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"De La Haine À L'Amour"

L'ombre de la souffrance

Chapitre 1

Yuna marchait silencieusement dans les couloirs de son collège, tête baissée, espérant échapper aux regards qui la transperçaient comme des lames invisibles. Ses cheveux bruns tombaient en rideau devant son visage, cachant ses yeux rougis par les larmes qu’elle versait chaque nuit. Depuis son arrivée dans ce collège public, elle était devenue la cible des brimades incessantes de trois garçons : Kaoru, Itsuki et Soutaro.

Kaoru, le leader du groupe, était connu pour son charisme glacé. Il était beau, populaire et possédait une présence intimidante. Son regard perçant semblait percer les âmes, mais pour Yuna, il était une source constante de tourments. Itsuki, quant à lui, était l’incarnation de l’impulsivité. Toujours à la recherche de la moindre occasion de se moquer ou de ridiculiser, il lançait des commentaires cruels sans retenue. Enfin, Soutaro, le suiveur, ne faisait qu’envenimer la situation en amplifiant les moqueries, souvent avec un sourire narquois qui trahissait son plaisir à la voir souffrir.

Le problème, aux yeux des trois garçons, était simple : Yuna venait d’une famille riche. Son père dirigeait une grande entreprise, et son arrivée dans ce collège était perçue comme une intrusion dans leur monde. « Une fille comme toi n’a rien à faire ici », lui avait lancé Itsuki dès le premier jour. « Tu crois que ton argent peut tout acheter, mais ici, tu n’es personne », avait ajouté Kaoru avec une froideur tranchante.

Yuna ne comprenait pas cette haine. Elle n’avait jamais cherché à se vanter de sa richesse. Au contraire, elle faisait tout pour passer inaperçue. Mais malgré ses efforts, chaque journée devenait un calvaire. Elle subissait des commentaires méprisants, trouvait parfois ses affaires abîmées, et chaque éclat de rire dans les couloirs semblait être dirigé contre elle.

Le soir, dans sa chambre aux murs immaculés, elle pleurait en silence, se demandant ce qu’elle avait fait pour mériter un tel traitement. Les larmes glissaient sur ses joues tandis qu’elle serrait son oreiller contre elle. Sa seule compagnie était son propre reflet dans le miroir, un visage marqué par la tristesse et le désespoir.

Un après-midi, alors qu’elle sortait de classe, elle fut encerclée par Kaoru, Itsuki et Soutaro dans un coin du terrain de sport. Les trois garçons affichaient leur air habituel, mélange de mépris et d’amusement.

— Alors, Yuna, fit Kaoru, son regard froid planté dans le sien, on pensait te laisser une chance de prouver que tu n’es pas qu’une petite fille riche et gâtée.

— Oui, ajouta Itsuki en riant, montre-nous que tu n’es pas qu’une princesse de pacotille.

— Qu’est-ce que vous voulez ? murmura-t-elle, la voix tremblante.

Soutaro croisa les bras, un sourire moqueur aux lèvres.

— C’est simple. Passe une nuit dans la forêt d’Aokigahara. Toute seule.

À ces mots, le cœur de Yuna se serra. Tout le monde connaissait la réputation de cette forêt, située à la base du mont Fuji. Elle était connue pour ses mystères sombres, ses légendes sinistres, et son surnom : « La Forêt des Suicidés ».

— Pourquoi devrais-je faire ça ? protesta-t-elle, rassemblant tout son courage.

— Parce qu’on ne veut pas de toi ici, lança Kaoru d’une voix tranchante. Tu fais ça, et on te laisse tranquille.

Itsuki éclata de rire.

— À moins que tu n’aies trop peur, bien sûr.

Les garçons s’éloignèrent en riant, la laissant seule avec son angoisse. Cette nuit-là, Yuna ne trouva pas le sommeil. L’idée de passer une nuit dans cette forêt la terrifiait, mais l’idée de continuer à subir les brimades de ces garçons la rongeait encore plus.

Assise sur son lit, les yeux fixant la lune à travers la fenêtre, elle se murmura à elle-même :

— Peut-être que si je le fais, tout ça s’arrêtera. Peut-être qu’ils me laisseront enfin tranquille.

Mais au fond de son cœur, elle savait que ce défi ne ferait que plonger sa vie dans une obscurité encore plus profonde.

La nuit du défi

Chapitre 2

La lune s’élevait lentement dans le ciel, jetant une lumière blafarde sur le village endormi. Les cœurs, d’habitude si calmes la nuit, battaient ce soir au rythme d’une excitation diffuse. Yuna, debout devant la petite fenêtre de sa chambre, fixait la forêt qui s’étendait comme une ombre menaçante à l’horizon. Son souffle était court, sa gorge sèche. Elle savait que cette nuit n’était pas comme les autres.

Le défi avait été lancé en plein milieu de l’après-midi, sous les regards curieux et moqueurs des autres jeunes du village. Elle n’avait pas hésité une seconde avant d’accepter. Refuser aurait été un aveu de faiblesse. Or, Yuna n’était pas faible. Elle s’était promis de prouver à tous qu’elle était capable, qu’elle n’avait pas peur des défis, même des plus effrayants.

Pourtant, alors qu’elle attachait son foulard autour du cou et enfilait sa cape sombre, elle ne pouvait ignorer l’angoisse qui grandissait en elle. On disait que la cabane, perdue au cœur de la forêt, était hantée. Des légendes circulaient à son sujet depuis des générations : des bruits de pas sans visage, des rires glacials dans la nuit, des silhouettes dans l’ombre. Personne n’osait s’en approcher. Mais ce soir, Yuna s’y rendrait.

Elle quitta sa maison en silence, évitant les planches qui craquaient sous les pieds. Le village, baigné dans une obscurité presque totale, semblait retenir son souffle. Un frisson parcourut son dos, mais elle se força à avancer, ses pas légers résonnant dans la nuit. À mesure qu’elle approchait de la lisière de la forêt, son courage vacillait. Les arbres dressés comme des géants menaçants semblaient vouloir l’avaler.

Les premières branches griffèrent sa cape, et un silence oppressant l’enveloppa aussitôt. Yuna avançait prudemment, serrant la lampe qu’elle avait emportée. Les bruissements des feuilles et les craquements des bois la faisaient sursauter. Elle imaginait des yeux dans l’ombre, des présences invisibles qui l’observaient. Mais elle serra les dents. Ce n’est qu’une forêt, se répétait-elle.

Après ce qui lui parut une éternité, elle distingua enfin la cabane. Petite et délabrée, elle se dressait dans une clairière, presque irréelle sous la lumière froide de la lune. Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Elle fit un pas, puis un autre, se rapprochant de l’entrée. Mais un bruit la fit s’arrêter net.

— Yuna.

La voix, basse et pressante, venait de sa droite. Elle pivota brusquement, et dans l’obscurité, elle distingua une silhouette qu’elle connaissait bien. Kaoru. Pourquoi était-il là ?

Il s’approcha lentement, ses yeux brillant d’une intensité étrange.

— Qu’est-ce que tu fais ici ? murmura-t-elle, surprise.

Kaoru paraissait nerveux. Il passa une main dans ses cheveux en désordre avant de s’arrêter à quelques pas d’elle.

— Yuna… tu ne devrais pas être là. Rentre chez toi.

Elle fronça les sourcils, déconcertée. Kaoru n’avait jamais été du genre à se mêler de ses affaires. Toujours discret, il gardait généralement ses distances, la laissant prendre ses propres décisions. Mais ce soir, quelque chose dans son attitude était différent.

— Pourquoi ? demanda-t-elle, méfiante. Est-ce à cause des histoires sur la cabane ? Tu crois aux fantômes, toi aussi ?

Kaoru secoua la tête, évitant son regard.

— Ce n’est pas ça. C’est juste… dangereux. S’il te plaît, écoute-moi.

Yuna croisa les bras, piquée par sa tentative de l’arrêter.

— Je ne vais pas rebrousser chemin. Je dois prouver que je peux le faire. Alors, à moins que tu aies une bonne raison, laisse-moi passer.

Un silence tendu s’installa. Kaoru semblait lutter contre quelque chose, comme si les mots qu’il voulait dire étaient coincés dans sa gorge. Puis, finalement, il leva les yeux vers elle, et l’expression qu’elle y lut la déstabilisa.

— Parce que je t’aime, Yuna.

La déclaration, aussi inattendue qu’un coup de tonnerre, la cloua sur place. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. Kaoru détourna le regard, son visage rouge d’embarras.

— Je sais que ce n’est pas le moment… ni l’endroit, continua-t-il, sa voix tremblante. Mais je ne pouvais pas te laisser faire ça sans te dire ce que je ressens. Si tu te blesses ou si… s’il t’arrive quelque chose, je ne pourrais jamais me le pardonner.

Yuna sentit une chaleur étrange monter en elle, un mélange d’émotion et de confusion. Kaoru, si réservé, si calme, venait de bouleverser tout ce qu’elle croyait savoir sur lui. Elle le fixa longuement, cherchant quoi répondre, mais les mots lui manquaient.

— Kaoru… je…

Il fit un pas en avant, prenant doucement ses mains dans les siennes.

— Tu es forte, Yuna. Plus forte que quiconque. Mais tu n’as pas besoin de prouver quoi que ce soit. Pas à eux, pas à moi. Je veux juste que tu sois en sécurité.

Le regard de Kaoru était sincère, si rempli d’émotion qu’il ébranla les dernières barrières de Yuna. Elle sentit ses épaules se détendre, l’angoisse de la nuit s’estomper un peu. Mais elle n’était pas prête à renoncer, pas encore.

— Merci, murmura-t-elle enfin. Merci de m’avoir dit ça. Mais je dois le faire. Pour moi.

Kaoru la fixa, déchiré entre l’envie de l’arrêter et le respect pour sa détermination. Après un long moment, il hocha la tête, résigné.

— Alors, je viens avec toi, dit-il simplement.

Yuna ouvrit la bouche pour protester, mais il leva une main pour l’interrompre.

— Pas question que tu y ailles seule. Si quelque chose arrive, je serai là.

Elle n’avait pas la force de refuser. Ensemble, ils se dirigèrent vers la cabane, la forêt autour d’eux plus vivante que jamais, comme si elle les observait. Le défi de Yuna avait pris un tournant inattendu, mais elle se sentait étrangement plus forte, ses pas guidés par une nouvelle lumière. Une lumière qui ressemblait à l’amour.

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