. Lorsque Richard démarra la voiture, Mila se tourna vers la fenêtre, observant la ville défiler, mais sans la voir. Elle était perdue dans ses pensées, dans ce qui l’attendait. Le trajet sembla interminable.
Lorsque la voiture s’arrêta devant le grand hôtel où la rencontre avec Moretti avait lieu, Mila sentit une bouffée de nausée l’envahir. C’était ici que tout allait changer. C’était ici qu’elle allait rencontrer l’homme qu’elle détestait déjà.
Ils sortirent de la voiture, et Richard la guida d’un pas rapide, sans un mot. Mila suivait sans résistance, son cœur battant à tout rompre. Ils entrèrent dans le hall majestueux de l’hôtel. Le luxe, les chandeliers, les tapis rouges… tout semblait irréel. Mais Mila n’arrivait pas à se concentrer sur ces détails. Ses yeux étaient fixés sur la porte au bout du hall. Derrière celle-ci, elle le savait, se trouvait Rafael Moretti.
La porte s’ouvrit, et Richard entra sans hésitation. Mila hésita un instant, mais il la poussa doucement à l’intérieur, comme s’il la guidait vers son destin.
Et là, dans la grande salle de réunion, Rafael Moretti était assis à la table, un sourire tranquille sur les lèvres. Il portait un costume sombre, son regard calme et perçant, presque amusé, comme s’il savourait déjà la victoire.
Richard (d’une voix autoritaire, en s’asseyant à la table) :
— Nous y voilà.
Rafael leva les yeux, un sourire élégant se dessinant sur son visage. Il se leva, fit un léger mouvement de tête, puis tendit la main à Richard.
Rafael (d’un ton suave) :
— Enfin, nous sommes tous réunis.
Mila se sentit frissonner à l'idée d’être à la merci de cet homme. Le temps semblait suspendu. Tout ce qu'elle avait redouté, tout ce qu’elle avait tenté de fuir, était désormais devant elle.
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